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Vols habités : SpaceX un peu seul dans l’espace

Ground Control to Major Tom

Vols habités : SpaceX un peu seul dans l'espace

Le 13 mars 2023 à 07h12

Même si sa mission Crew-6 a dû être reportée de quelques jours, le Crew Dragon de SpaceX reste à peu près seul à pouvoir assurer des vols habités sans rencontrer de réels problèmes, contrairement à ses concurrents, qu'ils soient américains ou russes.

Vendredi 3 mars, l’équipage Crew-6 est entré dans la Station spatiale internationale (ISS) après le lancement la veille de la fusée Falcon 9, portant le vaisseau Crew Dragon. Si ce vol a été retardé à la dernière minute le 27 février dernier à cause d'un filtre obstrué, c'est la neuvième fois que SpaceX envoie sans encombre des humains dans l'espace (en comptant le vol de démonstration). L’équipage, composé des Américains Stephen Bowen et Warren Hoburg, de l'Émirati Sultan Al Neyadi et du Russe Andrey Fedyaev, devrait passer six mois à réaliser plus de 200 expériences scientifiques.

Et ce week-end, l'équipage du vaisseau Crew-5, composé de deux astronautes américains, une cosmonaute russe et un astronaute japonais, est revenu sur Terre sans difficulté après être resté 157 jours dans l'ISS. Si SpaceX enchaine  les succès, ce n'est pas le cas de ses concurrents.

Un vol test pour Starliner de Boeing en avril prochain

Pendant que SpaceX enchaine les vols, Boeing prévoit son premier vol test habité pour avril. Sa capsule, Starliner, a connu plusieurs déboires : fin 2019, l'entreprise la lançait pour la première fois, à vide. Mais Starliner a essuyé un premier échec en ne rejoignant pas l'ISS.

Après plusieurs années d'attente, en mai 2022, Boeing a finalement retenté un essai, toujours à vide. La capsule a réussi à s'arrimer au prix de quelques couacs.  Elle a pu quand même, quelques jours plus tard, ramener sur Terre avec succès le mannequin bourré de capteurs qu'elle avait embarqué.

La prochaine étape devrait donc se passer en avril prochain. Un vol avec un équipage composé des astronautes américain Butch Wilmore et Suni Williams doit les amener jusqu'à l'ISS, en décollant  « pas plus tôt que mi-avril 2023 » selon la NASA. Il a déjà été retardé à cause d'un problème d'humidité et de corrosion de valves détecté en 2021. Pour atténuer ce problème, la Nasa et Boeing ont expliqué lors d'une conférence avoir prévu un chargement du propergol dans le module de service du véhicule le plus tard possible, celui-ci leur ouvrant, selon eux, une fenêtre de 60 jours pour lancer la mission de test.

« Nous sommes beaucoup plus confiants aujourd'hui grâce aux mesures d'atténuation que nous avons mises en place avec les systèmes de purge et l'étanchéité des connecteurs afin d'éviter ce type d'intrusion d'humidité dans la valve, mais nous avons toujours cette ligne directrice de 60 jours » a déclaré le vice-président de Boeing, Mark Nappi.

Une difficulté côté russe

Si le programme Soyouz de vols habités existe depuis les années 1960 et a réussi la plupart de ses missions, il connait lui aussi des difficultés. La mission MS-22 a bien été lancée en septembre dernier avec, à bord, l'astronaute américain Francisco Rubio, ce qui n'était pas gagné, après l'invasion de l'Ukraine par la Russie.

Mais elle n'a pas pu ramener son équipage. Une microfuite (un trou de 0,8 mm dans un de ses compartiments) a eu raison de la cabine et l'agence spatiale russe Roscosmos a dû se résigner à la faire revenir vers la Terre à vide. MS-23 a été lancée à vide pour la remplacer et assurer leur retour. Elle est d'ailleurs maintenant bien arrimée à l'ISS. Mais ce choix annonce un décalage dans le calendrier des Soyouz, puisqu'à l'origine MS-23 ne devait pas décoller à vide, mais amener les Russes Oleg Kononenko et  Nikolai Chub ainsi que l'États-unien Loral O'Hara à bord de l'ISS.

Cette difficulté est une pierre de plus dans le jardin russe alors qu'en 2020 et l'arrivée de SpaceX, le programme Soyouz a perdu son quasi-monopole des vols habités, même si les vaisseaux étaient vieillissants.

En juillet dernier, la Russie a annoncé qu'elle allait se retirer de l'ISS « après 2024 ». Le nouveau patron de Roscosmos, Iouri Borissov a expliqué en parallèle que la Russie allait créer une « station orbitale russe » en la présentant comme une future priorité pour son agence spatiale. Le spatial russe pâtit aussi des sanctions occidentales suite à l'invasion de l'Ukraine qui pourraient avoir des conséquences sur ce nouvel objectif.

La Chine a augmenté la cadence

Alors que la Chine lance des vols habités depuis 2003, elle a augmenté la cadence d'envoi de ses vaisseaux Shenzhou depuis 2021. À un rythme de deux lancements par an, le pays commence à assurer une certaine régularité. Lancée en novembre dernier en direction de la Station spatiale chinoise (SSC), Shenzhou 15 devrait revenir sur Terre en juin, vient d'annoncer l'Agence chinoise des vols spatiaux habités.

L'arlésienne européenne

On a gardé l'acteur européen du spatial pour la fin. Depuis 1975 et les ébauches du projet Hermès, l'Europe affiche de temps en temps des ambitions pour les vols habités. En septembre dernier, ArianeGroup présentait Susie, un dernier étage d'Ariane 6 réutilisable et habitable. Cette présentation devait pousser l'habitable dans l'agenda européen, qui a été fixé en novembre par la conférence ministérielle de l'ESA. Si celle-ci a décidé d'une augmentation du budget de l'agence spatiale, elle a évité, expliquait la Tribune, de se positionner sur le sujet de l'habité et a préféré suspendre la question à la remise d'un rapport de l'ESA et repousser la décision de son éventuel financement à la prochaine réunion ministérielle de 2025.

Vu les difficultés et retard de lancements, que ce soit pour Ariane ou pour Vega-C, il est bien possible que le vol habité pâtisse de l'ambiance morose qui touche actuellement le spatial européen.

Commentaires (11)

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A quand ça remonte le début de la morosité du spatial européen ? Au bug sur Ariane 5 ou avant ?

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Ils ont perdu la face et leur business après avoir traité Musk de clown pendant 10 ans.

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Ca remonte plutôt au fait que l’ESA s’est aperçu que les éléments de fusée réutilisable de ce fou d’Elon Musk fonctionnaient (dans l’optique de baisser les couts de lancements).

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“la Russie allait créer une « station orbitale russe » : tout seuls, comme des grands? pour un pays de 150 millions d’habitants et avec le PIB de l’Espagne, ben, ça risque de leur prendre pas mal de temps…



Déclaration complètement hors sol et quand on voit les milliards de $$ littéralement cramés tous les mois dans une guerre totalement stupide, ben bon courage !!

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De mémoire la station MIR était principalement Russe(URSS).

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Exact ! Mais bon, elle n’était pas bien grande ni spacieuse… Et l’URSS était une super puissance, la Russie, non.

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Ne t’en déplaise, la Russie est et reste une puissance spatiale, et à ce jour l’un des 3 pays au monde capable d’envoyer des humains dans l’espace (et de les faire revenir). Les moyens sont peut-être cannibalisés par leur “grande opération spéciale de dénazification dans un voisinage proche” dans l’immédiat, mais la techno reste disponible. S’ils n’ont pas envoyé trop de leurs ingénieurs au casse pipe ils pourront vite reprendre le moment venu.

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anagrys a dit:


Ne t’en déplaise, la Russie est et reste une puissance spatiale, et à ce jour l’un des 3 pays au monde capable d’envoyer des humains dans l’espace (et de les faire revenir). Les moyens sont peut-être cannibalisés par leur “grande opération spéciale de dénazification dans un voisinage proche” dans l’immédiat, mais la techno reste disponible. S’ils n’ont pas envoyé trop de leurs ingénieurs au casse pipe ils pourront vite reprendre le moment venu.


La Russie est une puissance spatiale du passé…Ils capitalisent uniquement sur des technos développées des années 60 mais au jour d’aujourd’hui absolument rien de neuf dans les tuyaux à venir.
Même le déménagement du cosmodrome de Baikonur du Kazakhstan vers la Russie, le Vlad à priori n’en verra même pas la couleur tellement le projet a pris du retard (une bonne dizaine d’années).



Avec des “ressources limitées”, on peut pas faire dans le missile hyper méga sonique (qui coûte une blinde à l’unité d’ailleurs et pour quoi au final??) et rester dans la compétition face à SpaceX avec du lanceur multi ré-utilisable.



Et l’Inde, la Chine et le Japon sont juste derrière en embuscade…

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En fait à titre perso ce que j’observe plutôt, c’est que SpaceX est une exception qu’on considère comme une norme.



Les acteurs du New Space ou institutionnels capables d’avoir la même diversité, capacité de tirs, et de réutilisation des lanceurs, j’en ai pas vu beaucoup d’autre parmi la palanquée d’entreprises du New Space.



A part le programme Chinois, je ne vois pas vraiment d’autres acteurs ayant une progression aussi fulgurante que SpaceX. Ca fait donc un peu relativiser la morosité supposée.

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Surtout que l’État américain leur à filé l’équivalent de deux fois le programme Ariane 6, au minimum.



Si on met pas les sous en Europe, on arrivera à rien.



Et n’oublions pas non que l’Europe était (presque) là, avec les ATV, mais finalement, on a tout filé aux américains qui en ont fait Orion, quand nous on a fait… keudal.

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Aux US aussi ils avaient l’équivalent de Arianespace: Boeing. Une pompe à argent public, avec son prestige, ses lobbyistes et ses nombreux soutiens au parlement.



Les US étaient aussi en train de s’embourber dans des structures bureaucratiques, technocratiques à l’ancienne. La décision de donner des projets à SpaceX pour faire émerger un nouvel acteur avait été très critiquée en interne à l’époque.



En échange du financement, SpaceX a fourni bien plus de lancements et de services aux US (relativement à Boeing ou Ariane pour l’UE).
Sachant que les américains n’ont jamais financé SpaceX pour de la R&D pure, juste pour des lancements (parfois habités, militaires, avec des contraintes spécifiques, donc plus chers).



En valeur absolue ils ont payé plus, mais surtout en échange ils ont reçu beaucoup plus de valeur par $ que l’Europe qui a déjà dépensé des milliards pour A6 pour 0 lancement, et qui devra payer encore pour les lancements eux même (financés à perte avec de l’argent public par des acteurs institutionnels, car A6 n’est pas compétitive sur le marché commercial - sauf dans des cas comme Bezos qui prend Ariane juste pour e*der Musk).



Donner plus de fonds publics à Ariane à ce stade c’est de l’argent jeté par la fenêtre, c’est continuer comme les US avec Boeing. A6 est déjà obsolète et un trou à argent public sur le papier depuis sa conception : au début du programme les dirigeants d’Arianespace en étaient encore au stade du déni et expliquaient sur toutes les ondes que le réutilisable n’est pas intéressant (la preuve : la navette spatiale !). Alors que SpaceX avait déjà réussi des atterrissages et montait en cadence.

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