Connexion
Abonnez-vous

Au Sénat, des armes contre le streaming illicite, des amendes de 350 euros dans la riposte graduée

Quand des sénateurs riposte-graduent

Au Sénat, des armes contre le streaming illicite, des amendes de 350 euros dans la riposte graduée

Le 03 mai 2021 à 15h31

Les premiers amendements sur le projet de loi fusionnant la Hadopi et le CSA arrivent au Sénat. Nombreux parlementaires veulent muscler le régime dit des injonctions dynamiques, taillées pour lutter contre les « sites miroirs » ou les répliques usant de nouveaux chemins d’accès vers des contenus illicites. Le rapporteur veut par ailleurs une amende transactionnelle de 350 euros dans la riposte graduée.

La grande loi enterrant la Hadopi pour la faire renaitre au sein de l’ARCOM, nouveau nom du CSA, est sur la rampe au Sénat. Plusieurs outils ont été imaginés pour lutter contre le piratage des compétitions sportives, mais également des contenus protégés par le droit d’auteur.

Le projet de loi ARCOM, met en place un système d’ordonnance dynamique de douze mois qui permettra au juge de bloquer les sites de streaming actuels et, mais aussi futurs, dès lors qu’ils piratent les compétitions sportives. Le juge sera saisi par une chaîne de TV ou une ligue sportive et l’ARCOM pourra, à l’aide des données soufflées par ces titulaires de droit, identifier de nouveaux sites et réclamer l’extension du blocage aux FAI. En l’état, si ces derniers refusent, le juge pourra être saisi. S’ils acceptent, la mesure se fera sans publicité.

Plusieurs sénateurs centristes préfèreraient que le texte envisage la mise en œuvre de ces outils sur 12 mois plutôt que sur la durée de la saison. En effet, exposent-ils, « faute d’une définition légale précise, la notion de « saison sportive » ne saurait garantir une protection de tous les évènements sportifs (…) et pourrait se révéler inadaptée dans certains cas (par exemple lors de manifestations sportives ponctuelles comme une coupe du monde) ». 

Muscler les injonctions de l’ARCOM

Dans cet autre amendement, ils veulent retirer la possibilité pour les intermédiaires techniques comme les FAI de s’opposer à l’extension des mesures de blocage aux sites non identifiés par le juge dans sa décision initiale. Et pour cause, plaident-ils, « une telle disposition met en péril l’efficacité de l’ensemble du dispositif envisagé, puisque - pour faire cesser l’accès aux nouveaux sites et services identifiés au cours de la compétition - une nouvelle saisine du juge par les ayants droit et les diffuseurs sera nécessaire ».

Conclusion, si l’amendement est adopté, il donnera beaucoup plus de force aux notifications adressées par l’ARCOM, autorité née de la fusion de la Hadopi et du CSA.

Dans cette rustine, ils veulent clarifier l’intervention de cette autorité pour lui conférer le rôle de tiers de confiance.

Et pour accélérer davantage encore la mise en œuvre de ces injonctions dynamiques, les mêmes souhaitent que la Hadopi endosse ces nouvelles compétences, entre la promulgation de la loi et la création définitive de l’ARCOM. 

L’injonction dynamique couplé à l’article L.336.2

Avec l’amendement n°6, ils proposent aussi de revoir le régime de l’article L.336 - 2 du Code de la propriété intellectuelle, celui actuellement utilisé pour le blocage des sites contrefaisants.

Il prévoit un régime permettant d’étendre ces mesures aux sites « autrement accessibles » ou « autrement localisés ».

Lorsqu’une décision bloque le site A, mais que ce dernier réapparaît sous un autre chemin d’accès, alors l’actualisation de cette mesure se ferait sur simple notification adressée par les ayants droit aux fournisseurs d’accès.

Cette mesure éviterait aux sociétés de défense de relancer la bataille judiciaire, en particulier avec une procédure de référé.

Les sénateurs centristes n’y voient que du bon : « les victimes de contrefaçons massives commises sur les réseaux numériques doivent être mises en situation de réagir aux actes de contournement des décisions judiciaires qu’elles ont obtenues dans un temps tendant à être aussi rapide que celui mis par les pirates pour mettre en place leurs contournements ».

L’amendement tente d’étouffer par avance les critiques qui pourraient être adressées à un régime où les ayants droit adresseraient directement des notifications aux fournisseurs d’accès.

« C’est en vain que l’on objecterait que ce dispositif présenterait un danger en ce qu’il laisse entre les mains du bénéficiaire des mesures initiales le soin et la responsabilité de notifier directement les mesures visant à empêcher le contournement au destinataire de l’injonction initiale ».

Plusieurs raisons sont opposées : la loi sur la confiance dans l’économie numérique prévoit déjà un régime de notification. En outre, « ce type de notification n’est en rien assujetti à un filtre préalable exercé par l’autorité administrative indépendante ».

Il est au contraire « sous la responsabilité du commanditaire de la notification, cette responsabilité pouvant être pénale en cas de notification inexacte en connaissance de cause ».

L’ayant droit qui notifierait une adresse erronée tout en sachant cette information inexacte, encourrait un an d'emprisonnement et 15 000 euros d’amende. Un régime identique existe d’ailleurs dans la LCEN, mais il n’a jamais été mis en œuvre eu regard de la difficulté de démontrer la connaissance de l’inexactitude de l’information.

Pour ces élus, il est inutile de prévoir l’intervention de l’ARCOM, « la nécessité de l’intervention de l’autorité administrative indépendante, fut-ce comme simple tiers de confiance [étant] peu compatible avec la temporalité de l’actualisation ».

Hadopi : 350 euros ou direction tribunal 

Sans surprise, un amendement visant à introduire une transaction pénale est également sur la rampe. 

Le rapporteur du texte, Jean-Raymond Hugonet (LR), veut que la future Hadopi propose à l’abonné multiaverti une transaction « consistant dans le versement d’une amende transactionnelle dont le montant ne peut excéder 350 € s’il s’agit d’une personne physique et 1 050 € s’il s’agit d’une personne morale ».

Plutôt que de risquer un procès devant le tribunal de police, l’abonné pourrait donc préférer se délester d’un chèque de 350 euros pour éteindre la procédure. Par contre, ce paiement ne ferait cependant pas échec aux droits de la partie civile, les sociétés de gestion collective, à savoir délivrer une citation directe devant le tribunal de police pour réclamer réparation.

S’il refuse le paiement, alors l’ARCOM pourrait le citer directement devant le tribunal de police. Il n'y aurait donc plus de filtre dans les mains du procureur de la République. La procédure gagnerait ainsi en nervosité. 

Le rapporteur du texte ne voit que des avantages à cette réforme qu’il reconnaît être « très attendue par les ayants droit » (notre actualité). 

D’un, « elle met un terme au sentiment d'impunité des internautes "pirates", qui peuvent actuellement commettre leur forfait sans jamais encourir la moindre sanction ». Il assimile donc sans mal abonné non sécurisé et pirate, alors que la loi de 2009 fait justement la différence…

De deux, ces 350 euros sont considérés par lui comme un « montant relativement faible ». Néanmoins, même à ce niveau, elle constitue « une ultime étape » pour « crédibiliser l'approche pédagogique » de la riposte graduée.

Enfin, « elle pourrait soulager les tribunaux, en permettant à l'internaute d'éteindre en amont le travail de la justice ».

Seul couac : le ministère de la Culture ne veut pas d'une telle amende transactionnelle, considérant que le projet de loi est taillé contre les sites illicites, non contre les abonnés. 

Commentaires (14)

Vous devez être abonné pour pouvoir commenter.

Abonnez-vous
votre avatar

15000350 = 42.857.
C’est donc la riposte des signes !

votre avatar

elle met un terme au sentiment d’impunité des internautes “pirates”,qui peuvent actuellement commettre leur forfait sans jamais encourir la moindre sanction….. elle pourrait soulager les tribunaux, en permettant à l’internaute d’éteindre en amont le travail de la justice



Je sais pas ce qu’à fumer le rapporteur du texte mais ça doit être de la bonne ou alors encore un qui confond libreoffice/openoffice avec un moyen de sécurisation. :incline:



Mettez en place l’amende, sur et certain que les tribunaux n’exploseront pas sous le nombre de recours. Cette prédiction est du même acabit que le remboursement des pros dans le cadre de la copie privée.



A titre personnel, je vote pour, j’ai toujours rêvé d’une décision de justice en première page sur le site Hadopi/Arcom affichant leur condamnation pour incapacité à apporter le moindre début de preuve concernant la négligence caractérisée.

votre avatar

elle met un terme au sentiment d’impunité des internautes “pirates”,qui peuvent actuellement commettre leur forfait sans jamais encourir la moindre sanction….. elle pourrait soulager les tribunaux, en permettant à l’internaute d’éteindre en amont le travail de la justice



Je sais pas ce qu’à fumer le rapporteur du texte mais ça doit être de la bonne ou alors encore un qui confond libreoffice/openoffice avec un moyen de sécurisation. :incline:



Mettez en place l’amende, sur et certain que les tribunaux n’exploseront pas sous le nombre de recours. Cette prédiction est du même acabit que le remboursement des pros dans le cadre de la copie privée.



A titre personnel, j’en rève et je vote pour, j’ai toujours rêvé d’une décision de justice en première page sur le site Hadopi/Arcom affichant leur condamnation pour incapacité à apporter le moindre début de preuve concernant la négligence caractérisée.

votre avatar

Par contre, ce paiement ne ferait cependant pas échec aux droits de la partie civile, les sociétés de gestion collective, à savoir délivrer une citation directe devant le tribunal de police pour réclamer réparation.


J’ai pas compris ce passage. C’est 350€ pour du vent ? C’est une amende ? C’est quoi ?

votre avatar

L’amende est toujours décorrélé des dommages et intérêts que peuvent demander les ayants droits pour contrefaçon s’ils décident de se porter partie civil.



Le problème vient du texte L335-2 du code de la propriété intellectuelle Toute édition d’écrits, de composition musicale, de dessin, de peinture ou de toute autre production, imprimée ou gravée en entier ou en partie, au mépris des lois et règlements relatifs à la propriété des auteurs, est une contrefaçon et toute contrefaçon est un délit. qui dit autrement considère que tout octet d’une oeuvre copiée, en forçant le trait, est considéré comme une contrefaçon. :reflechis:



Après si tu es un peu malin, connait la méthodologie d’acquisition des infrations et les principes des radars automatiques auxquels adorent se comparer les constatations de l’Hadopi, pas de gros risques non plus de ce coté là => Encore une procédure diffamatoire et mensongère avec des constatations ne respectant pas les canons admis en terme de preuve par les tribunaux. :non:



Faire tomber le(s) PV de constatation(s) de l’Hadopi, c’est pas les motifs qui manquent quand on s’intéresse un tant soit peu à ceux-ci et à leur méthode de génération :smack:



Allez quelques pistes pour le fun, droit d’extrait, conformité du procédé technique de collecte, taille des données permettant la constatation de l’infraction, agent assermenté validant chaque constatation (Amusant de comparer l’effectif Hadopi VS le nombre d’IP transmis), ….

votre avatar

Ah oui, le fameux CSA, dont le président est élu par l’élysée, et qui interdit l’accès aux médias publics à Asselineau et l’UPR, comme tout le monde l’aura constaté depuis la fin du premier tour de 2017 ! Je rappelle que quel que soit le bord politique de chacun ici, la redevance télé est censée assurer l’indépendance journalistique et la pluralité politique… Et on ne rit pas derrière son écran SVP !
Cela étant, j’adore l’hypocrisie générale latente de vendre des appareils pouvant stocker des Go de musique et de vidéo, dans un contexte où les jeunes ont de plus en plus de mal à partir du foyer et voler de leurs propres ailes, où l’on attend 100 000 morts d’entreprises dès que les perfusions seront débranchées, et où les sbires de l’UE vont encore sucrer 20% d’aides PE à quelques 1,7 millions de français ! J’arrête là : la seule préoccupation de nos sénateurs et députés pendant ce temps : créer une nouvelle structure technocratique pour leurs copains de l’HADOPI à nos frais, sous la coupe d’un CSA eurofasciste !
Je vous laisse débattre du juridique sans importance aucune. Pour ma part, j’en déduis qu’une fois encore, mes impôts servent à nourrir des gens qui vivent dans un autre monde, complètement déconnecté des réalités de la rue.

votre avatar

Si ils pouvait mettent autant d’effort au fraude des entreprises en matières sociales et TVA.
Sur ma ville, le patron d’un hyper se mettez les cotisations de mutuel obligatoire dans la poche. :transpi:

votre avatar

Seul couac : le ministère de la Culture ne veut pas d’une telle amende transactionnelle, considérant que le projet de loi est taillé contre les sites illicites, non contre les abonnés.



Faut les comprendre aussi. Si l’amende devenait effective, il n’aurait plus le contrôle de qui il assigne devant le tribunal (Mme Michou étant la cible privilégiée et pas celui ayant quelques connaissances informatiques) car connaissant les faiblesses de la preuve de la négligence caractérisée tout comme l’impossibilité de fournir un moyen de sécurisation, il risque de disparaitre en 4ème vitesse du paysage à force de se faire condamner pour manquement/rappel à la loi/diffamation et/ou de ne plus pouvoir fournir de PV de constatation dans le cadre de la procédure de négligence caractérisée.

votre avatar

l’impossibilité de fournir un moyen de sécurisation…



normalement : on.peut.sanctionner
SI on propose une alternative (sécuriser sa connexion)
là, non……..‘démerden.sie.sich’, et si vous.vous faites choper : tant pis pour vous !!! :mad:

votre avatar

Un “vrai” réfléchirais de la manière suivante : Tenter de faire un audit sur ce qui est le plus télécharger, tenter de comprendre pourquoi et forcer les majors à adapter leur offres.



Le français “lambda” qui est abonné à netflix n’aura pas envie de prendre un abonnement chez disney pour juste regarder le mandalorien… Il n’a pas non plus envie de jongler entre deux abonnements. Il à un budget contenu pour chaque mois et si il veut vraiment regarder un truc alors il va pirater.



C’est comme ça que ça fonctionne depuis des dizaines milliers d’années… Si la demande est trop forte et que le marché n’est pas adapté ou inexistant alors le marché noir apparait.



Exemple récent :



Le gouvernement à décidé de faire baisser le nombre de fumeurs en augmentant considérablement le prix d’un paquet de cigarette. Résultat 30% des cigarette consommée dans le pays n’ont pas été achetée chez un buraliste.



Un marché noir c’est constitué et les premier règlement de compte ont eux lieu. Pour le moment c’est à coup de barre de fer mais la prochaine étape sera le couteau et ensuite, les armes à feu ?



Au final l’état touchera autant d’argent que quand le paquet était à 10€ et surtout le plus important, le marché noir s’en cogne de vendre à des mineurs et de la qualité du produit.



Puis il y aura un effet domino, ou plus personne ne voudra acheter légalement car c’est être un putain de mouton ! Comment générer une génération de fumeur de merde…



Je résume :



. Sécurité : Zéro
. Santé : Zéro
. Économie : Zéro

votre avatar

J’aime beaucoup la mention sur le fait que 350€ est un montant relativement faible.
C’est juste le panier de course mensuel d’une famille de 4 personnes, et souvent une grosse part du revenu du foyer. Mais ce monsieur n’a évidemment pas les mêmes valeurs ni les mêmes priorités.



Ensuite, rappelons que pour atterrir à cette fameuse dernière étape, il suffit d’un seul titre de musique pris dans les filets trois fois de suite, sachant qu’il n’existe toujours aucun outil défini par la loi permettant de garantir sa bonne foi dans la sécurisation.

votre avatar

vizir67 a dit:


là, non……..‘démerden.sie.sich’, et si vous.vous faites choper : tant pis pour vous !!! :mad:


Non, non, non. :non:



Je t’invite à réviser l’article L335-25 du code de la proprièté intellectuelle qui dit en substance
Lorsqu’elle est saisie de faits susceptibles de constituer un manquement à l’obligation définie à l’article L. 336-3, la commission de protection des droits peut envoyer à l’abonné, sous son timbre et pour son compte, par la voie électronique et par l’intermédiaire de la personne dont l’activité est d’offrir un accès à des services de communication au public en ligne ayant conclu un contrat avec l’abonné, une recommandation lui rappelant les dispositions de l’article L. 336-3, lui enjoignant de respecter l’obligation qu’elles définissent et l’avertissant des sanctions encourues en application des articles L. 335-7 et L. 335-7-1. Cette recommandation contient également une information de l’abonné sur l’offre légale de contenus culturels en ligne, sur l’existence de moyens de sécurisation permettant de prévenir les manquements à l’obligation définie à l’article L. 336-3 ainsi que sur les dangers pour le renouvellement de la création artistique et pour l’économie du secteur culturel des pratiques ne respectant pas le droit d’auteur et les droits voisins. :windu:



Pour être franc, dans tous les recommandations reçues (3 à ce jour), je cherche encore. :bouletdujour:
Oui, Hadopi me l’a déjà répondu de me démerder (pour être précis, je suis libre de mettre en place le moyen de sécurisation de mon choix, l’Hadopi n’en recommandait aucun) quand je leur ai demandé de m’indiquer les moyens de sécurisation qu’il recommandait. :heben:



En retour, je leur est retourné de m’expliquer leur traduction de l’article L331-25 qui est on ne peut plus clair sur leurs obligations de m’indiquer les moyens de sécurisation existant => Silence radio :best:

votre avatar

:eeek2: :langue:

votre avatar

sebmil a dit:


J’aime beaucoup la mention sur le fait que 350€ est un montant relativement faible. C’est juste le panier de course mensuel d’une famille de 4 personnes, et souvent une grosse part du revenu du foyer. Mais ce monsieur n’a évidemment pas les mêmes valeurs ni les mêmes priorités.


Je m’étonne par contre que ça ai pris 10 ans pour en arriver là, alors que se faire de la maille rapidement pour rassurer ses “actionnaires” est clairement le but de ce gouvernement.

Au Sénat, des armes contre le streaming illicite, des amendes de 350 euros dans la riposte graduée

  • Muscler les injonctions de l’ARCOM

  • Hadopi : 350 euros ou direction tribunal 

Fermer