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L’Europe favorable à l’achat d’Activision par Microsoft, la CMA persiste et signe dans son refus

Sortir du blizzard ?

L’Europe favorable à l'achat d’Activision par Microsoft, la CMA persiste et signe dans son refus

Le 16 mai 2023 à 06h23

Alors que l'autorité britannique de la concurrence s'est prononcée fin avril contre l'achat d'Activision par Microsoft, la Commission européenne a décidé, ce lundi 15 mai, de donner son feu vert sous conditions, selon un communiqué publié sur son site. De son côté, la CMA prend acte de cette décision et maintient la sienne de rejeter cet accord.

Microsoft a proposé des engagements à l'institution européenne, qui considère qu'ils « remédient pleinement aux problèmes de concurrence soulevés par la Commission et représentent une nette amélioration par rapport à la situation actuelle en ce qui concerne les jeux en nuage », s'ils sont respectés intégralement.

Les engagements de Microsoft font mouche

La Commission explique avoir mené une « enquête approfondie » sur ce projet d'acquisition. Elle aurait montré « que Microsoft ne serait pas en mesure de porter préjudice aux consoles concurrentes et aux services concurrents d'abonnement multi-jeux », mais qu'elle « pourrait nuire à la concurrence dans la distribution de jeux par les services de streaming de jeux en nuage, et que sa position sur le marché des systèmes d'exploitation pour PC serait renforcée ».

Pour remédier aux problèmes de concurrence soulevés par la Commission, Microsoft s'est engagée pour une durée de 10 ans à accorder :

  • une licence gratuite aux consommateurs de l'Espace économique européen (EEE) « leur permettant de diffuser en streaming, en utilisant le service de streaming de jeux en nuage de leur choix, tous les jeux actuels et futurs d'Activision Blizzard pour PC et pour consoles pour lesquels ils disposent d'une licence » ;
  • une licence gratuite correspondante « aux fournisseurs de services de streaming de jeux en nuage, afin de permettre aux joueurs basés dans l'EEE de diffuser en streaming tous les jeux d'Activision Blizzard pour PC et pour consoles ».
Microsoft Activision Commission

« Ces engagements remédient pleinement aux problèmes de concurrence soulevés par la Commission et représentent une nette amélioration pour le streaming de jeux en nuage par rapport à la situation actuelle », commente la Commission.

Une « bonne chose » selon Margrethe Vestager 

Dans la foulée de cette décision, Margrethe Vestager (vice-présidente de la Commission) s’est exprimée au micro de CNBC. Elle explique que la CE était « préoccupée par le cloud gaming » :

« Nous avons vu qu’aucun des jeux dont nous parlons ici, ceux d’Activision-Blizzard, ne serait disponible […] On nous a donné un remède, une licence gratuite de 10 ans pour les jeux existants et à venir […] Nous pensons donc que cela ne résout pas seulement le problème, mais que c’est aussi favorable à la concurrence. Pour nous, c’est une bonne chose ».

Notre confrère demande ensuite à Margrethe Vestager si l’approbation de cette fusion signifiait que la Commission était désormais « un peu moins stricte ». Réponse directe : « Non, ce n’est pas le cas »… même si on ne l’imagine pas vraiment dire le contraire.

La vice-présidence détaille son propos : « Le cloud gaming représente 1 à 3 % du marché, c’est petit, mais si nous avions constaté qu’une préoccupation ne pouvait pas être résolue, la fusion n’aurait pas pu aller de l’avant. C’est valable bien sûr pour toute autre fusion ».

La CMA « maintient sa décision » de rejeter l’accord

Cet arbitrage européen devrait permettre à Microsoft d’appuyer sa contestation de la décision de l’autorité britannique devant le Tribunal d'appel de la concurrence du Royaume-Uni.

De son côté, la Competition and Markets Authority (CMA) n’a pas attendu pour se prononcer sur le sujet, via un thread publié dans la foulée de la décision de la Commission européenne.

Elle commence par poser les bases : « Les autorités britanniques, américaines et européennes de la concurrence sont unanimes sur le fait que cette fusion nuirait à la concurrence dans le cloud gaming ». Pour la CMA, la conclusion est sans appel : « le cloud gaming doit continuer d'être un marché libre et concurrentiel ».

Face aux propositions formulées par Microsoft et acceptées par la Commission, la CMA se montre sceptique, car elles « permettraient à Microsoft de fixer les modalités de ce marché pour les 10 prochaines années ». Toujours selon l’autorité de la concurrence, on passerait d’un « marché libre, ouvert et concurrentiel à un marché soumis à une réglementation permanente », aussi bien au niveau des jeux, des plates-formes et des conditions dans lesquelles Microsoft vendrait ses produits. 

Ce sont les raisons qui ont poussé la CMA à dire non aux propositions de Microsoft et donc à rejeter l’accord. L’Autorité en profite pour confirmer sa position : « Bien que nous reconnaissions et respections le fait que la Commission européenne ait le droit d'adopter un point de vue différent, la CMA maintient sa décision ».

Commentaires (19)

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Je vois pas ce qui pose réellement problème; les jeux sont dans un écosystème donné (PC, consoles) et chaque éditeur choisit d’ouvrir ou pas ces écosystèmes aux autres constructeurs pour le bénéfice de leur consommateurs. En quoi ce rachat jouera un quelconque rôle là-dedans ? Qu’un groupe ait plus de poids car il a racheté plusieurs grosses licences ? Et ? J’ai du mal à comprendre l’histoire de la distorsion de concurrence…:roll:

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Disons que la licence Call Of est plutôt majeure et est présente sur PlayStation.
Il faudrait pas que MS la rende exclusive Xbox / Windows …

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Plus précisément, les autorités de la concurrences ont vu qu’il pourrait potentiellement y avoir un diminution de la concurrence si Microsoft décide de jouer cavalier seul sur les licences acquises (Call Of, Diablo, WoW…). Ce ne sont pas de petites licences.



Ensuite ils ont étudié le sujet Cloud Streaming et ont vu que cela représente un tout petit marché naissant mais que possiblement Microsoft pouvait l’enfermer pour son propre compte et en tirer d’énormes bénéfices en diminuant également une concurrence loyale.



Microsoft savait que ce sujet était sur la table et a donc proposé des partenariats de 10 ans (ce qui est beaucoup en termes de business) avec des acteurs actuels du Cloud comme Nvidia, Boosteroid, EE, Nware, etc.
Et en plus de ça une licence pour indéfinie pour les futurs acteurs qui créeraient un système de cloud.



L’EU est totalement OK avec ces concessions. Je vois mal comment on pourrait pas l’être. Sachant que la condition pour cela est que Microsoft doit s’attacher les services d’un auditeur tiers pour contrôler que tout ce qu’il a promis est bien appliqué ; sans quoi il y aura sanction.s.



Le Japon, Brésil, Chili, l’Afrique du Sud sont aussi totalement OK avec l’acquisition.
Il se trame que la Corée, la Chine et L’Australie vont bientôt valider ce qui laisserait le UK en position unique de refus.
Reste le cas des USA avec la FTC qui a un dossier peu épais et centré sur un dogme “les GAFAM sont trop puissants et menteurs” plutôt que sur l’aspect cloud gaming.



Le fait que la CMA UK fasse un tweet sur la décision de l’EU est peu courant. Cela passe aux yeux des analystes et experts comme une justification sous pression de leur décision prise à contresens du reste des études.
Sachant qu’aujourd’hui même, les têtes de la CMA passent en comité devant les “députés” anglais pour justifier leur façon de décider.



A suivre.

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:yes:

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Merci pour ton résumé de la situation, très clair!

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+1 pour le sous titre ! :yes: :incline: :bravo:

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Tant pis pour les Britanniques qui ne vont plus pouvoir jouer aux jeux de Microsoft (y compris ceux anciennement d’Activision).



Le calcul pertes/bénéfices entre fusionner et ne pas vendre au Royaume-Uni ou ne pas fusionner et vendre chez eux devrait être rapide à faire. Je doute que ça soit en faveur du RU !

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yohansolo a dit:


Sachant que la condition pour cela est que Microsoft doit s’attacher les services d’un auditeur tiers pour contrôler que tout ce qu’il a promis est bien appliqué ; sans quoi il y aura sanction.s.


C’est intéressant car les boites ont un passif de faire des tas de promesses et de ne pas les tenir ensuite.
L’auditeur tiers est-il soumis à la validation de l’EU ? Ou ça peux être une filiale de Microsoft… ? :fumer:

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Salut,
à ma connaissance de la lecture des comptes rendus et de ce qu’à dit Vestager (la responsable de la conc EU), ce tiers vérificateur est “à la main” de Microsoft. La frontière est floue effectivement.
Toutefois il est partiellement écrit que cela doit être une personne morale “neutre”. Mais cela veut tout et rien dire.



Je peux effectivement en tant que MS créer un personne neutre avec des gens à ma guise.
En revanche, là où cela ne transige pas côté commission c’est qu’ils ne se gêneront pas pour réguler si cela est nécessaire.
Cela signifie que Microsoft doit également créer un modèle du type “abuse@” qui remontera des infos auprès des instances et mettre en place des outils de résolutions (curatifs ou simplement correctifs).



C’est une position en totale opposition à la CMA qui a écrit et signé que, elle, ne voulait pas à l’avenir, avoir réguler un tel marché naissant. Ce qui est à l’encontre de telles institutions dont le job est justement de s’assurer de la pleine concurrence de marchés ; fussent ils existants ou à naitre…



CheerS/.

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yohansolo a dit:


Plus précisément, les autorités de la concurrences ont vu qu’il pourrait potentiellement y avoir un diminution de la concurrence si Microsoft décide de jouer cavalier seul sur les licences acquises (Call Of, Diablo, WoW…). Ce ne sont pas de petites licences.


Oui en effet mais s’ils décident de ne pas les porter sur d’autres plateformes (ce qui serait con vu la quantité de joueurs), personne ne pourrait y trouver à redire… Tu achètes un produit/licence/soft/whatever, tu as le droit d’en faire ce que tu veux. Que Sony vienne pleurer en disant qu’il n’aurait plus accès à certaines licences (qui lui permettent de vendre des consoles) c’est totalement hors de contexte avec la vente en elle-même !



Sur l’aspect cloud gaming, pareil, c’est pas comme si ils étaient les seuls ou presque à proposer ça. Qu’on vienne dire que c’est une histoire d’accès à des licences données c’est autre chose…

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Je comprends l’idée, mais les autorités de conc, n’étudient pas le sujet dans le même sens que nous.
Effectivement, au sens business, si j’achète le produit pour très cher, j’aurais un droit presque inaliénable d’en faire ce que je veux. Après tout, j’ai payé pour ça. Et celui que j’achète et en plus hyper ok avec le prix que j’en donne.
Tout le monde est d’accord, tout va bien dans le meilleur des monde donc ?.



Eh bien pas vraiment.
Les autorités prennent ensuite en considération ce que tu pourrais faire de ce nouvel attribut de manière immédiate, certes, mais dans un futur d’environ 5 ans. 10 ans quand un marché est totalement installé.
Il y a une jurisprudence UK par le CAT (le tribunal d’appel), entre autre, qui indique qu’estimer un marché naissant au delà de 5 ans est très hasardeux.



Bref, leur job est de voir si avec cette nouvelle puissance il y a un probabilité non négligeable que tu puisses biaiser les conditions de marché envers la concurrence. Et c’est tout à fait normal d’agir ainsi.
On peut s’offusquer qu’un Sony n’ait pas le même traitement aujourd’hui alors qu’il achète et intègre plein de petits studios ; mais le sujet c’est que ce ne sont pas, d’un coup, autant d’aussi fortes licences, en grand nombre. Le biais possible est massif à moyen termes de leur point de vue.



Il faut donc étudier profondément quelles sont les “théories du chaos/dommage/préjudice” que tu pourrais engendrer sur le marché (Theory Of Harm) et en découle des SLC : Significant Lessening of Competition.
Si on trouve que la probabilité que tu mettes le bazar dans le marché est forte, on va te demander de faire des concessions fortes, moindres si c’est moindre, etc.



En revanche si l’autorité fait très mal son travail d’analyse (coucou la CMA), elle peut trouver que toutes tes concessions ne suffisent jamais à baisser les probabilités. Donc on refuse la M&A.
est-ce honnête ? C’est maintenant au CAT d’en juger.



Aux USA, Microsoft veut emmener la FTC au tribunal fédéral pour faire tomber l’affaire car le dossier est tellement peu épais qu’ils ne pourront jamais obtenir une injonction préliminaire qui bloquerait la fusion.



Désolé pour la longueur ^^!

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Merci pour cette réponse éclairée et structurée :chinois:

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alkashee a dit:


Que Sony vienne pleurer en disant qu’il n’aurait plus accès à certaines licences (qui lui permettent de vendre des consoles) c’est totalement hors de contexte avec la vente en elle-même !


Sauf si Microsoft est en position dominante sur le marché via ce rachat. Ce qui voudrait dire qu’il peut vendre les licences à une marque de console et pas l’autre, et donc faire couler cette dernière.
Sachant que Microsoft a déjà l’OS des PC plus une console dans son giron, il peut via des choix stratégiques tuer la concurrence des consoles et promouvoir le PC gaming et l’Xbox.

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Certains ici sont heureux car ils n’ont pas de PlayStation où ils ne réfléchissent pas aussi loin que leurs nez.
Quand Microsoft aura le monopole dans les jeuxVideos , dites au-revoir a la concurrence (Sony risque de disparaitre à moyen terme), au-revoir les consoles physiques, aux disques physiques, dites bonjour aux tout connecté streaming dégueulasse dépendance total des serveurs GAFAM pour jouer , aux augmentation de la GamePass, la début de la mort des jeuxvidéo libre.
Peut être que l’achat ne sera pas toute suite le déclencheur mais le début.

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Dans la réalité, il ne va rien se passer.



Sony est actuellement dans une position de force sur le marché. Ce rachat va juste rééquilibrer la concurrence et Sony ne le veut pas. Il n’est pas rare que les joueurs PlayStation aient des avantages (sur Call of Duty par un heureux hasard).
On peut aussi parler des clauses anti gamepass…



Mais bon, c’est Microsoft le grand méchant qui va détruire le monde…

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Alors la démat et le streaming c’est déjà en place, et ça arrange tous les éditeurs et plateforme, surtout quand la revente/session de jeux est interdite parce qu’ils margent plus.
Donc MS ou Sony ou Nintendo ou nVidia ou Google sur le sujet même combat.



Entre autre anéfé



“PC” c’est réducteur en plus en plus le MS PC de Code :
Tu peux joueur sur IBM PC Compatible sur Windows, Linux, Unix, SteamOs
Tu peux joueur sur Apple Mac (Intel et AppleSilicon
Tu peux joueur sur Mobile et Tablette Android et compatible
Tu peux joueur sur Mobile et Tablette Apple
Tu peux joueur sur IBM PC Compatible sur Windows avec des jeux prévus pour Android et surement sous Unix/Linux également



Effectivement, et EA n’est pas une filiale d’un grand groupe à ma connaissance (pour le moment).

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Kwacep a dit:


Sachant que Microsoft a déjà l’OS des PC


Oui et ? Sur Windows, tu n’es pas obligé d’acheter sur le store Xbox. Tu peux aller chez Steam, Ubi, EA, Epic Game ou GOG. Ce n’est pas centralisé comme sur console.

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  1. Sony vend bien plus de console que Microsoft

  2. Nintendo se porte très bien sans avoir Call Of Duty sur ses consoles

  3. Le plus gros éditeur de JV au monde est Tencent (Chine) et NetEase progresse pas mal, ils vont tout bouffer.

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Il était temps, limite j’ai cru que le rachat a été annulé.

L’Europe favorable à l’achat d’Activision par Microsoft, la CMA persiste et signe dans son refus

  • Les engagements de Microsoft font mouche

  • Une « bonne chose » selon Margrethe Vestager 

  • La CMA « maintient sa décision » de rejeter l’accord

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