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L’Europe satisfaite des engagements de WhatsApp, sur fond de critiques

« Carton jaune »

L'Europe satisfaite des engagements de WhatsApp, sur fond de critiques

Le 07 mars 2023 à 09h01

Début 2021, WhatsApp s’embourbait dans un exercice de communication raté. L’année suivante, la Commission européenne (entre autres) adressait à deux reprises des demandes de clarification et des engagements à l’entreprise. Aujourd’hui, tout le monde s’estime satisfait. Ou presque.

Au cœur de l’affaire, il y avait le fameux avertissement de WhatsApp lancé à ses utilisateurs. Dans les premiers jours de janvier 2021, l’application affichait en effet un message informant que les conditions allaient changer, que des données seraient partagées avec Facebook, et que tout refus mènerait à l’inaccessibilité du service à compter du 8 février.

Une communication anxiogène et particulièrement ratée, car elle concernait surtout les personnes qui contactaient des entreprises via WhatsApp. Un échec retentissant auquel des tentatives de clarification n’ont rien changé. Rapidement, les boucliers se sont levés, particulièrement en Europe.

En janvier 2022, la Commission européenne et le réseau CPC (Consumer Protection Cooperation), alertés par le Bureau européen des unions de consommateurs (BEUC), envoient une première lettre, puis une seconde en juin. Le message était le même à chaque fois : ils exigeaient « que les consommateurs soient clairement informés du modèle commercial de WhatsApp » et demandaient « si WhatsApp tirait des recettes de politiques commerciales relatives aux données à caractère personnel des utilisateurs ».

Dans la même période, WhatsApp avait rappelé ses fondamentaux :

  • Ni WhatsApp ni Facebook ne peuvent lire les messages ou écouter les appels sur WhatsApp, dans quelque contexte que ce soit. Conséquence du chiffrement de bout en bout que WhatsApp s’engage à ne jamais affaiblir.
  • L’historique des destinataires de messages ou d’appels n’est pas conservé : « conserver ces données pour deux milliards d’utilisateurs serait un risque à la fois pour la confidentialité et la sécurité ».
  • La localisation partagée dans une conversation n’est visible ni de WhatsApp ni de Facebook.
  • Les contacts ne sont pas partagés avec Facebook.

Mais ni la Commission ni le réseau CPC n’étaient satisfaits. Des discussions ont donc commencé, notamment parce que les acteurs européens voulaient une confirmation sur l’absence de revente des données.

La Commission et le réseau CPC s’estiment satisfaits

Dans un communiqué paru hier, la Commission s’estime satisfaite des réponses obtenues. D’une part, WhatsApp a confirmé que les données collectées n’étaient ni revendues à des tiers, ni envoyées à une autre entreprise du groupe Meta à des fins publicitaires.

D’autre part, WhatsApp s’est engagée sur trois points. La société :

  • « expliquera les modifications qu'elle entend apporter aux contrats des utilisateurs et en quoi ces dernières pourraient affecter leurs droits ;
  • inclura la possibilité de refuser les conditions d'utilisation mises à jour, sur un pied d'égalité, en termes de visibilité, avec la possibilité de les accepter ;
  • veillera à ce que les notifications informant les utilisateurs des mises à jour puissent être rejetées ou à ce que l'examen des mises à jour puisse être reporté, respectera les choix des utilisateurs et s'abstiendra d'envoyer des notifications récurrentes. »

Des promesses sur fond d’activation du DSA (Digital Services Act), qui prévoit notamment « l'obligation pour les services de disposer de conditions claires, expliquant à l'utilisateur, dans un langage compréhensible, dans quels cas leur contenu ou leur compte peut être affecté par certaines restrictions, ainsi que l'obligation d'appliquer ces restrictions de manière diligente, objective et proportionnée ».

Le réseau CPC indique pour sa part qu’il surveillera « activement » la tenue de ces promesses à chaque mise à jour des conditions d’utilisation. Si WhatsApp devait rompre ses engagements, le CPC se réserve la possibilité d’infliger des amendes.

Le BEUC reproche un simple « carton jaune »

Pour le Bureau européen des unions de consommateurs, qui avait initialement donné l’alerte, le communiqué de la Commission témoigne d’une décision molle. L’enquête est close et il n’en résulte « qu’un simple engagement de l’entreprise à faire mieux à l’avenir », soit une « déception pour les consommateurs ».

Pourquoi ? Car cette promesse « ne s’applique qu’aux futures mises à jour de l’application. Il n'offre pas de solution à des milliers d'utilisateurs qui ont accepté les mises à jour de la politique de l'application en 2021, du fait de notifications persistantes et intrusives de WhatsApp qui faisait pression sur les consommateurs pour qu'ils acceptent les modifications de sa politique. De plus, ces termes n’étaient ni transparents ni compréhensibles pour les consommateurs ».

Le BEUC regrette que WhatsApp n’ait pas été puni, au moins pour ses « techniques commerciales agressives », ainsi que « ses changements obscurs et trompeurs » dans ses conditions d’utilisation.

Pour le Bureau, c’est un mauvais signal qu’envoie la Commission aux autres entreprises. En effet, pourquoi ne pas continuer sur sa lancée et ses pratiques, jusqu’à ce qu’elle hausse le ton et obtienne des changements pour l’avenir, sans punir les infractions passées ?

Pour le BEUC, l’affaire « illustre un manque de dissuasion dans la manière de faire appliquer la loi et le besoin d’une réforme urgente pour s’assurer d’une application plus efficace, particulièrement dans les affaires d’infractions à l’échelle européenne ».

Commentaires (9)

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Lol ce scandale. Ils font de la merde, mais juste un “crois moi frère” ça passe.

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Avec les actus récentes, j’ai l’impression que la Commission Européenne croit encore au père Noël.
Comment WhatsApp va faire son beurre sans traiter les données ? Avec les métadonnées ?
Les publicités personnalisées ? Déclarées illégales > nextinpact.com Next INpact

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Attention, ici, il s’agit de protection du consommateur, pas de protection des données.



On ne parle donc pas de RGPD.



En plus, si j’ai bien compris en ayant relu l’article du 15 janvier, pour les utilisateurs de l’UE, ce changement de CGU ne changeait rien, donc, il n’y avait pas grand chose ici à leur reprocher dans l’UE.

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Faut les comprendre ces hauts responsables Européens: ils ont déjà dû désinstaller TikTok, ils ne voulaient pas en plus désinstaller Whatsapp.

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Si l’UE est satisfaite, ça veut dire qu’il faut fuir cette plateforme.

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Plus facile à dire qu’à faire. L’écrasante majorité de mes contacts sont sur cette messagerie. Quelques uns ont bien voulu essayer Threema, par exemple, mais au final, les discussions finissent à nouveau sur WhatsApp au bout d’un certain temps…



Au moins, les messages y sont chiffrés de bout en bout, c’est le minimum syndical, mais c’est la foire à la saucisse en ce qui concerne les métadonnées…



Sinon, merci à ne pas glisser sur “l’UE shaming” un peu trop facile :D Tout ce que l’UE fait n’est pas forcément “mal” ou contre nos intérêts.

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Mec, je vote UPR depuis 2014, donc ok pour nuancer mes propos sur l’UE, mais quand on fait clairement la balance avantage inconvénients, l’UE l’euro et l’OTAN méritent clairement la poubelle.



Sinon y’a Signal et Telegram et tant pis pour tes contacts qui veulent pas changer.

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je ne vote plus depuis 30ans mais concernant l’EU / Euro je plussoie, et idem pour Signal

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J’ai pensé à ne pas voter, jusqu’à réaliser que c’était une erreur mathématique et logique.



Le système ne prend pas en compte le vote blanc ou l’abstention, donc ne pas voter revient à voter pour tous les candidats.



Et dans la mesure où tu vis dans une société et bénéficie de services publics, tu ne peux pas décider de te couper de la société, pour cela il faudrait créer ton propre État dans l’État, et c’est impossible.



Donc ne pas voter ne sert à rien. Cela revient à se plaindre d’un système mais à ne rien faire pour qu’il change.



Cela revient à espérer un renversement des lois, donc un retour de la loi du plus fort, donc une révolution armée ou une guerre civile, seule alternative à un système électoral.



Il est beaucoup plus utile de voter pour le candidat véritablement anti-système, à savoir Asselineau, c’est-à-dire le mec totalement censuré par la propagande, sinon dénigré et ignoré.



Comme ça tu ne votes pas pour le candidat du système (Macron, Édouard Philippe en 2027) et les faux opposants (et vrais traîtres) chargés de le faire élire en rebattant les votes de leurs moutons d’électeurs sur lui (Macron, Le Pen, etc. Tous ces faux candidats qui ne veulent pas être présidents).



Je sais bien que la propagande (contrôlée par des oligarques, eux-mêmes sous l’égide de la CIA) truque les élections en manipulant les masses,
je sais bien qu’elles sont encore plus truquées avec les parrainages publics, qu’Asselineau n’avait aucune chance de passer en 2017, mais au moins comme ça j’ai la conscience tranquille.



Alors que ne pas voter, finalement, cela revient à soutenir le système.



C’est bien beau de ne pas s’intéresser à la politique, le problème c’est que la politique s’intéresse à toi, et elle te le rappelle à chaque impôts et taxes que tu dois payer…

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