L’inscription sur les listes électorales proposée par défaut sur Internet ?
Vote d'or
Le 22 décembre 2014 à 09h30
7 min
Droit
Droit
Alors que le gouvernement travaille à la simplification des démarches administratives en ligne via les programmes « Dites-le nous une seule fois » et France Connect, un récent rapport parlementaire propose de permettre aux citoyens de s’inscrire sur les listes électorales au travers des principaux autres téléservices (déclaration de revenus, demande d’allocations familiales, etc). Explications.
Que faire contre l’abstention ? Bien souvent, certains estiment que faciliter l’inscription sur les listes électorales permettrait de faire revenir, au moins dans un premier temps, un grand nombre de citoyens aux urnes. Actuellement, la procédure s'avère effectivement assez complexe : il faut par exemple s’inscrire avant le 31 décembre 2014 pour pouvoir voter lors des scrutins de 2015, afin que les pouvoirs publics aient le temps d’effectuer les vérifications nécessaires.
Au travers d’un rapport d’information présenté la semaine dernière à l’Assemblée nationale, les députés Élisabeth Pochon (PS) et Jean-Luc Warsmann (UMP) déplorent justement que « ce calendrier d’inscription joue un rôle déterminant dans l’éloignement de millions d’électeurs de l’institution électorale (3 millions de non-inscrits et 6,5 millions de mal-inscrits), en raison de son décalage par rapport au rythme démocratique et de son inadaptation à la mobilité résidentielle des électeurs ». Il n’est pas toujours facile en effet de s’y retrouver entre les différentes échéances électorales, et un déménagement non anticipé peut également faire que le citoyen se retrouve rapidement hors délais.
Une procédure contraignante et trop peu présente sur Internet
En octobre dernier, le président de la République a annoncé qu’il souhaitait que l’inscription sur les listes électorales soit possible jusqu’à un mois avant le scrutin. Les députés Pochon et Warsmann, qui estiment qu’un délai de 45 jours paraît plus réaliste, plaident pour divers autres assouplissements de cette procédure. Ils se sont penchés en particulier sur le téléservice qui permet depuis 2009 de s’inscrire en ligne, via le portail mon.service-public.fr. Voici d’ailleurs leurs explications à ce sujet :
« Service de dépôt des demandes d’inscription, mon.service-public.fr reçoit les demandes qui lui sont transmises et les transfère aux communes qui conservent l’entière compétence de les instruire. La commune qui adhère à ce portail a le choix entre recevoir les demandes d’inscription par transmission informatique ou opter pour une démarche intégrée grâce à l’interconnexion de son logiciel de gestion des inscriptions au site de la direction de l’information légale et administrative (DILA).
Près de 4 100 communes ont demandé leur raccordement au service – dont la plus petite compte 10 habitants – et des actions de communication sont régulièrement entreprises pour étendre la couverture du territoire et de la population, même s’il reste matériellement compliqué pour une commune rurale de faire ce choix.
En 2013, 1 000 à 4 000 demandes d’inscription ont été déposées par ce biais chaque mois, et 95 000 pour le seul mois de décembre. Plus d’un tiers des inscriptions réalisées à Paris sur la période de révision 2013 - 2014 l’ont été par ce téléservice. »
Comme nous avons déjà eu l’occasion de l’évoquer, le problème reste le même au fil du temps : les communes ne proposent pas toutes ce téléservice, manifestement pour des raisons de moyens. Il est surtout effectif dans les grandes villes, ce qui laisse sur le côté un bon nombre de personnes habitant à la campagne, alors que les citoyens éloignés de leur mairie pourraient apprécier de ne pas avoir à faire de déplacement. Selon ce rapport, près de 60 % du corps électoral serait actuellement exclu du dispositif.
Face à ce constat, les députés Pochon et Warsmann ne prônent pas explicitement une généralisation de ce téléservice, contrairement à la fondation Terra Nova par exemple. En revanche, ils proposent différentes pistes d’amélioration, le déploiement complet du dispositif étant malgré tout porté par les pouvoirs publics.
Une inscription possible via d'autres démarches administratives en ligne ?
Leur rapport préconise ainsi de « de lier, au sein du portail mon.service-public.fr, les téléservices de notification des changements d’adresse et d’inscription sur les listes électorales ». Si les parlementaires ne détaillent pas davantage leur idée, on imagine qu’un internaute qui signalerait son déménagement en ligne pourrait par la même occasion être invité à remplir un formulaire ou cocher une case pour s’inscrire par ricochet sur les listes électorales de sa nouvelle commune.
D’une manière plus large, les députés Pochon et Warsmann demandent d'ailleurs à ce que les pouvoirs publics permettent à « tout électeur de solliciter son inscription sur les listes électorales à chacune des principales démarches administratives en ligne qu’il accomplit ». Les deux élus estiment que les téléprocédures nécessitant les mêmes pièces justificatives (pièce d’identité et justificatif de domicile) pourraient tout d’abord être couplées à la demande d’inscription sur les listes électorales.
« Il appartiendrait aux administrations concernées d’adresser périodiquement ou automatiquement aux communes compétentes les dossiers d’inscription, ou s’il était décidé de conférer un caractère semi-automatique à ces démarches, la liste des électeurs ayant émis le souhait d’être inscrits ou réinscrits et ayant présenté les pièces justificatives de nationalité, d’identité et de domiciliation » expliquent les parlementaires. Ces derniers aimeraient bien que le citoyen puisse faire sa demande d’inscription sur les listes électorales au moment de sa déclaration de revenus, lors d’une demande de carte grise ou d’allocations familiales, d’une inscription à l’université, etc.
« Une meilleure articulation des démarches administratives dématérialisées avec la procédure d’inscription, grâce à l’amélioration du dialogue et des échanges d’informations entre administrations, permettra d’inciter le plus grand nombre d’électeurs potentiels à vérifier leurs conditions d’inscription sur les listes électorales. Elle contribuera à juguler le traditionnel afflux de demandes qui précède l’expiration du délai d’inscription et qui, dans certaines communes, soulève de nombreux problèmes pratiques dès lors que le nombre de dossiers qui sont déposés par internet au cours de la journée du 31 décembre avant minuit – et fréquemment après l’heure de fermeture des services chargés de les traiter – complique considérablement la tâche des commissions administratives chargées de statuer sur leur conformité aux règles électorales dans des délais contraints, a fortiori lorsque les dossiers sont incomplets » estiment les rapporteurs.
Si le gouvernement n’a pas encore réagi à ce rapport, soulignons que cette piste semble parfaitement coller avec ses récents projets « Dites-le nous une seule fois » et France Connect. Le premier permettra à tout citoyen, à partir de 2017, de stocker sur un espace en ligne accessible à l’administration de nombreuses pièces justificatives. Le second vise quant à lui à fournir un identifiant de connexion unique entre les différents téléservices (CAF, Assurance maladie, mon.service-public.fr, etc.).
Les photos de smartphones bientôt acceptées pour les justificatifs
Autre recommandation, plus accessoire : que les formats de justificatifs acceptés par l’administration soient plus variés. « L’un des obstacles fréquemment relevés par les utilisateurs [du site mon.service-public.fr] est l’obligation d’envoyer une copie des pièces justificatives sous format PDF » expliquent ainsi les députés. Ces derniers annoncent néanmoins que « dans le prolongement des actions en cours pour l’établissement de la carte vitale, le gouvernement a indiqué à votre mission d’information travailler à l’assouplissement de cette condition en permettant l’envoi de la photographie ou du scan de ces pièces, par exemple à partir d’un smartphone ».
L’inscription sur les listes électorales proposée par défaut sur Internet ?
-
Une procédure contraignante et trop peu présente sur Internet
-
Une inscription possible via d'autres démarches administratives en ligne ?
-
Les photos de smartphones bientôt acceptées pour les justificatifs
Commentaires (29)
Vous devez être abonné pour pouvoir commenter.
Déjà abonné ? Se connecter
Abonnez-vousLe 22/12/2014 à 11h03
Comme dans les dictatures.
Et puis franchement se déplacer pour mettre un papier blanc cela sert à rien autant pas bouger.
Le 22/12/2014 à 11h04
Le 22/12/2014 à 11h05
Autre recommandation, plus accessoire : que les formats de justificatifs acceptés par l’administration soient plus variés. « L’un
des obstacles fréquemment relevés par les utilisateurs [du site
mon.service-public.fr] est l’obligation d’envoyer une copie des pièces
justificatives sous format PDF » expliquent ainsi les députés. Ces derniers annoncent néanmoins que « dans
le prolongement des actions en cours pour l’établissement de la carte
vitale, le gouvernement a indiqué à votre mission d’information
travailler à l’assouplissement de cette condition en permettant l’envoi
de la photographie ou du scan de ces pièces, par exemple à partir d’un
smartphone ».
On doit donc s’attendre à des selfies compatible Cerfa ?
Le 22/12/2014 à 11h21
moi je ne vote plus
Le 22/12/2014 à 11h46
Tant que les votes blancs ne seront pas reconnus effectivement autant rester chez soit.
Et +1 à TaigaIV si on veux limiter l’abstention faudrait d’abord voir à donner envie aux gens de se déplacer, autrement qu’en leur donnant le choix entre peste et choléra je veux dire parceque ça fait un certain nombre d’échéances électorales qu’une bonne partie des électeurs se déplace non pas pour voter pour le candidat de leur choix mais principalement pour faire barrage au pire des deux pignoufs restants au second tour.
Le 22/12/2014 à 11h50
Le 22/12/2014 à 11h52
Les campagnes d’inscription sont en fin d’année, alors que les élections sont en avril-mai, tout le monde n’y prête pas forcément attention… Les mairies ont des horaires de mairie et tout le monde n’a pas envie de faire l’effort de se déplacer (même si des “nocturnes” sont mises en place). L’inscription par Internet est vraiment beaucoup plus pratique (pour un grand nombre de personne, en complément de l’inscription physique évidemment).
Par rapport à la news :
Leur rapport préconise ainsi de « de lier, au sein du portail mon.service-public.fr, les téléservices de notification des changements d’adresse et d’inscription sur les listes électorales ».
Il me semble que c’est déjà le cas.
Le 22/12/2014 à 11h56
Je ne joue pas au jeu dont les règles sont écrites par mon adversaire " />
Le 22/12/2014 à 11h57
Mon frère a reçu la “convocation” pour s’inscrire sur la liste électorale il y a 15 jours, il fallait aller en mairie avant le 19⁄12 (il me semble) avec carte d’identité + justificatif de domicile.
La personne lui prend les papiers, en fait une copie et lui dit qu’il aura la carte électorale d’ici le mois de mars.
Je ne comprends pas trop le but de la démarche : il faut montrer à sa mairie qu’on existe ? Il faut avoir la motivation de se déplacer pour ça?
Et puis bon cela m’étonnerait que ça diminue l’abstention, si les gens ne se donnaient pas la peine d’aller à la mairie pour s’inscrire, il ne vont pas aller se déplacer jusqu’au bureau de vote ^^
Le 22/12/2014 à 12h03
Le 22/12/2014 à 12h06
Le 22/12/2014 à 12h10
Le 22/12/2014 à 12h14
Par hasard, tu ne ferais pas parti des gens qui dénigrent notre grande nation ? Tu ne serais pas un de ces membres de l’anti-France que nos médias aiment tant promouvoir ? Je le dis haut et fort, la France et surtout les français, peut suivre un défilé de lingerie et un concours de talent, il faut juste que ce soit sur la même chaîne et au même moment.
Le 22/12/2014 à 12h23
Le 22/12/2014 à 12h26
Le 22/12/2014 à 12h28
J’ai tenté de motiver des jeunes pour s’inscrire, mais je crois que c’est peine perdue.
La seule chose qui les oblige à se bouger c’est le recensement parce que sans ça tu ne peux pas passer le permis de conduire et les diplômes de l’educ nat.
L’inscription par internet pourquoi pas ? Mais une part doit rester IRL sinon les morts vont se lever dans les cimetières par milliers et pas qu’en Corse et les “déménagés virtuels” des 10 années passées vont se mobiliser…" />
Le 22/12/2014 à 12h28
Le 22/12/2014 à 12h36
Le 22/12/2014 à 13h44
Aucun interet de mettre les systèmes facilitant le vote en place.
C’est justement toute la machinerie du pouvoir en place.
Dégoutter les citoyens de s’intéresser à la vie politique, afin de gonfler l’abstention. ça evite les rapports de forces et la prise de conscience collective.
Il suffit aussi d’occuper les citoyens sur des débats de 2nd Zone comme le “Mariage pour tous” ou autre.
Par contre, il ne faut surtout pas s’intéresser aux votes des Budgets de l’Etat ou le PLFSS, les #QAG .
L’abstention, c’est faire le jeu du pouvoir en place.
Le 22/12/2014 à 14h09
Le vote, même électronique, c’est dépassé. Faut faire combattre les candidats dans une arène comme des gladiateurs. On veut des hommes/femmes puissants.
L’avantage immédiat, c’est que ça élimine les petits (même à talonnettes) et ceux qui manquent de volonté.
Le 23/12/2014 à 07h43
Pas con, des campagnes électorales façon takeshi’s castle ça aurait le mérite de faire un peu le ménage dans la classe politique : exit les dinosaures fossilisés sur leurs fauteuils à l’AN, exit les gros tout mous, les petits tout fous, etc … " />
Le 23/12/2014 à 18h31
Que faire contre l’abstention ? Bien souvent, certains estiment que
faciliter l’inscription sur les listes électorales permettrait de faire
revenir, au moins dans un premier temps, un grand nombre de citoyens aux
urnes. Actuellement, la procédure s’avère effectivement assez
complexe : il faut par exemple s’inscrire avant le 31 décembre 2014 pour
pouvoir voter lors des scrutins de 2015, afin que les pouvoirs publics
aient le temps d’effectuer les vérifications nécessaires.
Valoriser le vote blanc en dégageant complétement les candidats en cas de succès du vote blanc ?
Le 23/12/2014 à 18h32
Tss, à répondre trop vite: je voulais dire “En rendant le vote obligatoire et en valorisant le vote blanc en
dégageant complétement les candidats en cas de succès du vote blanc ?”.
Le 24/12/2014 à 11h22
Quand tout le travail aura été délocalisé dans le tiers monde ou automatisé, il restera 65 millions de politiques professionnels qui se voteront leur propre augmentation sur la dette commune " />
Le 22/12/2014 à 09h50
Que faire contre l’abstention ? Bien souvent, certains estiment que faciliter l’inscription sur les listes électorales permettrait de faire revenir, au moins dans un premier temps, un grand nombre de citoyens aux urnes.
Je doute qu’augmenter le nombre potentiel de gens pouvant être comptés parmi les abstentionnistes soit la bonne solution pour réduire l’abstentionnisme. Une solution serait de proposer un vrai projet de société qui motiverait les électeurs à venir, mais c’est beaucoup plus compliqué que d’essayer de traficoter les chiffres avec des propositions comme celle-ci ou la pseudo prise en compte du vote blanc. Je vais finir par croire que le gars qui s’occupent du chômage a été muté, le plus simple pour faire croire que ça va mieux, c’est de changer le mode de calcul.
Le 22/12/2014 à 10h21
Actuellement, la procédure s’avère effectivement assez complexe : il
faut par exemple s’inscrire avant le 31 décembre 2014 pour pouvoir voter
lors des scrutins de 2015
En quoi c’est complexe ? " /> Il suffit d’y penser (il y a plein de campagnes de comm’ à chaque élection), ensuite ce n’est qu’un déplacement…
Et cela n’a rien à voir avec l’abstention, si on ne veut pas aller voter, inutile de s’inscrire. Le fait que ce soit automatique n’y changera rien, à part de pouvoir dire qu’il y a plus d’inscrits qui ne se sont pas déplacés.
Le 22/12/2014 à 10h45
Il faut taper là ou ça fait mal, dans le portefeuille.
Une amende pour les abstentionnistes, comme en Belgique je crois.
Le 22/12/2014 à 10h58
Le 22/12/2014 à 11h01