Personnellement, au risque de me répéter, je suis contre l’initiative, bien que légitime quand on prend en compte ce que tu dis, parce que l’effet est pervers et risque, à terme s’il n’y a pas un “watchdog”, une souveraineté de la VOD.
C’est une forme de protectionnisme: il n’y a pas le même genre de levée de bouclier quand Canal finance un film, le diffuse en salle et tout suite après sur son service de VOD.
Tant que c’est assumé et que les autres acteurs acceptent la chose sans broncher, disons que c’est une victoire pour la culture française.
Mais est-ce que c’est tenable lorsque le producteur est étranger, qu’il fait du film français avec des acteurs français, des réalisateurs français, voire même des techniciens français, et que sa contribution se limite à apporter de l’argent ?
Je ne suis pas un grand fan des plateformes du genre Netflix ou Amazon, j’ai une préférence pour nos champions nationaux, et je comprends bien l’indéniable objectif publicitaire sous-jacent à l’affaire, mais du point de vue du droit des affaires justement, je pense que l’argument est plutôt mince, notamment de la part d’une industrie subventionnée par l’Etat.
Ajouter encore un machin administratif pour réguler tout ça me semble contre productif: cela va l’exposer à un lobbying acharné et à la corruption.
Peut-être faut-il repenser le tout en profondeur, car je doute qu’une poignée de règlements supplémentaires changent vraiment la donne: les acteurs comme Netflix disposent vraiment de beaucoup de moyens financiers. La solution n’est en tout cas pas simple ni évidente.
Le
27/10/2021 à
15h
35
Oui, je pense qu’il s’agit de cela si on considère “l’exception culturelle française”, qui date de la création du ministère des affaires culturelles en 1959, dirigé par André Malraux, très proche de Charles de Gaulle. Le ministère des affaires culturelles est une émanation du ministère de l’information dont le rôle est de garantir l’expansion et le rayonnement de la culture française. C’est d’ailleurs A. Malreaux qui rattache le CnC au ministère de la culture en 1959. Il considère que la culture doit être administrée par l’Etat. Et Charles de Gaulle était réputé pour ne pas vouloir laisser la France se faire dominer par les Etats-Unis ou n’importe quelle autre puissance.
A mon avis, cela dépasse le cadre d’un simple protectionnisme de “l’industrie culturelle” (on devrait plutôt utiliser “industrie du divertissement” désormais).
La question est de savoir si les acteurs actuels continuent ce qui ressemble à une lutte par habitude ou s’ils sont dans une confidence ignorée du public (sans rentrer dans le complotisme svp): si les règles originelles ont construit un écosystème confortable pour un ensemble d’acteurs, ceux-ci ont forcément tendance à vouloir le préserver, même si les raisons ne sont plus connues ou reconnues.
Le
27/10/2021 à
12h
23
Concernant les détracteurs de l’initiative, il me semble qu’il s’agit encore d’un manque de compréhension du fonctionnement de l’ensemble.
La source du problème est à mon avis située du côté des rôles de chacun, et dans l’histoire, Netflix est à la fois distributeur et producteur.
Dans son rôle de producteur, au même titre que les fleurons français (Canal, TF1, M6), je ne comprends pas pourquoi Netflix n’aurait pas droit au même traitement que les autres.
Mais si l’on creuse un peu plus et que l’on touche aux raisons fondamentales, il s’agit peut-être tout simplement d’un vivace patriotisme qui trouve ses racines dans la lutte de pouvoir par l’évangélisation culturelle, très usité par les confrères outre-atlantique depuis longtemps. C’est d’ailleurs la seule raison d’être de tous nos machins drainant des sommes colossales pour produire des films de médiocre qualité: il faut occuper le terrain avec notre propre culture, par des moyens financiers, par des quotas (en quantité ou en budget) ou par du lobbying.
3 commentaires
Les distributeurs du cinéma indépendant critiquent l’organisation d’un « festival Netflix »
27/10/2021
Le 27/10/2021 à 15h 57
C’est une forme de protectionnisme: il n’y a pas le même genre de levée de bouclier quand Canal finance un film, le diffuse en salle et tout suite après sur son service de VOD.
Tant que c’est assumé et que les autres acteurs acceptent la chose sans broncher, disons que c’est une victoire pour la culture française.
Mais est-ce que c’est tenable lorsque le producteur est étranger, qu’il fait du film français avec des acteurs français, des réalisateurs français, voire même des techniciens français, et que sa contribution se limite à apporter de l’argent ?
Je ne suis pas un grand fan des plateformes du genre Netflix ou Amazon, j’ai une préférence pour nos champions nationaux, et je comprends bien l’indéniable objectif publicitaire sous-jacent à l’affaire, mais du point de vue du droit des affaires justement, je pense que l’argument est plutôt mince, notamment de la part d’une industrie subventionnée par l’Etat.
Ajouter encore un machin administratif pour réguler tout ça me semble contre productif: cela va l’exposer à un lobbying acharné et à la corruption.
Peut-être faut-il repenser le tout en profondeur, car je doute qu’une poignée de règlements supplémentaires changent vraiment la donne: les acteurs comme Netflix disposent vraiment de beaucoup de moyens financiers.
La solution n’est en tout cas pas simple ni évidente.
Le 27/10/2021 à 15h 35
Oui, je pense qu’il s’agit de cela si on considère “l’exception culturelle française”, qui date de la création du ministère des affaires culturelles en 1959, dirigé par André Malraux, très proche de Charles de Gaulle.
Le ministère des affaires culturelles est une émanation du ministère de l’information dont le rôle est de garantir l’expansion et le rayonnement de la culture française.
C’est d’ailleurs A. Malreaux qui rattache le CnC au ministère de la culture en 1959.
Il considère que la culture doit être administrée par l’Etat.
Et Charles de Gaulle était réputé pour ne pas vouloir laisser la France se faire dominer par les Etats-Unis ou n’importe quelle autre puissance.
A mon avis, cela dépasse le cadre d’un simple protectionnisme de “l’industrie culturelle” (on devrait plutôt utiliser “industrie du divertissement” désormais).
La question est de savoir si les acteurs actuels continuent ce qui ressemble à une lutte par habitude ou s’ils sont dans une confidence ignorée du public (sans rentrer dans le complotisme svp): si les règles originelles ont construit un écosystème confortable pour un ensemble d’acteurs, ceux-ci ont forcément tendance à vouloir le préserver, même si les raisons ne sont plus connues ou reconnues.
Le 27/10/2021 à 12h 23
Concernant les détracteurs de l’initiative, il me semble qu’il s’agit encore d’un manque de compréhension du fonctionnement de l’ensemble.
La source du problème est à mon avis située du côté des rôles de chacun, et dans l’histoire, Netflix est à la fois distributeur et producteur.
Dans son rôle de producteur, au même titre que les fleurons français (Canal, TF1, M6), je ne comprends pas pourquoi Netflix n’aurait pas droit au même traitement que les autres.
Mais si l’on creuse un peu plus et que l’on touche aux raisons fondamentales, il s’agit peut-être tout simplement d’un vivace patriotisme qui trouve ses racines dans la lutte de pouvoir par l’évangélisation culturelle, très usité par les confrères outre-atlantique depuis longtemps.
C’est d’ailleurs la seule raison d’être de tous nos machins drainant des sommes colossales pour produire des films de médiocre qualité: il faut occuper le terrain avec notre propre culture, par des moyens financiers, par des quotas (en quantité ou en budget) ou par du lobbying.