Des traces d'un cycle saisonnier de l'eau sur Mars

Humidité martienne

Des traces d’un cycle saisonnier de l’eau sur Mars

Des traces d'un cycle saisonnier de l'eau sur Mars

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La présence ancienne d'eau sur Mars est maintenant attestée depuis quelque temps, mais des chercheurs viennent de découvrir qu'il a existé, dans certaines régions de la planète, des cycles alternant saisons sèches et saisons humides.

C'est en analysant des images prises sur Mars par le rover Curiosity de la NASA que des chercheurs ont découvert que des régions de la planète rouge ont vécu un rythme saisonnier d'alternance entre des périodes plus humides et des périodes plus sèches. La revue scientifique Nature a publié ce mercredi leur article scientifique montrant les preuves géologiques de l'existence de ces cycles.

Nous savions depuis longtemps que Mars avait abrité de l'eau à l'état liquide dans le passé. Et si en 2015, on pouvait se poser des questions sur sa présence actuelle sur l'astre, les chercheurs ont depuis détecté plusieurs lacs souterrains permettant de lever définitivement le doute.

En 2019, le chercheur du CNRS William Rapin et ses collègues découvraient des traces d'eau liquide sur la surface de Mars. Et c'était déjà grâce aux images du cratère de Gale prise par Curiosity et sa caméra laser « ChemCam ».

Des dépôts hexagonaux

Cette fois, les mêmes chercheurs, dont une bonne partie vient de laboratoires français, ont découvert, sur cette même zone du cratère de Gale où s'est baladé le petit rover de la NASA, des motifs hexagonaux se répétant sur le sol de Mars, comme on peut le voir ci-dessous.

Avec un œil non aguerri, le motif n'est pas forcément remarquable directement. Mais le surlignage des côtés des polygones établi par les chercheurs dans la deuxième image permet de se faire une idée plus précise des marques repérées.

  • motifs polygones curiosity
  • motifs polygones curiosity

Selon eux, ces motifs sont des craquements fossiles dans la boue qui s'est asséchée suite à un processus d'évaporation de l'eau, les crêtes seraient composées par des dépôts de sels dans l'argile datant de la transition entre les époques martiennes Noachien et Hespérien (il y a 3,8 à 3,6 milliards d'années).

La répétition du motif montre que l'évaporation a été régulière, cyclique et sur une durée assez longue, signe d'une vraie série de saisons d'un « régime climatique semblable à celui de la Terre ».

« On connaît déjà ses motifs sur terre grâce à la formation de boue, mais c’est la première fois que l’on en voit sur Mars, c’est vraiment la preuve d’un climat saisonnier, humide et sec », explique William Rapin à Actu Toulouse.

Une condition climatique propice (mais pas suffisante) à la vie

Cet enchainement de saisons humides et sèches est particulièrement intéressant biologiquement, car, comme l'expliquent les chercheurs dans leur article, « les environnements soumis à des cycles humide-sec sont considérés comme favorables, voire essentiels, à l'évolution chimique prébiotique », cette chimie à l'origine de la vie et n'impliquant donc aucune réaction biologique.

« En permettant aux molécules d’interagir à différentes concentrations et de manière répétée, des expériences indépendantes en laboratoire ont montré que cet environnement offre les conditions idéales pour former des composés complexes précurseurs et constitutifs du vivant tel que l’ARN », explique le communiqué du CNRS [PDF].

Mais, si ce mouvement saisonnier est favorable à ce processus, ces traces ne sont pas encore celles d'une formation de la vie sur Mars.

Néanmoins, dans les commentaires des relecteurs publiés par la revue [PDF], l'un d'entre eux fait remarquer que « Le lien avec la présence de microbes dans ces mudstones [textures fines de roche sédimentaire composée à l'origine d'argile ou de boue, selon Wikipédia]  est spéculatif, mais cohérent avec les observations ».

Et d'ajouter que « l'hypothèse selon laquelle une évolution prébiotique aurait été possible sur les sites contenant des fissures polygonales du cratère de Gale est un pas en avant par rapport aux "conditions habitables" fréquemment citées dans la littérature martienne et constitue une nouvelle perspective qui mérite d'être publiée et examinée plus en détail ».

Commentaires (1)


Vivement le retour d’échantillons qu’on en sache plus !


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