Déstabilisation russe : l’Europe adopte un nouveau cadre de sanctions

Déstabilisation russe : l’Europe adopte un nouveau cadre de sanctions

Il bride quoi ?

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Déstabilisation russe : l’Europe adopte un nouveau cadre de sanctions

Pour lutter contre les opérations de déstabilisation cyber et informationnelles menées par la Russie, le Conseil européen adopte un nouveau cadre de sanctions.

Le Conseil européen vient d’adopter un nouveau cadre de « mesures restrictives » pour faire face aux actions de déstabilisation cyber et informationnelles menées par la Russie vers l’Union européenne.

« Ces activités malveillantes s'inscrivent dans le cadre d'une vaste campagne hybride coordonnée menée par la Russie dans le but de diviser notre société, de déstabiliser et affaiblir l’Union, ses États membres et notre capacité de résistance, et de saper le soutien que nous apportons à l'Ukraine et sa capacité à se défendre », indique le Conseil.

Pour faire échouer ces opérations, ce dernier étend le type d’action que l’Union peut adopter pour sanctionner « des personnes et des entités participant à des actions et des politiques menées par le gouvernement de la Fédération de Russie, qui portent atteinte aux valeurs fondamentales de l'UE et de ses États membres, à leur sécurité, à leur indépendance et à leur intégrité, ainsi qu'à celles d'organisations internationales et de pays tiers. »

Réagir aux menaces hybrides

Dans le viseur de l’Union : les menaces hybrides. Elle y range :

  • toute action visant à « saper les processus électoraux et le fonctionnement des institutions démocratiques »,
  • les menaces et le sabotage d’activités économiques, de services d’intérêt public ou d’infrastructures critiques,
  • le « recours à la désinformation coordonnée, à la manipulation de l'information et à l'ingérence étrangères »,
  • « les actes de cybermalveillance ».

Sont aussi citées « l'instrumentalisation des migrants » et les « autres activités déstabilisatrices ». De fait, l’immigration fait l’objet d’énormément de contenus de désinformation diffusés ou amplifiés par des acteurs russes ou pro-russes – le but final étant de réduire le soutien économique, humanitaire et militaire apporté à l’Ukraine, que l’Union européenne chiffre à plus de 88 milliards d’euros.

Le spécialiste des questions d’immigration Philippe Bernard détaille par ailleurs dans Le Monde comment, en sponsorisant diverses juntes des pays sahéliens francophones, Poutine fait de l’émigration une nouvelle arme contre l’Europe. En 2023, la Russie et la Biélorussie avaient été accusées d’envoyer délibérément des personnes sans papiers aux frontières de la Finlande et de la Pologne dans un but de déstabilisation.

Parmi les sanctions prévues par ce nouveau cadre : le gel des avoirs des personnes et entités désignées, l’interdiction de mettre des fonds à leur disposition pour les citoyens et entreprises de l’UE, et l’interdiction de voyager au sein de l’Union pour les personnes physiques.

Intense entreprise de déstabilisation

Ce cadre de sanctions est adopté alors que le Conseil reconnaît depuis plusieurs mois la menace hybride croissante que représentent des acteurs « étatiques et non étatiques » pour la sécurité de l’UE. En avril, l’ex-ministre délégué chargé de l’Europe Jean-Noël Barrot indiquait, par exemple, que la France était « pilonnée par la propagande de la Russie ».

En mai, à un mois des élections européennes, le média Politico décrivait l’Union européenne comme en état de « cybersiège », principalement du fait d’opérations russes et chinoises. L’OTAN indiquait alors que les activités russes, en particulier celles affectant la Tchéquie, l’Estonie, l’Allemagne, la Lettonie, la Lituanie, la Pologne et le Royaume-Uni, représentaient une « menace pour la sécurité des alliés ».

En septembre, l’agence européenne de la cybersécurité (ENISA) indiquait avoir constaté une « augmentation notable » dans le nombre de cyberattaques opérées sur les douze derniers mois. Les attaques par ransomwares et les attaques DDoS menées par des hacktivistes autoproclamés étaient les plus fréquentes.

Ces intenses campagnes de déstabilisation conduisent aussi le monde médiatique à couvrir avec plus de précision les opérations de désinformation dont il est possible de retracer l’origine jusqu’à des individus ou des entités russes.

Cela dit, la prudence est de mise : de nombreux observateurs alertent sur la nécessité de traiter ces opérations avec mesure. Le spécialiste des questions de cybersécurité, Lukasz Olejnik, rappelle ainsi que la couverture des activités du réseau Doppelgänger, aussi instructives soient-elles sur son fonctionnement, a artificiellement augmenté la perception de ses effets réels.

Même son de cloche chez le politologue Thomas Rid, directeur de l’institut Alperovitch des études en Cybersécurité à l’Université John Hopkins. Il détaille dans Foreign Policy comment cette perception trompeuse alimente l’expansion d’une industrie russe de la désinformation – avec pour autre effet secondaire de tromper, dans certains cas, les commanditaires russes eux-mêmes sur l’efficacité des campagnes qu’ils financent.

Commentaires (1)


Ces "sanctions" effrayantes ne vont certainement pas décourager le Kremlin :(
Enfin bon... Mieux vaut faire quelque chose que rien. Mieux vaut tard que jamais....
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