Connexion
Abonnez-vous

Intel annonce une « nouvelle » usine aux États-Unis, en évitant toute dissonance avec Trump

Comme un goût de déjà-vu

Intel annonce une « nouvelle » usine aux États-Unis, en évitant toute dissonance avec Trump

Le 09 février 2017 à 10h17

Intel vient d'annoncer la réouverture de sa Fab 42, dans l'Arizona. Elle doit produire les futures puces en 7 nm du fondeur, pour sept milliards de dollars d'investissement. Le projet, présenté avec Donald Trump, arrive en plein débat sur un décret anti-immigration et au milieu d'une restructuration concernant 12 000 emplois.

La photo était belle. Le PDG d'Intel, Brian Krzanich, debout aux côtés de Donald Trump, assis à son bureau présidentiel, les rideaux dorés en fond. Hier, le géant de Santa Clara a annoncé à la Maison blanche l'ouverture d'une « nouvelle » usine, pour un investissement de sept milliards sur plusieurs années.

Il s'agit de la Fab 42, dans l'Arizona, qui doit accueillir la production des prochaines puces 7 nm du fondeur, et promet la création de près de 3 000 emplois directs « à son apogée » et 10 000 emplois indirects. « Nos usines soutiennent l'emploi, des emplois technologiques à haut salaire qui sont les moteurs économiques des Etats où elles sont implantées » se félicite Brian Krzanich, aux côtés du président.

L'usine doit être prête dans trois ou quatre ans, alors que qu'Intel affirme déjà employer 50 000 personnes aux États-Unis.

Une ouverture d'usine en trompe-l'œil

Cette opération de communication est une aubaine pour Donald Trump, qui a fait du retour des emplois sur le sol américain l'un de ses axes de campagne. Cela même si la Maison blanche n'a fourni aucune incitation particulière à Intel pour la « création » de cette usine, comme elle l'a déclaré à CNBC.

Krzanich a tout de même critiqué la politique fiscale menée par les prédécesseurs de Trump, accusée de désavantager le géant des semi-conducteurs face à ses concurrents mondiaux. Dans une lettre à ses employés (PDF), le PDG réitère sa critique et affirme soutenir la direction en matières fiscale et d'investissement de la nouvelle administration.

Si l'annonce de la Fab 42 a été menée en grandes pompes, l'installation est loin d'être nouvelle. Sa construction a été annoncée en 2011, pour un investissement de cinq milliards de dollars. Elle devait déjà accueillir la production de puces, à l'époque jusqu'à 14 nm. À l'époque, le projet avait été dévoilé lors de la visite dans l'Oregon par Barack Obama.

En 2014, Intel a mis un coup d'arrêt à l'usine, sans garantie que les cinq milliards de dollars promis aient été effectivement investis. La principale raison serait la chute des ventes de PC, qui a amené Intel à revoir ses plans. L'installation a été oubliée, et certains outils auraient été dirigés vers l'usine de l'Oregon, selon The Oregonian. À Reuters, le groupe affirmait que l'usine était bien construite, mais qu'aucun équipement de production n'avait encore été mis en place.

La machine doit donc être relancée. Le nouvel investissement de sept milliards de dollars se justifie, entre autres, par les nouveaux équipements que nécessitera la production de puces en 7 nm. Il reste donc à voir si ces promesses seront cette fois tenues, notamment en termes d'emploi.

Intel opposé au décret anti-immigration, sans en parler

La proximité affichée entre le PDG du fondeur et le président républicain soulève une autre question. Le secteur technologique américain est en ébullition depuis plus d'une semaine. Cela à cause d'un décret présidentiel « anti-immigration », censé interdire l'entrée aux États-Unis des ressortissants de sept pays à majorité musulmane, de manière permanente pour la Syrie.

130 entreprises, dont Intel, ont signé une requête pour maintenir la suspension du décret et en abandonner l'idée. Le fondeur est même l'une des premières sociétés à s'être opposée au texte. Face à eux, le département de la Justice compte faire appel de la suspension du décret, pour reprendre le contrôle strict des frontières. Une idée qui ne plaisait pas à Brian Krzanich il y a encore quelques jours.

Dans un tweet daté du 29 janvier, le PDG d'Intel affirme « qu'en tant qu'entreprise cofondée par un immigré, nous soutenons l'immigration légale. Nous apporterons tout le soutien d'Intel aux employés touchés par le décret ». Le message est assez classique pour un patron de la « tech » américaine, au point que ce sont les absences qui ont été les plus remarquées ces derniers jours.

Que ce soit dans ses communiqués ou aux côtés de Trump, le PDG d'Intel n'a pas évoqué une seule fois le sujet. L'heure était bien aux congratulations sur la création d'emplois via cette usine, et non aux questions politiques. Tout juste l'entreprise évoque-t-elle le sujet dans la lettre à ses employés, indiquant vouloir contribuer au débat plutôt que d'être dans l'opposition.

12 000 emplois à supprimer et un revirement sur une « levée de fonds »

L'annonce de la création de 3 000 emplois directs avec la Fab 42 amène à pointer une autre contradiction. Début 2016, le groupe a annoncé une restructuration impliquant 12 000 départs, que l'entreprise est en train de mener.

Sur le premier trimestre 2017, Intel s'attend d'ailleurs à 300 millions de dollars de charges liées à cette opération. La santé financière de l'entreprise n'est pourtant pas en danger. Elle a affiché un bénéfice de 10,3 milliards de dollars en 2016, et prévoit 12,3 milliards pour 2017.

Cette nouvelle rencontre entre Krzanich et Trump est aussi l'occasion de revenir sur un épisode datant de l'an dernier. En juin, alors que Donald Trump partait favori à la primaire républicaine, le patron d'Intel a été remarqué pour une soirée qu'il organisait en sa faveur. Au New York Times, Intel affirmait que cette soirée de levée de fonds incluait « un échange complet d'idées », avant que l'événement ne soit annulé sans explication.

À Fortune, Krzanich déclarait plus tard qu'il s'agissait d'abord d'une « conversation » sur des sujets comme la diversité. Elle s'est ensuite avérée être une soirée de levée de fonds. C'est à ce moment qu'il aurait décidé d'annuler. « Ce n'est pas notre affaire de soutenir une personne » a-t-il ajouté. Comme le notait le New York Times, afficher son soutien à Trump était rare, dans un secteur où Hillary Clinton semblait bien être la préférée.

Commentaires (21)

Vous devez être abonné pour pouvoir commenter.

Abonnez-vous
votre avatar



C’est à ce moment qu’il aurait décidé d’annuler. « Ce n’est pas notre affaire de soutenir une personne » a-t-il ajouté. Comme le notait le New York Times, afficher son soutien à Trump était rare, dans un secteur où Hillary Clinton semblait bien être la préférée.





Ils ont parié sur Hillary, ils ont perdu, et maintenant ils doivent faire acte de contrition.



J’arrive pas à savoir si ca me fait plaisir ou non de voir les ambitieux PDG obligés de courber l’échine devant l’empereur Trump.

votre avatar

J’adore la façon dont les grosses boites gagnent sur les deux tableaux :




  • “c’est la crise! je suis obligé de licencier 12 000 emplois!” => économies de masse salariale

  • “Notre plan de licenciement va nous coûter une blinde! On provisionne 300 millions de charge…”  => moins d’impôts a payer.

votre avatar







YohAsAkUrA a écrit :



t’es médecin? t’as eu un entretien privé avec lui? sur quoi tu te base pour affirmer qu’il souffre de quelque maladie que se soit (physique ou mentale) ?   





Sur sa coiffure. <img data-src=" />


votre avatar

En tout cas, joli coup de pub pour INtel. On fabrique en Amérique (avec des robots), ça va créer 3000 emplois (au chômage après la fin de la construction) et hop, ni vu ni connu.<img data-src=" />

votre avatar

Et coup de pub pour Trump, “Grace a moi, 3000 emplois!”.

Et ca permet a tout le monde de cacher les licenciements

votre avatar

Je pense que ton commentaire est mal venu, car&nbsp;le pdg d’Intel faisait&nbsp;partie de ce que je lis des rares soutiens. Bon un soutiens timide mais les signes sont là.

&nbsp;

Après on peut soutenir et pas être en totale accord avec son décret comme le montre le tweet.

votre avatar

de ce que j’ai compris, les 7 Milliards, c’est en plus. par contre pour les 5 Milliards initiaux, c’est pas sûr qu’ils aient été utilisés. pas pour cette usine en tout cas. (une construction d’usine sans matériels dedans, c’est pas 5 Milliards)

votre avatar







frscot a écrit :



Et coup de pub pour Trump, “Grace a moi, 3000 emplois!”.

Et ca permet a tout le monde de cacher les licenciements





<img data-src=" />


votre avatar

C’est incroyable le sens critique contre Trump, je ne le défends pas mais au moins il essaie de rappatrier l’emploi aux USA contrairement à Barack et Clinton qui n’aurait rien fait. C’est vrai c’est mieux d’exploiter des gens en Chine. Moi je lui tire mon chapeau pour arriver à faire plier des boîtes comme ça.



<img data-src=" />

votre avatar







matroska a écrit :



Moi je lui tire mon chapeau pour arriver à faire plier des boîtes comme ça.



<img data-src=" />





<img data-src=" />

J’ai failli répondre, puis j’ai vu le smiley.


votre avatar

non mais t’y crois vraiment à ce que tu écris? Où tu vois que c’est réellement grâce à lui qu’Intel fait ça?????



Et puis dire qu’on veut des emplois dans son pays…. c’est un peu enfoncer une porte ouverte, j’ai rarement entendu des politiques dire qu’ils veulent détruire des emplois dans leur pays…

Le truc c’est juste qu’un mur avec le Mexique n’est certainement pas la solution…

Et ça me fait toujours marrer qu’un pays construit sur l’immigration soit autant contre l’immigration… car les petits autochtones sont parqués dans des camps… y a qu’eux qui ne sont pas des immigrés.



EDIT : ha je nourris le troll? peut-être remarque <img data-src=" />

votre avatar







Minikea a écrit :



de ce que j’ai compris, les 7 Milliards, c’est en plus. par contre pour les 5 Milliards initiaux, c’est pas sûr qu’ils aient été utilisés. pas pour cette usine en tout cas. (une construction d’usine sans matériels dedans, c’est pas 5 Milliards)





J’ai relu et je n’arrive pas à comprendre ce qu’ils ont fait sur la première tranche.


votre avatar

Me demande si ils n’y aurait pas quelques hommes des services secret tenant en joue le PDG d’Intel, il à l’air de faire une tête d’enterrement.<img data-src=" />

votre avatar







127.0.0.1 a écrit :



J’arrive pas à savoir si ca me fait plaisir ou non de voir les ambitieux PDG obligés de courber l’échine devant l’empereur Trump.







Boarf, je suis pas sur qu’ils courbent tant l’échine que ça. Devant les médias, ils donnent l’impression de ceder, mais si on gratte un peu la surface, ils sortent toujours gagnants



Quelques exemples:



Ford renonce à son usine au Mexique. Sauf que l’usine en question aurait du construire des Focus. Une voiture qui ne doit son sucés aux USA qu’a la flambée du pétrole de 2008, et qui se vends super mal depuis que le baril est redescendu. Le projet aurait fini par capter, que ce soit avec trump ou clinton. Bénefice pour le Michigan: Rien



Intel qui arrange bien la vérité à sa sauce, la encore ce n’est pas pour les beaux yeux de Trompette premier qu’ils relancent la fab42, mais plutôt pour rattraper leur retard sur la concurrence, et recenter ce site sur d’autres produits que le x86 moribond .



Et enfin Apple, qui envisage de relocaliser une partie de la fabrication de certains de leurs produits.

En d’autre termes, ils vont peut être assembler aux usa les mac pro très haut de gamme, ou éventuellement sortir un iphone “de luxe”. Bref, une goutte d’eau dans les ventes d’apple



Au final, les ouvriers étasuniens auront peut être un peu plus d’emploi (et encore ca n’est pas garanti sur le long terme), mais ils vont y perdre sur tout les autres points. N’oublions pas que trump et son équipe veulent aussi supprimer le salaire minimum, déréguler partout ou c’est possible,



Tout ce qui risque de se produire avec une telle politique c’est une explosion des travailleurs pauvres, les nouveaux emplois “made in trump” ne permettant pas de vivre décemment, une flambée des maladies professionnelles (merci la dérégulation) et peut etre une nouvelle crise de l’immobilier qui va foutre des milliers de personnes dans la rue.



Dans le même temps, les marques Us ne vont pas se gêner pour augmenter joyeusement leurs tarifs, officiellement pour “compenser” les 5% de produits qu’ils auront relocalisés.



votre avatar







Minikea a écrit :



(une construction d’usine sans matériels dedans, c’est pas 5 Milliards)





<img data-src=" />

“sans garantie que les cinq milliards de dollars promis aient été effectivement investis”

“et certains outils auraient été dirigés vers l’usine de l’Oregon”





Ami-Kuns a écrit :



Me demande si ils n’y aurait pas quelques hommes des services secret tenant en joue le PDG d’Intel, il à l’air de faire une tête d’enterrement.<img data-src=" />





Non, BK a toujours eu cette tête, dsl.





lionnel a écrit :



Intel qui arrange bien la vérité à sa sauce, la encore ce n’est pas pour les beaux yeux de Trompette premier qu’ils relancent la fab42, mais plutôt pour rattraper leur retard sur la concurrence, et recenter ce site sur d’autres produits que le x86 moribond .





<img data-src=" />

Certes, la poule pond un peu moins d’oeufs en or, mais faut pas déconner non plus, 10Myards de bénefs pour 60Myards de CA, c’est parmi les plus grands taux.

Et justement, s’ils peuvent se permettre des taux aussi scandaleux, c’est parce qu’il n’y a personne en face, donc leur “retard sur la concurrence”, je saisis mal ton propos.

<img data-src=" />

D’ailleurs, ils n’ont jamais sorti leurs technos dernier cri en dehors des frontières pour pas se faire piller cette avance technologique (exception pour Israël).

Donc bon, rien de neuf, hein?

<img data-src=" />


votre avatar

LE 7NM ? Alors que le 10 NM prend la même tournure que le 14NM ?





La moquette toussa…

votre avatar

Krzanich est une catastrophe ambulante pour Intel :oCette comm’ vide c’est tout à fait caractéristique de sa politique.

votre avatar

Donc c’était ça la visite chez le malade de Trump ?

votre avatar

D’un coté, cela peut choquer un comptable car 5 milliards ont déjà été investi et finalement ils n’investiront que 2 milliards.



D’un autre coté, il ne faut pas sous-estimer l’aspect psychologique induit par cette communication. Trump utilise la méthode Coué, “tout va très bien madame la marquise” qui marche très bien dans nos entreprises et il la transpose aux plus hautes fonctions de son Etat. Il a donc fait appel à son ami de 30 ans, Brian.

votre avatar







Gilbert_Gosseyn a écrit :



Donc c’était ça la visite chez le malade de Trump ?





t’es médecin? t’as eu un entretien privé avec lui? sur quoi tu te base pour affirmer qu’il souffre de quelque maladie que se soit (physique ou mentale) ?



&nbsp;



&nbsp;


votre avatar

Bon !

La Fab 42, dans l’Arizona

Reste plus qu’à Trump de faire un petit alinéa à sa loi anti-immigration :

Les terroristes-dealers-violeurs clandestins mexicains sont acceptés dans l’Etat de l’Arizona, dans la limite des 3000 premiers arrivants.

Pour l’Oregon, 2000 chinois et phillipins pourront bénéficier des mêmes conditions d’accueil… <img data-src=" />



<img data-src=" />

Intel annonce une « nouvelle » usine aux États-Unis, en évitant toute dissonance avec Trump

  • Une ouverture d'usine en trompe-l'œil

  • Intel opposé au décret anti-immigration, sans en parler

  • 12 000 emplois à supprimer et un revirement sur une « levée de fonds »

Fermer