Accusée d'avoir illégalement téléchargé 20 milliards de photos sur des médias sociaux, tels que Facebook, LinkedIn et Instagram, entre autres, afin d'aider les autorités à identifier des suspects, la très controversée société de reconnaissance biométrique faciale Clearview AI vient d'aider un avocat à innocenter un Américain injustement accusé d'homicide, rapporte le New York Times.
En 2017, Andrew Grantt Conlyn était victime d'un accident de voiture après que l'un de ses amis, qui la conduisait, en état d'ébriété et en excès de vitesse, ait fait une embardée.
Coincé dans la voiture par sa ceinture de sécurité, il n'eut la vie sauve que grâce à un inconnu qui parvint à l'extraire du véhicule en feu. Le conducteur, éjecté de la voiture, était mort.
En 2019, Conlyn fut accusé d'avoir conduit la voiture : il risquait jusqu'à 15 ans de prison. La police avait certes parlé avec son sauveur, et enregistré leur conversation avec leurs caméras corporelles, mais pas noté son identité ni ses coordonnées.
Après avoir passé des centaines d'heures à le rechercher, son avocat implora Hoan Ton-That, le directeur général de Clearview AI, à tenter de les aider à l'identifier :
« Je suis conscient que votre entreprise ne fournit son logiciel de reconnaissance faciale qu'aux forces de l'ordre. Que se passe-t-il si ces mêmes agences refusent d'utiliser Clearview AI pour identifier un témoin oculaire autrement non identifié qui pourrait innocenter une personne innocente ? »
Autorisé à utiliser Clearview parce qu’il avait été commis d’office, et donc mandaté et rétribué par les autorités, son avocat parvint, « en deux secondes », à retrouver une photo du bon samaritain, confirmant par ses tatouages qu'il s'agissait bien de lui.
Après avoir passé des années à raconter cette mésaventure, ce dernier explique avoir été choqué de découvrir comment il a été identifié, alors que la police n'avait pas pris la peine de relever son identité : « il avait entendu parler de la technologie de reconnaissance faciale, mais pensait qu'elle n'était utilisée que pour trouver des criminels », explique le New York Times :
« Je suis reconnaissant qu'ils m'aient trouvé. Je ne voulais pas qu'un innocent soit envoyé en prison pendant 15 ans pour quelque chose qu'il n'a pas fait. »
Clearview AI propose donc désormais aux avocats de clients « indigents » et commis d’office « des essais gratuits de 30 jours, comme elle le fait pour ses clients des forces de l'ordre ».
« Cela met vraiment tout le monde sur un pied d'égalité », explique Hoan Ton-That. « Les gens verraient la technologie d'un tout autre œil si les avocats commis d'office y avaient également accès », ajoutant que cet accès « renforcerait la confiance dans le système ».
Kashmir Hill, la journaliste du New York Times autrice de l'article, constate de son côté que la moitié des mentions, sur Twitter, « capture vraiment la nuance et la complexité inhérentes à une technologie capable à la fois du bien et du mal », mais que l'autre moitié la traite d'« imbécile propagandiste », concluant que « c'est pour ça que j'aime Twitter ».
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