ProtonCalendar : la bêta de l’agenda chiffré manque cruellement de fonctions
Évènements isolés
Le 07 janvier 2020 à 11h09
8 min
Internet
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ProtonMail lançait fin octobre la bêta de sa révision 4.0. L’éditeur avait promis qu’une préversion d’un calendrier chiffré arriverait, dont acte. Nous l'avons pris en main : si l’essentiel est là, la route est encore longue.
L’orientation des produits fournis par ProtonMail est claire : la préservation des données utilisateurs. Les communications se font sur la base d’un chiffrement de bout en bout, c’est-à-dire s’effectuant avant de quitter la machine. À la manière d’un Signal pour la messagerie instantanée, l’éditeur ne peut pas lire les messages.
ProtonMail va cependant un peu plus loin et chiffre également une partie des métadonnées. Ces dernières sont pour rappel les informations périphériques d’une communication. Elles ne permettent pas de savoir ce que vous avez dit, mais à qui vous avez parlé, à quelle heure le message a été envoyé, etc.
Sur la base de cette volonté de chiffrer autant d’informations que possible – sans trop affecter la facilité d’utilisation – ProtonMail avait annoncé que les contacts subiraient le même traitement, mais surtout que d’autres produits seraient lancés pour former un ensemble cohérent. Outre un stockage distant de type « Drive » toujours en développement, on attendait donc le calendrier, dont la bêta est maintenant disponible aux utilisateurs munis d’un compte payant, quel qu’en soit le niveau.
Comme pour la préversion de ProtonMail 4.0, nous avons pris en main le nouveau venu.
Une création d'évènements réussie, mais...
Une prise en main dont l’utilisateur va rapidement faire le tour. Comme promis, les services s’ajoutent à l’actuelle version 4.0 en développement dans la barre latérale à droite. Après Mail et Contacts arrive ainsi Calendar.
Le premier contact avec l’agenda maison est évident. Les gestes et éléments courants s’y retrouvent : vue journalière, hebdomadaire ou mensuelle et un clic n’importe où dans l’interface pour créer un évènement sur un créneau horaire. ProtonCalendar génère alors automatiquement une tranche d’une demi-heure (durée par défaut réglable dans les options) et ouvre un panneau avec les informations principales : titre, durée de l’évènement, récurrence, calendrier affilié, lieu et description.
Un bouton permet d’obtenir davantage de critères, notamment les fuseaux horaires de début et fin d’évènement (bien vu) et le nombre de rappels que l’on souhaite (mais uniquement via les notifications du navigateur pour l’instant, les emails arriveront plus tard).
Au-dessus du calendrier, on trouve une barre permettant de centrer la vue sur l’heure en cours, d’avancer ou reculer dans le temps selon la vue choisie, de modifier le fuseau horaire et la vue elle-même.
... il ne faut pas en demander plus pour l'instant
Cependant, l'énoncé des capacités s’arrête très vite. Il est probable que ProtonMail veuille surtout tester l’ergonomie et la fiabilité de ces quelques fonctions de base, car la liste de ce qui manque est vertigineuse pour le moment.
Impossible déjà d’utiliser le service autrement qu’en anglais. Ensuite, il n’y a qu’un seul calendrier. Si vous souhaitez tester vraiment ProtonCalendar, il vous sera donc impossible de séparer par exemple les évènements personnels et professionnels. La fonction d’ajout est bien présente, mais le bouton est grisé. Au moins peut-on changer la couleur par défaut.
La création d’évènements a beau sembler complète, il lui manque pourtant une option simple dans la récurrence : journalière. La plupart des calendriers proposent en effet de répéter automatiquement une activité tous les jours, les jours travaillés, tous les jours jusqu’à une date définie ou avec une récurrence cyclique comme « Tous les trois jours ».
On pourra arguer que si un évènement a lieu tous les jours, il n’est plus utile de l’inscrire. Certes, mais dans le cadre d’un calendrier valable par exemple un mois, une telle option aurait largement sa place.
Aucune fonction de partage ou de synchronisation n’accompagne non plus le calendrier. Il est pour l’instant isolé et on ne peut ni le partager à d’autres utilisateurs ni les inviter. On ne peut pas importer d’évènements depuis d’autres services ou fichiers (surtout ICS), pas plus qu'exporter les données. En clair, pas de collaboration pour le moment.
Les fonctions suivront, un peu de patience demandée
En résumé, ProtonCalendar n’est en l’état pas vraiment utilisable. Cependant, l’éditeur le sait. L’agenda est, selon lui, l’un des produits les plus réclamés par les utilisateurs. En complément de ProtonMail, l’utilité des deux devrait s’en trouver mutuellement renforcée. Du moins quand des fonctions existeront pour les lier, ce qui n’est pas le cas actuellement.
L’entreprise suisse évoquait dans son billet du 30 décembre une première ébauche plus qu’une bêta complète. « Il y aura des développements substantiels entre aujourd’hui et quand le projet sera diffusé publiquement. Pendant l’avancement de la bêta, des fonctions supplémentaires seront ajoutées, comme la capacité de partager votre calendrier avec les autres utilisateurs ProtonMail et d’envoyer des invitations à n’importe qui, y compris des non-utilisateurs de ProtonMail ».
L’éditeur promet des liens renforcés avec son service de courrier électronique. Il ne donne pas de détails, mais on peut imaginer aisément le type de fonction en regardant ce qui se fait chez les autres. Par exemple, repérer automatiquement une date et un horaire dans un email et proposer, au survol de la souris, de créer un évènement lié.
En outre, des applications dédiées pour Android et iOS seront proposées. Certains regretteront ce choix, qui obligera à manipuler deux applications distinctes pour ce qui est censé être une galaxie cohérente de services. D’autres n’y verront que l’opportunité d’avoir des interfaces dédiées, sans risquer l’usine à gaz.
Mais pour ces applications, comme pour le reste, Proton Technologies ne donne aucun… calendrier.
ProtonCalendar : de la sécurité avant tout
La communication autour de ProtonCalendar se fait finalement bien plus sur la sécurité que sur les fonctions. Avant même d’ajouter des capacités, le Suisse tient à ce que les utilisateurs comprennent bien les avantages qu’il y aurait à se servir de sa solution.
En repartant sur les bases modernisées de ProtonMail 4.0 (notamment AngularJS), les développeurs ont gardé l’approche du tout chiffré. À la différence du courrier électronique, chaque élément d’un évènement est représentatif d’une activité et peut renseigner précisément sur ce qu’une personne fait de sa journée.
Le titre, la description, le lieu et la liste des participants sont ainsi chiffrés de bout en bout. Un mot revient d’ailleurs souvent dans la communication de ProtonMail : Google. Se plaçant toujours comme l’antithèse du géant de Mountain View, la société suisse s’interroge : pourquoi laisser Google connaître tous les détails de vos journées et générer des publicités ciblées sur la base de ces informations ? Un soupçon de culpabilisation.
ProtonMail croit cependant « que tout le monde a le droit de planifier un repas avec des amis sans que Google sache qui va venir ». Dans cette optique, une version basique de l’agenda sera fournie aux utilisateurs gratuits du service. Difficile d’évaluer pour l’instant l’écart entre les socles fonctionnels, l’actuel n’étant pas finalisé.
Il faudra donc attendre pour se faire un véritable avis de ProtonCalendar, la forme actuelle étant bien trop limitée. Outre les fonctions elles-mêmes, nous attendrons d’en vérifier l’ergonomie, qui n’est pas un point fort de ProtonMail, même dans son actuelle phase bêta avancée. L’interface a beau par exemple avoir été modernisée, elle ne permet toujours pas de redimensionner les colonnes ou d’individualiser la fenêtre de composition du message.
Avec ProtonCalendar cependant, Proton Technologies fait du neuf. L’éditeur, qui veut à terme proposer un bouquet de services unis par la même philosophie de protection de la vie privée, a donc une réelle carte à jouer. Des internautes considérant jusqu’ici ce type de service comme très accessoire pourraient s’y pencher plus sérieusement, au fur et à mesure que les questions de confidentialité des informations prennent de l’ampleur.
En attendant, les abonnés peuvent tester les prémices du nouveau service. Les amateurs de technique peuvent consulter le modèle de sécurité de ProtonCalendar, révélé début décembre. Le code source du produit n’est pas encore disponible. Il faudra probablement attendre le lancement public de la version finale.
ProtonCalendar : la bêta de l’agenda chiffré manque cruellement de fonctions
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Une création d'évènements réussie, mais...
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... il ne faut pas en demander plus pour l'instant
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Les fonctions suivront, un peu de patience demandée
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ProtonCalendar : de la sécurité avant tout
Commentaires (22)
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Abonnez-vousLe 07/01/2020 à 12h42
Ca donne quoi versus le calendrier de tutanota ?
Je me répète peut être mais, mais on parle beaucoupde protonM sur Nxi. Tout comme on parle beaucoup d’ubiquiti sur la parte HW (mais pour le cas présent l’explication de David était logique).
Et les autres ?
Le 07/01/2020 à 12h57
le nombre de rappels que l’on souhaite (mais uniquement via les
notifications du navigateur pour l’instant, les emails arriveront plus
tard).
Pour moi c’est LE point faible des calendriers concurrents de Google Calendar : les rappels sont toujours limités au navigateur, jamais dispo par e-mail. Pourtant on n’est pas toujours devant son appareil. Et j’aime bien avoir les rappels qui arrivent dans la nuit, je les consulte au réveil dans la boite e-mail. Toutes les solutions gratuites, notamment celles basées sur NextCloud, ne proposent pas cette option. En attendant j’utilise le calendrier d’Infomaniak (fourni avec l’adresse e-mail) mais il fonctionne très mal avec Thunderbird/Lightning (je passe par Evolution pour la synchro mais c’est une galère ergonomique).
Si Proton avance bien sur cers rappels, je suis prêt à passer chez eux pour la gestion du calendrier (à condition d’avoir une gestion fine des rappels, et de pouvoir mettre une autre adresse e-mail que celle liée au compte).
Le 07/01/2020 à 12h57
J’aime beaucoup Proton* mais c’est vrai que le gros point noir c’est la visibilité sur les devs en cours…C’est dommage.
Le 07/01/2020 à 14h11
utilisateur Proton depuis le début, il faut les soutenir car avoir ce genre de services de manière conviviale pour tout le monde c’est juste le top sans avoir à bidouiller quoi que ce soit ou écrire une ligne de code.
Le développement prends du temps et plus particulièrement quand il faut créer depuis zéro tout une chaine/un ensemble cohérent de services.
+1 Proton continuez.
Le 07/01/2020 à 14h37
+1, on parle toujours de ProtonMail, mais quid de Tutanota, Mailfence, Posteo, Msgsafe.io, Mailbox, Disroot, Mailden… Des services au moins aussi intéressants que ProtonMail, souvent moins chers et qui proposent souvent plus de fonctionnalités !
Le 07/01/2020 à 15h29
Le 07/01/2020 à 15h40
Moins chers?
de base, protonMail est gratuit.
Comme ProtonVPN.
Le 07/01/2020 à 15h43
De mon côté ils fournissent déjà le service que je souhaite… et un VPN en bonus.
Donc tout ajout est apprécié.
Le 07/01/2020 à 15h48
Certes, mais ce qui fait qu’un dev évolue plus ou moins vite, c’est le nombre d’utilisateurs, donc les revenus. Vu que tout le monde ne parle que de Proton, ca doit pas être simple pour les autres d’exister et évoluer. Pourtant, les valeurs de Tutanota sont proche de Nxi je trouve (à première vue en tous cas). Et c’est comme ca que les médias créés une boîte avec un monopole (je n’accuse pas Nxi heiinnn :) c’est juste que je vois tjs plein d’articles ici ou ailleurs sur proton et très peu sur d’autres… mais c’est aussi peut être une fausse impression).
Sinon, pour le PGP, pour moi c’est un faux problème. Il faudrait une vraie prise de conscience de tous les utilisateurs pour que le chiffrement de mail se démocratise plus… On en est loin pour l’instant :(
Le 07/01/2020 à 15h51
Gratuit avec peu d’options.
Pouvoir créer que 3 répertoires pour tirer ces mails et aucun règles, OMG !
Le 07/01/2020 à 15h57
Le 07/01/2020 à 16h31
Je suis tout à fait d’accord avec toi " />
Le 07/01/2020 à 17h28
Le 07/01/2020 à 17h42
Le but n’est pas de transférer l’email en chiffré entre 2 serveurs, mais de stocker l’email chiffré sur les serveur pour qu’il ne puisse être lu que depuis le client mail des destinataires (même si il y avait une intrusion sur un des serveurs mail).
Le 07/01/2020 à 18h23
Le 08/01/2020 à 06h58
+1
L’exigence d’interropérrabilité disparaît de l’Internet avec des services comme ça.
PGP est interropérrable mais ne protège guère les entêtes, ce quil pourrait être obtenu en exigeant la liaison entre les serveurs SMTP obligatoirement avec TLS
Mais c’est un vœux assez pieux …
Le 08/01/2020 à 08h23
Certes, aucun service n’est parfait. Je voulais juste souligner qu’on ne parle que de ProtonMail alors que ses concurrents directs n’ont pas grand chose à leur envier voire proposent plus de fonctionnalités pour un prix plus raisonnable.
Quant à l’offre gratuite de ProtonMail, c’est très limité.
Le 08/01/2020 à 10h40
J’ai un compte gratuit dont je me sert pour tous mes comptes type e-Commerce, ses options sont suffisantes, si le but est juste d’avoir une adresse mail écartée des gros fournisseurs classiques (google, yahoo, … yandex).
Pour un usage strictement perso, c’est encore suffisant mais vite limité, certes.
Je suis passé sur le plan payant afin de profiter du nom de domaine et de plus d’espace.
Encore une fois, mon intérêt est avant tout la “sécurité” de ma boite mail.
Le 08/01/2020 à 10h50
Il faudrait que Nxi (re)fasse un dossier sur ces solutions.
Proton a cette particularité de ne pas chiffrer QUE les mails, mais toute la boite mail. et de ne pas stocker le (second) mot de passe, celui de chiffrement. PM est incapable de déchiffrer sans notre mdp la moindre donnée.
Le 08/01/2020 à 13h04
Tuta chiffre également toute la BAL. Enfin globalement, les principes de l’un et l’autre sont proche.
Certes, pour une BAL basique c’est peut être suffisant. J’ai commencé par du gratuit sur Proton, je me suis vite trouvé limité… Parce que sans tri ni répertoire, c’est vite le bordel je trouve…
Donc j’ai regardé les tarifs et 5€/mois au moins cher, quand tuta était a 1€, donc j’ai testé tuta en gratuit et puis je test en payant maintenant.
Parce qu’au final, quand tu mets tout bout à bout (bitwarden, mails, cloud, etc…) ca peu vite chiffrer…
Tu ajoutes l’abo Nxi et c’est fini " /> " />
Le 08/01/2020 à 16h41
Le 08/01/2020 à 16h52