Grand plan d’investissements : 4,4 milliards d’euros pour la modernisation de l’action publique
À fonds la forme
Le 26 septembre 2017 à 06h30
7 min
Droit
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Dévoilant le « Grand plan d’investissements » du quinquennat Macron, le Premier ministre Édouard Philippe a annoncé hier matin que 4,4 milliards d’euros serviraient à la modernisation de l’action publique. Le gouvernement ambitionne notamment d’arriver à une dématérialisation de la quasi-totalité des démarches administratives d’ici 2022.
57 milliards d’euros. C’est le moment total des investissements qui devraient être réalisés, sur cinq ans, dans quatre domaines jugés comme prioritaires par l’exécutif :
- La transition écologique (20 milliards d’euros)
- Les compétences et l’emploi (15 milliards d’euros)
- L’innovation (13 milliards d’euros)
- La construction de « l’État de l’âge numérique » (9 milliards d’euros)
« L’État investit depuis longtemps, mais trop souvent de façon diffuse et éparse » fait valoir l’exécutif dans son dossier de presse. « Un grand plan permet d’avoir une approche globale, lisible et permet de transformer la fonction d’investisseur de l’État. »
Le financement de ce plan relèvera en grande partie d’une réorientation de crédits déjà existants (provenant par exemple des précédents « investissements d’avenir » initiés sous Nicolas Sarkozy puis prolongés par François Hollande).
À quelques jours de la présentation du projet de loi de finances pour 2018, le gouvernement espère surtout pouvoir accompagner « durablement la baisse des dépenses publiques ». Avec une ambition : financer des projets qui génèreront des économies durables, avec parfois pour objectif « 1 euro investi pour 1 euro économisé à horizon de 3 ans ».
Objectif : 100 % des services publics dématérialisés à horizon 2022
Quatrième (et dernière) priorité – mais priorité tout de même – du Grand plan d’investissement : « Construire l’État de l’âge numérique ». Sous cette expression un brin barbare, se cachent en réalité deux grands programmes. Le premier a trait à la modernisation de l’action publique.
4,4 milliards d’euros seront ainsi mobilisés pour « rendre l’État plus agile et améliorer la qualité et l’accessibilité des services publics ». Avec notamment un objectif, ambitieux : « 100 % des services publics numérisés à horizon 2022, hors délivrance des titres d’identité ». Même si de nombreux efforts ont été fait dans ce domaine ces dernières années, plusieurs démarches administratives ne peuvent encore être réalisées sans un déplacement en mairie ou préfecture : demande de procuration, etc.
Dans son rapport de préfiguration du Grand plan d’investissement, Jean Pisany-Ferry explique que « les démarches obsolètes seront supprimées » et « l’expérience utilisateur des principaux sites Internet des administrations (...) revue ».
Chaque ministère devrait ainsi être appelé à identifier « dans les prochains mois » les « démarches administratives à simplifier et à numériser en priorité », en commençant par de plus emblématiques et les plus utilisées d'entre elles. « Une fois identifiées et priorisées, le projet de numérisation de ces démarches devra être intégré dans un plan de transformation numérique à réaliser d’ici 2022. »
Le rapport invite tout particulièrement les administrations à « privilégier les méthodes agiles », chères à la Direction interministérielle du numérique et des systèmes d’information de l’État (DINSIC). « Ces méthodes ont démontré leur efficacité pour produire des outils informatiques adaptés aux besoins, dans des délais et des budgets sensiblement mieux maîtrisés que les méthodes traditionnelles de conduite de projet », souligne Jean Pisany-Ferry (voir à ce sujet notre article sur Open Fisca et le simulateur « Mes-Aides »).
La nouvelle majorité se fixe également pour objectif de « 100% de « e-paiement » (par carte bancaire, par prélèvement, par Paypal, par Paylib, par Paybyphone, par Apple pay, etc.) ». Cela devrait concerner l’ensemble des services publics, « des impôts à la cantine scolaire en passant par les musées ». Jean Pisani-Ferry fait valoir que ce type de réforme facilite « notablement la vie des usagers tout en réduisant les coûts associés aux formes plus traditionnelles de paiement ».
Des fonds pour les collectivités territoriales, la formation des agents...
Cette enveloppe ne servira pas qu’au développement de solutions techniques, puisque 1,5 milliard d’euros sont prévus pour « accompagner les agents publics dans la transformation de leurs missions », notamment en termes de formation, ainsi que 300 millions d’euros au profit cette fois des collectivités territoriales (voir le tableau ci-dessus).
Un « fonds pour la transformation de l’action publique » de 700 millions d’euros sera par ailleurs institué.
Non sans rappeler les différents appels à projets lancés sous la précédente majorité dans le cadre du « PIA », ce dispositif « financera, sur la base d’appels à projet auprès des ministères et de leurs opérateurs, les coûts d’investissement au sens large (systèmes d’information, formation, frais de mise en place de nouveaux systèmes, coûts de réorganisation) nécessaires à la mise en œuvre de réformes structurelles, à fort potentiel d’amélioration du service et de réduction durable des dépenses publiques (un euro d’économies annuelles par euro investi à horizon de trois ans) », explique Jean Pisany-Ferry.
Pour s’assurer de l’efficacité des investissements, poursuit le rapport de préfiguration du Grand plan d’investissement, « des contrats de transformation seront signés avec les services bénéficiaires, qui s’engageront à atteindre des résultats mesurables et bénéficieront en contrepartie d’une part des gains de productivité dégagés ».
L’une des premières pistes de travail évoquée : l’amélioration des contrôles qui portent sur les entreprises (fiscalité, droit du travail, réglementation sanitaire, etc.).
Accompagner le « virage numérique » du système de santé
Le second programme intégré dans la partie du plan dédiée à la construction de « l’État de l’âge numérique » porte sur la modernisation du système de santé. 4,9 milliards d’euros sont ainsi prévus pour « accélérer la numérisation du système de santé et de cohésion sociale, pour développer les maisons de santé dans les territoires en manque de médecins, pour moderniser les équipements hospitaliers et pour soutenir la recherche médicale ».
Autrement dit, cette enveloppe servira aussi bien à financer le développement de la télémédecine que de nouveaux services en ligne (prise de rendez-vous, dossier médical partagé, etc.), en passant par des investissements en matière d’intelligence artificielle.
Questions autour du plan Très haut débit
On note enfin qu’en matière de très haut débit, l'État semble rechigner à signer les enveloppes promises. Alors que 300 millions d’euros (sur les 3,3 milliards annoncés en 2013) devaient sortir des caisses de l’État, l’exécutif mise désormais sur de vagues « cofinancements publics et privés ». Un signe qui rend encore plus incertain le soutien public apporté au plan France très haut débit (dont l’objectif est pour rappel d’arriver à 100 % de très haut débit sur la totalité du territoire d’ici 2022).
En guise de conclusion à son Grand plan d’investissements, le gouvernement promet que « ces investissements seront mis en place, suivis et évalués afin de connaître leur impact réel et de pouvoir les amplifier ou les faire diminuer selon leur utilité ».
Grand plan d’investissements : 4,4 milliards d’euros pour la modernisation de l’action publique
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Objectif : 100 % des services publics dématérialisés à horizon 2022
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Des fonds pour les collectivités territoriales, la formation des agents...
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Accompagner le « virage numérique » du système de santé
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Questions autour du plan Très haut débit
Commentaires (18)
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Abonnez-vousLe 26/09/2017 à 14h44
Le gouvernement ambitionne notamment d’arriver à une dématérialisation de la quasi-totalité des démarches administratives d’ici 2022.
Annoncer que Stephen Hawking allait grimper l’Everest les yeux bandés à l’aide uniquement de trois fromages de chèvre serait plus vraisemblable, mais après on va tacler ma mauvaise foi usuelle " />
Le 26/09/2017 à 14h47
Le 26/09/2017 à 15h15
Oui mais seulement pour “l’Union Européenne des perdants de la seconde guerre mondiale” " />, car les vainqueurs (Chine, UK, USA, Russie…) eux se font plaisir sur leur planche à billets en ce moment " />
Le 26/09/2017 à 19h57
La finance, le mécanisme de création monétaire et la concentration croissante des richesses vers une minorité, est le problème, pas la solution.
Le 26/09/2017 à 23h07
Quel rapport ?
Le 27/09/2017 à 06h46
Tu penses sérieusement que la Chine est un vainqueur de la Seconde Guerre mondiale ?" />
Et justement les Britanniques et les Russes serrent la vis étant donné que leur monnaie s’est écroulée.
Le 27/09/2017 à 08h08
Le 27/09/2017 à 08h18
oh, bien vu, je ne connaissais pas, merci." />
Le 27/09/2017 à 19h16
Leur grand ennemi de l’époque était le Japon, qui a perdu, donc pour eux c’était une grande victoire " />
Le 28/09/2017 à 12h32
Réponse au commentaire du dessus, mauvaise manip ;)
Le 26/09/2017 à 08h21
purée !!
c’est quoi cet énorme truc bien brumeux à 15 000 000 000 ??????
(oui je sais c’est hors sujet. Mais quand même…)
Le 26/09/2017 à 09h22
Réforme de la formation si j’ai bien suivi.
Et il y aura des grincements de dents puisque dans son état actuel, c’est une immense pompe à fric pour les syndicats de tous bords…
Le 26/09/2017 à 10h35
Le mirage du manque de compétence, alors qu’aujourd’hui beaucoup d’entreprises demandent à des ingénieurs de faire des boulots de techniciens… Former toujours plus les travailleurs, ça ne crée pas de l’emploi par magie, ça crée seulement des travailleurs frustrés qui s’emmerdent au boulot " />
Mais imprimons de l’argent pour que la secrétaire trilingue qui n’en utilise qu’une au boulot, apprenne une 4ème langue :smileyshadocks:
Le 26/09/2017 à 11h23
C’est clair les syndicats volent des quantités de pognon phénoménale dans le système de formation pro
Le 26/09/2017 à 11h45
Tu as l’air d’en douter ?
Voici quelques liens trouvés rapidement :
Et un, et deux, et trois / zéro.
Le 26/09/2017 à 12h18
C’est-à-dire que les formations ne sont pas toujours adaptées et qu’il est extrêmement difficile d’en faire qui le soient tant au niveau des rythmes que du contenu tant à cause des freins administratifs que du côté des entreprises.
Idéalement bon nombre de formations nécessiteraient une plus longue durée pas tant en heures que sur le temps. Mais souvent on préfère des journées entières qui sont d’une efficacité relative.
Le 26/09/2017 à 12h43
Le clavier de l’image INdique un majesteux SDF.
Conclusion: la France est à la rue. (et pas que sur le digital numérique " />)
Le 26/09/2017 à 14h16
Ah mais je n’en doute pas j’en suis certain, on en parle pas mal entre nous chef d’entreprise. Un peu comme la falsification des comptes de la sécu qui dure depuis 30 ans.