SecNumCloud : S3NS (Thales/Google) passe le « jalon 0 » de la certification ANSSI, sans réserve

SecNumCloud : S3NS (Thales/Google) passe le « jalon 0 » de la certification ANSSI, sans réserve

Ça fait S3ns

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SecNumCloud : S3NS (Thales/Google) passe le « jalon 0 » de la certification ANSSI, sans réserve

Depuis l’annonce de S3NS, un cloud « à la française » avec les services de Google Cloud sur des serveurs de Thales, l’entreprise met en avant sa volonté d’être certifiée SecNumCloud. Elle vient de passer le premier jalon j0, qui atteste simplement que son dossier est conforme. Plusieurs autres étapes restent à franchir. Thales espère y arriver pour l’été 2025.

Dans un communiqué de presse, l’entreprise commune entre Thales et Google – mais « entièrement contrôlée par Thales » – annonce avoir franchi la première étape dans sa demande de certification SecNumCloud : « le dossier pour l’entrée dans le processus de qualification SecNumCloud de sa solution "cloud de confiance" a été accepté par l’Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information (ANSSI) ». La première étape d’un long processus à venir.

Premier jalon sur les quatre à franchir

Le processus de qualification complet comporte quatre jalons, rappelle l’ANSSI :

  • J0 : acceptation de la demande de qualification
  • J1 : acceptation de la stratégie d’évaluation
  • J2 : acceptation des travaux d’évaluation
  • J3 : décision de qualification

Lors du premier jalon (J0), « le commanditaire constitue un dossier de demande de qualification conforme […] qu’il transmet à l’ANSSI, qui désigne alors un chargé de qualification ». Ce jalon 0 est franchi pour l’ANSSI « lorsque l’ensemble des critères d’acceptation de la demande de qualification […] sont respectés ». Il ne s’agit pas encore pour l’Agence de mettre les mains dans le « cambouis ». Le formulaire se trouve par ici.

S3NS a dû détailler ses réseaux et son système d’information

En plus des demandes de renseignements assez classiques (présentation générale, commanditaire, informations de contact…), il est précisé dans l’annexe 3 la liste des pièces à fournir.

Elle comprend notamment un dossier et un schéma d’architecture du système d’information du service visant la qualification. On doit y retrouver les points d'interconnexions, les réseaux et sous-réseaux, les équipements de sécurité (filtrage, authentification, chiffrement) et les serveurs hébergeant des données ou assurant des fonctions sensibles. La liste des sous-traitants est aussi demandée.

Si S3NS communique officiellement, c’est que l’ANSSI le permet : « Dès son entrée officielle dans le processus de qualification SecNumCloud […], toute entreprise pourra évoquer publiquement la démarche en cours ».

Notez qu’elle n’est pas la seule à avoir validé ce jalon 0 et à continuer dans les étapes de qualification, loin de là. Cegedim.cloud, Free Pro, Index Education, Orange Business, SFR Business et Whaller sont aussi en cours de qualification, selon l’ANSSI.

D’autres peuvent l’être, car il faut que le participant accepte que son processus soit rendu public pour figurer sur la liste de l’ANSSI. Notez au passage que la liste des produits déjà certifiés SecNumCloud se trouve par là. On y retrouve des services de Secure Temple, d’Index Education, (Pronote, EDT…), d’Oodrive, d’Outscale, d’OVH et de Worldline.

Des réserves ou non ? That is the question…

La décision d’acception de la demande de qualification peut prendre deux formes : avec ou sans réserve. Dans le premier cas, « l’ensemble des critères d’acceptation […] sont respectés, mais l’ANSSI estime qu’un jalon de la qualification ne peut a priori pas être franchi ou que les coûts et délais nécessaires pour atteindre la qualification sont très importants ».

L’ANSSI précise que, lorsqu’une décision d’acceptation avec réserve est prononcée, « le service obtient le statut "en cours de qualification" mais n’est pas inscrit dans le catalogue des services en cours de qualification ». S3NS de Thales n’y figure pas, mais la dernière mise à jour de la page date du 17 mai 2024 et Thales pourrait très bien demander à ne pas y figurer. Impossible en l’état d’en tirer des conclusions.

Nous avons demandé à Thales si son dossier était assorti de « réserves » par l’Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information. Le service presse nous répond que, « à ce stade, il n’y a pas de réserve à avoir de la part de l’ANSSI et l’agence n’en a pas émise ».

S3NS : trois datacenters parisiens, des services de Google Cloud

S3NS est pour rappel une « solution, hébergée dans trois datacenters en région parisienne, sécurisée physiquement et logiquement, opérée et administrée par S3NS, qui analysera en continu les mises à jour de Google Cloud ».

Dans le détail, ce n’est pas toujours aussi simple face à la déferlante de mises à jour de Google : « Non, on ne vérifie pas l’ensemble du code », reconnaissait Ivan Maximoff, responsable de la sécurité des systèmes d'information (RSSI), lors des Assises de la cybersécurité de Monaco.

S3NS espère une certification durant l’été 2025

S3NS en profite pour indiquer que « dès décembre 2024, des premiers clients “early adopters” seront en mesure de déployer des applications existantes sur le cloud ». C’est un peu en retard par rapport au calendrier initial qui prévoyait le deuxième trimestre 2024.

Mais attention, ce service ne sera pas certifié SecNumCloud, puisque Thales prévoit « une qualification à l’été 2025 », soit dans un an. Les « early adopters » devraient néanmoins pouvoir en profiter rapidement après l’obtention du précieux sésame… à condition qu’aucun grain de sable ne vienne gripper les engrenages.

Commentaires (11)


Donc des services tombant sous la coupe de l'extra-territorialité des lois de surveillances états-uniennes peuvent entrer dans le mélange de technologies pour de l'infonuagique "sécurisée", tamponnée par une agence gouvernementale censée être le parangon, dans son domaine d'expertise.
Est-on le 1er avril ? Est-ce une vanne d'Ubu ?
J'attends ton argumentation étayée puisque tu es si sûr de toi, au point de savoir ce que va décider l'ANSSI dans à peu près un an.
En particulier, il faudra expliquer comment le montage juridique va quand même laisser passer les lois états-uniennes.

Le jalon 0, c'est loin d'être une certification.

fred42

J'attends ton argumentation étayée puisque tu es si sûr de toi, au point de savoir ce que va décider l'ANSSI dans à peu près un an.
En particulier, il faudra expliquer comment le montage juridique va quand même laisser passer les lois états-uniennes.

Le jalon 0, c'est loin d'être une certification.
Ca fait pas mal écho à "blue" avec le duo Orange Microsoft Azure.

fred42

J'attends ton argumentation étayée puisque tu es si sûr de toi, au point de savoir ce que va décider l'ANSSI dans à peu près un an.
En particulier, il faudra expliquer comment le montage juridique va quand même laisser passer les lois états-uniennes.

Le jalon 0, c'est loin d'être une certification.
C'est quand même assez surprenant que la demande soit déjà acceptée, l'utilisation de service tels que Google Cloud devrait disqualifier directement toute demande SecNumCloud...

eglyn

C'est quand même assez surprenant que la demande soit déjà acceptée, l'utilisation de service tels que Google Cloud devrait disqualifier directement toute demande SecNumCloud...
Pourquoi ?

fred42

Pourquoi ?
Bah pour ceci: https://next.ink/brief_article/cloud-de-confiance-s3ns-google-et-thales-latombe-denonce-une-tentative-denfumage/

eglyn

Bah pour ceci: https://next.ink/brief_article/cloud-de-confiance-s3ns-google-et-thales-latombe-denonce-une-tentative-denfumage/
Tu as lu la brève que tu mets en lien ? Ça m'étonnerait.

Elle a 2 ans et Latombe critique essentiellement la communication sur l'offre précédente Google Cloud opérée par Google qui joue sur la ponctuation pour faire croire que c'était déjà du cloud de confiance et elle demande que l'ANSSI et la CNIL étudient l'aspect juridique (voir un commentaire qui cite la Tribune.

Il ne dit rien sur la future offre dont on parle aujourd'hui opérée par S3ns et non par Google.

Mais sinon, tu as peut-être toi-même des arguments que tu aurais construits avec tes propres neurones.

fred42

Tu as lu la brève que tu mets en lien ? Ça m'étonnerait.

Elle a 2 ans et Latombe critique essentiellement la communication sur l'offre précédente Google Cloud opérée par Google qui joue sur la ponctuation pour faire croire que c'était déjà du cloud de confiance et elle demande que l'ANSSI et la CNIL étudient l'aspect juridique (voir un commentaire qui cite la Tribune.

Il ne dit rien sur la future offre dont on parle aujourd'hui opérée par S3ns et non par Google.

Mais sinon, tu as peut-être toi-même des arguments que tu aurais construits avec tes propres neurones.
ça fait longtemps que j'ai plus de neurone :D

Mais tu es quand même assez agressif dis-moi, il faut se détendre un peu :p

eglyn

C'est quand même assez surprenant que la demande soit déjà acceptée, l'utilisation de service tels que Google Cloud devrait disqualifier directement toute demande SecNumCloud...
Pour être précis, S3NS est rentré dans le processus mais n'a pas encore obtenu de certification SecNumCloud. Disons qu'ils sont à l'étape de l'inscription à l'auto-école. Maintenant il va falloir apprendre à conduire et passer son permis.
Pour le moment ils ont juste accepté de regarder. Rien de plus.
Thales / S3NS a bien été ajouté à la liste https://cyber.gouv.fr/prestataires-de-services-dinformatique-en-nuage-secnumcloud
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