En mer Baltique, une « flotte fantôme » Russe suspectée de saboter des câbles sous-marins
Le 26 décembre à 16h55
3 min
Internet
Internet
La mer Baltique se trouve dans le nord de l’Europe et dispose d’un accès à l’océan Atlantique par la mer du Nord. Elle borde de nombreux pays : Allemagne, Danemark, Finlande, Lituanie, Pologne, Russie, Suède, etc.
Fin 2022, des sabotages ont conduit à des fuites et des explosions des gazoducs Nord Stream 1 et 2. Un commando ukrainien est soupçonné d’avoir mené cette attaque, rappelle Wikipédia. Emmanuel Macron avait alors pris « la menace très au sérieux d'une potentielle coupure de câble ». Il avait demandé « une inspection des câbles sous-marins français, immergés à plusieurs dizaines de mètres de profondeur afin de s'assurer de leur sécurité ».
Plus récemment, deux câbles sous-marins de communications ont été endommagés dans cette même mer Baltique, mais sans grande conséquence sur le trafic Internet. Le ministre de la Défense allemand a rapidement parlé de « sabotage ». Le bateau d’origine chinoise Yi Peng 3 – en provenance de Russie et voguant à destination de l'Égypte – est suspecté d’avoir trainé son ancre au fond de la mer.
Deux jours avant les incidents sur ces câbles, un navire russe – Yantar – était escorté hors des eaux britanniques. Il était accusé de mener une mission d’espionnage sur les infrastructures sous-marines autour de l’Angleterre et de l’Irlande.
L’AFP fait état d’un nouvel incident en mer Baltique : « Ce jeudi, la police finlandaise a dit soupçonner un pétrolier, le Eagle S [battant pavillon des îles Cook, ndlr], en provenance de la Russie de faire partie "d’une flotte fantôme", et d’être impliqué dans la panne survenue la veille d’un câble sous-marin électrique entre la Finlande et l’Estonie ». Il s’agit du câble électrique EstLink 2, mais la panne « n’a pas affecté l’approvisionnement en électricité des Finlandais », ajoutent nos confrères.
Les autorités finlandaises ont ouvert une enquête pour « sabotage aggravé », explique Robin Lardot (directeur du Bureau national d’enquête finlandais) durant une conférence de presse. « Nous avons parlé à l’équipage et recueilli des preuves », ajoute-t-il, sans donner plus de détails.
Sur X, Alexander Stubb (président de la République de Finlande) affirme que « les risques causés par les navires appartenant à la flotte fantôme russe doivent être combattus ».
Après une situation très tendue en mer Rouge (qui permet de rejoindre l’Europe par le canal de Suez sans avoir à contourner l’Afrique), la mer Baltique est maintenant la cible de plusieurs actes de sabotages dont les responsabilités et motivations restent à définir précisément.
Le 26 décembre à 16h55
Commentaires (2)
Abonnez-vous pour prendre part au débat
Déjà abonné ? Se connecter
Cet article est en accès libre, mais il est le fruit du travail d'une rédaction qui ne travaille que pour ses lecteurs, sur un média sans pub et sans tracker. Soutenez le journalisme tech de qualité en vous abonnant.
Accédez en illimité aux articles
Profitez d’un média expert et unique
Intégrez la communauté et prenez part aux débats
Partagez des articles premium à vos contacts
Abonnez-vousHier à 17h35
Plus d'info:
(X – Geraschenko) – Analyse de la situation du câble EstLink2 et prévisions concernant le câble NordBalt par l’analyste politique biélorusse Ihar Tyshkevich (source : Ihar Tyshkevich /Facebook):
Le câble électrique sous-marin Estlink 2 reliant les réseaux électriques finlandais et estonien a été endommagé. Il s’agit de l’un des deux câbles ayant une capacité combinée allant jusqu’à 1 GW. EstLink 2 fournit 650 MW. Aucune catastrophe ne s’est produite. Ni les réseaux électriques finlandais ni estonien ne se sont effondrés. Mais il vaut la peine d’adopter une vision plus large du problème.
Le système énergétique des États baltes faisait (et fait toujours) partie de l’anneau BRELL (Biélorussie, Russie, Estonie, Lettonie, Lituanie) à l’époque soviétique. De plus, les pays baltes eux-mêmes sont des consommateurs d’énergie, mais pas des exportateurs. Et jusqu’à récemment, ils n’avaient aucune possibilité de se débarrasser de leur dépendance à l’égard des importations en provenance de Biélorussie et de Russie. Un exemple illustratif : même après la mise en service de la centrale nucléaire biélorusse, le président lituanien Gitanas Nausėda s’est exprimé au parlement ukrainien et a appelé à refuser d’importer l’électricité produite par cette centrale. À l’époque, le gestionnaire du réseau énergétique national avait déclaré zéro importation, mais le flux réel stable vers le système énergétique lituanien s’élevait à environ 400 MW. Et en ce qui concerne les importations dans cette direction, la République de Lituanie ne pourrait effectivement atteindre la minimisation des importations (et même les abandonner en cas de scénario favorable) que dans la seconde moitié de 2023.
Néanmoins, depuis 2013, la construction de trois lignes de transport d’électricité sous la mer Baltique a commencé. Ce sont EstLink et NordBalt mentionnés. Ce dernier, d’une capacité de 700 MW, relie la République de Lituanie au système énergétique suédois. Parallèlement, la construction de lignes de transmission en direction de la Pologne se développe. Ainsi que ses propres capacités de production. Ainsi, d’ici fin 2024, les États baltes pourraient atteindre (et ont atteint) leur indépendance énergétique vis-à-vis des importations russes. Les capacités manquantes ont été obtenues auprès des centrales nucléaires de Finlande et de Suède, ainsi que du système énergétique polonais (mais ce dernier avait des flux « aller-retour »).
Et à l’été de la même année, les États baltes ont annoncé leur intention de se retirer de BRELL. C’est-à-dire éliminer leur dépendance à l’égard de la Russie et de la Biélorussie. Cet événement doit avoir lieu en février 2025.
Et puis 650 MW « disparaissent » du système. Les États baltes seront en mesure de faire face à de telles pertes grâce aux flux en provenance de Pologne. Mais si quelque chose arrive à NordBalt, la situation sera proche de la critique. Et il ne s’agit pas seulement du retrait de BRELL (qui devra être reporté). Rappelons la centrale nucléaire biélorusse. Le groupe motopropulseur n°1 est en réparation programmée. Et le groupe motopropulseur n°2 est arrêté car des capteurs d’urgence se sont déclenchés. Et il convient de mentionner que le logiciel (et les capteurs et réacteurs eux-mêmes) ont été fournis par Rosatom. Il y a de fortes chances que le câble NordBalt soit endommagé dans les semaines à venir. Encore une fois, par un « navire qui passe accidentellement ».
Hier à 22h53
La Finlande est sur la zone scandinave et est donc synchronisée avec la Suède et la Norvège. L'Estonie est sur la zone synchronisée avec la Lettonie et la Lituanie.
Seules quelques interconnexions en courant continu permettent d'échanger de l'électricité entre les 2 zones. Mais les 2 zones sont bien différentes, les réseaux sont séparés.
L'enjeu pour les pays baltes est de se désynchroniser de la zone "russe" et de se synchroniser avec la zone Europe continentale (comme l'avait fait l'Ukraine il y a 2 ans - à noter la coïncidence du jour de l'attaque de la Russie sur l'Ukraine, qui a été fait pile quand l'Ukraine s'était désynchronisée de la zone russe pour des essais...)