Les experts cyber du ministère de l’Intérieur doutent de la faisabilité de #ChatControl
Le 09 septembre à 16h49
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Sécurité
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« Depuis qu’existe la lutte contre la cybercriminalité, les liens avec le monde de la recherche n’ont jamais été aussi riches qu’aujourd’hui », explique le 8ᵉ numéro de La MInute Cyber, la lettre d'information du Commandement du ministère de l’Intérieur dans le cyberespace (COMCYBER-MI), qu'il a partagée sur LinkedIn et X.com.
Rédigée par des experts cyber de la gendarmerie, elle évoque plusieurs des nombreux projets académiques et universitaires auquel le Commandement contribue. Elle rappelle que « la communauté française de recherche en cybersécurité est en effet particulièrement riche et couvre de nombreuses dimensions et approches qui contribuent à la lutte contre les cybermenaces », y compris du côté des sciences sociales :
« Le COMCYBER-MI milite notamment pour renforcer les liens entre les sciences de l’information et les sciences humaines, et nos nombreux échanges avec la communauté montrent qu’il existe un fort intérêt en ce sens. »
En termes feutrés et choisis, le COMCYBER-MI relève par ailleurs que la proposition de la Commission européenne de règlement renforçant la lutte contre les abus sexuels sur mineurs, surnommé #ChatControl par ses nombreux opposants, soulève un certain nombre de problèmes.
Si le renforcement de la prévention et de la lutte contre les abus sexuels sur mineurs « constitue une priorité des autorités françaises », rappelle le COMCYBER-MI, « à l'échelon européen, le compromis est cependant difficile à obtenir en raison des divergences de positions sur la proportionnalité des injonctions de détection et l’atteinte au chiffrement de bout en bout ».
Certains États sont ainsi « extrêmement réservés » au sujet de la proposition de « recherche indifférenciée de contenus et du grooming dans les communications privées », au motif que les technologies de détection des contenus nouveaux et du grooming (ou « pédopiégeage », sollicitation d'enfants à des fins sexuelles, y compris en se faisant passer pour un mineur) « ne sont pas assez matures » pour éviter un risque élevé de « faux positifs », souligne le COMCYBER-MI :
« En outre, il semble très complexe de prévoir un système de détection obligatoire pour les communications interpersonnelles chiffrées sans affaiblir le chiffrement, et porter ainsi atteinte au droit au respect de la vie privée. »
Une analyse qui fait écho à certains des arguments avancés il y a quelques mois dans une lettre ouverte co-signée par plus de 300 scientifiques et chercheurs de 35 pays, ainsi qu'aux « preuves scientifiques » collectées par l'ONG EDRi ayant, elles aussi, démontré l'infaisabilité technique de cette proposition. Elles sont d'ailleurs si nombreuses que l'ONG en est venue à qualifier le texte de « projet de loi européen le plus critiqué de tous les temps ».
Le 09 septembre à 16h49
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