L’Open Data bientôt imposé aux villes, départements et régions ?
Peur sur la ville
Le 23 février 2015 à 11h10
6 min
Droit
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La question de l’Open Data est à nouveau en train de s’inviter à l’Assemblée nationale. Au travers d’un texte consacré aux collectivités territoriales, différents amendements ont été déposés afin que les communes, départements et régions soient tenus de mettre en ligne d’importantes informations publiques, sous certaines conditions.
Mise en ligne du compte rendu du conseil municipal
Voté par le Sénat le 27 janvier dernier, le projet de loi « portant nouvelle organisation territoriale de la République » est en discussion à l’Assemblée nationale depuis le début du mois. En commission, les députés écologistes ont profité de l’examen de ce texte pour faire adopter un amendement obligeant les communes disposant d’un site Internet à mettre en ligne, sous huit jours, le compte rendu de chaque conseil municipal.
Actuellement, ce document retraçant notamment les décisions prises par la municipalité ou le nom des élus présents n’est systématiquement affiché qu’en version papier. Beaucoup de villes n’ont toutefois pas attendu le vote de cet amendement pour diffuser leurs comptes rendus, puisque de nombreux sites Internet les proposent d’ores et déjà. Avec ces dispositions, les mairies seront toutefois tenues de les laisser à la disposition du public pour une durée d’au moins six ans (l’équivalent d’un mandat).
Ce dispositif pourrait toutefois être quelque peu toiletté lors des discussions en séance publique. Le rapporteur Olivier Dussopt a en effet déposé un amendement rédactionnel, qui ramène au passage le délai de mise en ligne à « une semaine » au lieu de huit jours.
Un amendement qui a fait des émules
Force est surtout de constater que plusieurs élus réclament désormais davantage de transparence « numérique ». Les députés Christian Hutin et Jean-Luc Laurent (apparentés socialistes) veulent par exemple que les communes de plus de 3 500 habitants soient également tenues de mettre en ligne « l’ensemble des délibérations du conseil municipal et les notes explicatives de synthèse » qui les accompagnent. Leur amendement prévoit que ces informations seraient disponibles pendant au moins douze ans.
Ce qu’on appelle dans le jargon les « établissements publics de coopération intercommunale » (les communautés de communes, les métropoles, les communautés d’agglomération...) pourraient eux aussi être contraints de publier sur leur site Internet leurs comptes rendus de commission ou autres rapports d’activité, si cet amendement soutenu par une trentaine de députés socialistes était adopté.
Ces mêmes parlementaires souhaitent d’autre part que toutes les collectivités territoriales (communes, départements, régions) et leurs regroupements mettent en ligne un compte rendu de mi-mandat, qui se présenterait comme une sorte de bilan intermédiaire de leurs actions.
Le gouvernement attendu au tournant sur l’Open Data
L’amendement le plus intéressant a été déposé par les députés du groupe écologiste. Il vise à pousser les collectivités territoriales de plus de 3 500 habitants à se lancer dans de véritables politiques d’ouverture de leurs données, qui ne seraient pas limitées aux simples comptes rendus.
Dans une sorte de pied de nez au gouvernement, les Verts ont repris le dispositif prévu par l’actuelle ministre de la Décentralisation, Marylise Lebranchu, au travers d’un projet de loi déposé en 2013 et qui est depuis au point mort au Sénat. Communes, départements, régions... seraient ainsi tenus de rendre accessibles toutes leurs « informations publiques » dès lors que celles-ci « sont disponibles sous forme électronique ». La réutilisation de ces données serait possible par défaut.
Lorsque ce texte fut présenté, le gouvernement de Jean-Marc Ayrault expliquait que l'ouverture des données publiques des collectivités locales représentait « un enjeu important », notamment parce que celles-ci « disposent des jeux de données présentant un fort potentiel de réutilisation (transports publics, gestion des déchets, service de l'eau, voirie, activités économiques, éléments budgétaires...). La mise à disposition des informations locales contribuera, par ailleurs, au rayonnement territorial (attractivité économique, touristique,...) et au renforcement de la confiance des citoyens dans leurs élus » ajoutait l’exécutif dans son exposé des motifs.
De l’Open Data sur toutes les « informations publiques » ou sur les seules subventions ?
« Actuellement, l’accès aux informations des collectivités territoriales reste très complexe, regrettent aujourd'hui les députés EELV. Une véritable ouverture des données permettrait une réappropriation de ces informations bénéfique pour l’ensemble de la société. » Il sera intéressant de connaître la position de l’exécutif sur cet amendement, puisqu'il sera en quelque sorte amené à valider le dispositif ou à renier ses positions...
Les écologistes semblent toutefois ne se faire guère d’illusions, puisqu’ils ont prévu un amendement de repli au cas où leur proposition serait rejetée. « L’ensemble des subventions versées aux associations, œuvres ou entreprises » pourrait ainsi faire l’objet d’une publication sur le site Internet de chaque collectivité, les parlementaires souhaitant que ces données soient accessibles « gratuitement » et « dans un format réutilisable ».
« Si les subventions de l’État sont publiées depuis plusieurs années via les « jaunes budgétaires », ce n’est pas le cas pour les subventions versées par les collectivités locales » expliquent les parlementaires dans leur exposé des motifs. « La publication annuelle de ces informations, facilement accessible pour Bercy, serait une avancée démocratique majeure, plus importante que la publication annuelle de la réserve parlementaire. »
Les députés ne siégeant pas cette semaine, les débats sur ce texte sont censés reprendre le lundi 2 mars. En attendant, rappelons que l’Assemblée nationale a récemment souhaité que d’importantes données soient ouvertes par défaut. Ce fut notamment le cas pour les dotations budgétaires versées par l’État aux collectivités territoriales (voir notre article), ou bien encore s’agissant des horaires et arrêts des transporteurs (trains, bus, métros...).
L’Open Data bientôt imposé aux villes, départements et régions ?
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Mise en ligne du compte rendu du conseil municipal
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Un amendement qui a fait des émules
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Le gouvernement attendu au tournant sur l’Open Data
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De l’Open Data sur toutes les « informations publiques » ou sur les seules subventions ?
Commentaires (14)
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Abonnez-vousLe 23/02/2015 à 12h07
seraient ainsi tenus de rendre accessibles toutes leurs « informations publiques » dès lors que celles-ci « sont disponibles sous forme électronique ».
C’est vague de dire uniquement sous forme électronique
Le 23/02/2015 à 12h55
Humm
La bonne excuse pour que toutes ces villes / dép/régions augmentent leurs taxes et impôts…humm ça va faire mal …encore
Le 23/02/2015 à 13h22
Ba oui, foutue démocratie. C’est tout de même mieux lorsque tout est opaque et que les élus n’ont pas besoin de justifier leurs décisions.
Le 23/02/2015 à 13h42
Mwouais…
Surtout que techniquement ça ne devrait rien leur couter puisque le compte rendu actuel affiché en mairie est issu d’un fichier informatique (fichier word tapé par la secrétaire durant le conseil municipal)
Le seul cout existant sera celui du clic pour mettre le fichier en ligne: c’est pas avec ça qu’on va ruiner les villes.
Le 23/02/2015 à 13h52
Cela peut avoir une incidence sur le budget des petites communes. Mais cela sera l’occasion de mutualiser. Un jour le nombre de communes sera dramatiquement réduit, un jour…
Le 23/02/2015 à 13h55
sauf qu’il faille le conserver sur un serveur qquepart…au frais de la mairie etc… donc le contribuable qui paiera ..
Et , comme tout domaine public , un appel d’offre sera fait et le prix fournit par les pros juste pour faire un ede stockage dispo en ligne …c’est pas le prix grand public …
Quand tu vois les sites des mairies et le prix que ces dernières payent …. je pourrai faire mieux en moins de temps à hauteur de 20 % du prix de ces “pros” qui soit disant te font payer l’entretien ,le service ,le suivi et la sécurité et blah blah …
Le 23/02/2015 à 13h55
Le 23/02/2015 à 14h02
Y’a encore du boulot.. Ne serait-ce que les comptes administratifs, certaines grandes villes (Nice par exemple) ne les mettent même pas en ligne.
Le 23/02/2015 à 16h22
Y-a-t-il une loi qui oblige à les mettre en ligne ?
Le 23/02/2015 à 16h47
Nope. La loi française oblige les administrations à mettre à disposition ses documents à la personne qui lui en fera la demande, c’est tout. Et encore, quand on te met à disposition ces documents, on peut t’obliger à les consulter sur place, sur papier, sans possibilité de les emporter. C’est la pratique de nombreuses administrations.
Le 23/02/2015 à 18h16
Effectivement, aucune obligation de mise en ligne. Ils sont en revanche accessibles sur demande (mail ou courrier) et en cas d’envoi par courrier à ses propres frais. A l’heure où la plupart des villes ouvrent leur site Open-Data, il serait temps de systématiser la publication en ligne des documents administratifs de base. Parce que sur leur site open data, on trouve par exemple l’emplacement de tous les arbres de la municipalité, mais même pas les comptes et autres documents financiers..
Le 23/02/2015 à 19h40
Sachant qu’une grosse partie des décisions sont déjà (télé)transmises aux services de contrôle de légalité des préfectures d’une part et à la Direction des Finances publiques pour celles qui engagent des dépenses ou des recettes d’autre part, que l’État commence déjà par publier ces données qui ont le mérite d’être centralisées et, en partie normalisée, avant de demander aux différentes collectivités territoriales et établissements publics de les publier de manière disparate et désorganisée …
Le 23/02/2015 à 20h49
L’open-data et les infos sur les rémunérations des élus et de leurs copains !!
Dans certaines collectivités, il y a 2 services qui font les fiches de paie … un pour les agents et l’autre pour les élus.
Tient c’est t-il normal ?
Alors on publie tout ! ? Je sens des réticences à l’assemblée " />
Le 24/02/2015 à 05h36
Globalement, les communes ont toujours un site internet, il suffira de réutiliser le serveur existant pour publier les délibs.
De notre coter ça se fait déjà depuis la création de notre site (2008 il me semble).
Ensuite c’est certain que si les autres communes ont des Informaticiens fainéants, ils vont tout déléguer à des sociétés privée, mais dans ce cas il faut se débarrasser du dit informaticien pour supporter le surcout :)