Le ministère des armées a présenté mercredi 20 octobre sa « doctrine militaire de lutte informatique d’influence » (L2I), à savoir les « opérations militaires conduites en appui de nos forces, dans le champ informationnel, pour détecter, caractériser et contrer les attaques », rapporte La Croix.
Cette nouvelle doctrine vient compléter celle relative à l’action dans le cyberespace, qui comprend la lutte informatique défensive (LID) et offensive (LIO), précise le ministère. En réponse à la militarisation des réseaux sociaux sur ses théâtres d'opérations militaires extérieures (OPEX), la France entend en effet « gagner la guerre avant la guerre ».
Il s’agit de « contrer la propagande djihadiste des comptes qui appellent à tuer des Français, ou des déformations de réalité, comme une photo prétendant montrer une scène d’un soldat tué, décapité », explique le ministère.
L’armée française ne s’interdit pas non plus de contenir ou « discréditer, y compris par la ruse, une attaque informationnelle » ou d’« induire l’adversaire en erreur » par des « opérations de déception », c’est-à-dire laisser penser qu’on est à un endroit alors qu’on se trouve ailleurs.
« Pour chaque opération, des règles opérationnelles d'engagement (ROE) sont élaborées afin de définir les circonstances et les conditions dans lesquelles les opérations de L2I peuvent être mises en œuvre, compte tenu des contraintes et des finalités politiques, opérationnelles et juridiques auxquelles elles doivent répondre », précise le ministère à la Tribune.
« Il y a des choses que nous ne ferons pas. Nous en tant que démocratie, nous avons des limites et nous appliquerons des normes éthiques », a assuré le ministère des Armées. Pas question notamment de transgresser en temps de paix la Charte des Nations unies et le principe de non-ingérence.
« Il n'est pas envisageable par exemple d'influencer des processus électoraux étrangers », explique le ministère, qui ne fera pas non plus « de la manipulation d'informations », en utilisant par exemple les médias, et ne diffusera pas « de fausses informations de façon intentionnelle ».
« Quand les réseaux sociaux amplifient les théories du complot et participent à répandre l'idée – absurde autant que mensongère – que le vaccin consiste à implanter des puces 5G pour surveiller la population, alors le constat est sans appel : oui, la désinformation tue », a rappelé Florence Parly. Pour autant, « les armées françaises ne conduiront pas d’opération informationnelle sur le territoire national », précise Ligne de défense.
Ces tâches sont dévolues à des unités militaires spécialisées du Centre interarmées des actions sur l'environnement (CIAE), sous le contrôle par le commandement de la cyberdéfense (COMCYBER), qui sont inspirés notamment du modèle des unités américaines dites « Webops », qui appuient l’action des commandements stratégiques liés à chaque région du monde.
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