AMD dévoile sa nouvelle gamme EPYC : le modèle 7742 (64 cœurs) à 6 950 dollars « seulement »
Sans équivalent chez Intel
Le 08 août 2019 à 06h14
7 min
Hardware
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C'est le grand jour pour la seconde génération de processeurs EPYC d'AMD. Gravés en 7 nm, intégrant du PCIe 4.0 et jusqu'à 64 cœurs, ils s'affichent à un tarif maximal plutôt modéré. De quoi mettre de sérieux bâtons dans les roues d'Intel, permettant au Texan de viser les 10 % de parts de marché.
Lorsqu'il a commencé à parler de ses processeurs Zen 2 l'année dernière, AMD avait débuté par son offre consacrée aux serveurs. On découvrait alors les grandes lignes de ces nouvelles puces et leurs huit « chiplets » permettant l'intégration d'un maximum de 64 cœurs.
Une des décisions fondamentales de cette génération a en effet été de découpler ces éléments vitaux, gravés en 7 nm, de tout ce qui est lié aux E/S : mémoire et connectique. « Parce que ça ne scale pas, contrairement aux unités de calcul et au cache », nous précise Scott Aylor, vice-président en charge de l'offre datacenter.
Début juillet, les Ryzen de 3e génération étaient mis sur le marché, mais on était toujours dans l'attente de détails sur les nouveaux EPYC. C'est lors d'un évènement organisé à San Francisco, et d'une conférence 1 h plus longue que prévu, qu'AMD a livré la composition de sa gamme et ses tarifs.
Pas plus de 109 $ par cœur
Et comme on pouvait s'y attendre, le Texan attaque Intel là où ça fait mal : au porte-monnaie. Il a ainsi vanté une baisse du TCO (coût total de possession) de 25 % par rapport à sa gamme précédente, poussant Twitter à choisir ses processeurs pour une partie de son infrastructure.
D'autres ont également sauté le pas. Google a été le premier à mettre en production des EPYC de série 7002 (2 pour 2e génération). Le géant de la recherche en proposera également à ses clients via son offre Cloud. Un beau coup pour AMD qui multiplie les prises de guerre face à un Intel sans armes pour répondre à 64 cœurs au sein d'un même socket, tout en étant toujours empêtré dans les failles de sécurité.
Surtout, là où il fallait compter 4 200 dollars pour un modèle haut de gamme à 32 cœurs comme l'EPYC 7601, son équivalent en 7 nm, le 7452, n'en coûte plus que la moitié : 2 025 dollars. Malgré des fréquences plus élevées, son TDP passe également de 180 à 155 watts. Tous fonctionnent jusqu'à deux sockets, exceptés les modèles P, un peu moins chers.
Comptez ainsi 4 425 dollars pour un 64 cœurs mono-socket avec un TDP de 200 watts et une fréquence maximale de 3,35 GHz. On a hâte de découvrir son équivalent dans la gamme Threadripper pour stations de travail.
Si l'on reste à un maximum d'un peu plus de 100 dollars par cœur, c'est désormais pour des puces équipées de pas moins de 64 cœurs. AMD continue de vanter une approche égalitaire sur les nouvelles fonctionnalités : toutes ses puces gèrent 128 lignes PCIe 4.0, huit canaux DDR4 à 3,2 GHz, etc.
Seule déception, la fréquence maximale est de 3,4 GHz, même sur des modèles avec peu de cœurs. C'est 1 GHz de moins que dans l'offre grand public. Vous pouvez trouver de premiers tests détaillés chez nos confrères d'Anandtech ou encore chez Phoronix.
Un même socket, des systèmes déjà disponibles
Le socket SP3 est inchangé. Comme pour l'offre grand public, une mise à jour du BIOS/UEFI permettra aux serveurs et cartes mères de gérer les nouvelles puces. Elles ont un TDP configurable, pouvant atteindre 240 watts dans certains cas. « Il faudra que le serveur soit prévu pour ce TDP, ce qui nécessitera parfois une mise à jour matérielle » prévient AMD.
Utiliser un système plus récent est aussi la seule garantie de pouvoir exploiter les dernières fonctionnalités de la plateforme, notamment sa connectique.
Quoi qu'il en soit, les partenaires sont prêts. Nous avons ainsi pu voir des systèmes ASRock Rack, ASUS, Gigabyte, Tyan ou encore Atos parés pour les EPYC 7002. Certains partenaires comme HPE ont annoncé des serveurs d'ores et déjà disponibles à la vente : les ProLiant DL325 et DL385. Lenovo devrait suivre dans le courant du mois.
Viser au-delà du cloud à forte densité
Autre cheval de bataille d'AMD pour cette seconde génération : ne pas se contenter d'être le constructeur des hébergeurs à petit prix, qui utilisent ses puces pour leur grosse densité par socket. Lisa Su l'a répété : EPYC 7002 est meilleur dans la majorité des cas, il n'y a pas de raison de lui préférer l'offre concurrente... ou presque.
Outre la diversité des plateformes, la bonne implantation et l'écosystème énorme dont il bénéficie, Intel a pour lui une offre complète dépassant les processeurs pour un ou deux sockets. Sans parler des SSD, cartes réseaux, solutions et accélérations spécifiques pour la vidéo, l'IA, via AVX-512, DC Persistent Memory, etc.
Autant de forces pour certains clients, pour qui le CPU n'est pas forcément le coût le plus important, ou même le seul élément clé des performances. On note d'ailleurs qu'AMD n'a pas dit un mot de ses plans pour les GPU dans les serveurs.
Pour le reste, la société s'est contenté le plus souvent de botter en touche, précisant qu'elle mise sur un large écosystème ouvert de dizaines de partenaires. On note d'ailleurs que ces derniers sont de plus en plus nombreux, que ce soit au niveau matériel ou logiciel. Des éditeurs comme Nutanix font une entrée remarquée.
Lisa Su pourra-t-elle réussir son pari ?
Pour AMD, l'enjeu est de taille puisqu'il s'agit d'arriver à obtenir au moins 10 % de parts de marché dans le domaine des serveurs 1S/2S d'ici la fin de l'année prochaine, pour coller aux déclarations de Lisa Su. Les EPYC 7002 semblent une bonne manière d'y parvenir.
Bien qu'ils ne permettent pas de viser la totalité du marché, avec des lacunes sur les technologies les plus récentes, ils ont quelques atouts de taille. Outre leur prix, on note leur densité, leur gestion du PCIe 4.0, la faible segmentation de la gamme et une offre lisible.
Si Intel mise sur des solutions complètes et parfois sans concurrence, le géant de Santa Clara aura du mal à faire oublier qu'il est incapable de proposer un équivalent d'une bonne partie de la gamme d'AMD, encore moins à des tarifs similaires. Les écarts de performances/dollars annoncés par AMD sont parfois supérieurs à 2x !
Autant dire que la bataille qui s'annonce pour les mois à venir va être rude. Chacun va user de ses armes pour convaincre les clients.
À noter :
Cet article a été rédigé dans le cadre d'une conférence où nous avons été conviés par AMD. Le constructeur a pris en charge nos billets d'avion, notre hébergement et la restauration sur place. Conformément à nos engagements déontologiques, cela s'est fait sans aucune obligation éditoriale de notre part – excepté le respect des dates d'embargo (NDA) – et sans ingérence de la part d'AMD ou de son agence de communication.
AMD dévoile sa nouvelle gamme EPYC : le modèle 7742 (64 cœurs) à 6 950 dollars « seulement »
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Pas plus de 109 $ par cœur
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Un même socket, des systèmes déjà disponibles
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Lisa Su pourra-t-elle réussir son pari ?
Commentaires (9)
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Abonnez-vousLe 08/08/2019 à 07h59
C’est un peu malaisant pour Intel.
Le 08/08/2019 à 08h07
C’est pas une mauvaise idée la note à la fin…
Merci pour cet article
Le 08/08/2019 à 08h20
Nous avons ainsi pu voir des systèmes ASRock Rack, ASUS, Gigabyte, Tyan ou encore Atos parés pour les EPYC 7002.
Il y a aussi SuperMicro : https://www.supermicro.com/en/products/aplus/solutions/sp3
Le 08/08/2019 à 08h31
Je viens de lire le test sur Phoronix…
Cette violence en multi-threading surtout vu le coût…
En single-thread c’est pas encore ça malheureusement mais il y a quand même d’énormes progrès de faits.
Et en ratio perf/$ bon c’est carrément un massacre…
Ça fait plaisir de voir AMD revenir en force dans le CPU game !
Le 08/08/2019 à 13h01
Voici un premier benchmark:
https://www.anandtech.com/show/14694/amd-rome-epyc-2nd-gen
Ce processeur est largement en tête de tous les benchmarks, mis à part ceux optimisés pour Intel avec de l’AVX-512, où là il est juste un peu plus performant.
Intel va devoir serrer les fesses jusqu’à Ice Lake
Le 08/08/2019 à 13h10
L’intérêt de lire les articles, c’est de voir que les liens sont déjà dedans ;) (Et Intel attend plutôt Tiger Lake en fait)
Le 09/08/2019 à 11h21
Ces monstres de CPU n’empêche …
Le 11/08/2019 à 07h41
Oh, et pour un serveur, la fréquence boost a peu d’importance en fait (sauf serveurs de calculs). Un hyperviseur Vsphere/Proxmox se fiche de combien en boost sera ses procos, mais le nombre de coeurs a toute son importance.
Le 14/08/2019 à 19h11
bien content de voir amd sortir la tète de l’eau cote pro et grand public, mon brave buldozer tire la langue :)