GPT@EC : la Commission européenne teste sa propre IA générative
Inception
La Commission européenne vient de lancer, sous forme de projet de pilote, sa propre IA générative à usage interne. Construite sur une base technologique maison, elle s’ouvre aux grands modèles de langage du marché et a vocation à assister les parlementaires dans les principaux aspects de leurs missions.
Le 15 octobre à 08h56
6 min
IA et algorithmes
IA
Les députés européens s’appuieront-ils demain sur une IA pour écrire les futures lois sur l’IA ? En attendant l’éventuelle mise en abyme, la Commission européenne vient de donner le coup d’envoi de sa propre IA générative, surnommée GPT@EC, a signalé lundi le site Politico.
« Mon équipe a travaillé d’arrache-pied pour lancer GPT@EC, un outil d’entreprise conçu pour générer du contenu à l’aide de l’IA afin d’améliorer notre productivité et notre créativité dans les tâches professionnelles, tout en assurant la sécurité de nos données, se réjouit sur LinkedIn Philippe Van Damme, directeur délégué de la DG DIGIT, la direction IT de la Commission européenne. Il peut aider le personnel de la Commission à rédiger des textes, à résumer des documents, à réfléchir à des travaux de réflexion, à élaborer des codes logiciels et bien plus encore. Nous avons mis à disposition une variété de grands modèles de langage sur site et dans le cloud public, chacun adapté à différentes tâches et niveaux de sensibilité ».
Hormis ce post, publié par Philippe Van Damme en rebond à l’annonce de l’attribution du prix Nobel de physique à deux spécialistes de l’IA, le lancement de GPT@EC n’a fait l’objet d’aucune communication publique de la part de la Commission européenne. Une présentation réalisée début juillet par Spyros Sarigiannidis, responsable du département Data, AI & Web de la DIGIT, livre toutefois quelques éclaircissements sur la genèse du projet, présenté comme un pilote, son phasage et sa conception technique.
Un projet pilote en deux temps
GPT@EC découle en réalité d’une autre plateforme, GPT@JRC, développée par le Joint Research Center (JRC), le service scientifique interne de la Commission européenne. Ce premier projet, déjà en ligne (accès restreint) visait, selon une autre présentation datée de mai dernier (PDF), à offrir aux chercheurs et aux personnels de la Commission une plateforme leur permettant « d’explorer en toute sécurité l’utilisation de cette technologie », via des échanges avec un assistant virtuel de type chatbot.
GPT@EC se veut quant à lui la déclinaison plus généraliste de cet assistant. La plateforme prend la forme d’une pile logicielle orchestrée par la DIGIT et dotée de composants développés spécifiquement par le JRC pour gérer l’enrichissement contextuel des documents soumis à l’analyse, mais aussi et surtout tous les aspects liés à la sécurité et à la conformité. Elle donne ensuite à l’usager le choix entre plusieurs modèles de langage, qui vont des solutions sur étagère les plus populaires du marché à des LLM hébergés soit par la DIGIT, soit par le JRC.
La direction du numérique évoque un projet en deux temps, avec une première livraison limitée à l’accès Web pour les personnels de la Commission européenne. Une deuxième phase, planifiée pour le quatrième trimestre, devrait permettre aux équipes techniques d’ajouter l’accès à la plateforme par API, ainsi que la brique dédiée à l’enrichissement des modèles à l’aide d’outils de RAG (Retrieval Augmented Generation), internes ou externes.
Un socle pour une multitude de services IA en développement
Ce futur assistant GPT@EC s’inscrit dans une longue liste de projets menés en interne par les personnels de la Commission européenne autour de l’IA. En début d’année, les équipes dédiées dressaient ainsi un état des lieux (PDF) qui liste les services d’IA déjà déployés à l’échelle de Bruxelles. Deux d’entre eux sont – sans surprise au vu des volumes de documents traités chaque jour – des outils de traduction et de synthèse automatisés. Deux autres fournissent des services d’analyse sémantique, l’un pour l’enrichissement des métadonnées et l’autre pour faciliter l’analyse de sentiments ou l’extraction de mots-clés. Le dernier, baptisé Publio, prend la forme d’un assistant dédié à la navigation ou à la compréhension des textes de l’Europe.
À ces outils, déjà en production, s’ajoute une dizaine de projets en cours de développement ou à l’essai qui vont de la génération automatique de notes de synthèse à l’analyse des litiges liées à la concurrence, en passant par la détection de la fraude et l’analyse de résultats de consultations publiques ou des briques fonctionnelles plus spécialisées, comme un outil interne de transcription de parole en texte.
La Commission envisage enfin une série de « nouveaux cas d’utilisation potentiels » des systèmes d’IA. Ici, on touche aussi bien au travail de création de la loi qu’aux fonctions support de l’institution : « soutenir le processus législatif, le suivi des politiques et les réponses aux questions parlementaires », « soutenir la rédaction de contenus non sensibles pour les notes d’information, rapports et autres documents », « automatiser les tâches répétitives afin de libérer du temps pour les professionnels des ressources humaines », « produire des tableaux de bord et des rapports améliorés pour l’encadrement », etc.
Des projets qui, tous, justifient la création de GPT@EC. L’adoption de ces différents services devrait quant à elle, selon les experts IA de la Commission, passer par la mise en place de « plateformes conversationnelles polyvalentes pour des dialogues de type humain faisant appel à l’IA générative dans le périmètre de la Commission, capables de prendre en charge des informations non classifiées jusqu’au niveau "sensible" », écrivent ces derniers.
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