Take-Two Interactive, l'éditeur de Grand Theft Auto, est le dernier des grands éditeurs à présenter ses résultats pour ce trimestre. La société affiche d'assez lourdes pertes sur l'ensemble de son exercice fiscal, mais elle se porte bien mieux en pratique qu'il n'y paraît.

GTA V : bourreau et sauveur

Cela ne surprendra probablement plus personne, mais Take-Two a bel et bien touché le jackpot avec le lancement de Grand Theft Auto V. Toutes plateformes confondues, et en comptant les ventes de la version PC, le titre s'est désormais écoulé à près de 52 millions d'exemplaires, un record pour la franchise et pour l'éditeur américain. Il s'est donc écoulé environ 7 millions de copies du jeu entre le début du mois de février et aujourd'hui, un chiffre qui a pu être atteint grâce au lancement de la mouture PC.

Cependant, le lancement de cette version est arrivé un peu trop tard pour gonfler les résultats du dernier trimestre. Ainsi l'éditeur n'a réalisé qu'un chiffre d'affaires de 300 millions de dollars tout rond, pour des pertes nettes de 242,8 millions de dollars. Des pertes principalement dues à d'importants versements de royalties (272 millions de dollars) que l'on imagine partis tout droit dans les poches de Rockstar Games.

Sur l'ensemble de l'exercice 2014 - 2015, le chiffre d'affaires s'élève à 1,08 milliard de dollars, contre 2,35 milliards l'an passé. Une différence colossale qui s'explique par le lancement l'an passé de GTA V sur PS3 et Xbox 360, qui s'était alors écoulé à plus de 30 millions d'exemplaires. Les pertes nettes, elles, s'élèvent à 279,5 millions de dollars, à opposer au bénéfice de 361,6 millions enregistré un an plus tôt. 

Un lancement sur PC qui décale toutes les lignes

Take-Two serait-il donc exsangue ? Absolument pas. Pour comprendre ces résultats, il faut tenir compte d'un élément supplémentaire. Les comptes de l'éditeur sont clos au 31 mars, et les résultats ne sont qu'une photographie instantanée de la situation à cette date-là. Or, Take-Two était alors à deux semaines du lancement de Grand Theft Auto V sur PC, ce qui implique un certain nombre de coûts (pressage des disques, marketing...) engagés avant le 31 mars, mais dont les fruits n'ont été récoltés qu'ensuite.

L'éditeur avait même d'ailleurs très certainement déjà encaissé les commandes de son jeu, mais n'avait pas encore livré les biens et services liés à ces paiements, ce qui l'oblige à reporter ces revenus au moment de la livraison. Or sur l'ensemble de l'exercice fiscal, 585,8 millions de dollars de revenus ont ainsi été reportés sur l'exercice suivant. Si l'on tient compte de cet élément, son bénéfice net aurait pu se situer autour de 250 millions de dollars cette année, mais les normes comptables sont ce qu'elles sont.

Des prévisions plutôt conservatrices pour 2016

Pour l'an prochain, l'éditeur ne fanfaronne pas trop et annonce des prévisions assez prudentes, avec un chiffre d'affaires non-GAAP de 1,3 à 1,4 milliard de dollars sur l'année, à comparer aux 1,67 milliard du dernier exercice. Take-Two pense par ailleurs générer un bénéfice net (non-GAAP là encore) de 0,75 à 1 dollar par action, ce qui représente 85 à 114 millions de dollars environ.

Il reste à savoir comment l'éditeur comptera y parvenir, sans l'aide de GTA V qui ne pourra certainement pas ressortir sur de nouvelles plateformes d'ici mars 2016. Au menu du prochain exercice, on trouvera notamment WWE et NBA 2K16, Battleborn et l'extension de Civilization Beyond Earth dont nous vous parlions hier. Il est également question d'un titre AAA non-annoncé pour le moment, nous en saurons donc certainement davantage au moment de l'E3. 

Les marchés financiers eux, ont l'air plutôt réjouis des résultats de Take-Two, et font progresser l'action de l'éditeur de 7 % avant l'ouverture de la séance du jour. Cela le valorise à un peu plus de 2 milliards de dollars, un montant proche de celui observé pour Ubisoft, mais bien loin des 19,5 milliards que pèse le géant EA.