Vivendi veut prendre le contrôle d’Havas, Canal perd encore 109 000 abonnés
Tous ensemble, sauvons Vivendi
Le 12 mai 2017 à 12h50
8 min
Économie
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Avec Vincent Bolloré réélu à sa tête lors de l'assemblée générale d'avril, Vivendi a présenté ses résultats pour le premier trimestre 2017. Simultanément, l'entreprise présentait une offre au Groupe Bolloré, visant à lui racheter 60 % des parts du publicitaire Havas
Quelques semaines seulement après une assemblée générale bien chargée, Vivendi a présenté hier soir ses résultats pour le premier trimestre 2017. Ceux-ci étaient conformes aux attentes, et le groupe en a profité pour dérouler sa stratégie, notamment concernant Canal+, dont les pertes se poursuivent.
Des objectifs remplis
Avec un chiffre d'affaires de 2,663 milliards d'euros au premier trimestre, en progression de 6,9 % sur un an, Vivendi est en bonne position pour remplir son objectif de 5 % de croissance en 2017, à condition que tous les signaux restent au vert jusqu'à la fin de l'année.
Le résultat net de Vivendi s'établit quant à lui à 101 millions d'euros, contre 862 millions d'euros un an plus tôt à la même période. Une différence conséquente, qui se justifie assez simplement. L'an dernier, Vivendi avait en effet comptabilisé 563 millions d'euros de plus-values financières suite à la revente de divers actifs, et débloqué une provision de 240 millions d'euros mise de côté dans le cadre d'un litige avec Liberty Media.
En excluant tous les éléments exceptionnels, le résultat net de Vivendi progresse en fait de 57,2 %, passant de 99 millions d'euros à 155 millions d'euros.
Havas dans le viseur
La prise de contrôle d'Havas était pressentie depuis de longs mois, et Vincent Bolloré ne s'en est pas caché lors de la précédente assemblée générale de Vivendi : « Vivendi pourrait-il offrir à Havas les moyens que le groupe Bolloré ne lui donne pas ? La réponse est oui. Nous voulons faire d'Havas un avantage concurrentiel pour Vivendi et vice et versa. Avons-nous une vision qui pourrait rendre un rapprochement pertinent ? En tant que président du directoire, je réponds encore oui », clamait le dirigeant.
Vivendi avait d'ailleurs préparé son coup lors de cette assemblée générale. D'abord en signant la cooptation de Yanick Bolloré, l'actuel président de Havas en tant que membre de son conseil de surveillance. Ensuite, en faisant voter la possibilité d'émettre jusqu'à 10 % du capital sous la forme de nouvelles actions, lui offrant la possibilité de régler tout ou partie du montant d'une future acquisition.
Il n'y a désormais plus de mystère. Vivendi a remis hier une offre au Groupe Bolloré concernant l'acquisition de ses parts d'Havas, soit 60 % du capital. En proposant 9,25 euros par action, Havas est valorisée à environ 3,9 milliards d'euros et l'opération devrait coûter à Vivendi environ 2,3 milliards. Un montant qui sera financé « par le recours à la trésorerie disponible », précise Vivendi. Cette trésorerie s'élevait au 31 mars à un peu moins de 500 millions d'euros, reste encore à voir d'où sortiront les quelques 1,8 milliard d'euros manquant à l'appel.
L'offre proposée par Vincent Bolloré, président de Vivendi, devrait néanmoins être acceptée par Vincent Bolloré, président du Groupe Bolloré. L'histoire ne dit pas comment se passera la poignée de main concluant l'affaire.
Mais pour quoi faire ?
Pour justifier ce rapprochement avec Havas, Vivendi évoque les synergies possibles avec le géant de la publicité : « Cette opération permettra à Havas de bénéficier du savoir-faire de Vivendi dans la gestion des talents, la création de contenus et leur distribution. En retour, elle donnera à Vivendi accès aux expertises de Havas en matière de consumer science, maîtrise des données et nouveaux formats créatifs ». Le groupe précise par ailleurs que « la connaissance pointue du consommateur et la maitrise des données associées constituent un avantage concurrentiel de tout premier plan ».
L'objectif est donc clair. Vivendi profitera des capacités d'Havas en termes de collecte de données et de ciblage pour mieux façonner ses contenus musicaux, cinématographiques, télévisuels et vidéoludiques. De l'autre côté, Havas pourra mettre en avant la capacité de Vivendi à forger et diffuser des contenus sur mesure pour ses annonceurs.
Les conflits d'intérêts possibles sont donc nombreux. Les concurrents d'Havas (Publicis, Omnicom...) pourraient par exemple craindre que ce dernier dirige principalement les budgets de ses annonceurs vers les médias de Vivendi (Canal, C8...). Ou encore que les chaînes du groupe de Vincent Bolloré ne réservent leurs meilleurs espaces publicitaires aux clients d'Havas. Arnaud de Puyfontaine, le président du directoire de Vivendi a quant à lui précisé dans une conférence destinée aux analystes que tout risque réglementaire avait déjà été écarté, Bruxelles ayant auparavant donné son feu vert à la prise de contrôle de Havas et de Vivendi par le Groupe Bolloré.
Quoi de neuf Canal ?
Sans grande surprise, Canal continue de perdre des abonnés directs à ses offres, les plus rémunérateurs. Ils sont désormais 5,145 millions, soit 109 000 de moins qu'il y a trois mois, et 401 000 de moins qu'il y a un an. Concernant les abonnés apportés par les partenariats avec Free et Orange, leur nombre est quasi stable, avec 1 000 clients supplémentaires en trois mois, sur un total de 2,939 millions. Le revenu moyen par abonné direct est quant à lui stable sur trois mois, à 45,3 euros.
Pendant ce temps, les audiences des chaînes gratuites du groupe se maintiennent, à l'exception d'une seule : Cnews, dont la part a reculé brutalement de 0,9 % à 0,5 % en l'espace d'un an. Pour C8 et Cstar, elle reste stable, à respectivement 5 % et 1,4 %.
Avec des abonnements en baisse sur la partie payante, et un léger recul des audiences sur la partie gratuite, les revenus du Groupe Canal+ ont donc logiquement baissé. Ils s'établissent ainsi à 755 millions de dollars pour la télévision payante en France, soit un repli de 7,8 % en un an. Pour la télévision gratuite, le chiffre d'affaires atteint 52 millions d'euros, contre 54 millions il y a un an.
Vivendi s'attend à un rebond dans le courant de l'année, notamment grâce aux offres lancées fin 2016. Plus engageantes et mieux fournies dans certains cas, le groupe espère qu'elles parviendront à limiter le départ de ses abonnés actuels. Pendant ce temps, la mise en place progressive d'un plan d'optimisation des coûts doit permettre de refaire partir la courbe des bénéfices à la hausse.
Studio+, l'offre maison de séries courtes sur mobile, pourrait également participer à la remontée du groupe. Actuellement, elle compte 200 000 abonnés, et rêve de multiplier par 10 ce chiffre d'ici fin 2017. À 4,99 euros mensuels par tête, il y aurait déjà là de quoi redonner des couleurs à Canal.
Vivendi espère ainsi un EBITA d'environ 350 millions d'euros en 2017, contre 240 en 2016 et 454 en 2015. Une inconnue subsiste, avec le départ de la Ligue des Champions sur SFR Sport en juillet 2018, les clients actuels seront-ils toujours prêts à s'engager sur 24 mois ? Réponse dans quelques trimestres...
Gameloft garde le cap
Rien de très palpitant à signaler du côté de Gameloft. L'éditeur de jeux mobiles poursuit tranquillement sa route et a signé un chiffre d'affaires de 68 millions d'euros, dont 8 millions de revenus publicitaires. Un total en hausse de 9 % sur un an. Sa marge reste néanmoins assez faible avec un bénéfice opérationnel de seulement 4 millions d'euros, soit 5,9 %.
Vivendi salue toutefois les bonnes performances enregistrées par certains titres au catalogue de l'entreprise, dont Disney Magic Kingdoms, qui s'est installé à la vingtième place du classement des applications les plus rentables aux États-Unis sur iOS.
Universal Music Group, plus fort que jamais
Chez Universal Music l'actualité est au contraire plutôt dense. Depuis plusieurs trimestres la filiale de Vivendi signe des performances très intéressantes, notamment grâce au boom des revenus issus du streaming musical. Sur le seul premier trimestre, UMG a comptabilisé un chiffre d'affaires de 1,284 milliard d'euros, en progression de 14,8 % sur un an.
Le groupe a d'ailleurs progressé sur tous les plans. La vente de musique enregistrée est en hausse de 14,2 % à 1,016 milliard, l'activité d'édition musicale croît de 17,1 % sur un an à 220 millions d'euros, tandis que les produits dérivés ont généré 13,6 % de revenus supplémentaire sur un an, à 54 millions d'euros. Le bénéfice opérationnel atteint quant à lui 141 millions d'euros, soit un bond de 37,6 % par rapport au 1er trimestre 2016.
Lors de la précédente assemblée générale, Vincent Bolloré avait brièvement évoqué la valorisation possible d'UMG. « Certaines banques disent 20 milliards d'euros, mais personne n'est capable de le dire tant que vous ne l'avez pas mis en bourse », relevait-il, tout en rappelant que cet actif n'est valorisé qu'à 6 milliards d'euros dans les comptes de la société. Vivendi de son côté, est valorisé à environ 25 milliards, Canal, Gameloft, et ses participations dans Ubisoft ou Telecom Italia comprises, après avoir rebondi de 4 % en bourse lors de la séance du jour.
Vivendi veut prendre le contrôle d’Havas, Canal perd encore 109 000 abonnés
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Gameloft garde le cap
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Commentaires (12)
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Abonnez-vousLe 12/05/2017 à 12h59
reste encore à voir d’où sortiront les quelques 1,8 milliard d’euros manquant à l’appel.
Déjà, l’État vient de rembourser 315 millions d’€ à Vivendi.
ça va aider un peu.
Le 12/05/2017 à 13h19
Bon allez ! Pile : je sauve Bolloré, Face : je sauve Drahi… " /> " />
Le 12/05/2017 à 13h20
Le 12/05/2017 à 13h21
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Le 12/05/2017 à 13h23
Le 12/05/2017 à 13h26
Pour le sous-titre, fan de fatals picards ? :)
Le 12/05/2017 à 13h42
Fan assumé ouais " />
Le 12/05/2017 à 13h45
Pendant ce temps, les audiences des chaînes gratuites du groupe se
maintiennent, à l’exception d’une seule : Cnews, dont la part a reculé
brutalement de 0,9 % à 0,5 % en l’espace d’un an.
La grève de plusieurs semaines et le départ de certaines “stars” de la chaîne doivent jouer, non ?
Le 12/05/2017 à 14h29
Une fusion des deux." /> Et les AD pleures que la musique rapporte plus assez." />
Le 12/05/2017 à 14h46
Le 12/05/2017 à 15h06
sur un total de 2,939 millions.C’est encore trop d’abonnés. Continuons l’effort :-) Depuis plusieurs trimestres la filiale de Vivendi signe des performances très intéressantes, notamment grâce au boom des revenus issus du streaming musical.Ce qui prouve bien, si besoin était que leur position sur l’échange de fichiers entre particuliers sans l’approbation des ayants droit est plus une position dogmatique que réellement économique….
( Accessoirement, il me semble qu’il existe une polémique sur ce streaming, justement, dont les artistes ne touchent que des clopinettes…. le fait que Vivendi fasse son beurre la-dessus est une info intéressante sur la valeur des oeuvres :-) )
Le 12/05/2017 à 17h06