Le groupe Bouygues vient de dévoiler les résultats financiers de son année 2013. Sa filiale télécom, tout comme SFR, a de nouveau souffert l'an passé, à l'instar de 2012. Son chiffre d'affaires a ainsi régressé de 11 %, tandis que son nombre de clients total a lui aussi reculé, ceci malgré un dernier trimestre positif plutôt positif.

« Une performance commerciale Mobile en demi-teinte en 2013 »

Après un troisième trimestre 2013 médiocre, où l'opérateur avait perdu 192 000 clients, Bouygues Telecom a retrouvé des couleurs lors des trois derniers mois de l'année. La société a ainsi enregistré une progression nette de 150 000 abonnés mobiles, tout en ne perdant que 101 000 clients prépayés durant le même laps de temps. Le bilan trimestriel est donc positif avec 49 000 clients supplémentaires. Pas de quoi sauter au plafond quand on sait que fin 2012, son bilan était de 285 000 abonnés de plus pour seulement 66 000 clients prépayés de moins. Cela reste malgré tout un meilleur résultat qu'une perte sèche d'abonnés.

Au total sur l'année, Bouygues Telecom cumule donc 11,143 millions de clients, dont 9,910 millions d'abonnés (forfaits) et 1,233 million en prépayé. Cela représente un recul global de 108 000 clients, dont une croissance de 482 000 côté forfaits et une perte de 590 000 côté prépayé. Sans surprise, l'opérateur a été tiré par B&You, qui compte désormais 1,750 million d'abonnés, soit 726 000 de plus en un an, mais seulement 116 000 de plus depuis fin 2013.

Ces données mitigées poussent l'opérateur à concéder dans ses documents qu'il a réalisé « une performance commerciale Mobile en demi-teinte en 2013 ». Bouygues explique qu'outre les pertes importantes dans le prépayé, confirmant déjà une tendance remarquée en 2012, il a aussi dû subir le départ de clients abonnés aux petits forfaits (1 h ou 2 h), « attirés par les offres à très bas prix ». Il est ici fait référence aux forfaits de type B&You, Red, Sosh, Free Mobile, etc.

Nombre de clients mobiles : l'opérateur n'a toujours pas rattrapé l'année 2011

Selon Bouygues, aujourd'hui, environ 10 % de ses clients utilisent la 4G, et même 15 % des clients entreprise. Une belle performance qui lui permet de se vanter d'avoir réalisé « le décollage le plus rapide d'Europe » en matière de très haut débit mobile, le plaçant juste derrière des sociétés comme Swisscom en Suisse (13 % de clients en 4G) et Telia en Suède (12 %) et en Norvège (18 %).

Notez que depuis le 1er janvier 2012, Bouygues Telecom a gagné 800 000 abonnés (forfaits) et perdu 961 000 clients prépayés, soit un bilan négatif de 161 000 clients. Si en valeur, un abonné rapporte bien plus qu'un client prépayé, les baisses de prix concédées ont tout de même eu un impact non négligeable sur ses finances (voir ci-dessous).

Réseau fixe : un très beau dernier trimestre pour une année médiocre

Concernant le secteur fixe, Bouygues a réalisé un dernier trimestre surprenant, avec 72 000 clients supplémentaires. Une très belle performance quand on regarde le nombre de nouveaux clients haut et très haut débit durant les différents trimestres :

• 1er trimestre 2013 : 45 000
• 2e trimestre 2013 : 10 000
• 3e trimestre 2013 : 40 000
• 4e trimestre 2013 : 72 000

Ce beau résultat permet ainsi au FAI de dépasser pour la toute première fois la barre des 2 millions de clients (2,013 millions précisément), ceci grâce à une croissance de 167 000 abonnés en un an. Néanmoins, l'année 2013 a été bien inférieure à 2012, où l'opérateur avait attiré dans ses filets 323 000 clients supplémentaires, ceci sans même prendre en compte l'acquisition de Darty.

Il faut toutefois rappeler que tout opérateur confondu, le marché du haut et très haut débit en France voit sa croissance se réduire, le nombre de foyers relié se rapprochant de son pic. De trois millions de nouveaux clients en un an en 2007, nous sommes ainsi passés à deux millions de clients supplémentaires en 2009, puis 1,5 million en 2011, pour atteindre un million désormais. Et ce rythme a toutes les chances de diminuer lors des prochains trimestres.

Du côté du très haut débit, principalement représenté par ses offres FTTLA exploitant le réseau fibre de Numericable, Bouygues dispose de 363 000 clients dans ce secteur. Il ne s'agit pas toutefois des abonnés disposant d'une ligne d'au moins 100 Mb/s, mais de 30 Mb/s minimum, ce qui correspond à la définition du très haut débit donnée par l'ARCEP.

Le chiffre d'affaires continuer de s'écrouler, mais les bénéfices sont de retour

Concernant le volet financier, l'expression demi-teinte utilisée par Bouygues Telecom correspond assez bien à son année 2013. D'un côté, son chiffre d'affaires de 4,664 milliards d'euros est en recul de 11 % par rapport à 2012, « reflétant les performances commerciales des neuf premiers mois, la baisse des prix et le poids croissant des ventes sans terminal ». Depuis l'arrivée de Free Mobile il y a deux ans, l'opérateur a donc vu son chiffre d'affaires perdre 19 % de sa valeur, soit près de 1,1 milliard d'euros de différence.

Malgré ce médiocre bilan, la société réussie tout de même à terminer l'année avec un bénéfice net de 13 millions d'euros, contre une perte de 16 millions en 2012. Une performance due à ses réductions de coûts et ses licenciements opérés ces derniers trimestres. Résultat, la société explique avoir réalisé entre 2011 et l'an passé 599 millions d'euros d'économies dans le secteur mobile, dont 200 millions dans l'exploitation et 399 millions dans les coûts commerciaux.

Bouygues arrivera-t-il à faire mieux en 2014 et à retrouver son nombre de clients mobiles de 2011 ? Difficile à dire. Quoi qu'il en soit, l'opérateur a pour ambition de « développer les usages data en capitalisant sur la 4G » ainsi que de « multiplier les ruptures dans le Fixe », à l'instar de son offre Bbox triple-play à 19,99 euros par mois dévoilée il y a quelques heures. Concernant la 4G, l'opérateur compte attirer les clients en leur proposant des appareils à très bas prix, avec comme objectif des smartphones LTE sous les 100 euros avant la fin de l'année.

Enfin, du côté du secteur fixe, il est important de noter que l'opérateur précise qu'il lancera au second semestre 2014 une nouvelle offre « sur la base d’une innovation technologique qui permettra un avantage tarifaire ». Il ne s'agit donc pas ici de l'annonce de ce jour.