Du ménage dans la législation sur les déchets électroniques
Lady DEEE
Le 30 mai 2014 à 10h00
4 min
Droit
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Dans le cadre des discussions sur le projet de loi sur l’économie sociale et solidaire, le gouvernement a fait adopter un amendement pour mettre à jour notre législation. La rustine vise spécialement le traitement des déchets électroniques afin d’être en phase avec une directive révisée en 2012.
Ce 20 mai, le projet de loi relatif à l'économie sociale et solidaire a été voté en première lecture par l'Assemblée nationale. Il est désormais sur le tremplin d’une seconde lecture au Sénat.
À l’occasion des débats devant les députés, le gouvernement a fait adopter un amendement visant à modifier le Code de l’environnement. Il concerne la gestion des DEEE, acronyme de déchets d’équipements électriques et électroniques. Une question qui touche donc directement au secteur des nouvelles technologies.
Déchets professionnels, déchets ménagers
Selon l’actuel article L541-10-2 du Code de l’environnement, le professionnel « qui fabrique, importe ou introduit sur le marché national » des équipements électriques et électroniques ménagers « est tenue de pourvoir ou contribuer à la collecte, à l'enlèvement et au traitement des déchets d'équipements électriques et électroniques ménagers indépendamment de leur date de mise sur le marché. »
L’amendement porté par Axelle Lemaire, secrétaire d’État au numérique, dépoussière cette disposition : désormais la nouvelle rédaction ne fait plus mention aux seuls déchets ménagers mais vise tous les déchets, même ceux issus des filières professionnelles. C’est la correction d’une anomalie puisque « les déchets professionnels sont bien inclus dans les obligations de la directive, et cette obligation est déjà réglementée par décret, même en l’absence de référence explicite dans la loi. »
Obligation de reprise « 1 pour 0 » et non « 1 pour 1 »
Le même amendement vient mettre à jour notre législation, suite à la révision de la directive DEEE intervenue en 2012. Cette directive « impose désormais à certains distributeurs une obligation de reprise de certains types d’équipements sans obligation d’achat (reprise dite « 1 pour 0 ») et que les équipements usagés collectés par ce biais doivent être traités dans les mêmes conditions que les équipements usagés collectés via la reprise dite « 1 pour 1 » (avec obligation d’achat). »
En France, le traitement des déchets issus de la collecte gratuite par les distributeurs était juridiquement conditionné par la vente d’un équipement électrique ou électronique ménager. L’amendement gouvernemental vient donc faire sauter cette lourde contrainte. Selon l’exécutif, « cette mesure permettra d’augmenter le gisement d’équipements usagés à traiter, en particulier pour les acteurs de l’économie sociale et solidaire, qui récupèrent chaque année par le biais de cette reprise des équipements en vue de leur réparation et de leur revente. »
Éco-contribution : des équipements ménagers dans les filières pros
Enfin, toujours sous l’aiguillon européen, le texte apporte de l’eau au moulin de la distinction entre les déchets ménagers et les déchets professionnels. Ce qui a des effets sur l’éco-contribution. Explications.
« Les magasins d’électroménager affichent actuellement, pour tous les appareils électriques et électroniques qu’ils vendent, le prix de l’éco-contribution en plus du prix du produit. Par ailleurs, le prix de cette éco-contribution doit intégralement être répercuté au client final ». Cependant, la situation actuelle n'est plus conforme. En effet, depuis la directive révisée en 2012, « tout équipement susceptible d’être utilisé par les ménages est considéré comme « ménager », alors que dans le cadre de la directive précédente, seuls étaient « ménagers » les équipements vendus dans le cadre d’un circuit de distribution ménager. »
Cette évolution nous impose aussi de mettre à jour la législation. Pour imager, le gouvernement cite l’exemple d’un ordinateur ou d’un téléphone utilisé dans une entreprise. Il était jusqu’ici « considéré comme « professionnel » car vendu par un circuit de distribution professionnel, mais il sera désormais considéré comme « ménager » car le même produit est susceptible d’être utilisé par un ménage ».
Ce méli-mélo dans les critères de la gestion des DEEE impacte l’éco-participation et impose donc un sérieux ménage dans les filières. Cette contribution devra ainsi être visible pour tous les équipements ménagers, quelle que soit la filière d'écoulement. Du coup, le gouvernement accorde, avec la bénédiction des députés, un délai à la filière puisque ces contraintes s’appliqueront qu’à compter du 1er janvier 2015.
Du ménage dans la législation sur les déchets électroniques
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Déchets professionnels, déchets ménagers
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Obligation de reprise « 1 pour 0 » et non « 1 pour 1 »
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Éco-contribution : des équipements ménagers dans les filières pros
Commentaires (22)
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Abonnez-vousLe 30/05/2014 à 10h05
Le mieux quand même dans la gestion de déchets c’est que l’on paie une ecotaxe avec chaque produit électronique pour la gestion des déchets, mais que les déchets sont envoyé en afrique.
Encore une taxe qui part dans la poche du vendeur/fabriquant.
ils ont diffusé un reportage là dessus l’autre jour : Arte
Le 30/05/2014 à 10h43
Le 30/05/2014 à 10h49
C’est la correction d’une anomalie puisque « les déchets professionnels sont bien inclus dans les obligations de la directive, et cette obligation est déjà réglementée par décret, même en l’absence de référence explicite dans la loi. »
on marche sur la tête… " />
Le 30/05/2014 à 10h50
Le 30/05/2014 à 10h53
Le 30/05/2014 à 10h58
Le 30/05/2014 à 10h58
Le 30/05/2014 à 11h05
Le 30/05/2014 à 11h15
Le 30/05/2014 à 12h27
Le 30/05/2014 à 13h34
Le 30/05/2014 à 13h37
Le 30/05/2014 à 13h49
Le 30/05/2014 à 14h00
Le 30/05/2014 à 14h46
Concernant les fraudes, je suppute que cela se produit au niveau des entreprises en charge de démantèlement/recyclage, qui transforme des déchets en produits électroniques exportés…
Sachant en plus qu’un bon nombre d’ordinateurs sans valeur provenant des entreprises sont gentiment envoyés en déchetterie. Et la, jackpot pour Vinci et pleurs pour les mairies.
Une fois la déchetterie fermée, il y a les professionnels du cuivre, les glaneurs de vieux trucs et les professionnels qui déchargent leurs bagnoles. Quand ces messieurs ne viennent carrément pas en pleine journée avec leurs voitures personnelles.
Sans compter les brookers qui exportent des tas de machines hors d’usage ou obsolètes, il y a déjà du ménage à faire sur le systéme français de traçabilité des machines et de la responsabilité des entreprises.
En passant, comment définir une machine obsolète ou réutilisable?
Y’a deux semaines en Asie, j’ai vu plein de PIV à vendre 10/12euros provenant d’Europe / US. / Jap, pour vous, déchets ou vrai occasions ? Et un PIII?et un p166?
Le 30/05/2014 à 17h24
La photographie de l’article n’est absolument rien comparé au contenu du reportage passé sur Arte la semaine dernière. Tout ceci est passé inaperçu ici alors que ça a clairement trait au monde de l’informatique. En attendant, cela n’empêche pas de nous faire enfumer par un article sur les cigarettes électroniques.
Tout l’essentiel a été dit dans les commentaires précédents.
Le 30/05/2014 à 17h51
Le 30/05/2014 à 19h07
comment être sur que nos dechets colletés ne partent pas pollué en Asie ou en Afrique (je parle vraiment des trucs hors d’usages genre Brosse a dent électrique usagé, cafetières, four a micro-onde KO etc…)
Le 30/05/2014 à 19h17
Le 30/05/2014 à 23h10
Le 31/05/2014 à 10h18
J’en connais qui s’amusait à arracher deux ou trois composants sur la carte mère avant de jeter un pc
Le 31/05/2014 à 10h31