Le droit à l’oubli sur Google à nouveau devant la justice européenne
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Le 28 décembre 2018 à 16h24
5 min
Droit
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Le 10 janvier prochain, deux importantes affaires relatives au droit à l’oubli sur les moteurs de recherche seront auscultées par Maciej Szpunar, avocat général à la CJUE. Elles concernent l’une et l’autre sa portée territoriale et le sort des données sensibles.
Depuis son arrêt Costeja, rendu le 13 mai 2014, soit avant l’entrée en vigueur du RGPD, la cour considère que Google inc. est soumis à la directive de 1995 sur les traitements des données personnelles, ce par le biais de ses filiales publicitaires.
Mieux encore, l’arrêt a posé en substance que le moteur réalise un traitement lorsqu’il indexe des données personnelles. Il doit alors respecter une série d’obligations, en particulier le droit à l’effacement reconnu aux personnes physiques.
Selon la directive précitée, tout responsable du traitement doit en effet s’assurer que son traitement réponde à un certain niveau de qualité :
- Les données à caractère personnel sont traitées loyalement et licitement
- Les données sont « collectées pour des finalités déterminées, explicites et légitimes, et ne [sont pas] traitées ultérieurement de manière incompatible avec ces finalités »
- Les données sont « adéquates, pertinentes et non excessives au regard des finalités pour lesquelles elles sont collectées et pour lesquelles elles sont traitées ultérieurement »,
- Les données sont « exactes et, si nécessaire, mises à jour »
- Les données sont « conservées sous une forme permettant l’identification des personnes concernées pendant une durée n’excédant pas celle nécessaire à la réalisation des finalités pour lesquelles elles sont collectées ou pour lesquelles elles sont traitées ultérieurement ».
À défaut, un coup de gomme s’impose dès lors qu’une requête associant un nom et un mot clef dirige vers un contenu ne répondant pas à ce niveau de qualité (données inexactes, non pertinentes, excessives, etc.).
Bras de fer entre la CNIL et Google sur la portée du droit à l'oubli
En France, cet état des lieux a été l'occasion d'un beau bras de fer entre la CNIL et le moteur américain, en particulier sur le périmètre des données à effacer et les différents critères à mettre en œuvre. La question est de savoir si le droit à l’effacement doit ne concerner que les versants européens de Google (Google.de, .it, .fr, etc.) ou bien frapper également toutes les autres extensions, dont le .com.
Cette thèse « universaliste » est justement défendue par la CNIL. Elle avait à ce titre infligé une sanction de 100 000 euros à l’encontre de Google qui ne la respectait pas. « Si nous devions appliquer la loi française partout dans le monde, combien de temps faudrait-t-il avant que d’autres pays - peut être moins libres et démocratiques - exigent à leur tour que leurs lois régulant l’information jouissent d’un périmètre mondial ? » avait réagi dans nos colonnes un représentant du moteur, lors de son recours devant le Conseil d’État.
Pour éviter une solution franco-française, à mille lieues de l’idéal du marché unique, celui-ci avait préféré soulever ces difficultés directement à la CJUE. Au passage, le même Conseil d’État a demandé, dans l’hypothèse d’un droit à l’effacement limité à l’Europe, si l’oubli numérique devait être en vigueur dans le seul pays de l’internaute avait obtenu gain de cause, ou bien dans l’ensemble des États membres ? Et comment identifier la localisation de cette personne ? Par géolocalisation ou en tenant compte du nom de domaine utilisé lors de la recherche ?
La question des données sensibles et de l'indexation des infractions
Dans une seconde série d’affaires, Google et la CNIL ont été sur la même longueur d’onde. À chaque fois, des individus ont attaqué une délibération de la commission qui avait suivi le refus du moteur d’effacer leurs données personnelles.
Dans l’un des dossiers, une conseillère régionale d’Île-de-France avait vainement réclamé l’effacement d’un lien vers une vidéo se moquant de ses anciennes activités publiques, suggérant une relation intime avec le maire de la commune.
Dans un autre, un ancien conseiller de Gérard Longuet avait sollicité l’effacement de plusieurs liens hypertextes vers des articles exposant sa mise en examen dans les années 90, alors qu’il avait bénéficié d’un non-lieu en 2010. Autre cas, un ex-animateur d'école avait demandé le retrait de sept liens vers des articles du Figaro et de Nice Matin relatif à sa condamnation en 2010 pour des actes pédophiles.
Si Google et la CNIL ont refusé la désindexation, ces affaires portent sur des données particulières, celles relatives à la vie intime ou encore à des infractions. Le droit européen posait déjà une interdiction de principe de ces traitements, sauf exception par exemple pour la presse, mais sûrement pas les moteurs de recherche.
Voilà pourquoi la juridiction administrative a préféré là encore passer le relai à la cour de Luxembourg (notre compte rendu d'audience de transmission). Dans moins de deux semaines, l’avocat général de la Cour de justice de l’Union européenne rendra son avis. Ces conclusions sont destinées à éclairer la CJUE dans l’arrêt attendu à partir de février 2019.
Le droit à l’oubli sur Google à nouveau devant la justice européenne
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Bras de fer entre la CNIL et Google sur la portée du droit à l'oubli
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La question des données sensibles et de l'indexation des infractions
Commentaires (9)
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Abonnez-vousLe 28/12/2018 à 16h40
ca permettrait peut être aussi de plus avoir le lien “trump” avec “idiot” sur google image ʕ ¬ᴥ¬ʔ
Le 30/12/2018 à 17h27
je suis super partagé sur le sujet.
Dans le premier cas, c’est un contenu diffamant, dans le second il y a condamnation, on ne devrait pas pouvoir le faire disparaitre comme ça et s’acheter une nouvelle virginité (enfin si je puis dire vu les faits de la condamnation)
Le 30/12/2018 à 22h05
Le 31/12/2018 à 09h03
Si je comprends bien, si je réclame la suppression d’un lien qui ressort quand je tapes mon nom + prénom sur Google juste parce que j’aimerai que ces mots clefs renvoient le moins d’info possible, je peux aller me gratter ?
Le 02/01/2019 à 08h38
C’était ici sous l’empire de la directive. Même si RGPD reprend beaucoup de ces principes, le droit à la limitation pourrait permettre de demander de traiter moins d’info. En tout cas, sous réserve de le justifier.
Le 02/01/2019 à 09h33
Merci pour ta réponse.
Aujourd’hui sur le site de la CNIL tu peux trouver un formulaire qui te génère une lettre PDF (citant les articles RGPD) à envoyer à tout organisme/société pour que suppression de tes données personnelles soit faite dans un délai de 1 mois. Sans justification, la seule étant l’application du RGPD.
Ca ne marche donc pas avec Google si je veux supprimer un lien ? Ni même comprendre comment l’association entre mon nom et ce lien est faite ?
Le 02/01/2019 à 11h08
Ce formulaire permet de faciliter la demande de suppression. L’absence de justification ne signifie pas que l’entreprise traitant les données ne puissent pas avoir une raison de ne pas y faire droit, c’est ce à quoi je pensais. Cela est néanmoins assez encadré (article 17, 3. RGPD).
Supprimer un lien, je ne saurais te dire exactement, cela dépend du contexte.
Comprendre l’association, cela peut être fait dans une certaine mesure, c’est le droit à l’information. Néanmoins, il faut s’attendre dans ce genre de cas à ce que l’entreprise (Google par exemple) ne fasse pas dans l’exhaustif, notamment pour protéger son savoir faire par exemple. Je me fais un peu l’avocat du diable, mais cette association qui est faite par Google peut faire partie de son savoir faire/de son gagne pain, on pourrait donc comprendre qu’elle ne divulgue pas trop d’informations sur le pourquoi du comment. Mais encore une fois cela reste discutable.
Dans tous les cas, après avoir fait une demande à l’entreprise, en l’absence de réponse dans un délai d’un mois (sauf cas de prolongation) tu pourras toujours saisir la CNIL qui est assez pédagogue sur le sujet.
Le 02/01/2019 à 11h11
C’est plus clair merci :)
Dans tous les cas, après avoir fait une demande à l’entreprise, en l’absence de réponse dans un délai d’un mois (sauf cas de prolongation) tu pourras toujours saisir la CNIL qui est assez pédagogue sur le sujet.
Rien dans les résultats de Google me concernant ne mérite que j’entame un telle démarche, c’était juste de la curiosité ;)
Merci en tout cas !
Le 03/01/2019 à 09h28
Sans justification, la seule étant l’application du RGPD. ….
il était temps qu’ils créaient* “un tel système” (enfin) ! " />
* inventent