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Intel : Xeon « E-Cores », Falcon Shores, projet Endgame et compression matérielle AV1

Il y en a pour tous les goûts

Intel : Xeon « E-Cores », Falcon Shores, projet Endgame et compression matérielle AV1

Le 18 février 2022 à 08h00

Avec Alder Lake, puis Sapphire Rapids, Intel avait prévenu : il amorce peu à peu une nouvelle phase de montée en puissance, après des années à se faire ridiculiser par AMD, NVIDIA ou encore Apple. Le constructeur en dit aujourd'hui un peu plus sur ses plans et les surprises qui nous attendent, notamment dans le domaine des serveurs.

Hier, Intel organisait son « Investor Meeting 2022 ». L'occasion pour le constructeur d'annoncer à nouveau de bons résultats financiers, mais également de faire le point sur son avenir et en dire un peu plus sur sa feuille de route, tant à court terme que pour les années à venir. On la connait désormais à l'horizon 2024. 

Rétablir la confiance

L'évènement a duré plus de trois heures, plusieurs dirigeants de l'entreprise y étant allés de leur petite présentation publique, à commencer par le CEO : Pat Gelsinger. Ce dernier vient d'ailleurs de fêter la première année de son retour, ce barnum médiatique est donc loin d'être anodin. Il veut montrer que sa promesse d'un Intel « back in the game » est réelle, que les étapes attendues sont peu à peu franchies et même parfois en avance de phase.

Il faut dire que ce n'était plus vraiment la pratique du constructeur qui a passé des années à décevoir, malgré de bons résultats financiers (fruits de nombreux départs). C'est ce qui a notamment expliqué la traversée du désert récente où tous les acteurs du secteur se sont « payé » Intel. Mais désormais, tout cela est derrière l'équipe promet Gelsinger, qui a remis en ordre de marche ses plus de 121 000 employés dans 53 pays.

Ainsi, il a exhibé un premier wafer Intel 18A (avec RibbonFET) pour montrer que la fonderie avance. Car c'est sans doute l'un des gros morceaux. Là où certains conseillaient il y a quelques années à l'entreprise de céder cette activité, elle est devenue l'un des piliers stratégiques tant pour la production interne que pour des tiers et sur des technologies plus ouvertes que x86 ou les IP proposées par Intel : ARM et RISC-V en tête.

Si Gelsinger vante ici un Intel plus apaisé face à la concurrence, misant toujours plus sur des solutions ouvertes (l'entreprise est de longue date un gros contributeur à l'écosystème open source), c'est parce que ce sera aussi une manière de mieux rentabiliser les lourds investissements nécessaires, et d'être plus efficace. Il explique ainsi comment il travaille désormais main dans la main avec le néerlandais ASML qui lui fournit des machines essentielles à la création de ses puces, plutôt que de simplement leur demander de les livrer au pied de l'usine.

Une approche qui tranche effectivement avec l'ère « BK » où les investissements étaient plutôt dans les BMX connectés que de parler d'architecture, de fonderie et de feuille de route, ce qui était plutôt mal vu. « Les geeks sont de retour » a fait remarquer le nouveau patron, rappelant que certains des employés mythiques de l'entreprise qui l'avaient quitté sont revenus depuis. De quoi nous promettre de décrocher la lune en deux ans ?

Voici ce qu'il faut retenir de ces annonces. La conférence est visible en replay par ici.

Intel Fonderie Stratégie

De bonnes et de moins bonnes nouvelles

Commençons par ce qui était attendu à court terme, mais prend du retard : les GPU. En effet, les premières cartes graphiques devaient arriver au premier trimestre, Intel l'a encore répété au CES. Nous avions lors de nos derniers articles sur le sujet évoqué un premier décalage à courant mars, il faudra compter quelques semaines de plus finalement. Les puces ne sont pas en cause, le constructeur finalisant plutôt sa couche logicielle. 

Il faut dire que le travail abattu par les équipes en la matière est titanesque, qu'il s'agisse des pilotes pour Linux, Windows, les optimisations pour les jeux, des fonctionnalités comme XeSS pour faire le poids contre la concurrence, l'intégration à des outils de calcul pour OneAPI, etc. Intel sait que la première impression sera vitale et préfère ainsi accuser encore un peu de retard (le marché étant de toutes façons en tension), que de se louper.

Surtout que le constructeur l'a dit : il arrivera avec plus de quatre millions de cartes pour PC portables et de bureau, espérant bien les mettre à la disposition des joueurs qui ne trouvent ni GeForce ni Radeon. À quels prix ? D'autant que la concurrence se prépare. NVIDIA devrait parler de sa nouvelle génération à la GTC courant mars, AMD travaille sur Navi 3. À trop tout décaler, Intel va arriver un peu tard sur le marché.

Arctic Sound-M : de la bombe ?

C’est de toute façon un autre produit qui a attiré notre attention : Arctic Sound-M. Il s'agit du remplaçant de la carte SG1 et ses quatre petits GPU Xe, qui avait un défaut : elle avait été créée pour répondre à une demande de Tencent sur le cloud gaming Android et se focalisait donc sur Linux et la compression vidéo. Beaucoup l'ont regretté.

Intel Arctic Sound-M AXGIntel Arctic Sound-M AXG

Intel a entendu ces plaintes et revient avec un modèle plus performant, capable de gérer la compression matérielle AV1, une première. Elle peut surtout encaisser la compression de plus de 30 flux pour du jeu Android (720p30), autant en 1080p pour de la pure compression vidéo, 8 en 4K. Elle peut également appliquer des modèles d'IA en inférence (150 TOPS) pour de la reconnaissance faciale ou d'objet sur les vidéos traitées par exemple.

Le tout devrait intéresser de nombreux acteurs, tant dans la virtualisation, que la vidéo et l'IA. On attend d'en savoir plus sur cette carte n'occupant qu'un emplacement PCIe, attendue pour cet été.

Une petite révolution dans les Xeon

L'autre grande annonce est celle, attendue, d'une déclinaison des processeurs pour serveurs avec une multitude de petits cœurs en complément de la gamme classique. En effet, Sapphire Rapids qui sortira cette année exploite exclusivement des « P-Cores » que l'on trouve dans l'architecture hybride Alder Lake (qui sera adaptée en Xeon).

Intel Xeon 2024

Sur la feuille de route évoquée jusqu'à maintenant, il n'était pas prévu d'avoir une même approche dans le haut de gamme de l'offre pour serveurs, que ce soit avec l'évolution attendue pour 2023 (Emerald Rapids) ou Granite Rapids qui est attendu pour 2024, désormais en Intel 3 (7 nm+). Si ce dernier commence à montrer le bout de son nez, il aura désormais droit à un petit frère : Sierra Forrest qui utilisera les « E-Cores » (Efficiency), de cette génération. 

On ne sait pas encore jusqu'à combien, ni si ce sera sur un socket unifié ou pas. Mais on imagine que le but sera de répondre à ARM et des acteurs comme Ampere Computing qui proposent déjà 128 petits cœurs par socket et devraient aller plus loin dans les années à venir. AMD a d'ailleurs déjà évoqué son projet Bergamo qui consiste à passer de 96 coeurs pour Zen 4 à 128 cœurs pour Zen 4c, une architecture allégée.

L'autre grand projet de 2024 est Falcon Shores, qui consistera à réunir CPU (x86) et GPU (Xe) au sein d'un même socket avec un accès mémoire unifié, annoncé comme 5x plus rapide, dense et efficace. On n'en saura pas plus.

Intel Falcon ShoresIntel Falcon Shores

AXG sort de terre

Ce processeur tombe d'ailleurs sous le giron de Raja Koduri et son nouvellement créé Accelerated Computing Systems and Graphics Group (AXG), qui a pour objectif de générer 10 milliards de revenus en 2026 contre 1 milliard attendu en 2022. Cela passera par la montée en puissance des solutions graphiques et le retour en force d'Intel dans les gros contrats de supercalculateurs sur lesquels son équipe travaille dur avec Ponte Vecchio.

Mais aussi l'émergence de nouveaux accélérateurs comme ceux en lien avec les technologies liées à la blockchain par exemple. Intel a également évoqué son projet Endgame, qui consiste à pouvoir donner l'accès à un GPU à travers le réseau, un peu à la manière de NVMe/TCP pour les SSD ? Cela ressemble à un changement de dénomination d'une démonstration technologie faite il y a quelques mois : Continual Compute.

On en saura plus dans le courant de l'année promet le constructeur, qui devrait ici retenir l'attention de tous les acteurs qui s'intéressent de près ou de loin au GPU dans les serveurs en général et au Cloud Computing en particulier. Surtout si on peut récupérer localement un GPU sans avoir à virtualiser un système entier.

Grand public, réseau et fonderie, des promesses en pagaille

Pour le reste, on a surtout eu droit à de nouveaux engagements sur la stratégie Intel Foundry Services (IFS), le constructeur venant de se payer Tower Semiconductor pour ajouter à son catalogue une partie du marché qui lui échappait jusque-là. Le Network and Edge Group (NEX) créé l'année dernière va de son côté devoir accélérer dans la 5G, l'edge, mais aussi la stratégie IPU qui promet une réorganisation des datacenters, notamment dans le cloud.

Intel Tower Semiconductor

Pour le grand public, Alder Lake va continuer d'être décliné dans les mois à venir, puis être accompagné des cartes graphiques vendues sous la gamme ARC. Rocket Lake suivra avec des améliorations, notamment sur le nombre de cœurs : jusqu'à 24C/32T. Une première démonstration a d'ailleurs été faite, il doit être lancé d'ici la fin de l'année.

Puis suivra Meteor Lake (Intel 4, soit du 7 nm) qui comportera le premier grand changement attendu, découlant du travail effectué sur Sapphire Rapids : la désagrégation des puces, avec une architecture modulaire, sous forme de tuiles pour le CPU, le GPU et le SoC. Arrow Lake qui est attendu pour 2024 sera le premier à utiliser des puces gravées en 5 nm (Intel 20A), mais aussi d'autres produites à l'extérieur. Lunar Lake (18A) sera l'évolution suivante.

Intel 2024Intel 2024

Bref, Intel rentre dans le dur et commence désormais à livrer une vision plus complète de ce qui nous attend. Mais il lui faut désormais en finir avec les retards issus du passé et livrer à l'ensemble de ses marchés, GPU compris. On devrait rapidement voir si les promesses des précédentes annonces seront tenues.

Gageons que ses concurrents suivront et parleront à leur tour de leur avenir, d'ici à 2024/2025. Une période qui sera l'objet de batailles passionnantes à suivre, tant les équilibres promettent de changer.

Commentaires (8)

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Ah, le retour de David, je me disais hier qu’il n’y avait rien eu depuis 3 semaine sur Impact Hardware :( Je lirai celui-ci à midi, trop long pour une pause café :D

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(reply:1930950:dvr-x)


Suffit de prendre un lungo :D

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Merci pour cette bonne synthèse ! Vivement 2024 alors ;-)
Juste, je n’ai pas compris en quoi l’acquisition de Tower Semiconductor complétait le catalogue d’Intel ? J’ai cliqué sur le lien mais c’est le communiqué de presse et ça n’explique pas vraiment de quelle technologie il s’agit.

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Parce qu’ils sont sur des process, IP et marchés différents, où Intel n’est pas présent ou que partiellement (par exemple l’automobile, où il n’existent surtout qu’à travers Mobileye et ce qui va avec). Voir ici. C’est le même secteur mais des besoins/marchés différents et qui permettent de bonne synergies sur la durée (on verra en pratique bien entendu).

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Surtout que le constructeur l’a dit : il arrivera avec plus de quatre millions de cartes pour PC portables et de bureau,
Il y a 100 millions de cartes graphiques vendues par an, 4 millions c’est rien. Si ça bascule encore de Q2 à Q3

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C’est pas vraiment une bascule d’un trimestre, après chacun lit ça comme ça l’arrange, qu’importe. Sur le fond, ça fera un bon souffle sur le marché, et ça ferait déjà une bonne pdm pour le début (d’ailleurs tu parles bien de 100M en discrete GPU ? De mémoire on est à moins que ça, mais ça peut être différent avec ou sans les laptops, à vérifier)

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Source pour les 100M de GPU vendus par an ? On est plutôt dans les 40-50M il me semble.



https://www.tomshardware.com/news/jpr-q3-2021-desktop-discrete-gpu-shipments

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De la concurrence dure, sur les technos ! C’est ça qu’on veut ! :tristan:

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