« Qui ne s’est jamais posé la question de la possibilité d’être écouté par l’un de ses appareils suite à l’affichage d’une publicité particulièrement pertinente ? », s'interroge le Laboratoire d'innovation numérique de la CNIL (LINC). La prolifération de terminaux connectés pose en effet la question de qui active leurs micros, collecte et analyse leurs enregistrements.
L'ADN revenait lui aussi récemment sur ce qu'il qualifiait de « théorie pas si complotiste que ça ». Si les témoignages de gens persuadés d'avoir vu s'afficher des publicités après qu'ils aient prononcé un mot particulier sont nombreux, « ces derniers sont bien souvent débunkés ». Il n'existerait de fait « aucune preuve scientifique tangible à ce jour », écrit LINC, qui évoque notamment le témoignage d'Antonio Garcia-Martinez, un ancien product manager de Facebook :
« Pour y parvenir, Facebook devrait enregistrer tout ce que votre téléphone entend lorsqu'il est allumé. Cela équivaut fonctionnellement à un appel téléphonique permanent entre vous et Facebook. En supposant que vous ayez votre téléphone allumé la moitié de la journée, cela représente environ 130 Mo par jour et par utilisateur. Il y a environ 150 millions d'utilisateurs actifs quotidiens aux États-Unis, ce qui représente environ 20 pétaoctets par jour, rien qu'aux États-Unis. Pour mettre cela en perspective, l'ensemble du stockage de données de Facebook ne représente "que" 300 pétaoctets environ, avec un taux d'ingestion quotidien d'environ 600 téraoctets. En d'autres termes, une surveillance audio constante produirait environ 33 fois plus de données par jour que ce que Facebook consomme actuellement. »
L'ADN relève cela dit que des SDK « sont non seulement capables de recueillir des données très privées, comme les moments ou les utilisateurs de Tinder venaient de conclure avec leur match, mais aussi des données issues du micro du smartphone ». Des chercheurs avaient ainsi découvert en 2018 que, sur 17 000 applications populaires Android, 8 000 recueillaient des données récoltées par Facebook.
Des « permissions inappropriées et attentatoires à la vie privée (possibilité de prendre des captures d’écran, d’accéder à la caméra, etc.) avec dans certains cas des transmissions vers des acteurs tiers à l’insu des utilisateurs », confirme le LINC. Il fournit par ailleurs plusieurs autres explications rationnelles, rappelant notamment le cas de ce défenseur de la vie privée qui, suite à un séjour chez sa mère, s'était vu proposé la marque de dentifrice utilisé par celle-ci sur son compte Twitter…
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