Des éditeurs remplacent leurs traducteurs par des IA
Le 27 mai 2024 à 15h28
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IA et algorithmes
IA
« Il n’y a aucune raison que l’édition vive dans une réserve alors que l’intelligence artificielle finira par être utilisée dans tous les secteurs », explique au Figaro Renaud Lefebvre, directeur général du syndicat national de l’édition (SNE).
« Le téléphone a commencé à moins sonner, puis les deux maisons avec qui j’ai l’habitude de travailler m’ont tout simplement annoncé qu’elles préféraient se tourner vers des solutions d’intelligence artificielle, faute de moyens », confie de son côté Capucine, traductrice de livres pratiques, d’ouvrages de développement personnel et de biographies de stars.
« C’est la deuxième maison en quatre mois qui me propose des contrats au rabais, en troquant mon statut d’auteur pour celui de prestataire de services », témoigne un autre traducteur : « On me demande désormais d’éditer à la marge des textes, qui ont préalablement été traduits par une machine ».
« Dans les traductions littéraires, l’utilisation de l’intelligence artificielle n’est pas envisageable », tempère Anne Michel, à la tête du département étranger chez Albin Michel, qui note que « Dans les contrats rédigés par les maisons d’édition anglo-saxonnes, il est désormais demandé très spécifiquement, depuis plus de six mois, que les traductions soient faites par des humains et non par la machine ».
A contrario, des éditeurs de BD, mangas et webtoons se tournent désormais vers GeoComix/ComixSuite, une start-up française qui développe depuis 8 ans « une Intelligence Artificielle unique capable d'extraire et d'analyser tous les éléments présents sur une page de bande dessinée », de sorte d'automatiser la traduction et la réécriture des légendes dans plusieurs langues.
Une société britannique, DeepZen, « promet de son côté aux éditeurs de diviser par dix le temps de production d’un livre audio, et par quatre le coût de conception ». Le Figaro relève qu'Audible « propose déjà plus de 40 000 livres audio dont les voix sont générées par IA », et que le deuxième groupe d’édition du monde, HarperCollins, vient de son côté d’officialiser un partenariat avec la start-up de clonage de voix, ElevenLabs, afin d’élargir son catalogue de livres audio en langues étrangères à coût réduit.
« Nous sommes dans un moment pivot. C’est inévitable que des emplois soient décimés dans les prochains mois », explique au Figaro Stephan Kalb, membre du bureau de l’association professionnelle LESVOIX qui, avec le Syndicat Français des Artistes interprètes (SFA), a lancé une pétition en janvier, Pour un doublage créé par des humains pour des humains, qui affiche plus de 120 000 signatures :
« Nous risquons d’être parmi les premier·es à être remplacé·es, à très court terme par les outils de l’intelligence artificielle générative (IAG), capables de traduire, cloner, synthétiser des textes, des voix, des interprétations et des émotions avec une similitude étonnante. Nous sommes en première ligne car le traitement des données vocales nécessite moins de puissance de calcul que l’image. »
Le 27 mai 2024 à 15h28
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