Au ministère de la Culture, fortes réserves pour ouvrir le marché de l’occasion numérique
Vds 3To de fichiers MP3, peu servis, état comme neuf
Le 15 mai 2015 à 14h45
4 min
Droit
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Dans un rapport publié prochainement, et que nous dévoilons ce jour, une mission au sein du Conseil supérieur de la propriété littéraire et artistique s’est penchée sur la question des biens numériques d’occasion. La recommandation de cette instance soufflant le droit à l’oreille de la ministre de la Culture ? Pas d’ouverture, sauf par le biais du contrat et pourquoi pas, de tarifs majorés.
Aura-t-on un jour des sites de ventes d’occasion de fichiers .PDF, .MP3 ou encore .AVI ? Pas bien sûr, si on en croit les recommandations d’une mission initiée au CSPLA. À ce jour la règle dite de l’épuisement des droits attribue aux créateurs un plein contrôle de la distribution, et donc la perception des droits, mais seulement lors de la première commercialisation. Le consommateur retrouve en effet une liberté totale au-delà. Voilà pourquoi on peut revendre ses livres sur eBay ou que des boutiques de CD d’occasion fleurissent ici et là dans la plus parfaite légalité. Cependant, en matière de propriété intellectuelle, nombreux au ministère de la Culture considèrent que cette règle ne vaut que pour les objets tangibles, non les fichiers.
Certes, la justice européenne admet cette possibilité sur le marché de la licence informatique (arrêt UsedSoft), mais selon les juristes (essentiellement issus de l’univers des ayants droit) qui siègent autour de la table, Rue de Valois, cette solution ne se rapporte qu’à une législation spéciale, celle de l’informatique, et ne peut être artificiellement élargie au-delà.
Les avantages de l'ouverture : le bien-être social
Dans les conclusions de ce rapport (PDF), la mission sur la seconde vie des biens culturels numériques rappelle aussi qu’il y aurait bien des charmes de l’ouverture d’un tel marché. Selon certains économistes, en effet, il y aurait côté pile, des bénéfices « en terme de bien-être social », permettant « à des œuvres commercialement épuisées ou indisponibles de rester accessibles au public sur un second marché », le tout à des prix moindres, auprès d’ « un plus grand nombre de consommateurs. »
... mais un risque de cannibalisation du marché primaire
Cependant, côté face, consacrer par la loi la possibilité pour quiconque de revendre ses fichiers (musique, film, livre, etc.) d’occasion emporterait, selon la mission du CSPLA, « une uniformisation des réponses et d’un renforcement du pouvoir oligopolistique des plateformes de distribution ».
Pourquoi ? Cette ouverture pourrait d’abord engendrer une cannibalisation du marché primaire (la première vente) par le marché secondaire (la vente d’occasion) puisque dans l’univers dématérialisé l’usure n’existe pas, les copies sont identiques, enfin acheteurs et vendeurs peuvent négocier sans avoir à se déplacer (coûts de transaction presque nuls). Des critiques déjà rappelées par la justice américaine lorsqu'elle a pilonné ReDiGi, une plateforme de vente de MP3.
En outre, ce marché profiterait avant tout aux intermédiaires, les plateformes, qui trustent déjà les ventes initiales : « Il leur reviendrait d’organiser un marché captif de la revente d’œuvres préalablement achetées sur leur site, d’accorder des autorisations de revente, de fixer les prix, les formats, les délais de revente et le degré d’interopérabilité ». Or, toujours d’après le rapport, « en termes de politiques publiques, l’objectif ne peut être de favoriser la mise en place d’une nouvelle activité économique au profit exclusif de l’aval de la chaîne de valeur et dont serait exclu l’amont, notamment les artistes, auteurs et ayants droit. »
Sommaire du rapport sur la seconde vie des œuvres (PDF)
Des fichiers vendus plus chers car pouvant être revendus d'occasion ?
Alors que faire ? De préférence rien, continuer à interdire de telles reventes, sachant cependant qu’ « il est d’ores et déjà loisible aux ayants droit et aux producteurs de biens culturels de mettre en place, dans le cadre d’accords contractuels, des procédures commerciales et techniques adaptées afin, selon les cas, de rendre cette pratique de la revente possible ». Cette mesure pourrait du coup s’accorder d’un « discrimination tarifaire » : « un prix élevé pourrait ainsi être associé à des fonctionnalités larges (dont la revente) alors qu’un prix plus faible satisfera ceux qui se contentent de fonctionnalités plus limitées ».
En clair, un titre des Pink Floyd serait toujours vendu autour d’un euro sur iTunes, mais nettement plus si la licence autorisait une revente d’occasion. Cependant, on ne voit pas en quoi de tels tarifs majorés éviteraient la cannibalisation des marchés primaires... Ne la faciliteraient-ils pas davantage ?
Au ministère de la Culture, fortes réserves pour ouvrir le marché de l’occasion numérique
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Les avantages de l'ouverture : le bien-être social
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... mais un risque de cannibalisation du marché primaire
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Des fichiers vendus plus chers car pouvant être revendus d'occasion ?
Commentaires (11)
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Abonnez-vousLe 15/05/2015 à 22h34
le progrès ne vaut que si il est partagé la propriété des zayandroits sinon on enrichie les vilains pirates qui canibalisent les ordis de madame michu ! pisqu’on vous le martèle, c’est que c’est vrai, et pis c’est tout !
Le 16/05/2015 à 11h39
C’est marrant, hier soir j’ai regardé sur Netflix le documentaire Downloaded sur Napster.
Montrant à quel point les industries musicales ne se concentraient que sur certaines choses, freiner des quatre fers envers une nouvelle technologie pour garder un contrôle total de ce qu’ils distribuent.
Le 16/05/2015 à 13h21
De toute manière, dans les “ministères”, ils ne savent faire qu’une chose : taxer ! de préférence sans vaseline, avec des arguments lénifiants (c’est pour notre bien, c’est pour la création, c’est pour protéger…) alors qu’à l’évidence c’est uniquement pour pomper un max chez les sans-dents, pour remplir les poches des politiques, patrons et zayandroits.
Dire que le grand Charles vivait chichement, il doit se retourner dans sa tombe en voyant ce que font tous les politicards actuels qui n’ont pas le centième de l’étoffe.
Au final, le tipiak est un acte de résistance civique, parfaitement légitime dans une société qui ne cesse de spolier les masses laborieuses. Vive Robin des Bois " />
Le 19/05/2015 à 10h33
Ceci dit, je ne vois pas trop comment on peut revendre un mp3.
à part à avoir un système verrouillé de bout en bout où l’on achèterait par exemple sur iTunes un morceau de musique totalement lié à son compte iTunes et qu’on le revendrait ensuite à iTunes, iTunes se chargeant ensuite de supprimer la copie de tous les appareils lié à ce compte.
actuellement, je peux acheter un morceau via mon iBidule, le copier sur mon pc, le mettre sur une clef usb et brancher celle-ci sur mon rapsberryPi pour l’écouter. Je ne suis pas pour un mécanisme qui m’empêcherait de ça, et la revente des mp3, c’est le meilleur moyen de se retrouver de nouveau avec des drm de partout
Le 15/05/2015 à 15h19
Et pendant ce temps là, comme tout étude qui concerne les copies numériques, on ignore le piratage et le fait que ce nouveau marché à bas prix pourrait contribuer à le réduire. Et on ignore aussi le fait que si les copies d’origine étaient vendues encore moins chères, la question de la revente n’aurait même plus à se poser.
On ignore aussi ici qu’il est courant de revendre des équipements numériques (consoles, disques durs) avec du contenu légal (ou pas) fourni.
Bref, on ignore la réalité des usages courants.
Le 15/05/2015 à 15h59
Et dire qu’il suffirait d’interdire la vente de musique et seulement autoriser le streaming depuis des plateformes légales " />
Le 15/05/2015 à 16h24
Ça tombe bien, je dois faire une brocante dans pas longtemps.
Le 15/05/2015 à 17h02
Je rêve d’une banque plateforme légale qui s’engage à être performante, fournie, simple et qui me cède le droit de faire ce que je veux de ce que j’achète …
mais bon, t411 et popcorntime ont des siècles d’avance sur la simplicité d’utilisation et le catalogue dispo, donc c’est pas pour tout de suite ^^
Le 15/05/2015 à 18h17
Comment combattre le piratage ? Facile: En vendant plus cher des fichiers qu’on trouve partout gratuitement.
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Le 15/05/2015 à 21h09
Moi je verrais bien une tite taxe
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Le 15/05/2015 à 21h28
Ça reste toujours assez horrible de savoir que quand on achetait les vinyls de pink floyd en 1980, on ne se payait pas les droits de l’écouter ad vitam eternam; quand on achetait un CD de pink floyd en 2000, on repayait le support périssable et le droit d’écouter la création, et que avec itunes ou autres formats deezer de 2010 on repasse à la casserole.
le progrès c’est pas maintenant.
Mozart aurait eu le cul rempli de nouilles s’il avait pu vivre à notre époque.
Enfin, spa dit qu’il se soit pas acheté une harley et des kilos de coke pour allumer le feu…
Quelle triste réflexion sur la création…