Internet par satellite en France : l’Arcep autorise deux stations au sol pour Amazon Kuiper
De la concurrence pour Starlink
Starlink va avoir de la concurrence en France : l’Arcep vient d’autoriser Amazon à déployer deux stations au sol pour sa constellation Kuiper. Les satellites devraient être mis en orbite à partir de cette année, avec un lancement commercial, y compris en France, par la suite.
Le 08 juillet à 08h17
8 min
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Il y a cinq ans, Amazon dévoilait son projet Kuiper, une constellation de satellites afin de diffuser Internet un peu partout sur la planète. Il s’agit de concurrencer Starlink de SpaceX et la future constellation européenne Iris². La première phase prévoit la mise en orbite de 3 236 satellites – avec 80 lancements via Arianespace (et donc Ariane 6), Blue Origin, SpaceX et United Launch Alliance –, puis de passer à plus de 7 000 par la suite.
Après moult retards, les premiers prototypes ont décollé en octobre 2023, à bord d’une fusée Atlas V d’ULA. Lors des tests, tous les indicateurs étaient au vert. Amazon a lancé les opérations de désorbitage des deux satellites et prépare la mise en place de sa flotte commerciale.
Cela va de la fabrication des satellites aux États-Unis à l’installation de stations au sol « dans des pays du monde entier ». Pour cela, encore faut-il avoir les autorisations nécessaires. C’est déjà le cas au Canada par exemple. En France, les choses bougent avec six autorisations de l’Arcep.
Deux stations au sol : CDG501 SA et CDG502 RMB
Fin juin, l’Arcep a publié cinq décisions concernant Kuiper, puis a ajouté une sixième qui manquait à l’appel. Il s’agit dans tous les cas d’autorisations « d’utilisation de fréquences radioélectriques ». Elles concernent deux stations au sol : CDG501 SA et CDG502 RMB. But de l’opération selon le régulateur des télécoms : proposer « un réseau indépendant du service fixe par satellite sur le territoire national ».
Petit rappel important pour la suite : la constellation de Kuiper se divise en trois parties : USASAT-NGSO-8A, 8B et 8C. USASAT peut se décomposer en USA et SATellite, tandis que NGSO signifie Non-GeoStationary Orbit, c’est-à-dire une orbite non géostationnaire. Cette dernière se trouve à 36 000 km d’altitude, contre 590 à 630 km pour les satellites de Kuiper.
Trois groupes de satellites pour Kuiper, de 590 à 630 km
Le groupe USASAT-NGSO-8A comprendra à terme 1 156 satellites à 630 km d’altitude, explique l’Union internationale des télécommunications (ITU). Avec USASAT-NGSO-8B on passe à 1 296 satellites à 610 km et enfin à 784 satellites à 590 km avec USASAT-NGSO-8C (3 236 au total, le compte est bon).
Cette basse altitude permet de garder une latence très raisonnable, contrairement aux satellites géostationnaires. La raison est simple : le temps de faire un aller-retour à 36 000 km (donc de parcourir 72 000 km) à la vitesse de la lumière est bien plus long que les 1 000 à 1 200 km de Kuiper et Starlink. Nous avons déjà expliqué tout cela dans un précédent dossier :
Un document déposé à la FCC permet d’avoir de plus amples détails sur la première phase (les trois premières lignes) et la seconde phase avec plus de 7 000 satellites au total.
Six autorisations de l’Arcep
Revenons aux publications de l’Arcep. Deux décisions concernent la première station au sol (CDG501SA) et les satellites USASAT-NGSO-8A et USASAT-NGSO-8C. Les trois autres décisions sont pour la station CDG502RMB avec les trois niveaux de la constellation (8A, 8B et 8C) cette fois-ci. L’emplacement des deux stations au sol n’est pas précisé, nous n’avons que les noms de code.
Étrangement, pas d’autorisation concernant les satellites USASAT-NGSO-8B et la station CDG501SA. Elle manque en fait simplement à l’appel, comme nous l’a confirmé l’Arcep. L’Autorité nous précise qu’elle existe bien sous le n°24 - 1306, mais qu’« elle n'était pas correctement indexée ». Elle est désormais en ligne.
17 à 20 GHz en montant, 27 à 31 GHz en descendant
Les décisions précisent que les demandes pour CDG501 SA ont été déposées en février dernier, contre avril pour CDG502 RMB. Dans tous les cas, les autorisations sont les mêmes : « La société AMAZON KUIPER FRANCE S.A.S. est autorisée dans les bandes 17.3 - 20.2 GHz [liaison descendante, ndlr] et 27,5 - 31 GHz [liaison montante, ndlr] à utiliser des fréquences radioélectriques selon les conditions techniques précisées dans les annexes 1 et 2 à la présente décision ».
Les annexes ne sont toutefois pas mises en ligne et l’Arcep nous précise qu’elles ne sont pas publiques. L’Autorité des télécoms travaille néanmoins avec l'Agence nationale des fréquences (ANFR) afin de les ajouter dans leur base de données ouverte.
Les autorisations sont attribuées « à compter de la date de la présente décision pour 10 ans », précise l’Arcep. Comme toujours en pareille situation, il faut bien évidemment qu’Amazon s’acquitte « des redevances » en lien avec le décret n° 2007 - 1532 du 24 octobre 2007.
Amazon vise 400 à 500 millions de foyers privés de haut débit
Les ambitions d’Amazon pour Kuiper sont élevées. Le géant du commerce en ligne veut « fournir une connectivité haut débit aux 400 à 500 millions de foyers qui n’en ont pas aujourd’hui (ainsi qu’aux gouvernements et aux entreprises à la recherche d’une meilleure connectivité et de meilleures performances dans les zones plus reculées) », expliquait Andy Jassy (CEO d’Amazon) en avril dernier. De plus, ce projet « constitue une grande opportunité de revenus pour Amazon ». Amazon réaffirme être « sur la bonne voie pour lancer [ses] premiers satellites commerciaux en 2024 ».
L’entreprise a déjà présenté en mars de l’année dernière ses antennes et terminaux « low cost » pour ses futurs clients. Amazon annonçait alors jusqu’à 400 Mb/s de débit pour un tarif de l’équipement de moins de 400 dollars (370 euros au cours actuel). Une version plus compacte sera aussi proposée, avec jusqu’à 100 Mb/s de débit et un tarif moins élevé, mais non précisé. Une autre version plus grande est aussi de la partie, avec 1 Gb/s en ligne de mire. Là encore, on manque de détails.
Ils sont tous alimentés par une puce maison « Prometheus ». Cette dernière est « également utilisée dans les satellites et les antennes des passerelles au sol, permettant ainsi de traiter jusqu’à 1 Tb/s de trafic à bord de chaque satellite ».
SpaceX est déjà dans la place, à 40 euros par mois
Pour rappel, l’Arcep a déjà publié des autorisations pour Starlink de SpaceX, mais le Conseil d’État les avait annulées. Il estimait que l’Arcep n’avait pas respecté le Code des postes et communications électroniques, car il n’y avait pas eu de consultation publique. Chose faite par la suite.
Le régulateur avait justifié son choix de contourner la case consultation publique : « dans le cas de l’autorisation d’utilisation de fréquences délivrée à Starlink en 2021, l’Arcep a considéré qu’elle n’allait ni avoir une incidence importante sur le marché, ni affecter les intérêts des utilisateurs finals ». Le Conseil d’État n’avait pas eu la même lecture du dossier.
Quoi qu’il en soit, Starlink est disponible en France depuis un moment. Comptez 40 euros par mois pour le service et au moins 249 euros pour le matériel nécessaire (disponible aussi en location pour 10 euros de plus par mois). Toujours selon l’Informé, les tarifs de Kuiper devraient être inférieurs à ceux de Starlink.
Des recrutements partout dans le monde, y compris en France
Nos confrères ajoutent que « deux postes basés à Clichy ont été ouverts il y a quelques semaines, l’un concerne un ingénieur pour les systèmes au sol, l’autre un "responsable du lancement, de la montée en puissance et de l’exploitation du service haut débit résidentiel pour Frites [Acronyme de France, Italie et Espagne NDLR]" ». Les fiches de poste détaillées se trouvent par ici, sur le site officiel d’Amazon.
Le gros des recrutements se fait aux États-Unis (et plus précisément à Washington), mais Amazon compte bien s’implanter dans de nombreux pays. On retrouve donc des propositions d’emploi en Australie (3 postes), au Royaume-Uni (3), à Singapour (2), en Allemagne (1), en Inde (1), en Italie (1), au Japon (1), en Pologne (1) et en Espagne (1).
Internet par satellite en France : l’Arcep autorise deux stations au sol pour Amazon Kuiper
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Deux stations au sol : CDG501 SA et CDG502 RMB
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Trois groupes de satellites pour Kuiper, de 590 à 630 km
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Six autorisations de l’Arcep
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Des recrutements partout dans le monde, y compris en France
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Abonnez-vousLe 08/07/2024 à 09h21
Le 08/07/2024 à 13h11
Le 09/07/2024 à 16h04
----> []
Le 09/07/2024 à 00h22
Modifié le 09/07/2024 à 15h43
Modifié le 10/07/2024 à 00h03
Un test rapide d'IP publique ne me retourne pas d'IPv6 mais le routeur Starlink est en mode bypass vers mon routeur Syno sur lequel IPv6 est désactivé.
Côté IPv4, on est en CGNAT donc c'est un poil compliqué pour l'accès externe. Sinon on arrive à 90€ pour une IP fixe fullstack. J'ai réglé le problème avec un VPS à 3€ par mois, openvpn et de la redirection de port.
HS : J'ai la trentaine et des années d'études d'IT terminées il n'y a pas si longtemps que ça. IPv6 n'a jamais vraiment été abordé... Dommage.
Le 10/07/2024 à 00h21
Modifié le 10/07/2024 à 00h44
Si tu as ton propre routeur et que Starlink supporte l'IPv6, il faut commencer par voir comment obtenir ton préfixe (normalement fixe mais parfois dynamique), Ensuite il faudra demander à ton routeur d'annoncer ce préfixe au réseau local, les clients se configureront tous seuls et ça devrait fonctionner. Ensuite pour sécuriser il faut mettre un pare-feu (s'il n'y est pas déjà) pour éviter les nouvelles connexions non désirées depuis l'extérieur. Dans un premier temps tu peux tout bloquer et garder tes serveurs en IPv4, après tu verras comment ajouter des exceptions pour pouvoir y accéder aussi en IPv6. Je suis sûr que pour un routeur Syno il existe des tutos pour tout ça.
Pour l'IPv4 c'est dans la moyenne désormais d'être en CGNAT donc je n'irais pas les blâmer pour ça. Etonnant par contre qu'on ne t'ait jamais parlé d'IPv6 pendant tes études, à moins que tu n'aies jamais eu de cours sur IP, ça dépend quel type d'études IT.