Marc Ferracci hérite des télécoms : « Zut, on a oublié quelqu’un, ce sera toi »
Plouf plouf ou pique nique-douille ?
Alors que Marc Ferracci, ministre de l'Industrie au sein du gouvernement Barnier, devrait prochainement hériter du secteur des télécoms, le président de l'Avicca Patrick Chaize dresse un triste portrait d’un lent déclin du numérique dans les gouvernements successifs : « Je ne suis pas convaincu qu'il passe 80 % de son temps sur le sujet ».
Le 16 octobre à 14h44
6 min
Internet
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Patrick Chaize (sénateur et président de l’Association des villes et collectivités pour les communications électroniques et l'audiovisuel) profite de l’Université de la Transition Numérique des Territoires pour faire le point sur le numérique dans les gouvernements successifs. Il rappelle que, au moment de l'élection d'Emmanuel Macron en 2017, il militait pour que « le ministre du numérique soit rattaché au Premier ministre ». Il considérait, en effet, que le numérique devait être « quelque chose de transversal et que toutes les politiques publiques pouvaient être concernées par les sujets numériques ».
Retour en 2017 avec Mounir Mahjoubi, comme secrétaire d’État
La nomination de Mounir Mahjoubi comme secrétaire d’État chargé du Numérique dans le gouvernement Édouard Philippe était donc « une victoire ». Par la suite, Mounir Mahjoubi « a plutôt milité pour rejoindre le ministère de l'Économie […] pour des questions de moyens ».
Un an plus tard, à l’occasion d’un remaniement ministériel, il est placé sous la tutelle du ministre de l'Économie (toujours comme secrétaire d’État). Le sénateur rappelle que « dans la première attribution des titres de sa nomination, ils avaient oublié le mot numérique. C'est quand même assez cocasse ». Il quitte le gouvernement début 2019.
Julien Denormandie et Cédric O prennent la suite
C’est alors Julien Denormandie qui « a pris un peu la main sur le sujet pour les questions des infrastructures pendant un temps, au ministère chargé des collectivités territoriales ». Lors du remaniement de 2018 il est, en effet, nommé ministre délégué auprès de la ministre de la Cohésion des territoires et des Relations avec les collectivités territoriales. Mais il y a du changement, explique Patrick Chaize, lorsque Julien Denormandie s’est aussi occupé du logement. Il avait alors « relâché le sujet » des infrastructures.
En parallèle, Cédric O prenait la relève de Mounir Mahjoubi au poste de secrétaire d'État chargé du Numérique. Pour le sénateur, il avait : « j'ose le dire, bien compris que les infrastructures avaient une importance dans la politique du numérique. Il n'y avait pas que la French Tech ». Il est resté en place lors du passage au gouvernement Castex avant de quitter le gouvernement en 2022.
De ministre délégué à secrétaire d’État
Jean-Noël Barrot prend la suite des opérations, d’abord comme ministre délégué chargé de la Transition numérique et des Télécommunications, puis comme ministre délégué chargé du Numérique lors du remaniement de 2023. Le passage du titre de secrétaire d’État à ministre délégué est une promotion au niveau du rang protocolaire lui permettant notamment d’assister aux conseils des ministres.
Pour les différences entre les postes de ministre d'État, ministre, ministre délégué et secrétaire d'État, Vie Publique propose un petit article explicatif.
« Ensuite, on est passé à un secrétaire d'État, Marina Ferrari, dans la chute, non pas libre, mais régulière » du numérique dans le gouvernement., Et, finalement, on arrive au gouvernement actuel avec « plus personne aux infrastructures ».
« Zut, on a oublié quelqu'un, ce sera toi »
Patrick Chaize n’y va pas avec le dos de la cuillère, partant du principe que le sujet des télécoms sera bien placé sous la tutelle de l'Industrie, comme vient de le révéler Les Echos : « Le fait que Marc Ferracci ait récupéré ce secteur, c'est qu'on lui a dit "zut, on a oublié quelqu'un, ce sera toi" ». Il y a bien Clara Chappaz, mais elle occupe le poste de secrétaire d'État chargée de l'Intelligence artificielle et du Numérique, sans mention des télécoms. Et alors que le numérique était traditionnellement rattaché au ministère de l’Économie, il passe à l’Enseignement supérieur.
L'allusion à ce supposé « oubli » vient en fait du décret des attributions ministérielles publié le 21 septembre. Clara Chappaz est bien en charge de l'intelligence artificielle et du numérique, Marc Ferracci à l’industrie, tandis que Marina Ferrari passe à l'économie du tourisme, tous les deux auprès du ministre de l'Économie, des finances et de l'industrie (Antoine Armand). Mais rien sur les télécoms, aucune attribution dans le décret.
Cela faisait hurler Philippe Le Grand (président d’InfraNum), à la Gazette des Communes : les télécoms « ont purement et simplement été oubliées, au même titre que le handicap ». Presque un mois plus tard, le gouvernement semble avoir corrigé le tir. Le cabinet de Marc Ferracci bénéficie ainsi depuis le 1er octobre de la présence d'une conseillère numérique, télécommunications et électronique, Mélanie Przyrowski, qui officiait précédemment auprès du ministère délégué au numérique.
« On a tous une part de responsabilité »
C’est donc bien le ministre de l’Industrie qui devra gérer les télécoms en plus de son portefeuille actuel, déjà bien chargé. « Je ne suis pas convaincu qu'il passe 80 % de son temps sur le sujet », s’inquiète Patrick Chaize. Ce dernier et Philippe Le Grand ont sollicité le ministre « dès sa nomination », sans succès pour l’instant.
Patrick Chaize s’interroge sur la situation actuelle : « Je pense très franchement que si on en est arrivé là, on a tous une part de responsabilité. C'est qu'on n'a pas su finalement mettre suffisamment en avant l'importance du numérique. Ça s'explique sûrement par le fait que c'est un secteur qui est assez confidentiel […] C'est vrai qu'on retrouve les mêmes acteurs au même endroit qui se côtoient finalement dans un cercle très fermé ».
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