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Lutte contre la désinformation : l’OCDE plaide pour la coopération tous azimuts

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Les travaux pour faire face aux menaces posées par la désinformation et la désagrégation des discours dans l’espace public numérique se multiplient à un rythme effréné.

Le 4 mars, l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE) a publié son propre rapport sur la question. Intitulé « Facts not fakes », « Des faits, pas des faux », le document alerte sur la menace que fait peser la désinformation sur une variété de domaines de la vie publique, de la santé à la sécurité des États, en passant par l’action climatique.

Les urgences les plus évidentes ? Les effets de ces problématiques sur les cycles électoraux et sur la confiance globale dans le processus démocratique, la manipulation de l’information (avec ou sans usages d’intelligence artificielle générative) et les ingérences étrangères. Des constats très similaires à ceux formulés fin février par le Forum sur l’information et la démocratie.

La désinformation a toujours existé, rappelle l’OCDE. « La nouveauté réside dans l’échelle de ces opérations, la sophistication et la constante évolution des techniques utilisées pour tromper ou manipuler les gens. »

L’urgence, expose l’organisme, est donc à la préservation de l’intégrité de l’information, un enjeu qu’elle décrit comme le produit « d’un environnement informationnel donnant accès à une variété d’informations précises, fondées sur des preuves, et plurielles. Ceci permet aux citoyens d’être exposés à une variété d’idées, de faire des choix en connaissances de causes et de mieux exercer leurs droits. »

Pour faire face aux menaces qui pèsent sur l'espace public numérique, l’OCDE propose donc un cadre dédié au « renforcement de l’intégrité de l’information », en trois axes : un centré sur les médias et les plateformes numériques, un autre sur la société, et un dernier sur l’action des gouvernements et des politiques publiques.

Réguler les plateformes et assurer la pluralité des médias

Le premier consiste à accroître la transparence et la responsabilité des plateformes numériques, l’OCDE appelant clairement à les réguler « afin que les logiques de marché et les intérêts commerciaux ne prennent pas le pas sur l’intégrité de l’information ». Pour autant, indique son rapport, les « défis à relever ne sont pas le seul fait des plateformes et des nouvelles technologies ».

Au contraire, le document insiste sur la question spécifique des médias. Il rappelle qu’un « secteur médiatique fort, pluriel et divers (…) est fondamental pour le renforcement de l’intégrité de l’information, et un composant essentiel de la vie démocratique ». L’organisation souligne la mission d’intérêt public du secteur, l’importance du journalisme local, et appelle donc à la création de politiques qui assurent la pluralité des sources médiatiques et leur indépendance éditoriale.

Enfin, le rapport souligne l’existence de risques spécifiques en matière d’information, parmi lesquels les périodes électorales, les risques de manipulation et d’ingérence d’origine étrangère et les implications du développement de l’intelligence artificielle.

Former la société

Un autre axe porté par l’OCDE concerne la résilience de la société. En pratique, l’entité appelle à créer des outils pour renforcer les défenses individuelles et collectives face aux problématiques d’information. Cela peut prendre la forme de communications publiques et non partisanes sur le sujet, pour former le grand public aux problématiques de désinformation, par exemple par l’intermédiaire d’organismes comme l’Agence de défense psychologique suédoise.

Le document insiste sur le fait qu’à terme, c’est l’intégralité des secteurs de la société qui devront être mobilisés pour éduquer les citoyens sur ces questions d’information. Au niveau individuel, il insiste sur la nécessité d’enseigner aux populations des manières de cultiver leur esprit critique et d’identifier et faire face aux informations fausses ou trompeuses, notamment en intégrant des notions d’Éducation aux médias et à l’information (comme s’en charge le CLEMI en France) tout au long des cursus de formation.

Adapter les cadres et méthodes d’action gouvernementales

Enfin, l’entité constate qu’en 2023, seulement neuf des vingt-quatre pays qu’elle a consultés possèdent une stratégie nationale spécifique en matière de renforcement de l’intégrité de l’espace informationnel : l’Australie, l’Estonie, la Lettonie, la Lituanie, le Portugal, l’Espagne, les Pays-Bas, l’Italie et les États-Unis).

En revanche, 92 % d’entre eux avaient identifié le sujet comme une priorité pour les deux années à venir - et plus de la moitié des interrogés, dont la France, avaient pris des mesures relatives aux problématiques d’information au sein de politiques plus larges. L’OCDE cite divers exemples d’entités créées par des gouvernements pour faire face à tout ou partie des menaces informationnelles, parmi lesquels les unités de coordination gouvernementales françaises (VIGINUM), lituanienne (National Crisis Management Centre) et états-unienne (Global Engagement Centre) et les task force plus spécifiques créées en Australie (Electoral Integrity Assurance Taskforce) et au Canada (Security and Intelligence Threats to Elections, SITE).

Toutes ces entités sont relativement récentes : « toutes ont été établies, au moins dans leur forme actuelle, à partie de 2016 », relève le rapport. Et de souligner que beaucoup de gouvernements ont identifié l’urgence de créer des structures agiles et efficaces, mais que « l'efficacité, en ce qui concerne les réponses de gouvernance au sein des démocraties, ne consiste pas seulement à contrer la désinformation ».

En pratique, l’OCDE argumente en faveur de solutions collaboratives au sein des pays, avec la constitution d’équipes variées et incluant des membres représentant la diversité des sociétés nationales. De même, à l’échelle internationale, elle appelle à la coordination entre les gouvernements, dans la mesure où le problème touche toutes les démocraties, et où « aucun gouvernement ne pourra régler ce problème seul ».

Ces partenariats devraient, selon le rapport, concerner le partage d’informations stratégiques, de méthodologies d’analyse, mais aussi des pratiques et politiques adoptées pour faire face et garantir l’intégrité de l’information.

Commentaires (3)


On pourrait ajouter au rapport de l'OCDE les efforts des médias traditionnels (Télévision et journaux principalement) qui payent des journalistes pour débusquer les fake news (fausses nouvelles en Français :francais: ).
A mon sens il faut mettre le paquet sur la formation.
C'est plus long, c'est plus difficile mais c'est ce qui marche sur le long terme.
Je pense que nos jeunes actuels vont être exposés à tellement de fake news qu'une certaine part va développer un esprit critique aiguisé.
Mais une certaine part seulement, et je ne connais pas la proportion de cette part.

J'espère qu'elle sera élevée et qu'on ne tombera pas non plus dans l'excès inverse : la paranoïa.
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