Sous le feu des critiques, NZXT doit revoir son offre de location de PC pour joueurs
Un tien vaut mieux que deux tu l'auras
Dans une vidéo de plus d’une heure, la chaîne YouTube Gamers Nexus étrille littéralement l’offre de location de PC pour joueurs lancée par NZXT aux États-Unis en juillet dernier. Trois jours et 2 millions de vues plus tard, la marque fait son mea-culpa et promet qu’elle va amender son offre. L’affaire souligne les limites du modèle de la location de PC.
Le 06 décembre à 15h00
8 min
Hardware
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« Arnaque ». « Prédatrice ». « Mensonges ». « Manipulation ». Publiée dimanche, la dernière vidéo de la chaîne Gamers Nexus n’a pas de mots assez durs pour qualifier l’offre Flex, lancée par NZXT en juillet dernier aux États-Unis. Quelle est donc l’offre qui mérite de tels qualificatifs ? Une formule de location, qui propose, en échange d’un abonnement variant de 59 dollars à 259 dollars par mois, de disposer d’un « PC gamer » complet.
NZXT se lance dans la location de PC
Les amateurs de hardware connaissent principalement NZXT pour ses boîtiers PC et ses solutions de refroidissement. Comme bon nombre de ses concurrents, la société, dont les activités se répartissent entre Taïwan, l’Europe et les États-Unis, cherche à se diversifier au-delà de ses marchés historiques. Pour ce faire, NZXT a choisi en 2020 de se lancer dans la distribution de PC complets et assemblés par ses soins.
Quatre ans plus tard, le constructeur tente une approche complémentaire : la location de PC gamer, avec une formule baptisée Flex. « Unique en son genre, le service d’abonnement Flex permet aux joueurs de profiter des avantages d’un PC haut de gamme pour un faible coût mensuel. Flex propose des retours sans souci, sans frais cachés et des mises à jour régulières, le tout sans engagement à long terme », promettait alors la société.
L’offre démarre à 59 dollars par mois, soit 708 dollars par an (environ 670 euros) pour un PC équipé d’un Core i5-12400F et d’une carte graphique GeForce RTX 3050, avec 16 Go de mémoire DDR4 et 500 Go de stockage assuré au moyen d’un SSD NVMe au format M.2.
Pour les joueurs plus exigeants, NZXT prévoit des abonnements à 129, 179 et même 259 dollars par mois, qui consistent principalement en une montée en gamme des composants. Au palier le plus élevé, baptisé Flex Three Prime, le constructeur propose ainsi un Intel Core i9-14900KF, une GeForce RTX 4080 Super, 64 Go de DDR5 et 2 To de SSD.
Les configurations ne sont pas choisies au hasard. Elles correspondent en réalité au catalogue de machines assemblées commercialisées par NZXT sur son propre site Web. Il est ainsi assez facile de comparer les coûts d’une machine à l’achat et à la location…
15 000 dollars sur cinq ans
… et c’est sur cette comparaison que porte l’essentiel de la charge de Gamers Nexus. Graphiques à l’appui, les auteurs de la chaîne soulignent par exemple que la machine la plus haut de gamme, dont la location revient à environ 3000 dollars par an, représente donc un coût de l’ordre de 15 000 dollars sur cinq ans, alors même que cette machine est vendue aux alentours de 3 000 dollars par NZXT sur son site.
Pourquoi, dans ce contexte, louer une machine, alors qu’un crédit, même pratiqué à des taux usuriers, offre un droit de propriété et donc une possibilité d’amortissement pour un coût total inférieur, se demande en substance Gamers Nexus.
On pourrait objecter que la question est inhérente à toute démarche de location. Dans le cas de NZXT, la chaîne ne manque toutefois pas d’arguments pour noircir le tableau. Elle cite par exemple les messages trompeurs relayés par des influenceurs payés par la marque. Elle illustre, captures à l’appui, la façon dont NZXT a gonflé le prix de certaines machines avant de leur appliquer des promotions à l’occasion du Black Friday – une pratique encadrée et interdite en Europe. Elle montre aussi comment certaines fiches produit ont été modifiées, avec par exemple une GeForce RX 4090 discrètement remplacée par une RTX 4080 Super, sans impact sur le prix affiché.
Elle pointe également du doigt, avec l’aide d’un avocat, ce qu’elle considère comme les éléments déloyaux, voire « punitifs », du contrat de location que doivent signer les locataires d’une machine. Le document indique par exemple que le retour de la machine doit se faire dans son emballage d’origine, mais sans spécifier précisément les éléments concernés. Un flou qui, selon Gamers Nexus, donne à la marque un levier pour d’éventuelles pratiques commerciales abusives. La chaîne enfonce enfin le clou en signalant des zones d’ombre du contrat de location, laissant entendre que NZXT et son prestataire, Fragile, s’octroient des droits sur les données personnelles des clients.
Une réponse en forme de mea-culpa
Dans sa vidéo, Gamers Nexus affirme avoir mis un terme à un contrat de sponsoring conclu avec NZXT qui aurait dû lui rapporter 23 000 dollars sur le quatrième trimestre, pour pouvoir sortir cette vidéo sans état d’âme. Le succès d’audience se révèle bien réel, avec 2,5 millions de vues en cinq jours et plus de 21 000 commentaires.
La marque a quant à elle réagi trois jours après la publication de la vidéo. Sur son site, elle diffuse une « mise à jour » en forme de mea-culpa. « Notre intention et notre conviction sont de créer une nouvelle façon innovante de jouer. Nous reconnaissons que nous avons échoué dans certains domaines et nous nous engageons à prendre des mesures pour rétablir votre confiance », y écrit l’entreprise.
Dans la foulée, NZXT s’engage à répondre à l’essentiel des critiques, notamment en clarifiant le contrat de location, en communiquant de façon plus transparente avec ses clients, et en étendant significativement les délais de recours. L’annonce est ponctuée d’une vidéo dans laquelle Johnny Hou, fondateur et PDG de NZXT endosse ces différents engagements. Celle-ci totalisait 32 000 vues sur YouTube vendredi matin.
La location de PC pour joueurs : un modèle peu répandu
Cette petite tempête médiatique met l’accent sur un modèle commercial courant, la location, appliqué à une niche bien spécifique, celle des PC pour joueurs, qui vise donc une cible grand public.
Rappelons que la location d’équipements informatiques est en effet courante dans le monde professionnel. Comme pour l’automobile, elle s’y décline avec une large palette de contrats, qui visent à offrir différentes modalités de calcul pour l’amortissement : location avec option d’achat, location longue durée, etc.
Dans le grand public, le phénomène est plus récent, mais il mobilise de plus en plus d’acteurs, notamment sur l’électroménager, désormais de plus en plus souvent proposé à la location, y compris par des pure players comme Cdiscount.
Le marché de la location de smartphones a également déjà été investi par de nombreux acteurs. Un particulier peut ainsi louer son téléphone auprès d’un opérateur, d’une société spécialisée comme Next Mobiles, Uzit ou Mobile Club, ou d’un grand distributeur comme Fnac / Darty ou Boulanger.
Plusieurs de ces enseignes proposent également des ordinateurs portables, MacBook ou PC, mais seule Boulanger a décidé de réellement miser sur le segment des machines fixes destinées aux joueurs.
Son offre, accessible en ligne, présente des machines neuves, mais aussi des tours reconditionnées, qui connaissent ainsi une seconde vie, et confèrent à la location un vernis supplémentaire de responsabilité environnementale.
À la différence de NZXT, qui promet une offre sans engagement, Boulanger module les tarifs de son offre en fonction de la durée de souscription minimum envisagée. Comptez, par exemple, 50,99 euros par mois, avec un apport de 148,5 euros, pour un engagement de 36 mois sur la location d’une tour HP reconditionnée, équipée d’un Intel Core i7-12700F, 32 Go de mémoire, 1 To de SSD et une carte graphique GeForce RTX 3070, soit un coût prévisionnel sur trois ans de l’ordre de 1 985 euros.
Un marché à encadrer ?
Si les chiffres se révèlent sans doute anecdotiques sur le segment précis des tours pour joueurs, la démocratisation de la location dans les domaines de la tech et de l’électroménager soulève quelques inquiétudes du côté des associations de défense des droits des consommateurs. En 2020, l’UFC Que Choisir alertait par exemple déjà sur des tarifs échappant « à toute logique économique », avec de multiples chausse-trappes, liés notamment aux assurances facultatives ou aux frais de résiliation.
L'association réclamait alors aux pouvoirs publics un plafonnement tarifaire envisageant l'ensemble des coûts associés à la location, ainsi que la mise en place d'une information précontractuelle standardisée.
Sous le feu des critiques, NZXT doit revoir son offre de location de PC pour joueurs
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NZXT se lance dans la location de PC
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15 000 dollars sur cinq ans
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Une réponse en forme de mea-culpa
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La location de PC pour joueurs : un modèle peu répandu
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Un marché à encadrer ?
Commentaires (6)
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Abonnez-vousLe 06/12/2024 à 15h27
(Sans doute tout un écosystème en pleine évolution)
Le 06/12/2024 à 16h07
NZXT va donc se ramasser un PC devenu moins désirable, avec des griffes et des heures de jeux qui faudra revendre à bas coût.
Alors oui c'est probablement plus malin pour le client d'acheter le PC ou de faire un crédit mais il faut pouvoir le faire.
Et si la marque se lance la dedans, c'est pour augmenter ses revenus pas par charité.
Sans compter que la location permet d'avoir des rentrées d'argent régulières et surtout fixe. (Comme ici où la question de faire un abonnement mensuel avait été annoncée)
Modifié le 07/12/2024 à 23h26
Le 07/12/2024 à 08h07
Et d'autres choses évidemment (téléphonie, ...).
Je n'ai ni parts ni locations chez eux.
Hier à 07h42
Le leasing de PC n'est pas une mauvaise idée, une bonne option serait d'avoir une option d'achat au bout d'un certain temps comme on peut l'avoir pour les leasing de voiture.
Modifié le 11/12/2024 à 17h05
L'idéal serait un remplacement du PC de location dès qu'Intel ou Nvidia sort quelque chose.
Il y a le même problème pour les smartphones, un remplacement à chaque sortie par Apple ou Samsung serait le bienvenu.