En confiance face aux Ryzen d’AMD, Intel annonce un trimestre record
Business as usual
Le 28 avril 2017 à 12h45
8 min
Économie
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Face à la concurrence des nouveaux processeurs Ryzen d'AMD, Intel ne tremble pas. L'absence apparente de réaction du fondeur s'explique simplement : il signe un premier trimestre record et ne voit pas d'impact net du retour en force de son concurrent... pour le moment.
Après Samsung Electronics, Orange et quelques autres, c'est désormais au tour d'Intel de montrer patte blanche devant ses investisseurs. Le géant de Santa Clara a dévoilé ses résultats pour le premier trimestre 2017. Cela ne surprendra personne, mais ils sont assez satisfaisants pour le fondeur, qui a tout simplement battu son record de chiffre d'affaires sur un premier trimestre.
Y'a de la marge
Il s'établit à 14,796 milliards de dollars, contre 13,702 milliards un an plus tôt, soit une croissance d'environ 8 %. Tous les indicateurs sont d'ailleurs au vert, avec une marge brute qui a progressé de 2,5 points en l'espace d'un an pour atteindre 61,8 %. Un score très élevé, son concurrent AMD gravitant plutôt sous les 30 %... quand tout va bien.
Fort logiquement, avec des revenus et des marges en hausse, le bénéfice net progresse lui aussi fortement. Sur le dernier trimestre il s'établit à 2,964 milliards de dollars, contre 2,046 milliards sur le premier quart de 2016, soit un bond d'environ 45 %. À titre de comparaison, cela correspond à environ 9 mois de chiffre d'affaires pour AMD. Le fossé entre les deux spécialistes des processeurs pour PC est donc énorme.
Des progrès partout, ou presque
Intel a connu une progression de ses revenus dans l'ensemble de ses domaines d'activité, y compris du côté du Client Computing Group chargé de la production et de la vente de processeurs destinés aux PC fixes et portables ainsi que les modems destinés aux smartphones.
Il voit ainsi son chiffre d'affaires passer de 7,549 milliards de dollars à 7,976 milliards de dollars en l'espace d'un an, soit une croissance de 6 %. La marge opérationnelle dégagée a quant à elle bondi de 61 % pour atteindre 3,031 milliards de dollars. Une variation importante qu'Intel ne s'embarrasse pas à justifier.
On saura tout de même qu'elle n'est probablement pas le fruit d'évolutions importantes du côté des processeurs, les ventes de puces pour portables n'ayant augmenté que de 1 %, tandis que celles de puces desktop ont fondu de 7 %, avec des prix ayant grimpé de respectivement 7 et 2 % sur un an. Ce sursaut est donc probablement dû au mobile, et à la fourniture de modems 4G à Apple pour son iPhone 7.
Du côté des serveurs, les volumes de ventes ont reculé de 1 % par rapport à l'an dernier, mais les prix moyens ont progressé de 6 %. De quoi permettre à l'ensemble d'afficher une croissance de ses revenus d'environ 6 %, même si les marges se sont effritées de 16 %.
La dernière ligne « Others », regroupe quant à elle l'ensemble des revenus ne pouvant être catégorisés dans les segments précédents. Si elle présente des pertes élevées, c'est notamment parce que c'est ici qu'Intel rapporte certains de ses coûts liés à ses acquisitions, à ses restructurations, à la fermeture de ses activités, une portion des rémunérations de ses employées liées à ses résultats, et bien d'autres. En 2016, les pertes affichées ici gravitaient autour du milliard chaque trimestre.
Des secteurs annexes qui gagnent en importance
Si les activités historiques d'Intel se portent bien, c'est aussi le cas des nouveaux domaines dans lesquels le géant de Santa Clara s'est lancé. Le fameux Internet of Things Group, très largement mis en avant par l'entreprise (notamment avec ses démonstrations de pilotage de nuées de drones) a vu ses revenus progresser de 11 % sur un an. Il ne représente toutefois qu'une très mince part des revenus du groupe avec 721 millions de dollars, soit moins de 5 % du total.
La plus forte croissance est à mettre au crédit du Non Volatile Memory Solutions Group, regroupant les ventes de SSD et de mémoire flash. Ses revenus ont bondi de 55 % pour atteindre 866 millions de dollars (6 % du total) mais l'activité n'est pas rentable pour autant et a même vu ses pertes se creuser de 95 millions de dollars à 129 millions de dollars. Un point justifié par les importants investissements consentis par Intel pour le développement d'Optane désormais présent dans le domaine des serveurs (notamment chez OVH) et du grand public.
Les bénéfices sont par contre au rendez-vous du côté d'Altera (Programmable Solutions Group), qui efface une partie des 200 millions de dollars de pertes de l'an dernier avec un bénéfice de 92 millions de dollars. Les revenus de cette branche ont eux aussi grimpé de 18 % pour atteindre 425 millions de dollars (3 % du total) L'Intel Security Group, récemment défait de McAfee, a vu quant à lui ses revenus stagner.
Si ces initiatives d'Intel commencent à prendre de l'ampleur, on notera tout de même que les revenus, mais surtout les bénéfices du fondeur dépendent encore principalement de ses processeurs. Un secteur sur lequel AMD tente de venir le bousculer avec ses dernières puces Ryzen et Naples.
Même pas peur...
Si AMD a eu le mérite de proposer des produits capables de rivaliser avec ceux d'Intel (voir nos analyses des Ryzen 7 et du Ryzen 5 1600), le géant de Santa Clara ne semble pas s'inquiéter de l'arrivée d'un nouveau challenger sur son terrain de prédilection. Il reste d'ailleurs seul sur le segment des produits à partie graphique intégrée ou à moins de 180 euros.
Lors de la conférence réservée aux analystes et investisseurs, l'un d'eux a interrogé Brian Krzanich sur les effets de cette concurrence. Réponse du PDG d'Intel : « à ce point de vue, nous ne voyons rien d'inhabituel jusqu'à présent. Il y a toujours une certaine forme de concurrence sur ce marché, et je le redis, pour le premier trimestre ainsi que nos prévisions pour le deuxième, nous ne voyons rien qui sorte de l'ordinaire ».
Bref, circulez, il n'y a rien à voir. Dans la pratique, c'est d'ailleurs plutôt AMD qui baisse les prix de ses nouveaux produits. Selon nos informations, le succès est au rendez-vous pour les Ryzen 7 malgré un lancement un peu chaotique. Ils sont sans doute bien aidé en France par un Amazon qui casse les prix. Mais les choses semblent un peu plus compliquées pour les Ryzen 5 qui patissent en partie de l'absence d'IGP pour ceux qui veulent constituer une machine bureautique.
En pratique, Intel s'attend au prochain trimestre à un léger recul de ses prix de vente moyens pour les processeurs, sans pour autant le chiffrer. Sur l'ensemble de l'année, le fondeur a même relevé de 500 millions de dollars son objectif de chiffre d'affaires, désormais fixé à 60 milliards de dollars. Ce notamment en raison de la bonne tenue de ses tarifs lors du premier quart de l'année.
... enfin presque
Ce point explique certainement l'absence quasi totale de réaction d'Intel au lancement des Ryzen, déroulant ses projets sans en faire varier la moindre virgule, quitte à surprendre en proposant de nouveaux Xeon quadricœurs à 600 dollars l'unité sur le marché des stations de travail. Pour autant, cela ne va pas durer.
Ce stoïcisme ne concerne que le marché grand public. Intel devrait profiter du Computex pour annoncer sa plateforme Bassin Falls avec de l'avance sur le calendrier initial. Pour rappel, elle est composée du chipset X299 et des processeurs Skylake-X / Kaby Lake-X sur socket LGA 2066 qui pourront contenir jusqu'à dix cœurs. La disponiblité est attendue selon certains pour la mi-juin.
Plus récemment, ComputerBase a évoqué l'arrivée des Xeon Gold et Platinum (Skylake-SP) sur socket LGA 3647 qui ont été dévoilés dans une PCN (Product Change Notification) retirée depuis, mais toujours accessible dans le cache de Google. Ils pourraient intégrer jusqu'à 28 cœurs.
Dans ces deux cas, le but est surtout de préserver le marché des stations de travail et des serveurs. Ainsi, ce n'est pas tant Ryzen qui semble effrayer, mais Naples qui devrait arriver sous peu.
Une ouverture à la baisse en bourse
Sur les marchés boursiers, les réactions ne sont pas très favorables au géant de Santa Clara, qui a vu le cours de son action descendre de quasi 2,5 % lors de la pré-ouverture de la séance à Wall Street. Le fondeur est désormais valorisé à environ 173 milliards de dollars (+ 16 % sur un an, stable par rapport au 1er janvier) contre 79 milliards pour Qualcomm et 13 milliards pour AMD.
En confiance face aux Ryzen d’AMD, Intel annonce un trimestre record
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Y'a de la marge
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Des progrès partout, ou presque
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Même pas peur...
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... enfin presque
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Une ouverture à la baisse en bourse
Commentaires (20)
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Abonnez-vousLe 28/04/2017 à 12h49
Je me suis acheté une plateforme Intel avec un petit Pentium G4560.
De la vrai bombe à un prix minuscule.
Le 28/04/2017 à 12h54
En même temps avec les problemes d’approvisionnement en chipset/carte mere et les problemes de compatibilité de la RAM AMD a pas du vendre beaucoup.
C’est dommage, les R5-R7 sont vraiment syma, ce sera probablement ma prochanie machine quand ils seront un peu stabilisés.
Le 28/04/2017 à 13h13
Le 28/04/2017 à 13h20
Je pense pouvoir dire avec quasi certitude qu’Intel ne fait pas son chiffre sur les personnes qui montent leur PC eux mêmes, mais plutôt chez les OEM.
C’est là qu’AMD doit arriver à se positionner pour reprendre des parts de marché. Les problèmes de compatibilité ne le concernent pas réellement puisqu’ils feront le choix d’un ensemble qui fonctionne. Sans compter que ces problèmes sont surtout présents en cas d’overclocking.
Le 28/04/2017 à 13h32
Je pense qu’ils n’avaient plus trop les moyens d’ attendre et de fignoler le lancement. Certains sont bruits de couloir venant des partenaires laisserait entendre qu’ils ont eu un temps court entre la réception de CPU pour le dev/test et le lancement de leurs produits.
Le 28/04/2017 à 13h32
Je suis d’accord avec Strimy, c’est l’OEM qui leur fera gagner des parts de marché et du CA.
Il faudra surtout voir ce que les versions mobiles auront dans le ventre, le secteur du PC portable étant clairement dominé par Intel.
Le 28/04/2017 à 13h33
Le 28/04/2017 à 13h47
Mais les choses semblent un peu plus compliquées pour les Ryzen 5 qui patissent en partie de l’absence d’IGP pour ceux qui veulent constituer une machine bureautique
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Indépendamment de l’absence d’IGP un R5 est clairement surdimensionné pour de la bureautique. Personne n’a besoin de 8 ou 12 threads pour ça…
Pour le moment AMD est absent de ce créneau.
Le 28/04/2017 à 13h57
La référence à Ryzen est assez mauvaise, car comme dit, ils n’ont pas d’IGP. Dans pas mal de cas, ça tape en faveur d’Intel dans les 100⁄150 euros le CPU (mais ce sera effectivement Pentium ou Core i5 plutôt qu’i3 " />)
Le 28/04/2017 à 14h21
Je suis d’accord avec toi mais ils ont pas encore sortis de produis a destination des oem. d’apres ce que j’ai compris le gros de ce marché c’est surtout des portables ou des machines pro (donc sans CG).
En plus (sans compter les pression de Intel sur les OEM) ces processeur sont arrivés il y a peu de temps et concevoir une machine prend du temps (test, certification etc…) donc je pense que le gros des ventes de R7 (pour l’instant) c’est des machines assemblés (donc particuliers ou tres petites entreprises)
Le 28/04/2017 à 14h27
Quand je parle des ventes des R5/R7 je parle du marché de détail. Pour les OEM on ne trouve presque rien pour le moment et ça prendra du temps (inertie, toujours). De toutes façons les résultats du Q1 AMD seront un bon indicateur de la tendance, même s’ils risquent de dire “on verra les effets plus tard dans l’année”
Le 28/04/2017 à 18h11
Les problèmes n’en sont pas vraiment si on s’en réfère la documentation d’AMD et aux listes de compatibilité des cartes mères. Pas de surprise à avoir.
Après, on pourrait regretter un dispositif facilitant le choix pour le grand public.
Le 28/04/2017 à 19h17
Intel dit qu’il n’a pas besoin de baisser ses prix (avec marge à 68% " /> ). Pour l’instant…
Parce que d’ici à 2018, quand Ryzen sera mature et que Naples aura bien attaqué le marché des serveurs, Intel finira probablement par devoir sacrifier ses marges.
Et là les actionnaires ne vont pas aimer, vu qu’aujourd’hui déjà ils sanctionnent alors que les chiffres sont excellents et qu’ils sont encore en quasi-monopole… je serais pas étonné qu’il y ait du turnover à la direction d’Intel en fin d’année… " />
Le 28/04/2017 à 19h41
Le 28/04/2017 à 19h50
en effet on n’a pas la même définition de “bureautique” " />
Le 28/04/2017 à 21h09
La gamme Ryzen R3, pas encore sortie, a l’air assez batarde amha :
Même en cassant méchamment les prix, genre largement sous les 100€, le CPU sans partie graphique intégrée n’aura que peu d’intérêt. " />
Un gamer partira sur un R5.
Un utilisateur basique partira sur un APU Raven Ridge, pas un R3. " />
Le surcout d’une CG externe, même la petite RX 550, est totalement rédhibitoire sur cette gamme.
Comme dit ^^ par von-block, un Pentium G4560 à 75€ hautement cadencé ~3.5GHz dépote tout dans cette gamme de prix… " />
W&S
Le 29/04/2017 à 10h14
Oui effectivement on ne sait pas trop à qui s’adresse le R3. Du coup AMD ferait mieux de sortir les APU rapidement.
Le 29/04/2017 à 10h35
Intel n’a pas a se soucier de Ryzen pour l’instant comme AMD n’a que sortie Summit Ridge.
Mais vers la fin de l’année et 2018 quand Raven Ridge (APU avec 4c/8t zen et 11 CU vega) et Napple seront là, ils vont commencer à se faire ronger des parts de marché sur les laptops, desktop non gameur et les serveurs.
Et ces 3 marchés c’est le plus gros du volume.
Le 01/05/2017 à 22h25
Combien de temps les fondeurs indépendants ont ils mis pour rattraper l’ avance technologique d’ Intel question finesse de gravure ????
Plusieurs plombes chez ses concurrents fondeurs pour se mettre à jour et proposer leurs capacités à AMD.
Le temps qu’ AMD réussisse à s’ imposer pour impacter les ventes d’ Intel, Intel gravera en 10nm et le retard qu’ AMD semble avoir rattrapé sera de nouveau d’ actualité et AMD sera de nouveau dépassé ne serait ce que question consommation électrique avec une génération de gravure en retard.
Et selon la planification des prochains produits d’ Intel, c’ est dans peu de temps de nouveau la misère pour AMD ….
Le 02/05/2017 à 08h26
Je parlais à plus court terme, fin 2017-début 2018. Le 10nm était prévu pour la fin de l’année chez Intel, seulement sur des CPU à 2 cores dans un premier temps, et 2018 pour le reste de la gamme. Mais il est retardé… Ce qui laisserait une fenêtre de près de 1 an à AMD. Suffisant ou pas pour prendre une grosse part de marché? On verra bien…