Les rumeurs et leurs conséquences : nouveaux cas avec Apple, GoPro et BlackBerry
Dans les milieux autorisés, on s'autorise à penser...
Le 20 janvier 2015 à 17h00
5 min
Économie
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Il y a quelques jours, l'affaire faisait grand bruit : armé d'un brevet délivré par l'United States Patent le 13 janvier 2015, certains prêtaient à Apple l'intention de lancer un concurrent à GoPro. Conséquence, l'action de la société chutait en bourse... alors que la situation n'était finalement pas aussi simple que cela. Mais que s'est-il passé ?
Dans le petit monde de l'informatique, il suffit parfois d'une rumeur et/ou d'une fausse information (la première pouvant conduire à la seconde) pour faire ou défaire la santé financière d'une société. L'un des derniers exemples marquant en date est certainement le cas de GT Advanced Technologies (GTAT), une société spécialisée dans le saphir de synthèse qui s'est mise en faillite début octobre, peu de temps après le lancement des iPhone 6 et 6 Plus d'Apple. Les smartphones intègrent en effet toujours une couche de Gorilla Glass, et non pas un écran de saphir de synthèse comme certaines (fausses) rumeurs le laissaient entendre il y a quelques temps.
Quand une rumeur donne lieu à une importante incidence sur l'avenir d'une société
Plus récemment, une autre histoire de fausses informations et de rumeurs est remontée à la surface lors d'une OPA sur le groupe Club Med. Comme l'indiquent nos confrères d'Arrêt sur Images, « de faux profils d'analystes financiers ont été utilisés par des agences de communication afin d'influencer le déroulement » de cette opération. Des publications ont été mises en ligne sur différents sites, notamment via des blogs internes. Le but étant évidemment d'influencer les tractations en cours. Il ne s'agit là que de deux exemples, mais ce genre de situation se reproduit très régulièrement.
Il y a quelques jours, c'était au tour de GoPro d'en faire les frais, suite à des rumeurs apparues dans la presse. En effet, le site Patently Apple indique que la société de Cupertino vient d'obtenir un brevet (portant le numéro 8 934 045) sur « une caméra numérique avec une télécommande ». Si la GoPro HD Hero2 est citée sans détour dans ce brevet, elle sert uniquement de base de référence. Mais cela n'empêche pas certains de prendre cette annonce comme une volonté d'Apple de lancer un concurrent aux caméras GoPro.
Certes un brevet pour Apple, mais provenant du rachat d'un lot de plusieurs milliers
Néanmoins, comme le précisent nos confrères d'Apple Insider, les choses ne sont pas aussi simples que cela. En effet, le brevet dont il est question n'est pas nouveau, et il date même de 2012 (premier dépôt). La même année, Kodak le rachète à ses trois inventeurs : Karn Keith, Krolczynk Marc et Jorza Kazuhiro.
Début 2013, il change de mains lorsque Kodak vend pas moins de 1 100 brevets concernant l'image numérique à Apple et Google, pour un total de 527 millions de dollars. Suite logique des événements, le brevet dont il est aujourd'hui question est donc arrivé dans l'escarcelle d'Apple. Il ne s'agit donc pas d'une demande expresse de la part d'Apple, mais d'un brevet récupéré suite au rachat d'un lot en comprenant plus d'un millier, ce qui n'est pas franchement la même chose. Précisons à toutes fins utiles qu'aucune annonce officielle n'a été faite par la marque à la pomme.
Crédit image : Google Patents
Un concurrent de GoPro en préparation chez Apple ? LA question... qui n'a pas de réponse
Quoi qu'il en soit, en plus d'alimenter de nombreuses rumeurs sur les intentions d'Apple, toute cette agitation a eu un impact important pour GoPro : une chute de près de 15 % de sa cotation boursière. L'action est ainsi passée de près de 57 dollars le 12 en fin de journée à moins de 49 dollars le 13 janvier avant de repasser à plus de 52 dollars mercredi 14. La journée du 15 était relativement stable, avant une nouvelle baisse vendredi 16 à moins de 48 dollars.
Précisons enfin que rien n'est certain dans ce genre de cas : Apple pourrait très bien lancer demain des caméras du genre des GoPro, comme la société pourrait ne jamais s'intéresser à ce marché ; rien ne permet d'affirmer une des deux hypothèses. Une situation qui est finalement valable quel que soit le brevet obtenu (les sociétés ne s'en servent pas toujours pour lancer de nouveaux produits) et pas uniquement dans le cas particulier que nous venons d'évoquer.
Une rumeur en chasse déjà une autre : au tour de l'action BlackBerry de jouer au yoyo
Mais une rumeur en chasse rapidement une autre et une nouvelle histoire a fait les gros titres en fin de semaine dernière. On prêtait en effet à Samsung l'intention de racheter BlackBerry pour près de 7,5 milliards de dollars, des tractations étaient même en train de se dérouler selon « certaines sources ».
Une information qui aura finalement été rapidement démentie par BlackBerry. Mais, suite à cela, l'action du Canadien a fait un bond de près de 30 % à plus de 12 dollars, une valeur qui n'avait pas été atteinte depuis l'été 2013... avant de retomber quelques heures plus tard lors de la réouverture de la bourse. Là encore, une rumeur et un démenti, le tout en quelques heures seulement, ont suffi à faire bouger la bourse, et pas qu'un peu.
Si la machine médiatique s'emballe parfois pour un rien, elle peut également être « aidée » par des intervenants tiers qui se chargent de diffuser de fausses informations, comme avec le Club Med. La question est donc maintenant de savoir quelle sera la prochaine société à en faire les frais et/ou à en profiter ?
Les rumeurs et leurs conséquences : nouveaux cas avec Apple, GoPro et BlackBerry
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Quand une rumeur donne lieu à une importante incidence sur l'avenir d'une société
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Certes un brevet pour Apple, mais provenant du rachat d'un lot de plusieurs milliers
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Commentaires (26)
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Abonnez-vousLe 20/01/2015 à 17h13
Ca fait peur quand même les gars jouent avec des milliards et au moindre pet de mouche ils paniquent et foutent le bordel (surtout pour les employé des boites en question en fait).
c’est comme pour madoff, ils passaient un reportage l’autre jour sur la chaine lcp, tous les experts indépendants disaient c’est trop beau pour être vrai mais les mecs de la sec disaient “c’est madoff il ne peut pas faire des choses mals”
Le 20/01/2015 à 17h35
qu est ce que le mec sur la photo a bien pu proposer a la fille pour qu elle ait l air aussi enchantee?
Le 20/01/2015 à 17h36
Y’a aussi le problème de trading automatisé et haute fréquence. Dès qu’un robot repère une mauvaise nouvelle / rumeur, c’est des milliards d’€ en actions qui changent de main.
Y’à un très bon article dans Humanoïde n°2.
Le 20/01/2015 à 17h48
Le 20/01/2015 à 17h51
Le 20/01/2015 à 17h52
Le 20/01/2015 à 18h54
Il y a plusieurs cas ici.
Les rumeurs infondees sont une chose. Par exemple, le cas des brevets qu’Apple a rachete: il y a un fondement peut-etre sincere, mais mal analyse.
Mais il y a aussi les rumeurs intentionnelles, comme le cas du Club Med. Certains ont volontairement cree de faux profils pour demarrer des rumeurs afin d’influencer l’OPA. Ce cas est directement malhonnete.
Mais l’idee importante est l’impact sur la Bourse. Ces rumeurs ont un impact majeur parce que la Bourse est un mecanisme completement fou, capable de s’emballer en quelques secondes sur des bases particulierement faibles.
Comme beaucoup d’autres mecanismes humains (qu’ils soient economiques, legislatifs, politiques… ou technologiques), une bonne idee a une epoque ne le reste pas forcement quelques annees plus tard. Quand les abus ou les disfonctionnements deviennent trop flagrant, il est temps d’y reflechir a nouveau. Le probleme est la resistance au changement dont ils peuvent faire preuve. :(
Et +1 pour le sous-titre. Les citations comme celles-ci ne seront pas obsoletes avant longtemps. :)
Le 20/01/2015 à 18h55
+100
sans compter ceux (les robots) qui achetent automatiquement des qu une action depasse un certain seuil defini par l acheteur et qui revende tout aussi automatiquement quand ca arrive a un certain prix qui sont achete par d autre (hop boucle rapide)
Le 20/01/2015 à 20h13
Moi je pense que c’est un complot de la CIA et du Mossad dans le but de stigmatiser la communauté de la Silicon Valley. A qui profite le crime ? " />
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Le 20/01/2015 à 20h22
Le 20/01/2015 à 21h00
Regarder The Interview sur un MacBook Pro même pas encore sorti –> #Priceless
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Le 21/01/2015 à 07h38
En même temps comment Apple pourrai vendre un concurrent de la GoPro? C’est pas un marché neuf, la GoPro est déjà implémenté comme étant la référence et lutte contre les concurrents qui commencent à s’aligner pour moins chère alors une “GoPro” Apple 2x plus chère que l’originale n’a aucune chance.
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Sinon ça donne des envies de meurtres de voir tout ces connards fainéant en costard jouer avec l’argent des autres sans aucun scrupules et foutre des familles dans la merde en faisant couler des boites.
Et dans des cas d’escroqueries avérés les tribunaux ne devraient pas prononcer de la prison mais le châtiment ultime pour eux: bosser dans une boîte ou une usine. lol
Le 21/01/2015 à 08h04
La grande mauvaise idée a été de permettre le temps réel en bourse. Tu peux acheter et revendre 3 millisecondes après, alors qu’avant tu avais une certaine obligation de garder un certain temps ton action. Si quand tu achètes une action tu es obligé de la garder serait-ce que 1 ou 2 mois, ça serait peut-être un peu moins n’importe quoi. La majorité se fiche complètement de la boîte qui est dernière, ce qu’ils veulent, c’est juste spéculer. Ça serait sur de la vente de bébés, de drogues, d’organes humains ou même l’air qu’on respire qu’ils s’en moqueraient complètement. En tout cas, il y a des secteurs où ça devient de plus en plus compliqué. Par exemple, ça ne m’étonnerait pas qu’on ait un problème avec le secteur agricole dans quelques années, qui est un peu plus vital que l’électronique.
Le 21/01/2015 à 08h08
La bourse est un moteur économique ultra puissant mais on l’a rendu tellement dangereux qu’il est vraiment temps de songer à le réformer. Que ce soit pour ces transactions faites en quelques micro-secondes, les systèmes de forex qui ressemblent plus à un casino qu’autre chose, les principes d’achat à perte, etc.
La bourse aujourd’hui, ça peut faire autant de dégâts que la plus grosse des bombes nucléraires jamais construite.
Le 21/01/2015 à 08h50
Le 21/01/2015 à 09h17
La spéculation existe depuis l’invention de la bourse…
Le 21/01/2015 à 10h00
Non, mais ça a multiplié énormément le phénomène.
Trouver un moyen de freiner la spéculation (impossible de l’empêcher) serait une belle avancée…
Mais bon, comment ?
Le 21/01/2015 à 10h55
Une taxe sur les ordres de bourses et les plus-values. Oh, je crois crois qu’on en parle depuis… au moins 40 ans.
Mais les truands n’en voudront jamais car cela oblige à deux choses :
Le 21/01/2015 à 12h08
Mais pour ça il faudrait que ce soit mondial, non ?
Le 21/01/2015 à 12h34
" /> Le fait que ça soit perçu par des institutions internationales a été évoqué, mais c’est rajouter une autre révolution.
En effet, si une institution internationale perçoit de l’argent, elle perd en dépendance des contributeurs (au premier rang duquel… Les USA !)
Donc Taxe internationale sur la finance + indépendance d’institutions = USA perdent de leur puissance (de nuisance on pourrait dire).
Le 21/01/2015 à 12h44
Ca existe déjà en France pour les deux, mais fait à la française.
Pour les plus-values, ça rentre en compte dans les revenus lors de la déclaration si c’est réalisé via un compte titres, ou soumis à la CSG-RDS après 5 ans lorsque ressorti d’un PEA. Jusque là pas trop déconnant.
Pour la taxe sur les ordres encore une bonne idée mal exécutée, car la taxe est dûe uniquement dans les conditions suivantes :
Bref, tout le contraire de ce qu’il fallait faire…
Le 21/01/2015 à 13h58
" /> Faudrait pas gêner les opérations les plus spéculatives et les plus lucratives.
Personnellement je n’ai rien contre une personne (physique ou morale) qui achète des actions d’une entreprise. Cet acte est normalement lié à une certaine adhésion au projet qu’est une entreprise, avec pour motivation les gains (si je pense que l’entreprise va gagner de l’argent, j’achète donc j’adhère au projet).
Maintenant les produits dérivés, les titrisations et autres postions hostiles prises par les truands contre leurs propres clients sont les “opérations boursières” dont il est ici question.
Le 21/01/2015 à 15h23
Je néttoie les yaourts sans petite cuillère …. " />
Le 21/01/2015 à 18h21
Si si, au 17e siècle déjà : WikipediaComment ? Ne pas utiliser la bourse.
Le 21/01/2015 à 19h00
80% des transactions sont le fait d’algorithmes et non de “gars”, donc en réalité, ces variations sont parfaitement logiques.
ces même algo, on accès à une quantité inimaginable d’information (comptes twitter, Facebook, magazine, journaux; agences de presse…) et peux analyser ces infos en quasi temps réel pour decider quoi acheter ou vendre.
Un être humain aurait, lui, certainement la présence d’esprit de se renseigner sur la véracité de l’information (ou tout du moins, de sa crédibilité)
Le 21/01/2015 à 20h24