Very Tech Trip 2023 : nous étions à la première convention tech d’OVHcloud
Un grand bol de franglais
Le 06 février 2023 à 08h38
12 min
Internet
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OVHcloud tenait jeudi sa toute première « convention tech ». Nommée Very Tech Trip, ou plus simplement VTT, elle a accueilli plus de 2 000 personnes, essentiellement des développeurs. Nous nous sommes rendus sur place, pour constater cette évolution importante dans la communication de l’entreprise.
OVHcloud est à un tournant, au moins dans ce que la société française veut montrer au reste du monde. Elle est impliquée dans différents évènements techniques chaque année, mais éprouvait manifestement le besoin d’avoir le sien propre.
Avant ce VTT (qui se tenait à la Villette), nous nous sommes entretenus avec plusieurs personnes d’OVHcloud, notamment Horacio Gonzalez, directeur DevRel (relations avec les développeurs) et Vianney Beaudoux, directeur Architecture & Solution.
Il est rapidement ressorti deux points. D'abord que l'entreprise souhaitait un évènement beaucoup plus axé sur la technique que ses autres rendez-vous, Tech Summit et Eco Ex. Ensuite, qu'elle souhaitait fédérer autour de ses produits, avec une volonté affichée d'évangélisme. Et en effet, tout est là : OVHcloud propose aujourd’hui environ 80 produits, mais garde encore – bien trop à son goût – une simple image de loueur de serveurs. La communication devait s’adapter en conséquence.
Ce Very Tech Trip est en quelque sorte l’aboutissement de cette réflexion et n’est probablement que la première édition d’un rendez-vous annuel, même si OVHcloud reste volontairement floue sur le sujet.
Une déferlante d’informations dès l’ouverture
Contrairement à certains évènements d’entreprises américaines, le VTT ne durait qu’une journée. Il s’agissait donc d’un programme extrêmement dense, composé d’une conférence d’ouverture et d’une autre de fermeture, et entre les deux des dizaines de sessions techniques de 30 minutes maximum.
Pour beaucoup, elles se tenaient sur les mêmes créneaux horaires. Il fallait en conséquence choisir avec soin ce que l’on souhaitait voir. Certaines de ces sessions étaient assurées par des employés d’OVHcloud, mais la grande majorité étaient menées par des intervenants extérieurs, partenaires ou non. On trouvait même des personnes venant d’instances publiques, comme le Sénat. Nous y reviendrons.
En termes de densité, la keynote d’ouverture donnait le « la ». Le message de bienvenue et l’introduction ont été assurés par Octave Klaba, fondateur de l’entreprise. Les autres interventions ont été faites par les principaux responsables de l’entreprise, comme Thierry Souche, Laurent Berger et Lilian Lisanti.
Les informations se sont très rapidement enchainées et étaient constituées essentiellement d’un brossage général de ce qu’OVHcloud a à proposer. Et pour cause : elle propose aujourd’hui 80 produits, et comme nous l’a indiqué une responsable communication plus tard dans la journée, il arrive encore souvent qu’un client potentiel estime qu’aucune offre d’OVHcloud ne sera adaptée à ses besoins, et que seuls les géants américains ont assez à proposer dans leurs besaces.
Mais quitte à être devant plus de 2 000 développeurs, responsables techniques, étudiants, administrateurs systèmes ou encore chefs produits, OVHcloud en a profité pour annoncer plusieurs nouveautés en développement, et qui arriveront pour certaines dans les mois ou années à venir. C’est ainsi qu’IAM et KMS rejoignent officiellement le catalogue de l’entreprise, le premier pour la gestion automatisée des accès, l’autre pour l’automatisation des secrets (toute information privée pouvant servir de clé pour accéder à des ressources protégées).
Ces deux solutions seront proposées « as a service » (voir notre lexique sur le cloud) et open source. Pour IAM, la gestion des politiques par API sera proposée à la fin du mois, et disponible dans le manager d’ici mai. Le même mois, IAM pour Public Cloud sera disponible, puis en août pour IAM pour VMware on OVHcloud. Pour KMS, ce sera un petit peu plus long, avec une bêta d’ici la fin de l’été. Il n’y a pour l’instant pas de date pour la version finale.
On a également appris que de nouvelles instances de calculs étaient en préparation pour venir étoffer la jeune offre Metal Instances. On y trouvera notamment un réseau physique révisé qui devrait offrir cinq fois la capacité actuelle. Puisque l’on parle de bare metal (serveurs livrés sans logiciels ni système d'exploitation), de nouveaux serveurs seront proposés cet été, avec des configurations AMD Genoa et Intel Sapphire Rapids pouvant embarquer jusqu’à 256 cœurs par serveur, 8 To de mémoire pour les modèles double socket avec NMVe et 2,2 Po de stockage.
OVHcloud travaille aussi à une généralisation des SSD dans toutes ses offres (sans toucher aux tarifs), ainsi que sur le NVMe over Fabrics, qui devrait permettre une hausse importante des performances en « désagrégeant » la donnée, plus précisément en séparant les opérations de calculs sur les données de leur stockage proprement dit. Cette technologie est en plein développement et il faudra attendre l’automne pour disposer d’une bêta. Toujours dans le stockage, l’entreprise prépare la possibilité de sélectionner dynamiquement la taille des disques pour les bases de données et l’intégration des bases SQL avec le stockage S3. Une offre dédiée au stockage froid est aussi en préparation.
Impossible également d’officier dans les datacenters aujourd’hui et de ne pas parler d’intelligence artificielle. OVHcloud compte ainsi insister sur la phase d’entrainement, avec de prochaines mises à jour matérielles, notamment de nouveaux GPU. L’inférence fera prochainement partie du lot, avec l’arrivée d’AI Deploy, actuellement en bêta et attendu pour le 7 avril en version finale. Elle intégrera des modèles NLP pré-entrainés de Gladia et Voxist. Et puisque l’on parle de datacenters, de nouvelles connexions 25, 50 et 100 Gb sont actuellement déployées, et bientôt 400 Gb. Les serveurs pourront avoir jusqu’à quatre interfaces. Le trafic restera inclus dans le prix.
On pourrait également parler de l’enrichissement à venir des services cloud grâce au rachat de ForePaas, qui va permettre à terme de proposer une approche « no code » (voir notre dossier sur le sujet) à un plus grand nombre de produits. Un data lake est aussi en préparation, et toutes ces nouvelles briques élémentaires devraient être disponibles en version alpha en août. OVHcloud a d’ailleurs copieusement insisté : elle espère que les retours seront nombreux. Durant l’hiver 2023 - 2024 suivra une lake house avec support du SQL. À terme, le Français proposera une chaine complète de gestion de la donnée.
OVHcloud compte aussi concurrencer frontalement Exchange, sous l’angle d’une solution bâtie sur une base Zimbra, intégrant des fonctions de collaboration et compatible ActiveSync, mais sans donner de date. Une certification SecNumCloud est même en ligne de mire pour répondre à des besoins plus spécifiques, notamment dans les ministères. Une solution de softphone sera en outre lancée d’ici quelques mois, avec toutes les fonctions principales, des applications mobiles et fixes, ainsi que des liens avec d’autres produits comme Teams, Salesforce et autres.
Enfin, puisqu’OVHcloud est historiquement un hébergeur, elle proposera bientôt une offre Start pour les besoins basiques (Bootstrap, pages de renvoi...).
Une offensive commerciale
Cette conférence d’ouverture montrait toute la dimension stratégique de l’évènement : offrir une vue cohérente sur les produits proposés par l’entreprise, enrichir le tout avec des nouveautés en approche, puis saupoudrer avec un angle un peu plus commercial que ce à quoi OVHcloud avait pu nous habituer. L’ambiance s’est faite en effet « américaine » par moments, avec de grands gestes et des intervenants enthousiasmés par leurs propres annonces.
C’est que l’entreprise ne compte plus se satisfaire entièrement de son approche sans doute jugée trop sage, comme si la qualité ou les tarifs pouvaient parler d’eux-mêmes constamment. Octave Klaba – décrit comme une « entropie dans l’entreprise », venant mettre un peu de bazar quand il juge la situation trop calme – n’a donc pas hésité à présenter OVHcloud comme le seul fournisseur cloud de taille critique en Europe avec une telle quantité de produits.
L’entreprise possède aujourd’hui 1,6 million de clients répartis dans 140 pays. Elle a donc des messages à marteler pour montrer qu’elle aussi joue dans la cour des grands. « Nous supportons douze moteurs de base de données », a ainsi précisé Thierry Souche pendant la conférence, avant de répéter « DOUZE » en haussant la voix.
Certaines thématiques chères à OVHcloud sont revenues régulièrement dans les discours, notamment la transparence sur les prix et la vision générale de l’entreprise, qui se présente toujours comme un rassemblement de « personnes passionnées par la tech » (même s'il y a eu de nombreux départs ces dernières années). Mais c'est bien l'open source qui revenait presque tout le temps, rappelant qu’OVHcloud lui emprunte beaucoup, mais lui rend « encore plus ». De là la grande déclaration, en novembre dernier, d’un investissement d’un milliard d’euros dans l’open source, pas sous forme d’investissement direct, mais via les ressources d’ingénierie consacrées à ces projets, reversées ensuite à la communauté. Tous les produits proposés et à venir seront à terme concernés.
Autre thématique récurrente et qui prend une ampleur croissante dans la stratégie d’OVHcloud : les solutions transversales. L’entreprise française veut proposer des outils capables de s’occuper de tout un aspect de la gestion à travers ses produits. Elle a ainsi beaucoup parlé d’IAM et KMS, décrivant comment ces produits allaient recevoir des intégrations dans les services et être proposés eux-mêmes « as a service ».
The Bastion a également fait l’objet d’une belle promotion. Cette solution de sécurité a été conçue pour gérer les accès, en contrôlant qui a le droit à quoi, et en l’accordant de manière sécurisée. Par exemple, l’accès d’un administrateur à un serveur passe par The Bastion, qui négocie pour lui cette connexion. Quand elle est établie, après échanges de clés, les deux connexions sont fusionnées : celle de l’admin au bastion et celle du bastion au serveur. Cette solution enregistre toute la session (tous les logs), fournit un proxy pour le https, est compatible avec l’authentification à deux facteurs et dispose d’un système de plugins pour en étendre les capacités.
Une multitude de sessions techniques
Même si ce n’était pas l’objet central de notre visite à la Cité des Sciences et de l’Industrie hier, nous nous sommes rendus dans plusieurs sessions techniques. Si quelques-unes étaient tenues par des techniciens d’OVHcloud, la plupart étaient proposées par des intervenants extérieurs à l’entreprise, partenaires ou pas.
Nous avons par exemple assisté à une présentation de 30 min assurée par deux ingénieurs de la DSI du Sénat (« Car oui, le Sénat a une DSI », a plaisanté l’un d’eux). Il s’agissait dans les grandes lignes d’un retour d’expérience sur la modernisation d’une infrastructure qui était composée d’anciens serveurs et de clients classiques. Confrontée constamment aux absences de mises à jour sur les postes clients et aux vieilles applications, un vaste coup de balai a été passé. Aujourd’hui, la même infrastructure repose sur les conteneurs (Kubernetes) et s’occupe automatiquement des mises à jour.
Certaines de ces sessions étaient très techniques, comme celle dévolue au NVMe over Fabrics, avec de nombreuses explications bas niveau sur le matériel. D’autres étaient plus accessibles comme celle sur The Bastion, dont nous avons parlé plus haut.
Si l’on devait faire un reproche à ces sessions, ce serait leur multiplicité face au peu de temps disponible. 80 sessions s’échelonnaient entre 11 h et 18 h environ, et il y en avait parfois jusqu’à six en même temps.
Cependant, OVHcloud a réussi son coup : il y avait bien émulation autour de l’évènement, avec un public largement tourné vers la technique et une dimension « évangélisation » marquée. Mais, après tout, il s’agit de son évènement, et l’entreprise avait mis les moyens, avec notamment des retransmissions sur la chaine Twitch LesJoiesDuCode de plusieurs entretiens, dont un avec Octave Klaba, qui y évoquait son parcours et certaines étapes clés de l’histoire de l’entreprise.
Sur place, les développeurs avec qui nous avons échangé étaient globalement très positifs sur l’évènement. Beaucoup étaient là pour se former à de nouvelles techniques ou se renseigner sur les prochains produits, les étudiants prospectaient. Tous nous ont dit avoir trouvé ce qu'ils voulaient. Interrogés sur le choix des sessions, plusieurs nous ont confirmé qu'ils avaient dû copieusement réfléchir en amont.
Enfin, nous avons demandé à OVHcloud où en étaient les fameux centres de données déconnectés annoncés en novembre dernier pendant l’évènement Eco Ex. L’entreprise nous a simplement répondu que le projet était bien en développement, mais que la communication serait limitée car les entreprises intéressées tenaient à rester discrètes. Pour rappel, on parle d’une solution « datacenter as a service », où OVHcloud peut construire tout ou partie d’un centre privé et fournir un accompagnement, que l’entreprise cliente peut refuser.
Et Gaia-X ? Nous nous attendions presque à un sourire crispé ou une gêne, il n’en a rien été. « Nous continuons à y croire et à y investir des ressources. C’est normal que ça prenne du temps, il faut mettre d’accord 300 acteurs et trouver un référentiel commun, c’est complexe ».
Quant à la possibilité de lancer de prochaines éditions de Very Tech Trip, la société préfère attendre avant d'en parler.
Very Tech Trip 2023 : nous étions à la première convention tech d’OVHcloud
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Une multitude de sessions techniques
Commentaires (11)
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Abonnez-vousLe 06/02/2023 à 09h11
Est-ce qu’il eu une session sur “Les nouveaux moyens de protection des serveurs contre l’incendie”
Le 06/02/2023 à 09h29
Il parait qu’ils ont enflammé l’ambiance.
Le 06/02/2023 à 09h37
Avec les dessins de CommitStrip
^^
Le 06/02/2023 à 12h11
Après avoir fait du tout Exchange pour lâcher les vieux IMAP, et m’a obligé à faire mes propres serveurs de mails, retour à des solutions un peu plus sympa. À voir quand et à quelle tarification.
Le 06/02/2023 à 12h30
C’est ce que je me disais en voyant les personnages le style me rappelait quelque chose !
Et quand on creuse les besoins réels, au final OVHCloud sait répondre à une bonne part d’entre eux… De mon expérience, beaucoup aiment se monter le bourrichon en pensant avoir un besoin et un contexte tellement compliqué que seuls un AWS ou Azure pourraient y répondre. Pour héberger 2 applis sur 3 VM (je caricature mais in fine on s’y retrouve). Si OVHCloud a encore du taff à faire niveau PaaS, l’offre est de mon point de vue déjà bien crédible. Mais je pense aussi qu’ils ont un déficit de comm’.
Sinon bien l’arrivée de l’IAM, car c’était un peu le bordel là dessus.
Le 06/02/2023 à 15h52
… parce ce que c’est la seule chose qu’ils savent faire ? Ce que l’on apprend à l’école ? ^^
Le 06/02/2023 à 17h29
Ah mais moi ça me fait délirer les chefs de projet qui viennent avec leur solution (et non le besoin) hyper-compliquée à la maintenabilité douteuse qui, une fois le vrai besoin métier détricoté, devient étonnement simple.
Je leur répète souvent que si CP et architecte sont deux métiers différents, c’est qu’il y a probablement une raison derrière.
Le 07/02/2023 à 00h37
C’est terrible, OVH a un vrai savoir-faire et propose les outils pertinents pour 99% des projets, mais leur expérience client est toujours aussi catastrophique.
L’année dernière, j’ai failli perdre un nom de domaine à cause d’un bug sur leur outil de facturation. Même leur support ne savait pas quoi faire.
J’ai sauvé le coup in extremis en migrant mon domaine chez un autre registrar.
Franchement, après 20 ans chez OVH, ça m’a vraiment refroidi.
OVH s’est construit avec des bouts de ficelles, et encore en 2023, ça se ressent. Leur facturation est défaillante, leurs DC prennent feu.
Je privilégie désormais les concurrents français et européens qui tiennent la route et me donnent moins de sueurs froides, je tiens à mes nuits.
Le 07/02/2023 à 09h16
Les rares fois où j’ai eu affaire à OVH j’ai eu des pbs avec leurs serveurs mails (notamment l’auth IMAP qui te jette lorsque trop de mails envoyés ne sont pas délivrés
j’ai fini par passer chez infomaniak où j’ai 0 problèmes de ce type.
J’aime bien l’esprit d’ovh, mais pas forcément la réalisation…
Le 07/02/2023 à 10h16
Il y a moyen de revoir ces vidéos, sur youtube ou autre ?
Sinon assez content de voir qu’ovh grossit mais vous ne trouvez pas qu’ils vont un peu trop dans tous les sens ?
Le gestion de datacentres + services IaaS/PaaS à bonne echelle c’est gigantesque et quand je voit leurs 2700 employés, je trouve ça bien mais loin d’être assez. Il faudra une croissance pour le moins maitrisée pour que tout se passe bien…
Le 08/02/2023 à 10h43
Certes, c’est un événement intéressant, mais certains pourront déplorer l’absolu asservissement des équipes à un jargon globish qui n’est pas toujours indispensable.
Le “Boileau 2.0” est à rechercher chez des concurrents, même hors de l’hexagone (de même que la réactivité du support pour les clients hébergés)…