Sébastien Barles, adjoint au maire de Marseille et délégué à la transition écologique, a publié une tribune dans Libération le 31 août. Il y appelle à un « moratoire d’urgence » sur les centres de données ainsi qu’à une législation ferme.
L’adjoint estime que les fermes de données sont « énergivores [et] peu pourvoyeuses d’emplois ». Il évoque une consommation qui atteindrait 13 % de l’électricité mondiale (sans expliquer d’où vient ce chiffre) en 2030 et souhaite « limiter les impacts spatiaux, énergétiques et environnementaux des grandes fermes ».
Face aux « impératifs d’efficacité et de sobriété énergétique, de circularité et de maîtrise des usages », il appelle à « réguler ce secteur, de réfléchir à une meilleure intégration urbaine, à une planification des infrastructures numériques et à de nouvelles solidarités énergétiques locales en même temps qu’à un régime fiscal des data centers permettant de compenser pour les États et les collectivités accueillantes les impacts négatifs subis ».
L’industrie, jugée « énergivore et prédatrice d’espace foncier précieux », est sévèrement pointée du doigt. « Les data centers de la Courneuve qui couvrent 40 000 m² ont créé seulement 120 emplois », donne Sébastien Barles en exemple. Au sein de Marseille, les actuels 30 000 m² consacrés aux centres de données consommeraient « l’équivalent d’une ville de 150 000 habitants ».
L’adjoint donne d’autres exemples, comme les moratoires pris à Amsterdam, les « exigences drastiques » imposées par Stockholm, ou encore l’Irlande et Singapour qui se raviseraient « pour des questions énergétiques ».
La tribune, bien sûr, a fait réagir. Stéphane Bortzmeyer lui a consacré un article de blog hier, dans lequel il dénonce les approximations et l’utilisation d’un langage orienté comme « prédatrice » ou encore, dans une série de tweets, le mot « colonisé ».
Comme d’autres sur Twitter/X, il fait remarquer que ce ne sont pas les centres de données qui créent la demande, mais qu’ils sont construits pour accompagner cette dernière, puisque la consommation des services numériques augmente constamment. Limiter les centres de données n’abaisserait pas la demande. La construction de locaux plus petits ne règlerait pas le problème et serait contre-productive, puisque de nombreux aspects – dont le refroidissement – seraient moins mutualisés.
D’autres encore font remarquer que la situation de Marseille est également particulière, puisqu’à la sortie de plusieurs câbles sous-marins majeurs. Il y a quelques mois, Aurélien Vigano, directeur des infrastructures internationales d’Orange, indiquait que si Marseille était la 328e ville mondiale par sa taille, elle était la 7e en matière de flux de données.
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