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Zerodium paiera jusqu’à 100 000 dollars pour une faille Flash 0-day

La sécurité, un business comme un autre

Zerodium paiera jusqu'à 100 000 dollars pour une faille Flash 0-day

Le 07 janvier 2016 à 13h08

La société Zerodium propose jusqu’à 100 000 dollars à toute personne qui lui apportera une faille 0-day exploitable dans Flash, accompagnée de la méthode complète d’exploitation. Mais elle ne réclame pas n’importe quelle brèche : elle doit permettre de contourner une protection bien précise.

Zerodium est une société qui se décrit elle-même comme la « meilleure plateforme d’acquisition des vulnérabilités. Elle a marqué l’actualité en novembre dernier lorsqu’elle a récompensé par un prix d’un million de dollars un chercheur pour lui avoir fourni une faille de sécurité exploitable dans les dernières versions d’iOS, y compris la mouture 9.1. Elle remet le couvert cette fois avec la recherche d’une vulnérabilité dans Flash.

Contourner un mécanisme de sécurité dans Flash

Mais cette entreprise à la réputation sulfureuse ne veut pas n’importe quelle faille. Dans la version 18.0.0.29 de son lecteur, Adobe a introduit en effet un important mécanisme de sécurité baptisé « Heap Isolation », soit littéralement « isolation de la pile ». Il a été implanté pour combattre un type de faille particulier, nommé UAF (pour Use-After-Free), qui permet une corruption de la mémoire avec, à terme, l’exécution d’un code arbitraire à distance.

L’isolation de la pile n’est pas une barrière absolue contre ce type de brèche, mais une technique permettant d’en réduire fortement les risques. Elle permet la mise en place d’une pile mémoire dédiée pour que les objets critiques y soient stockés. Séparée des autres piles, elle interdit normalement tout accès par un utilisateur, qui ne peut donc plus aller y récupérer certaines données.

Jusqu'à 100 000 dollars de récompense

Zerodium cherche donc à contourner cette protection et propose de récompenser toute personne qui lui apportera la solution sur un plateau. Seulement voilà, vaincre l’isolation de pile n’est pas suffisant : puisque l’on parle de contenu lu dans un navigateur, il faut encore pouvoir sortir de la sandbox du navigateur. C’est pourquoi la société propose deux types de récompenses : 65 000 dollars en cas de contournement réussi de l’isolation de pile, 100 000 dollars si une échappatoire est fournie pour la sandbox.

La réputation exécrable de Flash sur le terrain de la sécurité est le résultat de plusieurs années de très nombreux bulletins critiques publiés par Adobe. Mais la firme s’est nettement battue pour améliorer ce point, provoquant aujourd’hui l’apparition de cette « offre ». Mais Zerodium n’est pas n’importe quelle entreprise, et le cas de la faille iOS a rappelé que tous les sociétés spécialisées dans la sécurité n’ont pas forcément à cœur de l’améliorer.

Le commerce des failles 0-day

Le montant d’un million de dollars versé au chercheur n’avait pas manqué d’attirer les regards. Mais pourquoi Zerodium investirait-elle tant dans une faille de sécurité ? Parce qu’elle en fait commerce. Dans une interview accordée à Wired le 2 novembre dernier, son fondateur Chaouki Bekrar indiquait très clairement qu’il n’était pas prévu de fournir les informations à Apple. Sur son site, l’entreprise annonce qu’elle récompense jusqu’à 500 000 dollars les failles 0-day, voire encore davantage quand il s’agit d’un mécanisme d’exploitation jugé « exceptionnel ».

Chaouki Bekrar est lui-même un ancien de la société française Vupen, basée à Montpellier. Il a fondé Zerodium avec d’autres anciens de ce domaine pour la collecte et la revente des failles 0-day. Il s’agit d’un commerce lucratif qui intéresse aussi bien les pirates que les agences de renseignement. Les documents dérobés par Edward Snowden ont montré à quel point la NSA (et les autres) investissaient dans cette recherche, les failles devenant autant d’armes potentielles pour les intrusions dans les systèmes.

Il n’y a donc pas de nouveauté dans la méthode utilisée par Zerodium, mais ce concours rappelle à quel point la sécurité, si elle est l’affaire de tous, n’est parfois - justement - qu’une question d’affaires.

Commentaires (23)

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les gens derrière ce business sont de vraies raclures, pas d’autre mot. Non pas envers les éditeurs mais envers les utilisateurs.

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C’est vrai qu’un tel pignon sur rue c’est rare mais ça ce fait au noir sinon depuis des lustres. Et dans la serrurerie aussi.

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vupen rillz <img data-src=" />

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Le heap ce n’est pas la pile (stack en anglais) mais le tas.

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Tu chipotes <img data-src=" /> : Un tas de sable, ou une pile de sable, c’est kif kif ! <img data-src=" />

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tiret a écrit :



les gens derrière ce business sont de vraies raclures, pas d’autre mot. Non pas envers les éditeurs mais envers les utilisateurs.





De toutes manières, s’ils n’étaient pirates (boite privée) ils seraient corsaires (dans une officine étatique)…



&nbsp;Le problème étant chez nous (ou Vupen est né) que l’ANSSI ne propose aux talents dans le domaine que de pauvres CDD, qui ne te permettront même pas d’aller solliciter un crédit immobilier, orientant de facto les compétences vers le privé… Mais, pire,&nbsp; c’était avant que le législateur n’ajoute l’insécurité juridique sur ce type de recherche, orientant de facto ces entreprises vers l’autre côté de l’atlantique!



Et voilà comment perdre un avantage stratégique à l’intérêt croissant, très très très bêtement: En traitant les gens de raclures et les invitant à aller se faire voir ailleurs! Ce qu’ils ont fait.


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Je trouve aussi lamentable que l’ANSSI ne propose que des CDD et n’ai rien contre le fait qu’ils soient partis aux US. Maintenant vendre des failles aux agences de sécurité ou aux pirates et pas aux éditeurs est plus que discutable, d’où le fait que je disais qu’il s’agissait de “raclures”. Ils vendraient les failles aux éditeurs que je ne trouverais franchement rien à redire, sérieusement.



C’est un peu comme les patent trolls ou encore des boîtes qui éditent des solutions de DRMs : elles n’existent que pour nuire. Après l’argent n’a pas d’odeur mais bon.

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C’est pas l’ANSSI qui décide du niveau de rémunération.

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tiret a écrit :



elles n’existent que pour nuire





L’injure publique n’existe que pour nuire, elle aussi. Tu dois te réjouir qu’elle est, elle, punie pénalement en 2016.


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laurader a écrit :



L’injure publique n’existe que pour nuire, elle aussi. Tu dois te réjouir qu’elle est, elle, punie pénalement en 2016.&nbsp;





Encore faudrait-il que je cite une entreprise spécifiquement et qui ait une antenne en France.


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Minikea a écrit :



je trouve ça super bancal comme business…





C’est un peu comme zataz qui ne publie que des news de hacking.

je trouve ça super “bancal” comme journalisme …


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picatrix a écrit :



C’est un peu comme zataz qui ne publie que des news de hacking.

je trouve ça super “bancal” comme journalisme …





Tant que les failles ont été corrigées à l’heure où elles sont publiées je ne vois pas de souci. Après le seul cas où je pense qu’il est légitime de publier une faille zero-day est quand l’éditeur s’en fout, justement pour le mettre sous les projecteurs. &nbsp;Et là malheureusement ceux qui le font sont lourdement condamnés.


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Freud a écrit :



Le heap ce n’est pas la pile (stack en anglais) mais le tas.





Grillé mais un petit lien ne fait pas de mal :)&nbsp;


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Minikea a écrit :



et ce genre de société ne peut être inquiétée? c’est un peu comme une société qui chercherait à racheter des copie de passe-partout ou bien des plans de serrures de coffre-fort, sauf que dès lors que ça devient virtuel, c’est légal?



je trouve ça super bancal comme business…







C’est clair, ils ne vont pas être inquiété ?



Que font-ils des failles ensuite ? Ils les exploitent ? les revendent ? (à qui ?)

N’ont ils pas une obligation de remonter le problème à l’éditeur ?



Si je poste une annonce “offre 1000 euro pour un moyen de démarrer toutes les voitures.”, est ce légal ?


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Sur son site, l’entreprise annonce qu’elle récompense jusqu’à 500 000 dollars les failles 0-day, voire encore davantage quand il s’agit d’un mécanisme d’exploitation jugé « exceptionnel ».





Et dans cette news





Le réseau social l’avait informé qu’il recevrait 2 500 dollars en récompense de cette trouvaille, avec autorisation d’écrire un billet de blog sur sa découverte.





Voilà quoi <img data-src=" />

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Squallinou a écrit :



C’est clair, ils ne vont pas être inquiété ?



Que font-ils des failles ensuite ? Ils les exploitent ? les revendent ? (à qui ?)

N’ont ils pas une obligation de remonter le problème à l’éditeur ?



Si je poste une annonce “offre 1000 euro pour un moyen de démarrer toutes les voitures.”, est ce légal ?







Aucune obligation… manquerait plus que çà tiens <img data-src=" /> . Après les jeux vendu en beta, voici qu’en plus l’éditeur qui porte plainte parce qu’on lui remonte pas les failles de son logiciel <img data-src=" />



Et oui tu peux demander ce genre de chose. Tout comme tu peux demander à un serrurier d’ouvrir ta porte… mais pas celle du voisin parti en vacance <img data-src=" /> pourtant c’est le même outil, même technique…


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ha ouais c’est cool chercheur de faille, parce qu’à 100K minimum la faille t’en trouves une tous les 2 ans et tu vies bien

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et ce genre de société ne peut être inquiétée? c’est un peu comme une société qui chercherait à racheter des copie de passe-partout ou bien des plans de serrures de coffre-fort, sauf que dès lors que ça devient virtuel, c’est légal?



je trouve ça super bancal comme business…

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Ca fait un peu cher pour une techno qui est en voie de disparition.

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C”est un business comme un autre.

Je dirais que c’est la même chose que marchand d’armes…



On t’en demande, donc tu en vend.

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Exception a écrit :



Ca fait un peu cher pour une techno qui est en voie de disparition.



Ouais, il faut sauver flash, sinon ça va créer du chômage!


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&gt;la société française Vupen, basée à Montpellier



ils ont pas déménagés à coté de la NSA?

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sauf que là, il demande des failles sur un logiciel qui ne lui appartient pas… ça serait adobe qui paierait pour les failles, je trouverai ça logique et normal.

là c’est juste du business pour revendre ou utiliser des failles d’un logiciel très utilisé mondialement. en aucun cas la faille va être corrigé grâce à cette remontée. sauf si le mec qui trouve la faille joue sur les deux tableau et file la faille aussi à Adobe.

Zerodium paiera jusqu’à 100 000 dollars pour une faille Flash 0-day

  • Contourner un mécanisme de sécurité dans Flash

  • Jusqu'à 100 000 dollars de récompense

  • Le commerce des failles 0-day

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