Alors que le feuilleton des évolutions de Twitter continue, passage en revue de l’écosystème des autres réseaux sociaux existants.

Twitter est profondément chamboulé depuis l’arrivée d’Elon Musk, nous en faisions le récapitulatif début mars. Il y a quelques jours encore, le milliardaire annonçait mettre fin aux anciens comptes certifiés, qui permettent théoriquement de discerner les comptes légitimes de personnalités, d’entreprises, d’organismes gouvernementaux ou autres.

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Pour certaines, Twitter perdait en popularité avant même l’arrivée de Musk, parce qu’il était plus centré sur l’introduction de fonctionnalités permettant de diffuser de la publicité que de satisfaire les internautes. Quelles que soient les raisons d’un potentiel départ de la plateforme à l’oiseau bleu, où se tourner ? Au fil des ans, une série d’alternatives s’est constituée dont voici une sélection non exhaustive.

Celui qui a le plus fait parler

Décentralisé, open source, Mastodon a été créé il y a six ans, mais c’est bien l’arrivée d’Elon Musk chez Twitter qui a fait décoller son nombre d’usagers. Le réseau propose une interface pas trop lointaine de ce dernier, avec des « boosts » en guise de « retweets », des « favoris » en guise de « likes », 500 caractères possibles par « toot » (message). Les fils, en revanche, sont strictement antéchronologiques : pour s’y retrouver, Il vaut mieux donc recommencer à utiliser ce bon vieux hashtag.

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En pratique, la décentralisation de Mastodon signifie que la plateforme fonctionne grâce à un réseau de serveurs qui, chacun, peut accueillir de quelques centaines à des milliers d’usagers. Cette absence de propriétaire unique évite le risque que la plateforme connaisse un jour le même sort que Twitter. Elle permet aussi à chaque instance (chaque serveur) de mettre en place ses règles de modération et de comportements à respecter, la restriction de leur taille facilitant a priori la modération.

Mastodon a tout de même été moqué pour la difficulté de compréhension de ce fonctionnement et de sa prise en main. Comme l’explique le Réseau International des journalistes, on peut néanmoins comparer son fonctionnement à celui des courriers électroniques : chacun peut avoir son fournisseur, pour autant, vous pouvez envoyer des mails d'Outlook vers Gmail ou ProtonMail et inversement. 

Même si l’arrivée de Musk à la tête de Twitter a fait grimper le nombre d’usagers de Mastodon de 380 000 à 2,5 millions de personnes en moins de deux mois, leur compte était retombé autour de 1,4 million fin janvier 2023, traduisant un relatif désintérêt des nouveaux arrivants.

Le reste de la galaxie libre 

On peut en réalité considérer que Mastodon fait partie d’une galaxie plus large, parfois qualifiée de fediverse (contraction de federation et universe) : celle de fédérations de serveurs constituant des réseaux sociaux aux fonctionnalités diverses, construites grâce à des logiciels libres.

Ceux-ci sont multiples et répondent à des usages variés. PeerTube permet l’hébergement de vidéos, à la manière d’un YouTube ou d’un Twitch décentralisé, Mobilizon fournit des services d’organisation et de gestion d’événements… Framasoft est derrière ces deux projets et l’association en propose de nombreux autres dans la cadre de son projet dégooglisons Internet. Signalons aussi Pixelfed pour les adeptes d’Instagram qui voudraient passer au libre pour leurs images.

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Le plus mobile

Hive est un autre outil de microblogging uniquement dédié au mobile. Créé en 2019, il reprend des fonctionnalités similaires à celles d’Instagram, avec le partage de photos sous forme de grilles, autant que de Twitter, puisqu’il propose l’intégration de hashtags et de toutes sortes de médias vidéos, GIF, sondages ou autre. Le réseau permet aussi d'ajouter à son profil des morceaux qui se lancent automatiquement lorsque la page est visitée, comme sur MySpace, au plus fort des années 2000.  

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Cohost ou Counter Social sont d’autres initiatives récentes qui ont gagné en visibilité au gré des difficultés de Twitter. Fondé en 2019, Cohost est un réseau qui refuse la publicité et les recommandations algorithmiques – tout ce que vous voyez est ordonné de manière chronologique. Il est accessible depuis un ordinateur et permet une suffisamment grande créativité dans les publications pour que des utilisateurs se soient mis à y insérer des jeux – Doom compris, bien sûr.

Basé sur le code de Mastodon, Counter Social adopte de son côté une politique de rejet des trolls, des robots de spam, de la désinformation et du harcèlement ou des opérations d’influence étrangère (la plateforme est américaine). En termes d’interface, il ressemble plutôt à Tweetdeck et sa succession de colonnes qui permettent de suivre d’un coup d’œil des hashtags, des listes d’utilisateurs ou des sujets précis.

Le plus ancien

Reddit est une bonne alternative à Twitter, notamment pour les mordus d’actualités. Créé en 2005, il héberge tout un tas de forums et de sous-forums (subreddits) chacun dédiés à un usage spécifique. Comme Mastodon et peut-être aussi à cause de son ancienneté, Reddit peut être perçu comme difficile à prendre en main. Un espoir néanmoins : la société cherche depuis au moins deux ans à s’étendre en Europe non seulement en y ouvrant des bureaux, mais aussi, sous peu, en faisant évoluer son interface.

Les plus classiques

Pas besoin de les présenter, mais selon les habitudes que vous aviez sur Twitter, certains noms bien installés peuvent être utiles à rappeler :

• Fort de ses 900 millions d’utilisateurs, propriété de Microsoft depuis 2016, LinkedIn est taillé pour les communautés et usages professionnels.
• Dédié à l’origine aux gamers, Discord permet d'ouvrir des serveurs dédiés à toutes sortes de sujets et communautés, dans lesquelles il est possible de discuter par écrit ou de passer des appels audio/vidéo en VoIP.
• Pas encore mort, Tumblr a été créée dès le départ (en 2007) comme une plateforme de microblogging. Elle est particulièrement bien adaptée pour les internautes qui cherchaient sur Twitter à échanger avec des communautés de fans et/ou à discuter arts plastiques et visuels (ou de pornographie, ré-autorisée depuis novembre). Elle sera moins efficace pour le suivi de l’actualité.

Les plus extrêmes

Gab, Parler, Truth Social, tous ces réseaux sociaux ont été créés en réaction à la modération de contenus les plus extrêmement racistes, suprémacistes blancs ou conservateurs sur Twitter.

Créé en 2018 et capitalisant sur le nombre croissant de signalements des messages de Donald Trump – entre autres utilisateurs – sur Facebook et Twitter, Parler revendique une modération quasi inexistante. Très téléchargée après la défaite du magnat américain et en amont de l’attaque du Capitole, elle s’est retrouvée suspendue des magasins d’applications d’Apple et Google, puis privée de l’hébergement d’Amazon Web Services, précisément parce qu’elle ne modérait pas suffisamment les appels à la violence. Elle est revenue en ligne à l’été 2022, après avoir adopté différentes tactiques de modération des échanges. Elle comptait 496 000 visiteurs uniques en juillet 2022, 137 000 en août.

Avec des messages limités à 3 000 caractères, qu’il est possible de publier anonymement, Gab fonctionne un peu comme Twitter, un peu comme Facebook : il propose aussi d’organiser des groupes, dispose d’une page « marketplace » et d’une autre dédiée aux « news », où les articles de FoxNews et du site de désinformation the Gateway Pundit sont nombreux. Le site a été suspendu temporairement en 2018, après la tuerie antisémite de Pittsburgh, aux États-Unis, parce que son auteur le fréquentait. En 2021, il a été victime d’une large fuite de données.

Truth Social a été créé sur l’initiative de Donald Trump et a trouvé une vraie communauté d’utilisateurs du côté des conservateurs convaincus par l’ex-président des États-Unis et bannis de Twitter (un tiers de ses usagers, selon Newsguard) : la plateforme enregistrait 10 millions de visites en novembre 2022, rapporte Wired, contre 8 millions en octobre. Construit à partir du code source de Mastodon, le réseau s’est récemment fait hijacker dans une tentative de troller Donald Trump, alors que celui-ci fait face à une intense pression judiciaire. Le retour de Trump sur Twitter pourrait mettre du plomb dans l’aile de Truth Social.

Les plus locaux

Pourquoi pas, aussi, profiter des aléas de Twitter pour se tourner vers des initiatives plus ancrées dans le monde physique, dans les liens avec des communautés faciles d’accès hors ligne ?

Nextdoor, MesVoisins, Smiile… une série de réseaux sociaux ont été créés ces dernières années pour l’animation des voisinages, initiatives qui se sont révélées très utiles pendant les confinements, selon BFM. Utilisé par un foyer sur trois aux États-Unis, NextDoor est entrée en bourse de New-York fin 2021, valorisée à l’époque à 4,3 milliards de dollars. 

Le plus twittesque

Une dernière proposition pour la route ? Spill, dont les premiers aperçus ont été rendus disponibles fin janvier. L’initiative est portée par d’anciens employés de Twitter et soutenue par différents financeurs qui travaillent notamment à intégrer plus de diversité dans l’industrie numérique. 

Malgré ses nombreux déboires, Twitter continue d’être un réseau social très actif avec un partage en temps réel de l’information au sens très large. De plus, nombreux sont ceux à ne pas vouloir « repartir de zéro » sur un autre réseau social. Même s’ils vont voir ailleurs, ils ne quittent généralement pas définitivement l’oiseau bleu, pour le moment. 

Comme toujours, n’hésitez pas à nous proposer vos alternatives et/ou vos retours d’expériences dans les commentaires.