Connexion
Abonnez-vous

Les CNIL européennes réagissent (enfin) à Prism et à la surveillance de masse

Prism à la casse

Les CNIL européennes réagissent (enfin) à Prism et à la surveillance de masse

Le 14 avril 2014 à 07h00

Près de dix mois après le début de « l’affaire Snowden », le G29 vient de publier un avis dans lequel il considère que la surveillance massive et secrète des citoyens européens est contraire aux droits fondamentaux de l’Union. L’institution se place dans le sillon de la CNIL, en recommandant notamment d’agir à l’échelon international, que ce soit au travers d’accords entre États ou bien encore via la législation européenne relative aux données personnelles. 

g29 prism

 

Été 2013. Alors que le nom d’Edward Snowden est désormais bien connu du grand public, que les révélations sur Prism ou XKeyscore se succèdent depuis le début du mois de juin, la réplique des autorités européennes de protection des données personnelles réunies au sein du « G29 » se fait attendre. Ce n’est en effet que le 13 août que le regroupement des « CNIL » de l’UE interpelle la Commission européenne, en lui demandant une enquête approfondie, et se saisit pleinement du problème (voir notre article).

Des activités de surveillance contraires aux droits fondamentaux européens

Jeudi dernier, près de dix mois après le début de l’affaire Snowden, le G29 a finalement adopté un avis concernant la surveillance de masse des citoyens européens (PDF). À la lumière des différentes révélations de ces derniers mois, les CNIL concluent que « les programmes de surveillance secrète, massive et sans distinction sont incompatibles avec nos droits fondamentaux, et ne sauraient être justifiés par la lutte contre le terrorisme ou d'autres considérations de sécurité publique ».

 

L’institution poursuit en affirmant que de telles atteintes sont inacceptables dans une société démocratique, sauf si les mesures de surveillance sont « strictement nécessaires et proportionnées ». À cet égard, elle ajoute : « La façon dont les services de renseignement exploitent les données relatives à nos communications quotidiennes ainsi que le contenu de ces communications souligne qu’il est nécessaire de fixer des limites à cette surveillance ». L’avis du G29 contient ainsi plusieurs recommandations visant à limiter l’ampleur et l’incompatibilité des programmes de surveillance au regard des droits fondamentaux de l’Union européenne.

Le G29 réclame davantage de transparence de la part des États

Tout d’abord, les États Membres de l'Union sont priés de bien vouloir être plus transparents s’agissant des activités de surveillance de leurs services de renseignement. Le G29 préférerait que cette ouverture soit publique, ou, à défaut, qu’elle se fasse avec les parlementaires et l’autorité nationale de protection des données personnelles (en France, la CNIL). L’institution se garde cependant de délimiter le périmètre et les contours exacts de cette transparence...

 

« Les individus doivent être informés des conséquences de leur utilisation de services de communication en ligne ainsi que de la façon de mieux se protéger » poursuivent les CNIL. Ces dernières souhaiteraient que les sociétés collectant des données (Google, Facebook, etc.) soient elles aussi plus transparentes, en informant davantage leurs utilisateurs. Le G29 ajoute ici qu’il compte organiser durant le second semestre 2014 un débat sur le thème de la surveillance, afin notamment de mieux informer et conseiller les citoyens européens.

Menace de suspension des collectes sur le fondement de la CEDH

Le G29 donne ensuite un avertissement en expliquant que les programmes de surveillance étatiques sont susceptibles d’être examinés par la Cour européenne des droits de l’homme, au titre notamment de potentielles violations du droit au respect de la vie privée - tel que consacré par l’article 8 de la CEDH. Le Royaume-Uni a d’ailleurs déjà été traîné devant la cour de Strasbourg l’automne dernier par plusieurs associations britanniques, sur le fondement de ces dispositions. Les CNIL européennes demandent donc aux États-membres de bien vouloir respecter les règles actuellement en vigueur. Elles rappellent au passage qu’elles peuvent suspendre au niveau national des collectes de données, dès lors qu’en examinant un programme de surveillance apparaissent de probables violations de la CEDH ainsi que des risques imminents de « préjudice grave » pour les personnes concernées.

Pour des accords internationaux et une adoption du règlement « données personelles »

Afin de limiter le transfert de données collectées par des services de renseignement vers des pays tiers, l’institution plaide pour la signature de textes juridiquement contraignants au niveau international. Et ce aussi bien entre un État membre et un autre pays (les États-Unis, le Japon, etc.) qu’entre États-membres de l’Union européenne. Des accords internationaux sont également mis en avant comme opportunité d’apporter, au moins sur le papier, des gages de transparence mutuelle et de respect des droits fondamentaux des citoyens européens.

 

Enfin, le G29 réclame une adoption rapide du projet de règlement européen relatif aux données personnelles. L’institution appuie d’ailleurs la version adoptée en mars dernier par le Parlement, et notamment son nouvel article 43a « prévoyant l'obligation d'informer les individus lorsqu'il a été donné accès à leurs données à une autorité publique au cours des douze derniers mois », comme le souligne la CNIL.

Commentaires (20)

Vous devez être abonné pour pouvoir commenter.

Abonnez-vous
votre avatar







momal a écrit :



Oulala ils doivent avoir vraiment peur, les gens de la NSA… une resolution contraignante ?? Rhoooo..





Il n’y a pas que la NSA : les États européens font pareil. Si ça pouvait contraindre les DGSE et consorts à cibler un peu mieux leur collecte de données (et arrêter d’aspirer bêtement presque tout ce qui passe dans les tuyaux des FAI), ça serait déjà ça (oui, je rêve éveillé). <img data-src=" />


votre avatar







Lady Komandeman a écrit :



Il n’y a pas que la NSA : les États européens font pareil. Si ça pouvait contraindre les DGSE et consorts à cibler un peu mieux leur collecte de données (et arrêter d’aspirer bêtement presque tout ce qui passe dans les tuyaux des FAI), ça serait déjà ça (oui, je rêve éveillé). <img data-src=" />







lol oui bien sur, je generalisais vu que l’acronyme NSA est largement plus connu que tous ceux des etats europeens.


votre avatar







HarmattanBlow a écrit :



Trop peu, trop tard, comme toujours avec la CNIL. En matière de données personnelles, la CNIL c’est un David à poil contre une armée de Goliaths armés de têtes nucléaires. Totalement obsolète, on pourrait la supprimer ça reviendrait presque au même.



Et puis, bon, quelle surprise d’apprendre que violer plusieurs milliards de fois par jour l’article 2 de la déclaration des droits de l’homme est illégal. Sans blague. Et merci pour la tranche de rire avec les accords internationaux, je suis sûr que ceux qui ont mis en place cette surveillance totalitaire vont s’empresser de vouloir la supprimer. Et puis on pourrait leur faire confiance, tiens, je suis sûr que si un texte de plus l’interdisait ils cesseraient enfin.







J’vais te la faire courte.

Tu prends Amesys, c’est devenu AmeSys, installée au Quatar, pays nous soumit aux réglementations de l’UE. On peut continuer à vendre notre “Eagle” au tour des 25 millions d’euros à des dictatures, en paix (play on word) … To be continued …


votre avatar







HarmattanBlow a écrit :



…je suis sûr que ceux qui ont mis en place cette surveillance totalitaire vont s’empresser de vouloir la supprimer…







En même temps ce sont les mêmes états qui ont mis en place l’esclavage (pour voler le travail) et la colonisation (pour voler les matières première) à grande échelle, et ils ont fini par les interdire <img data-src=" /> Mais en fait non, ils les ont juste “civilisé” par des travailleurs à 20$/mois et des accords internationaux à leur seul profit <img data-src=" />


votre avatar
votre avatar

% de séries et films





Cartmaninpact a écrit :



En même temps ce sont les mêmes états qui ont mis en place l’esclavage (pour voler le travail) et la colonisation (pour voler les matières première) à grande échelle, et ils ont fini par les interdire <img data-src=" /> Mais en fait non, ils les ont juste “civilisé” par des travailleurs à 20$/mois et des accords internationaux à leur seul profit <img data-src=" />





<img data-src=" />



L’Allemagne est également exemplaire avec des boulots précaires obligatoires, et ceux aussi à un euro par jour : « le travail rend libre », c’est un refrain connu ! <img data-src=" />



Pour revenir au sujet, c’est fou à quel point les pays dits démocratiques comme les USA donneurs de leçon sont respectueux du droit des citoyens ! <img data-src=" />

Il est vrai que le business est le business, à voir rien qu’à la TV les séres, films, émissions de télé-réalité et autres The Voice qui sont à 95% américaines, ça en dit long sur notre indépendance ! <img data-src=" />


votre avatar







paradise a écrit :



Il est vrai que le business est le business, à voir rien qu’à la TV les séres, films, émissions de télé-réalité et autres The Voice qui sont à 95% américaines, ça en dit long sur notre indépendance ! <img data-src=" />







Ce n’est pas comme si nous, bon français, n’étions pas capables de produire quelque chose de “bien” (entre guillemets, parce que c’est relatif). <img data-src=" />


votre avatar







2show7 a écrit :



Ils sont vraiment réactifs <img data-src=" /> <img data-src=" />





Ah mais quand ça concerne les droits fondamentaux de l’homme, ils rigolent pas. Ca bosse dur et vite, chez eux.<img data-src=" />


votre avatar







MrCal3x a écrit :



Ce n’est pas comme si nous, bon français, n’étions pas capables de produire quelque chose de “bien” (entre guillemets, parce que c’est relatif). <img data-src=" />





Oui, nul doute. Sauf que ça date des années 90 et avant. Depuis lors, j’ai entendu parler d’un truc nommé chti et c’est tout.


votre avatar







gokudomatic a écrit :



Ah mais quand ça concerne les droits fondamentaux de l’homme, ils rigolent pas. Ca bosse dur et vite, chez eux.<img data-src=" />







C’est bien ce que je pensais <img data-src=" />


votre avatar







paradise a écrit :



% de séries et films

<img data-src=" />



L’Allemagne est également exemplaire avec des boulots précaires obligatoires, et ceux aussi à un euro par jour : « le travail rend libre », c’est un refrain connu ! <img data-src=" />



Pour revenir au sujet, c’est fou à quel point les pays dits démocratiques comme les USA donneurs de leçon sont respectueux du droit des citoyens ! <img data-src=" />

Il est vrai que le business est le business, à voir rien qu’à la TV les séres, films, émissions de télé-réalité et autres The Voice qui sont à 95% américaines, ça en dit long sur notre indépendance ! <img data-src=" />





ben en l’occurence oui les usa sont beaucoup plus respectueux des droits et des libertés individuelles malgré la force de certains lobbys. ‘les ricains ont juste compris que leur industrie qu’lele soit musicale et industrielle doit etre protégé. ce qui me semble légitime finalement contrairement a un pays comme la france qui considere qu’on doit subventionner l’art en produisant de la culture .

Il est vrai que que la cnil rale contre le prism et les entreprises americaines qui récoltent des donées. c’est normal puisque la cnil reve d’un internet a la francaise de type chine , iran ou corée du nord. un internet qu’on pourrait parfaitement controler et surveiller dans le respect du droit francais bien entendu. C’est a dire que des que tu franchis la ligne : hop la cnil ca les dérange pas qu’on te fiche et qu’on te condamne


votre avatar

Mais souhaitant aller plus loin que la seule protection de la vie privée, la CNIL adresse aussi d’autres sujets. Par exemple, que faire si “j’ai vu des propos choquants exprimés sur un compte Facebook”. Là encore, la CNIL conseille de signaler à Facebook les contenus racistes, pornographiques ou les harcèlements constatés sur le réseau social, puis de signaler les contenus illégaux directement auprès du ministère de l’intérieur via la plateforme Internet Signalement.



La CNIL a cependant oublié une question récurrente : “Comment fermer mon compte Facebook”. La réponse se trouve sur cette page.



http://www.numerama.com/magazine/28192-la-cnil-conseille-les-utilisateurs-de-fac…

votre avatar



Les CNIL européennes réagissent (enfin) à Prism et à la surveillance de masse



la France ne ferait-elle plus partie de l’UE ?

votre avatar

La seule chose que cette actu m’inspire : <img data-src=" />

votre avatar

Violon toussa. Non mais sérieux il prennent les gens à ce point pour des c… Leurs surveillance massive ils nous la mettent depuis longtemps.

votre avatar

Ils sont vraiment réactifs <img data-src=" /> <img data-src=" />

votre avatar

Oussama a bon dos… Espionner le peuple ça s’est toujours fait.

votre avatar

Oulala ils doivent avoir vraiment peur, les gens de la NSA… une resolution contraignante ?? Rhoooo..

votre avatar

Trop peu, trop tard, comme toujours avec la CNIL. En matière de données personnelles, la CNIL c’est un David à poil contre une armée de Goliaths armés de têtes nucléaires. Totalement obsolète, on pourrait la supprimer ça reviendrait presque au même.



Et puis, bon, quelle surprise d’apprendre que violer plusieurs milliards de fois par jour l’article 2 de la déclaration des droits de l’homme est illégal. Sans blague. Et merci pour la tranche de rire avec les accords internationaux, je suis sûr que ceux qui ont mis en place cette surveillance totalitaire vont s’empresser de vouloir la supprimer. Et puis on pourrait leur faire confiance, tiens, je suis sûr que si un texte de plus l’interdisait ils cesseraient enfin.

votre avatar

Bonne chance la CNIL.<img data-src=" />

Les CNIL européennes réagissent (enfin) à Prism et à la surveillance de masse

  • Des activités de surveillance contraires aux droits fondamentaux européens

  • Le G29 réclame davantage de transparence de la part des États

  • Menace de suspension des collectes sur le fondement de la CEDH

  • Pour des accords internationaux et une adoption du règlement « données personelles »

Fermer