Pierre-Edouard Stérin, le pilier de la French Tech qui veut porter le RN au pouvoir
Le 23 juillet 2024 à 14h00
3 min
Société numérique
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Fondateur de Smartbox, candidat au rachat de Marianne rejeté par la rédaction du média, Pierre-Édouard Stérin a longtemps été un discret entrepreneur devenu investisseur, au point de figurer plusieurs fois en première position du Panthéon des Business Angels français, devant Xavier Niel.
Avec son fonds de capital-risque Otium capital (en latin, otium se réfère au temps libre), il finance toutes sortes de sociétés de la French Tech, du fabricant de systèmes d’IA génératives à destination des entreprises LightOn au créateur de substituts alimentaires Feed, en passant par la solution de paiement PayFit, l’expert de la gestion de données Quinten, l’école « 100 % datadriven » Albert School ou… le Puy du Fou (dont les parts ont été cédées en 2017).
En 2022, Otium Capital a lancé le fonds Résonance, spécifiquement dédié aux investissements dans la French Tech.
Oui mais voilà : sa tentative de rachat de Marianne a attiré l’attention sur cet exilé fiscal en Belgique, qui se place au rang de 94e fortune de France. Révélant, en mai, ses liens très proches avec le Rassemblement National, une enquête du Monde provoquait la grève de la rédaction de Marianne, vent debout contre sa reprise par un tel profil – les discussions ont, depuis, été suspendues.
Fort de ses 1,2 milliard d’euros, Pierre-Édouard Stérin se crée pourtant une place dans le paysage médiatique français, via des investissements dans les médias en ligne NEO, Le Crayon, dans le magazine conservateur Factuel et dans l’agence d’influenceurs Marmeladz.
Catholique fervent, Pierre-Édouard Stérin prévoit de « donner tout » de son vivant. En 2021, il a créé un Fonds du Bien Commun, auquel il reverse 50 % des gains dégagés par Otium chaque année – dans l’idée d’arriver à 200 millions d’euros d’ici 2030.
Et si la dimension sociale de plusieurs des projets soutenus par cette fondation est évidente – Bonne Table emploie des sans-abris, les Bullotins animent des crèches pour les petits présentant des retards de développement –, d’autres sont plus nettement portés par une logique catholique.
Surtout, L’Humanité a révélé le 19 juillet l’existence d’un plan « PERICLES », rédigé fin 2023 à la manière d’un business plan de start-up, et selon lequel Pierre-Édouard Stérin prévoit de dépenser 150 millions d’euros gagnés par ses activités dans l’entrepreneuriat et l’investissement pour porter le Rassemblement national au pouvoir.
Pericles, pour « Patriotes, Enracinés, Résistants, Identitaires, Chrétiens, Libéraux, Européens, Souverainistes », et pour « lutter contre les maux principaux de notre pays (socialisme, wokisme, islamisme, immigration) », indique les slides dudit plan.
On y lit aussi une volonté de mettre tous les moyens possibles, y compris numériques, à l'appui de la création d'un axe Les Républicains-RN-Reconquêtes.
Joint par Mediapart, François Durvye, le bras droit de Pierre-Édouard Stérin, a confirmé l’authenticité du document Périclès et affirme avoir « une relation de confiance » avec M. Le Pen et J. Bardella, qu'il conseille sur les sujets économiques.
Le 23 juillet 2024 à 14h00
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