C’est une nouvelle enquête « palpitante » du Service Interrégional Est de l’ANFR, lancée suite à une plainte pour brouillage d’un opérateur mobile, dans la Moselle.
Le brouillage était large : « Toutes les bandes de téléphonie mobile utilisées par ce relais pour la 2G, la 3G et la 4G étaient affectées. Mais le brouillage allait même au-delà : le GPS ainsi que le Wifi dans la bande 2, 4 GHz n’étaient pas non plus indemnes ».
Pas de doute sur l'auteur : « un brouilleur d’ondes, équipement interdit au public ». Souvent utilisé pour couvrir des activités criminelles, l’ANFR était assistée de la police pour entrer dans l’appartement identifié comme source du brouillage.
« L’endroit était surprenant : les murs de l’appartement étaient tapissés d’aluminium et de couvertures de survie. Laboratoire clandestin ? Tanière d’extra-terrestres ? Rien de tout cela… L’occupant des lieux, qui n’avait rien d’un héros de science-fiction, se plia de bonne grâce aux exigences des enquêteurs. En toute candeur, il leur présenta spontanément un superbe brouilleur multibandes à l’origine de perturbations dans tout le quartier ».
La suite va vous surprendre : « Informé du caractère illégal de la possession d’un tel équipement, il ne se confondit pourtant pas en excuses. En effet, il expliqua aux forces de l’ordre qu’il se considérait comme électro hypersensible. C’était la raison pour laquelle il avait équipé tout son appartement de tapisseries métalliques, dans l’espoir d’en faire une cage de Faraday. Quant au brouilleur, il l’utilisait, selon lui, à des fins thérapeutiques ».
Cette personne, qui se présente comme électro hypersensible, craignait la présence d’ondes et aurait même « constaté que ses symptômes disparaissent chaque fois qu’il s’installait à côté de son brouilleur allumé ».
La réalité est tout autre, comme le rappelle l’Agence nationale des fréquences : « Un comble, quand on sait qu’un brouilleur émet lui-même des ondes… C’est d’ailleurs le fondement même du fonctionnement d’un brouilleur : à la manière d’une musique très forte qui, sur une piste de danse, empêche toute conversation, un brouilleur émet des ondes suffisamment puissantes pour rendre inaudibles les signaux transmis sur les fréquences légitimes ! ».
Pire encore, « Dans cet appartement, les effets du brouilleur étaient d’ailleurs amplifiés : les murs étaient tapissés d’aluminium, « pour que les ondes n’entrent pas », disait notre bonhomme ; mais il n’avait pas réalisé que son blindage artisanal favorisait des échos multiples et… entravait leur sortie ».
L’Anses a publié il y a quelques années un rapport sur l’hypersensibilité aux ondes électromagnétiques. Elle notait « l’absence de preuve expérimentale solide permettant d’établir un lien de causalité entre l’exposition aux champs électromagnétiques et les symptômes décrits par les personnes se déclarant EHS », c'est-à-dire électrohypersensibles. Elle reconnaissait néanmoins que la souffrance et les douleurs « correspondent à une réalité vécue ».
L’affaire a duré plusieurs mois puisque les brouillages ont recommencé de manière intermittente par la suite. Cela se termine par une perquisition, la saisie de plusieurs brouilleurs et une comparution devant le Tribunal Judiciaire.
L’affaire se termine ainsi : « Le tribunal a déclaré cette personne coupable des faits qui lui étaient reprochés, mais le procureur de la République, ayant considéré qu’il n’y avait pas eu « d’intention de perturber l’ordre public ou de commettre un acte de délinquance », a demandé la simple confiscation de ses quatre brouilleurs, ainsi que le paiement du droit fixe de procédure ».
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