La mise en Open Data des données de transport toujours dans l’impasse
« Prenez le temps d'aller vite »
Le 24 mars 2016 à 11h00
5 min
Droit
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Au travers d’un rapport présenté cette semaine à l’Assemblée nationale, le député Richard Ferrand (PS) fait le point sur l’application de la loi Macron. Parmi les décrets manquants, figure encore et toujours celui relatif à l’ouverture des données de transport...
Si l’on devine que les entreprises de transports publics vont plaider pour que la récente loi de lutte contre la fraude (qui entre en vigueur aujourd’hui) soit respectée très rapidement, force est de constater qu’elles se montrent moins pressées concernant le nouvel article L 1115 - 1 du Code des transports, tout droit issu de la loi Macron.
Cet article impose aux responsables de « services réguliers de transport public de personnes » (train, métro, avion...) et de « services de mobilité » (co-voiturage, vélos et voitures en libre partage, etc.) de diffuser « immédiatement et gratuitement » de précieuses informations destinées aux voyageurs : arrêts, horaires « planifiés et en temps réel », tarifs, accessibilité aux personnes handicapées, disponibilité des services ou bien encore incidents constatés sur le réseau. L’idée ? Arriver à faire émerger des sites ou applications capables de calculer un trajet complet, tous modes de transports confondus. C’est pourquoi ce même article oblige les acteurs concernés à publier leurs données « dans un format ouvert destiné à permettre leur réutilisation libre, immédiate et gratuite ».
Un décret attendu pour avril au plus tôt
Si de grands efforts ont été faits par certains transporteurs ces derniers mois, la plupart ne se conforment toujours pas à ces dispositions très ambitieuses. Les horaires des TGV restent par exemple toujours absents de la plateforme d’Open Data de la SNCF, qui fait d’une manière plus générale la part belle au freemium (un accès gratuit mais restreint pour les petits développeurs, puis une base payante pour les grandes entreprises).
Pourquoi ? Tout d'abord parce que les transporteurs attendent qu’un décret en Conseil d’État, expressément prévu par la loi Macron, vienne préciser les modalités d’application du dispositif. Or ce texte n’a toujours pas été publié par Bercy, comme le souligne le rapport du député Ferrand. Une première version avait été notifiée à Bruxelles en septembre, puis une seconde en janvier. Le décret ne devrait donc pas paraître avant la mi-avril, puisque cette procédure ouvre un délai dit de statu quo d’une durée de trois mois, durant lequel la Commission européenne ou d’autres États membres peuvent émettre des critiques ou simplement des remarques.
Contacté début mars à ce sujet, Bercy nous indiquait que le projet de décret était « actuellement en cours d’examen au Conseil d’État ». Invité à nous expliquer pourquoi le gouvernement tardait tant à publier ce texte au Journal officiel – pourtant envisagé dès le mois de juin de l'année dernière – le cabinet du ministre de l’Économie bottait en touche : « Nous ne maîtrisons pas les délais du Conseil d’État. La publication au JO ne peut intervenir qu’après l’examen au CE. »
Les principaux transporteurs s’orientent (sans surprise) vers un code de conduite
Si les transporteurs trainent à se conformer la loi Macron, qui devrait théoriquement s’appliquer depuis le mois de novembre, c'est surtout parce que ce texte offre une belle échappatoire aux acteurs concernés – poussée lors des débats parlementaires par le gouvernement. Ces entreprises de transport sont en effet « réputées remplir leurs obligations dès lors qu'elles sont adhérentes à des codes de conduite, des protocoles ou des lignes directrices préalablement établis par elles et rendus publics, pour autant que ces documents établissent les conditions de diffusion et d'actualisation des données ». Avec ces sortes de chartes homologuées par les ministres chargés des transports et du numérique, les obligations deviennent bien plus souples... Des « dérogations au principe de gratuité à l'égard des utilisateurs de masse » peuvent par exemple être autorisées, ainsi qu’un « délai raisonnable » de diffusion – au lieu d’une mise en ligne immédiate !
Alain Vidalies, le secrétaire d’État aux Transports, a d'ailleurs déclaré en janvier dernier que « les grands opérateurs de transports (Air France, SNCF, RATP, Keolis, Transdev...) » s’étaient « associés pour élaborer un « code de conduite » commun. Ce document a été adressé à mes services pour homologation. Le Syndicat des transports d’Île-de-France (STIF), qui a inauguré son portail open data en novembre dernier, a également transmis un protocole. L’instruction de ce dossier est en cours. »
Cette situation n’est cependant pas du goût du député Lionel Tardy (Les Républicains), qui, durant les récents débats autour du projet de loi Numérique, avait déposé un amendement interdisant aux opérateurs publics d’opter pour un code de conduite. À ses yeux, « les compagnies comme la SNCF [devraient être], parce que ce sont des établissements publics, complètement soumises à l’obligation de publicité de leurs données de transport ». Suite à l’avis défavorable du gouvernement et du rapporteur, sa proposition a toutefois été rejetée.
La mise en Open Data des données de transport toujours dans l’impasse
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Un décret attendu pour avril au plus tôt
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Les principaux transporteurs s’orientent (sans surprise) vers un code de conduite
Commentaires (15)
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Abonnez-vousLe 24/03/2016 à 11h13
horaires « planifiés et en temps réel »
S’ils le savaient eux même (regard tourné vers la SNCF).
Suite à l’avis défavorable du gouvernement et du rapporteur, sa proposition a toutefois été rejetée.
Faut croire que le bon sens n’a pas la cote.
Le 24/03/2016 à 11h31
Le 24/03/2016 à 11h53
Le 24/03/2016 à 12h07
Le 24/03/2016 à 12h22
Le 24/03/2016 à 12h27
Le 24/03/2016 à 12h37
Quelle bande de relou :)
Pour avoir été en région parisienne plusieurs années, il est clair que en dehors de réseau RATP (hors métro, RER et bus dans paris) c’est la misère : chaque département ayant ces propres transports (optile et autre) avec des horaires de passage… disponibles sur le trottoir où passe le bus (de même pour la carte détaillée du trajet, pas évidente à trouver)
Pratique pour organiser un déplacement….
Le 24/03/2016 à 12h42
Exemple de mauvaise alimentation pour le temps réel, pas plus tard que ce matin : un train annoncé en départ imminent (aucun train à quai pourtant) et après on m’annonce (moniteur et haut-parleur) en permanence que le prochain train part dans 5 min. Au final j’ai attendu 45 min.
Si on me dit dès le départ que le prochain train est dans 45 min, je prends un autre moyen de transport, et n’aurais pas autant de retard. Si je n’ai pas d’autre moyen de transport, j’ai au moins le sentiment de pas être pris pour une bonne poire.
Le 24/03/2016 à 14h19
horaires « planifiés et en temps réel »
Le 24/03/2016 à 14h21
Le 24/03/2016 à 14h31
Oui.
C’est le contraire qui n’est pas un résultat attendu, la plupart du temps. Après, on peut débattre pour savoir si l’estimation du retard était juste, eu égard à l’échelle d’entropie interne…J’imagine qu’il faut avoir de solides bases en mécanique quantique pour se forger un avis étayé.
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Le 24/03/2016 à 14h53
Le 24/03/2016 à 15h52
En Ile-de-France, toutes ces compagnies doivent être membre du STIF. Il y a plusieurs sites qui permettent de préparer des trajets en bus, notamment transports-idf.com (qui porte un autre nom, maintenant) et même transilien.com, mais je dois admettre qu’ils sont très mauvais…
Par contre, je recommande excessivement chaudement (c’est dire !) Citymapper (qui se paie le luxe d’une super app de ouf malade sur Android et iOS) que j’ai découvert en passage à Hong Kong, et qui est la seule appli qui me recommande des trajets de bus que je fais dans la vraie vie (genre alternance entre la ligne juste à côté de chez toi et celle qui passe à 10 minutes de marche), te donne les estimations pour faire le même trajet à pieds, à vélo ou en Uber, et contient vraiment tous les types de transports possibles et imaginables (genre à Hong Kong, il rassemble métro, bus, minibus et ferry), et n’hésite pas à te proposer un autre trajet potentiellement plus rapide si tu es prêt à marcher un peu. Non, vraiment un super service.
Pour l’Ile-de-France, il faut choisir Paris, mais toute la région a l’air d’y être.
Le 24/03/2016 à 18h53
Le 24/03/2016 à 20h42
Si c’est la SNCF qui interprète mal, que puis-je y faire en tant qu’usager ?
Y a sans doute des cas où c’est pas facile. Mais dans mon dernier exemple, je ne vois pas comment on peut être imprécis à ce point.