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Assistants numériques, objets connectés : la Commission européenne lance une vaste enquête

Le mot du jour est « interopérabilité »

Assistants numériques, objets connectés : la Commission européenne lance une vaste enquête

Le 17 juillet 2020 à 07h48

La Commission européenne veut que le marché de l’IoT « reste ouvert et compétitif » en évitant que des géants ne viennent « fausser la concurrence ». Elle a toutes les raisons de craindre des dérives, d’autant qu’elle a déjà vu ce type de comportement par le passé. Une enquête sectorielle est lancée.

Semaine difficile pour la commission européenne : mercredi l’annulation par le Tribunal de l’Union du redressement fiscal de 13 milliards d’euros d’Apple, hier avec l’invalidation du Privacy Shield par la Cour de Justice de l’Union européenne.

Elle ne se laisse pas abattre et vient d’annoncer l’ouverture « d’une enquête sur les pratiques anticoncurrentielles dans le secteur des biens et services de consommation liés à l'internet des objets dans l'Union européenne ». En creux, on retrouve la question de la gestion des données personnelles et de l’omniprésence des plateformes.

Margrethe Vestager (vice-présidente exécutive) souhaite notamment s’assurer que les « appareils connectés sont vraiment interopérables », un point qu’elle juge important pour que se développe une concurrence saine. Une problématique que nous avions déjà abordée ces deux dernières années, mais qui avait eu assez peu d'écho auprès des décideurs français.

Alexa, Assistant, Siri… : le marché doit rester « ouvert et compétitif »

Fin 2019, l’Europe comptait 108 millions d’objets connectés « pour la maison », avec la prévision d’arriver à 184 millions fin 2023 selon Margrethe Vestager… il est donc plus que temps de se pencher sur cette question. Le chiffre d’affaires de ce marché devrait doubler dans les quatre prochaines années, pour arriver à 27 milliards d’euros, de quoi attiser encore plus les convoitises des géants du secteur, mais aussi d’autres acteurs de taille plus modeste.

Elle ajoute que « le potentiel est incroyable » et les possibilités « semblent infinies », mais « nous n’aurons tous les avantages – prix bas, large choix, services innovants – que si les marchés de ces appareils restent ouverts et compétitifs ». Selon la vice-présidente, au « centre » de l’IoT on retrouve actuellement les assistants vocaux comme Siri d'Apple, Google Assistant et Alexa d'Amazon. Ils essayent tous de tirer la couverture à eux et ne proposent aucune interopérabilité à leurs clients.

Comme c’est le cas pour les IA de tous les bords, « l'accès à de grandes quantités de données des utilisateurs semble être la clé de la réussite de ce secteur ». Les géants du Net sont déjà des spécialistes du genre, elle souhaite que « les acteurs […] n'utilisent pas le contrôle qu'ils exercent sur ces données pour fausser la concurrence ou fermer ces marchés ».

Ce n’est pas la seule crainte : les sociétés déjà en place (Amazon, Apple, Google…), pourraient aussi profiter d’avoir accès à la liste des services les plus utilisés pour se lancer sur ces marchés et tenter d’en prendre le contrôle. Ensuite, une entreprise avec une position dominante pourrait essayer de mettre en avant ses propres services (comme cela a déjà été reproché à Google dans Android) ou via des partenaires triés sur le volet – avec des accords commerciaux par exemple : « Dans les deux cas, le résultat peut-être moins de choix, de concurrence et d'innovation pour les utilisateurs ».

La Commission s’inquiète des abus des « grandes sociétés »

Pour la Commission, « la concurrence sur les marchés numériques peut être fragile » : « Lorsque les grandes sociétés abusent de leur pouvoir », elles peuvent très rapidement étouffer le marché et se placer en position de monopole. L'idée est donc d'anticiper : « Nous avons déjà vu ce type de comportement, ce n'est pas nouveau ».

Elle ajoute que « des éléments indiquent que certaines pratiques d'entreprises peuvent fausser structurellement la concurrence ». Sont mis en avant la restriction de l'accès aux données, l'interopérabilité et « certaines formes d'autofavoritisme et de pratiques liées à l'utilisation de normes propriétaires ». Des points que nous avions déjà soulevés.

L'interopérabilité au cœur des attentions

La Commission voit dans l'interopérabilité « l'une des clés d'un marché ouvert et compétitif à l'ère numérique ». Si les systèmes sont imperméables les uns avec les autres, c’est au final l’utilisateur qui paye les pots cassés en se retrouvant enfermé dans un écosystème propriétaire. Un problème, notamment lorsque les produits sont abandonnés.

Elle veut ainsi que les appareils connectés de la maison ne soient pas dépendants d’un système en particulier… ce qui est déjà le cas, on le voit d'ailleurs même chez des acteurs bien de chez nous, comme les FAIOrange par exemple avec sa « Maison connectée et protégée » a fait le choix du DECT ULE, une norme très peu utilisée, mais disponible sur les Livebox.

Vous passez chez un autre FAI ? Dommage pour vos objets connectés achetés au prix fort… Free ne fait pas mieux avec son protocole DomusRF et le kit de sécurité pris en charge par la Freebox Delta uniquement.

Une annonce deux-en-un : analyse du marché et coup de semonce

Le but de cette « enquête sectorielle » est donc de recueillir « des informations sur le marché afin de mieux comprendre la nature, la prévalence et les effets de ces problèmes potentiels de concurrence, et les évaluera à la lumière des règles de concurrence de l'UE ». Il ne s’agit que d’une étude, pas de délivrer des sanctions, pouvant arriver dans un second temps.

Les produits concernés sont divers et variés : montres, bracelets, réfrigérateurs, machines à laver, téléviseurs, haut-parleurs, d'éclairage intelligent, etc. Au total, plus de 400 sociétés européennes, asiatiques et américaines seront contactées. Les questions porteront sur les données – comment elles sont collectées et utilisées, comment les entreprises gagnent de l'argent à partir de ces données – et sur l’interopérabilité de leurs produits et services.

Un rapport préliminaire avec les réponses des acteurs du secteur est prévu pour le printemps 2021, puis la version finale arrivera « au cours de l'été 2022 », soit dans deux ans tout de même, un délai relativement long étant donné l’avance dont dispose déjà certains géants du Net. Si, après analyse des résultats, la Commission constate des problèmes de concurrence spécifiques, elle pourra ouvrir des enquêtes afin de « s’assurer du respect des règles de l’Union européenne ». 

Dans tous les cas, cette enquête sectorielle est aussi l’occasion pour la Commission d’envoyer un coup de semonce aux géants du secteur : « nous les surveillons », vous « devez réaliser vos affaires conformément aux règles de la concurrence ». Vont-ils réagir face à cette mise en garde ? Rien n’est moins sûr.

Commentaires (4)

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2 ans d’enquête puis 3 ans de procédure. Pendant ce temps 1, 2 ou 3 acteurs auront eu le temps de prendre le marché. Cette methode n’est décidemment pas la bonne.



Au contraire, il faudrait adopter une stratégie court, moyen, long terme en commancant par modifier la législation européenne en réformant rapidement la softlaw, puis lancer des actions musclées en invoquant la possibilité d’une scission des activités monopolistiques des Gafam.

Permettre dans un moyen terme la mise en place de mesures protectionnistes deguisés dans le secteur du numérique et lancer sur le long terme un chantier de réforme du droit des pratiques anticoncurrentielles pour prendre en compte les modèles d’abus de position dominantes dans le secteur du numériques, les écosystèmes piégeurs et les barrières techniques (les OS, les stores d’application, les services domotiques et assistants comme l’evoque l’article…) tout en lâchant la bride sur d’autres pratiques dans la mesure où elles correspondent aux intérêts stratégiques nationaux et européens.



En faisant cela on attaque à l’exterieur nos ennemis strategiques et on créé de l’espace pour développer un tissu économique français et européen développé et fort dans ces domaines. Biensur la question du financement de ces entreprises se posera, tout comme la nécessité de lâcher de la bride sur le contrôle des aides d’Etat.

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Bah le moins interopérable de tous c’est bien Apple, et depuis presque toujours.

Logiquement et physiquement.

Et ceci n’est pas un troll.



L’autre problème de l’ioT, et pas des moindres, c’est la pérennité de certaines boîtes et/ou services.

Et quid des données ?



Ils s’attaquent à une seule partie du problème.

Mais bon, le mamout se réveille un peu tard j’ai envie de dire.

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Ah bordel le timeout de l’édition…

Bon je retape mais faudrait vraiment que vous soyez plus cool avec le timing svp.



En gros je disais que IRL, quand tu crées une boite t’es cloisonné à un secteur, une activité, un corps de métier, etc.

Même si tu fais du multiservices, ça reste toujours dans une activité bien précise.



Alors que dans le numérique c’est la fête du slip. Prends Google par exemple, ils font de l’os, de la bureautique, de la news, du matos, de l’ia, de l’iot, ‘fin bref… Ils tapent presque partout.

Ça aide beaucoup à se centrer sur soi et son microcosme et ouvrir le moins possible vers l’extérieur.

Surtout avec de l’argent en mâsse.



Bon je suis pas un pro du statut juridique, et encore moins international, mais vous avez saisi je pense.

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L’UE aurait pu (dû) lancer un programme numérique ambitieux, je vais oser le mot: indépendance numérique (ce qui ne signifie pas incompatibilité avec le reste du monde).

Au lieu de ça, l’UE a laissé se répandre les cancers qu’ils cherchent à combattre aujourd’hui.

Je suis de ceux qui pensent que ce que l’UE ne fait/fera pas en matière d’indépendance numérique, la France devrait le faire. Nous en avons les moyens, reste la volonté politique et la confiance envers le personnel politique.

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