Au Festival de Cannes, les films de Netflix relancent le débat sur la chronologie des médias
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Le 11 mai 2017 à 15h08
5 min
Société numérique
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Mis en pause en début de mois, le débat sur la chronologie des médias reprend à l'occasion du Festival de Cannes, qui débute dans quelques jours. La présence de films financés et diffusés par Netflix, sans sortie dans les salles françaises, est vécue comme un affront par une partie du secteur.
La participation de deux films financés par Netflix au Festival de Cannes fait grincer des dents. The Meyerowitz Stories et Okja, en compétition, sortiront directement sur le service de vidéo à la demande, et non en salles. De quoi créer de « l'anxiété » dans le secteur français, comme l'affirme le festival, qui maintient malgré tout les films dans sa sélection. Cette participation serait d'ailleurs le fruit de cinq ans de tentatives, selon Vanity Fair.
Cet arbre de la sortie en salle cache la forêt de la chronologie des médias, que Netflix est accusé d'attaquer. La réforme de ce dispositif, qui définit les fenêtres de diffusion d'un film (du cinéma à la télévision gratuite), est un serpent de mer qui déchire le marché depuis des années. L'arrivée d'acteurs étrangers, qui court-circuitent ce système, ne facilite pas le débat.
Hier, dans un message sur Facebook, Reed Hastings affirmait que « l'establishment resserre les rangs » face à Netflix. Le patron de la plateforme de streaming accuse les chaines de cinémas de vouloir empêcher le service de concourir à Cannes, se sentant menacées par l'entreprise américaine.
Une sortie en salle obligatoire en 2018
Il faut dire que le discours des cinémas semble avoir porté. À compter de 2018, le festival imposera une sortie en salle aux films pour qu'ils puissent s'afficher à Cannes. Ainsi, « le festival est heureux d’accueillir un nouvel opérateur ayant décidé d’investir dans le cinéma mais veut redire tout son soutien au mode d’exploitation traditionnel du cinéma en France et dans le monde ».
Le message date du 10 mai, en pleine polémique autour de cette sélection. Pour le réalisateur Vincent Maraval, par exemple, « l'hypocrisie est totale. Comme quand les distributeurs sortaient les films sur une salle pour qualifier Canal+. Petits arrangements ».
Un tacle direct à l'un des principaux financeurs du cinéma français, contribuant à la fois au débat sur la chronologie, et à son blocage. Pour Emmanuel Torregano, rédacteur-en-chef d'Electron Libre, le Festival de Cannes aurait plutôt intérêt à intégrer les séries à sa sélection qu'à bloquer certains films.
Fin février, le Centre national du cinéma proposait des fenêtres d'exploitation raccourcies pour l'ensemble des acteurs (du cinéma à la télévision en passant par la vidéo à la demande), réunissant tout le secteur. Las, les discussions ont été reportées aux Calendes grecques début mai.
Dépasser la polémique sur la sortie en salle
Pour sa part, la Société des auteurs et compositeurs dramatiques (SACD), dirigée par Pascal Rogard, évoque la responsabilité du festival. Elle demande un éclaircissement sur la sortie en salle, mais estime qu'il « n'a pas à être pris en otage par ces guerres picrocholines franco-françaises qui agitent depuis des années le monde du cinéma autour de la réforme de la chronologie des médias ».
De son côté, la Société civile des auteurs, réalisateurs, producteurs (ARP) demande de dépasser la polémique, tout en rappelant son attachement à la sortie en salle. Ce débat « met surtout en lumière notre incapacité collective à moderniser notre système vertueux de financement et de diffusion des œuvres » regrette-t-elle. En clair, rien n'est réglé.
Pour référence, le film I Don't Feel at Home in This World Anymore, produit par Netflix, a été primé par le festival américain du film indépendant de Sundance cette année. Le service, comme son concurrent Amazon Prime Video, y font par ailleurs leurs emplettes pour remplir leur catalogue d'exclusivités.
Netflix : une série en France, 400 emplois en Europe pour 2018
La chronologie des médias est, surtout, un prétexte pour attaquer un acteur accusé de ne respecter aucune règle. Le contournement de ce système appuierait celui des contraintes fiscales auxquelles se plient les sociétés françaises. Des distorsions que la SACD et l'ARP veulent voir supprimées. « Il va de soi que nous serons toujours de farouches défenseurs d’une véritable équité fiscale pour l’ensemble des acteurs du numérique, y compris pour Netflix » écrit ce dernier.
Des événements comme la révision encours du cadre européen sur le droit d'auteur sont des moyens affirmés d'y parvenir. Dans le même temps, Netflix tente de montrer patte blanche. Le groupe américain vient d'annoncer deux nouvelles séries originales européennes, dont l'une en France (l'adaptation d'Osmosis d'Arte Creative) en 2018, qui reprendra le flambeau tricolore après le mémorable Marseille... qui aura une seconde saison.
La société promet également d'atteindre 400 emplois en Europe d'ici fin 2018, dont 345 fin 2017. Elle rappelle avoir investi plus de 1,75 milliard de dollars dans les productions européennes depuis 2012. Un argument censé faire réfléchir les institutions qui voudraient l'écarter trop vite de certains débats. Une chose est sûre, le nouveau gouvernement et son ministre de la Culture trouveront ce dossier en haut de la pile des problèmes à régler.
Au Festival de Cannes, les films de Netflix relancent le débat sur la chronologie des médias
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Une sortie en salle obligatoire en 2018
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Dépasser la polémique sur la sortie en salle
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Netflix : une série en France, 400 emplois en Europe pour 2018
Commentaires (28)
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Abonnez-vousLe 11/05/2017 à 15h15
« met surtout en lumière notre incapacité collective à moderniser notre système vertueux de financement et de diffusion des œuvres »
ahem.
Le 11/05/2017 à 15h15
“Le nouveau gouvernement et son ministre de la cultre trouveront ce dossier en haut de la pile des problèmes à régler.”
Très juste et il sera fort interessant de voir comment un possible gouvernement de personnalités potentiellement beaucoup moins expérimentées niveau politique vont se dépatouiller d’un tel dossier.
Le 11/05/2017 à 15h17
le Festival de Cannes aurait plutôt intérêt à intégrer les séries à sa sélection qu’à bloquer certains films.
" /> mais bien sûr.. le jury a déjà à peine le temps de voir les films en lice, va falloir rajouter x saisons de n séries au truc ? " /> Y’a déjà les Golden Globes " />
Le 11/05/2017 à 15h19
De là à imposer la sortie en salle puis une attente de 3 ans à Netflix pour diffuser en France un film qu’il a totalement financé… On n’est pas loin, non ?
Chronologie des médias -> à la poubelle. C’est sans intérêt, si une chaîne(ou autre système de diffusion) veut payer cher pour diffuser tôt un film, tant mieux pour le film. C’est à ceux qui vendent le film d’être réaliste sur le prix pour ça et ce que ça leur fait perdre en places de cinéma ou en ventes de galettes (j’ai plus de place pour stocker ça, au prix du m² en région parisienne…) pour proposer un prix qui sera réaliste pour la santé de leur entreprise.
L’offre et la demande quoi, mais comme il y a des droits d’auteur, avec une réelle exclusivité sur le produit… Le genre de truc qui se négocie normalement.
Le 11/05/2017 à 15h23
C’est bien simple si le futur ministre e la culture est du sérail politique ( il risque d’y avoir un blocage via les lobby) mais dans le cas d’un technocrate et du libéralisme à outrance on peut espéré une chrono des média très raccourcie (1 ans entre la diffusion en salle et SVOD me parait pas mal)
Le 11/05/2017 à 15h26
Le festival de Cannes… J’ai toujours détesté ce rassemblement…
Le 11/05/2017 à 15h54
Le plus simple, suppression de la loi, et que les meilleurs gagne." />
Le 11/05/2017 à 16h00
é qué s’appélorio libéralismo
Le 11/05/2017 à 16h04
Dans la foulé passage de 70 à 10 ans pour les droits d’auteurs." />
Le 11/05/2017 à 16h09
téfou, attends même pas après la mort de l’auteur. Tu fais comme les brevets, après la publication. Bon comme la littérature vit un peu plus qu’un brevet, on met 30 ou 40 ans après publication, au moins ce serait bien.
Le 11/05/2017 à 16h13
Quand on voit certains acteurs et actrices c’est plutôt le festival de carnes…
Le 11/05/2017 à 20h00
Le 12/05/2017 à 05h11
Le 12/05/2017 à 06h35
C’est marrant, les gens veulent 100% de libéralisme quand ils sont consommateurs, et 0% quand ils sont producteurs.
L’argent, le beurre, la crémière, tout ça tout ça…
Le 12/05/2017 à 06h59
Nan, les gens veulent juste vivre décemment et sans galères, et si ils peuvent mater des films pas trop vieux régulièrement, c’est cool aussi.
Le 12/05/2017 à 07h16
L’art rend certains immortel." />
Le 12/05/2017 à 07h21
on aura plus vite fait de réformer la fiscalité des entreprises que de changer la “conologie” des médias, et franchement, qui achète encore des DVD ?
Le 12/05/2017 à 07h40
Le 12/05/2017 à 07h55
Ces raclures de bidet sont quand même pas hypocrite, ce sont sensiblement les même qui veulent promouvoir un libéralisme à outrance mais juste quand ça les arrange >.<
Le 12/05/2017 à 07h59
Je ne pense pas que supprimer la chronologie des médias soit du libéralisme à outrance " />
Le 12/05/2017 à 08h18
Le 12/05/2017 à 08h25
Nous sommes d’accord, mais supprime demain les DVD et BR des rayons, ca va râler dans les chaumières " />
Le 12/05/2017 à 10h09
Bah, donne moi la possibilité d’acheter un film en dématérialisé avec téléchargement définitif et de même qualité qu’un Blu-Ray UHD (oui, bon, ceux qui font un effort au niveau de la qualité, sinon un bon Blu-Ray est déjà très bien) et je n’y vois pas d’inconvénient, autrement , ça ne me ferait effectivement pas nécessairement plaisir.
Eh puis, certaines personnes aiment bien avoir leurs galettes, il y a un petit côté collection quand même.
Le 12/05/2017 à 10h40
il faudrait compter, mais je connais des gens qui ont des lecteurs de DVD sans PC (je ne parle pas des VHS, c’est encore un cas à part), n’ont peut-être pas internet mais ont une TV, sans compter ceux qui ne veulent pas/savent pas se servir d’internet Je pense sincèrement qu’une part non négligeable de la population, principalement dans la catégorie la plus âgée, aurait du mal à faire la transition vers le tout dématérialisé.
Le 12/05/2017 à 11h39
quand une bande de vieux frustrés qui touchent du pognon des majors de l’industrie cinématographique ne comprennent pas que les temps ont changés et qu’aujourd’hui Madame Michu peut très bien profiter du 7ème art chez elle dans des conditions encore plus agréables que celles d’une salle de cinéma sans depenser une fortune!
Le 12/05/2017 à 13h38
Le 12/05/2017 à 14h28
Je suis tout à fait d’accord et c’est à mon sens une des parties du problème : tout le monde ne sent sent pas nécessairement capable de franchir le pas du tout numérique et d’autres n’ont simplement pas l’envie ou les moyens de le faire.
Personnellement, j’ai écrit ce que j’ai écrit, mais si tu me donne le choix entre un film en Blu Ray Uhd et son pendant en numérique, même avec disons 5 euros d’écart, ben je prend la galette. Pourtant ma connexion suit et mes capacités de stockage aussi.
Pour plus en revenir au sujet des base, c’est vrai que cette chronologie des médias est un tout petit peu anachronique en 2017, m’est avis…
Le 12/05/2017 à 14h57
La chronologie des médias date de l’arrivée de la télévision, il me semble, afin d’éviter que le petit écran n’enpiète sur le grand. D’ailleurs, il est interdit de diffuser des films à certains horaires sur les chaines de télévision gratuites (mercredi soir à cause des sorties ciné, et tout le weekend (comprendre du vendredi 19h au dimanche 19h))…
Ce qui est rigolo, c’est que des 2 côtés de la Manche, on a 2 approches radicalement différentes :
En fait, Sky a contré Netflix en s’adaptant au marché en développant des solutions adaptées (voire innovant un peu puisque leur offre est un peu hybride), et en investissant afin de renforcer leur catalogue d’exclusivités. Par contre, je ne suis pas certain que Sky ait des contraintes vis-à-vis du financement du cinéma britannique (quasiment tous les films britanniques sont produits par Studio Canal ! Quelques-uns sont produits par Channel 4 (avec Film 4), et d’autres par la BBC, mais c’est pas du tout dans la même quantité de films que le cinéma français. Par contre, il y a beaucoup de productions américaines filmées au Royaume-Uni, donc ça compense).