cOALition S : 11 organismes de financement veulent des publications scientifiques en accès libre d’ici 2020
Le 07 septembre 2018 à 09h54
2 min
Sciences et espace
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Cette initiative annoncée par Science Europe regroupe 11 organismes nationaux de financement de la recherche, dont l'ANR (Agence nationale de la recherche) en France. Elle est soutenue par la Commission européenne et le Conseil européen de la recherche (ERC).
Son objectif : « D'ici 2020, les publications scientifiques qui résultent de la recherche financée par des subventions publiques accordées par les conseils de recherche et organismes de financement nationaux et européens participants, doivent être publiées dans des revues à accès libre conformes ou sur des plates-formes à accès libre conformes ».
Les 11 organismes se sont mis d'accord pour mettre en place les « 10 principes du Plan S ». Il y est notamment mentionné que les publications scientifiques doivent être sous licence ouverte, de préférence Creative Commons avec attribution (CC BY) et que les scientifiques doivent conserver les droits d'auteur sans restriction.
Si les plateformes nécessaires n'existent pas encore, elles seront mises en place par cette coalition. Un délai supplémentaire est accordé (au-delà du 1er janvier 2020) pour les monographies et les livres. cOALition S est bien évidemment ouverte à l'arrivée de nouveaux membres à travers le monde.
L'Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) se réjouit de ce plan, qui « rejoint les objectifs du plan national pour la science ouverte présenté le 4 juillet dernier par la ministre de l’Enseignement Supérieur, de la Recherche et de l’Innovation, Frédérique Vidal ».
Le 07 septembre 2018 à 09h54
Commentaires (8)
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Abonnez-vousLe 07/09/2018 à 09h47
Du côté français, les plateformes HAL et TEL gérées par le CNRS me semble être de belles réussites… Au moins dans mon domaine (informatique), elles sont très utilisé par la plupart des chercheurs. Depuis plusieurs années, les directeurs d’équipe poussent tout le monde à y mettre leur publication pour faciliter l’écriture des rapports d’évaluation annuels (nombre de publications produites par l’équipe, etc).
Très bonne initiative de l’Europe " />
Le 07/09/2018 à 11h43
Bien d’accord, HAL et TEL sont vraiment un plus :)
Nous les utilisons aussi en microbiologie mais à un degré moindre (cela concerne surtout les nouvelles générations pour l’instant).
Le vrai plus aurait été de changer les critères d’évaluations sur publication afin de pousser les (trop rares) revues en open access non payantes (académique, institutionnelles ou autre). La ce serait une révolution " />
Mais bon, ça va déjà dans le bon sens " />
Le 07/09/2018 à 21h53
Ouais enfin, il faut pas oublier que le concept de HAL jusqu’à maintenant, est de mettre les versions finales “auteur” de l’article (donc pas la version finale “publisher”) sur la plateforme afin que ce soit HAL qui gère les embrouilles de droit si besoin.
Donc un système qui permet d’éviter ce bordel serait pas plus mal.
Le 08/09/2018 à 15h13
Tu peux développer un peu plus stp ? Je suis curieux mais je n’ai pas compris ce que tu disais… " />
Le 09/09/2018 à 12h57
Pour faire simple, quand tu écris un article tu envoies à l’éditeur un fichier avec ta propre mise en page.
L’éditeur publie une version avec sa propre mise en page, avec le nom du journal, la date de publication officielle, le numéro DOI, etc.
HAL permet généralement de publier la première version, mais la seconde (ça dépend des éditeurs).
Le 09/09/2018 à 14h58
On parle aussi de “pre-print” ou de “prépublication”. Souvent les chercheurs mettent ces versions sur leurs pages personnelles sur HAL, ou ResearchGate, Academia… Mais je ne suis pas sûr que ce soit autorisé par toutes les revues. C’est une super solution bricolée, mais tout le monde ne les met pas en ligne, et ça ne facilite pas toujours les citations (quand les paragraphes ne sont pas numérotés par l’auteur, tu ne peux pas citer la page d’un preprint).
Mais le gros souci, c’est n’est pas HAL ou le fait que l’article soit quelque part en ligne au final. C’est la spéculation sur de la connaissance produite par la recherche publique, ou publiquement financée. Pour ceux qui ne le savent pas, la plupart des revues ne paient pas les éditeurs (= superviseurs scientifiques d’un numéro), ni les relecteurs, ni les auteurs. Ils s’occupent pour l’essentiel d’imprimer ou de mettre en ligne le texte, pour des sommes parfois folles. Beaucoup de grosses revues anglophones font payer 30 $ l’article écrit par un collègue chercheur public, relu par des collègues chercheurs publics, et dirigé par des collègues chercheurs publics. C’est délirant. Si ça fonctionne, c’est que de vieilles et honorables revues ont été rachetées par les spéculateurs, et que l’incitation est forte à y publier. Du coup, ça fait des années que tout le monde avale des couleuvres pour pouvoir publier dans telle revue importante dans leur domaine, même si ça plombe derrière ça les budgets des bibliothèques et que ça limite la diffusion du savoir (surtout auprès des chercheurs de pays ou d’institutions moins argentés).
Le 09/09/2018 à 16h52
Le 10/09/2018 à 09h20
Au-delà du côté auteur qui fait privilégier les revues connues, il faut aussi voir le “back office”: le prestige d’une revue permet aussi d’avoir une supervision de plus haut niveau, des évaluateurs plus réputés… Même si tout ce beau monde n’est pas forcément (voire quasi jamais) rétribué, hein. C’est plus pour expliquer aux autres NXIens ne connaissant pas le milieu comment le mécanisme s’entretient, et qu’il y a (malheureusement) de bonnes raisons pour lesquelles cette course folle continue.
Pour résumer, il y a une capitalisation financière délirante qui depuis 10-20 ans exploite la valorisation symbolique des revues scientifiques. Quand je dis délirant, c’est que le secteur a une croissance à deux chiffres financée largement par le secteur public, sans pour autant apporter de nouveaux services significatifs, ni rémunérer les acteurs impliqués, qui restent “bénévoles” (disons que les chercheurs réglos considèrent juste que ça fait partie du boulot, qu’il faut relire soi-même pour être relu à son tour, etc., c’est participatif). Et les maisons d’édition n’ont même plus les coûts fixes physiques pour les impression / réunions / sécrétariat / etc. pour se justifier, de plus en plus de revues passant au 100% en ligne, ce qui coûte encore moins cher qu’avant en frais opérationnels réels.
Maigre consolation, de plus en plus de chercheurs ruent dans les brancards, le consortium Couperin (qui négocie les licences globales au nom des BU et instituts de recherche français) est de plus en plus dur en affaires, et des initiatives se créent pour casser ce système, comme la publication des preprints quand c’est possible, ou la création par certains collègues de nouvelles revues aux frais modiques (mais il faudra du temps avant qu’elles soient universellement reconnues, et j’ai l’impression que l’inflation continue pour les plus prestigieuses des revues, généralement anglophones).