Depuis le très sérieux ministère de la Culture, la Commission d’enrichissement de la langue française a apporté une nouvelle pierre à son édifice : la traduction en français des expressions et termes étrangers.
Au Journal officiel ce matin, dans la catégorie « Vocabulaire du Droit », cette instance a ainsi traduit « Dolphin Attack » en « attaque aux ultrasons » pour qualifier cette « technique d’intrusion qui consiste à envoyer, par ultrasons, un message à un assistant vocal pour en prendre le contrôle, à l’insu de son utilisateur attitré ».
On ne dira plus « digital forensics » mais « criminalistique numérique » pour qualifier la « technique d’enquête qui consiste à collecter et à exploiter des supports ou des données numériques pour établir des preuves pénales ».
« Cryptostealer » ? Que nenni ! Il faudra dire à l’avenir « détourneur de cybermonnaie », pour ces logiciels malveillants conçus pour « détourner, lors d’un transfert, de la cybermonnaie ».
On ne dira pas davantage « phishing » mais « hameçonnage », pas plus qu’on n’utilisera « whale phishing » mais « harponnage » pour parler de l’« hameçonnage ciblé d’un dirigeant par un cybercriminel qui se fait passer pour une personne influente ou investie d’une autorité ».
Ne dites plus « social engineering » mais « manipulation psychosociale ». « Jackpotting » sera laissé sur les plages de Californie au profit de « piratage de distributeur automatique ».
Enfin… le « smurfing », « technique de blanchiment d’argent qui consiste à faire effectuer, par de nombreuses personnes recrutées à cet effet, des dépôts bancaires inférieurs au seuil de l’obligation déclarative légale ». Les éminences grises et bénévoles, qui siègent au sein de la Commission, proposent « blanchiment fractionné », ou mieux, dans le « langage professionnel », la traduction « schtroumpfage ».
Selon un décret de 1996, ces termes francisés « sont obligatoirement utilisés à la place des termes et expressions équivalents en langues étrangères (…) dans les décrets, arrêtés, circulaires, instructions et directives des ministres, dans les correspondances et documents, de quelque nature qu'ils soient, qui émanent des services et des établissements publics de l'État ».
Peut-être aurons-nous un jour une très sérieuse circulaire du ministère de l’Économie et des Finances contre le « schtroumpfage », une autre de la Justice pour éviter aux crédules de se faire schtroumpfer par quelque Gargamel de passage.
De là-haut, Peyo doit adorer le pays des Bleus…
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