Aruba (HPE) évoque les performances du Wi-Fi 6E dans la bande des 6 GHz
Sans tricher
Le 20 août 2021 à 08h01
6 min
Hardware
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Comme tous les constructeurs de solutions réseau sans fil, Aruba se prépare à la montée en puissance du Wi-Fi 6E. Déjà exploitable aux États-Unis, c'est au tour de l'Europe (et bientôt de la France) de sauter le pas. Mais plutôt que de simples promesses marketing, la société veut montrer son intérêt en pratique.
Cela fait plus de 20 ans que le Wi-Fi est entré dans nos vies, changeant peu à peu notre rapport au réseau local et à la mobilité de nos appareils. Depuis, il n'a cessé d'évoluer à travers ses fonctionnalités, sa sécurité, les performances de son protocole ou le nombre de canaux cumulables, avec une constante : il fonctionne dans les 2,4 GHz et 5 GHz, des bandes ISM (Industriel, Scientifique et Médical) avec des portions de fréquences dites « libres ».
Le Wi-Fi étend son spectre
Chacun peut donc les utiliser sans payer de licence (contrairement à la téléphonie mobile par exemple). Mais au fil du temps et avec l'explosion du nombre d'appareils connectés, ces bandes sont devenues de plus en plus chargées et il n'est pas rare d'arriver presque à saturation dans certaines zones, notamment les milieux urbains.
Début 2020, il a donc été décidé d'ouvrir une nouvelle bande libre au Wi-Fi dans les 6 GHz, à travers le Wi-Fi 6E. Cette solution a deux avantages. Tout d'abord, du fait de la fréquence plus élevée sa portée est plus courte, ce qui devrait réduire la « gêne » entre voisins. D'autant que les appareils exploitant cette bande sont pour le moment peu nombreux. Ensuite, certains évoquent des débits potentiellement plus élevés (nous y reviendrons).
Outre-Atlantique, pas moins de 1 200 MHz ont ainsi été libérés en avril 2020, soit une soixantaine de canaux (20 MHz) et pas moins de sept blocs de 160 MHz. Ils vont de 5 925 à 7 125 GHz pour les émetteurs de puissance faible en intérieur. En Europe, décision vient d'être prise de libérer 480 MHz, de 5 945 à 6 425 MHz, la Conférence mondiale des radiocommunications 2023 (CMR-23) devant permettre de décider si les fréquences supérieures seront utilisées pour les usages mobiles ou non, et donc de leur disponibilité pour le Wi-Fi 6E.
Le Wi-Fi 6E en Europe : 24 canaux (20 MHz) soit trois blocs de 160 MHz « seulement »
L'Arcep a récemment publié son projet de transposition, ouvert à contribution jusqu'au 30 septembre. Ce processus doit mener à une décision finale publiée au Journal Officiel « après homologation par le ministre chargé des communications électroniques ». Le Wi-Fi 6E pourrait ainsi être exploitable en France d'ici quelques mois.
Transfert de données sans fil : gare aux folles promesses
Les constructeurs se préparent donc, la plupart ayant déjà des produits compatibles sur le marché, comme les dernières puces Wi-Fi AX210 et Killer AX1675 d'Intel (Typhoon Peak). Comme souvent, certains tirent un peu trop sur la corde du marketing, quitte à prendre leurs clients pour des idiots. Cela a été le cas de Samsung qui a tenté de démontrer que le Wi-Fi 6E était... trois fois plus rapide que le Wi-Fi 6, test de performances (sans détails) à l'appui.
Bien entendu, c'est impossible, puisque le protocole n'évolue pas, que ce soit au niveau de la modulation ou de la taille des blocs utilisés. Il est donc impossible d'avoir un tel écart à moins d'effectuer un test dans une zone saturée ou de comparer des résultats en 2,4 GHz à du 6 GHz (et encore), ce qui n'était pas le cas ici.
Une situation déjà rencontrée lors du passage du Wi-Fi 5 au Wi-Fi 6, alors que ce dernier renouvelait enfin le protocole sur la bande des 2,4 GHz (qui n'avait pas évolué depuis le Wi-Fi 4), apportant des fonctionnalités contre la congestion ou d'économie d'énergie. Mais le Wi-Fi 5 Wave 2 pouvait déjà profiter de blocs de 160 MHz par exemple.
Plus la modulation du signal est élevée, plus la marge d'erreur est faible
Pourtant, certains promettaient des hausses de débit extraordinaires, pas toujours simples à vérifier lorsqu'un PC est éloigné du routeur par exemple. En effet, la véritable évolution du Wi-Fi 6 en termes de débit est le passage d'une modulation du signal 256-QAM à 1024-QAM, permettant de transporter plus de données lorsque les conditions le permettent. En théorie, on passe ainsi de 867 Mb/s par flux à 1 200 Mb/s.
En pratique, lors de tests récents avec une machine équipée d'une carte Wi-Fi MU-MIMO 2x2 (2 400 Mb/s théoriques), on ne dépasse pas 1 Gb/s, avec 90 à 330 Mb/s dans une maison équipée de gros murs. Suffisant néanmoins pour faire bien mieux qu'une Freebox Pop limitée au Wi-Fi 5 (Wave-2).
Wi-Fi 6E : les gains seront multiples, pas forcément sur le débit
Mais comme nous l'avons évoqué, le Wi-Fi 6E ne change rien si ce n'est l'ajout de l'accès aux 6 GHz. Si l'on dit en général que les débits sont plus élevés avec la montée en fréquence, c'est qu'elle permet d'avoir accès à de plus larges bandes. En 2,4 GHz on est par exemple limité à des blocs de 40 MHz, contre 160 MHz à 5 ou 6 GHz.
Comme la modulation du signal est toujours de 1024-QAM... on a donc toujours 1 200 Mb/s par flux. On comprend mieux que la plupart des constructeurs évitent de faire des promesses et se contentent en général de vidéos de présentation plus neutres, comme Netgear ou TP-Link, évoquant le faible encombrement de cette bande.
De son côté, HPE, est revenu sur le sujet ces derniers mois au travers de vidéo publiées sur le Wi-Fi 6E, via sa marque Aruba. Il est l'un des rares à avoir joué le jeu du test pratique dans des conditions correctes. Dans une démonstration cumulant des transferts dans les 2,4 GHz, 5 GHz et 6 GHz réalisé sur un exemplaire de préproduction, il relevait des débits de 400 Mb/s pour la plus faible bande et 900 Mb/s pour les deux autres.
Plus récemment, il a effectué le test de son nouvel AP-635 pouvant gérer trois bandes :
- 6 GHz sur 160 MHz, soit 2,4 Gb/s
- 5 GHz sur 80 MHz, soit 1,2 Gb/s
- 2,4 GHz sur 20 MHz, soit 287 Mb/s
Là aussi trois clients ont été utilisés en simultané, avec cette fois un débit de 1 553 Mb/s pour le premier (160 MHz), 696 Mb/s pour le second (80 MHz) et 70 Mb/s pour le dernier (20 MHz), soit environ 2 300 Mb/s cumulés. Des résultats élevés et sans doute relevés dans des conditions idéales, mais déjà loin des 3,9 Gb/s théoriques.
Cela montre néanmoins que dépasser 1 Gb/s est désormais à l'ordre du jour. Cela sera-t-il plus facile dans les 6 GHz que les 5 GHz ? Assurément, si vous êtes très proche de votre routeur, d'autant plus dans un environnement encombré. Mais n'allez pas pour autant penser que le Wi-Fi 6E sera trois fois plus rapide...
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Commentaires (12)
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Abonnez-vousLe 20/08/2021 à 10h56
https://www.arcep.fr/uploads/tx_gspublication/consultation-Wifi-6-GHz-juil2021.pdf
Avec des limitations comme le non usage sur drone par exemple.
Mais possible en avion et train. Curieux.
Le 20/08/2021 à 10h58
“Cela montre néanmoins que dépasser 1 Gb/s est désormais à l’ordre du jour.”
Oui, mais nos chère constructeurs préféré laisserons uniquement des ports gigabits, pour être sur qu’on arrive pas au limites du wifi
Le 20/08/2021 à 11h06
Il y a déjà pas mal d’équipements Wi-Fi 6 avec un port principal en 2,5 Gb/s. Ce n’est pas systématique mais plutôt courant.
Pas en extérieur, sans doute parce qu’il y a un risque de brouillage qui ne peut pas être maitrisé vu que le drône se déplace potentiellement un peu n’importe où. De toutes façons vu la portée il y a peu d’intérêt.
Le 20/08/2021 à 11h56
Juste une question de néophyte.
Entre 2 appareils connectés via les ondes radio, plus on monte en fréquence, moins on va loin ?
Le 20/08/2021 à 12h05
Oui, la montée en fréquences a deux effets qui jouent pour ce qui nous intéresse dans le Wi-Fi : plus la portée est courte (ce qui peut être un avantage comme un inconvénient), plus ou peut disposer de larges blocs de fréquences. C’est pour ça que le Wi-Fi 6E était attendu, 1200 MHz de spectre, c’est pas mal, si on l’utilisait en un seul bloc en 1024-QAM, ça ferait potentiellement 9 000 Mb/s
24 canaux en Europe c’est pas mal non plus pour le moment. Pour rappel, on a 13 canaux de 20 MHz dans les 2,4 GHz regroupables par deux, une vingtaine de canaux de 20 MHz dans les 5 GHz regroupables par 8.
Le 21/08/2021 à 07h32
Oui fréquence élevée <=> moins de portée à puissance égale !
Mais la puissance joue également un rôle important, en 2.4Ghz, la puissance est limitée en France à 100mW.
En 5Ghz selon l’utilisation du réseau (ex: pas de radar militaire) et selon les canaux on peut émettre avec 2x plus de puissance en 5GHz. (200mW)
Dans un environnement dégagé wifi 2.4Ghz et 5Ghz ont presque la même portée (la puissance supérieure compensant la plus faible portée de la fréquence)
Le 21/08/2021 à 14h26
Pas tout à fait, David,
il n’y a que 60 Mhz en 2,4 Ghz et 13 canaux mais séparés de seulement 5 Mhz, ce qui ne donne que 3 canaux 20 Mhz et 1 seul en 40 Mhz, zéro, bien sûr en 80 Mhz.
Voir
Faudra mettre à jour pour le wifi 6E d’ailleurs :-)
Le 21/08/2021 à 19h45
On n’attend plus parler du LiFi (en visible ou en infrarouge). Ça pourrait pourtant être intéressant avec jusqu’à 300THz de disponible et quasi sans interférences avec les voisins. Par contre, il faut équiper toutes les pièces de la maison, et les constructeurs ont l’air d’avoir du mal avec la monté des débits…
Le 21/08/2021 à 20h48
Disons que ça n’a aussi aucun intérêt pour du particulier vu les tarifs. C’est une solution qui répond à des besoins spécifiques, le mass market “abordable” n’en est pas un.
Le 23/08/2021 à 16h27
J’aimerai savoir si quelqu’un a mesuré la latence en Wifi 6(e) sachant que cela devait être réduit grandement?
Je dois faire un bridge radio (ou CPL) pour un ami gamer!
Le 25/08/2021 à 09h31
J’ai 1ms en WiFi 5.
Le 25/08/2021 à 10h57
Merci pour le retour!
En 2.4 ou 5Ghz? Sur une box ou sur AP standalone?
J’ai l’impression que c’est très fluctuant..