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Fixe et mobile : l’Arcep détaille les usages pendant le confinement, des records à la clé

550 000 minutes d’appels… par minute

Fixe et mobile : l’Arcep détaille les usages pendant le confinement, des records à la clé

Le 09 octobre 2020 à 14h21

Les opérateurs et leurs clients se souviendront certainement longtemps du confinement de ce début d’année. L’Arcep revient sur la manière dont il a bouleversé nos comportements (appels, SMS/MMS et data) sur le fixe et le mobile, mais aussi les revenus des opérateurs, le roaming et la portabilité.

L'observatoire du marché des communications électroniques du second trimestre de l'Arcep est en ligne. Comme on s'y attendait, « les huit semaines de confinement ont bouleversé les usages des services de télécommunication ». Une période qui correspond en grande partie au confinement mis en place de mi-mars à mi-mai en raison de la pandémie.

Nous avons pour rappel déjà fait un point sur les conséquences de la crise sanitaire sur le déploiement de la fibre et les finances des opérateurs. Voici un portrait plus complet de la situation et plus global dans les télécoms.

« Un nouveau record jamais égalé en 20 ans »

Le régulateur commence par rappeler que « la consommation vocale depuis les réseaux fixes et mobiles avait déjà très fortement augmenté au premier trimestre 2020 (+ 14 % en un an), principalement en raison de l’envolée du trafic vocal depuis les réseaux mobiles (+ 18 % en un an) ».

Un avant-gout de la suite puisque les deux dernières semaines de mars correspondaient au début du confinement. Le second trimestre restera certainement dans les annales pour un moment : « Fait le plus marquant, au deuxième trimestre 2020, l’usage vocal global atteint un nouveau record jamais égalé en 20 ans : 72,2 milliards de minutes, soit une augmentation de 28,3 % en un an contre - 2,0 % un an auparavant ».

Arcep usages Q2 2020

57,2 milliards de minutes proviennent du mobile, en augmentation de 30 % en un an. Une hausse sans commune mesure avec la croissance trimestrielle de « + 2 % à+ 5 % en moyenne au cours des cinq années précédentes ». Elle se retrouve chez les personnes disposant d’un forfait mobile : 4h40 d’appels par mois en moyenne.

Détail intéressant, l’Arcep indique que la voix sur Wi-Fi (VoWiFi) depuis les téléphones mobiles, « progresse également très fortement : son volume est multiplié par trois en un an ce trimestre, même s’il représente encore une faible part de la consommation totale depuis les terminaux mobiles (3 %, soit 1,8 milliard de minutes) ». 

Sur le fixe, la situation est peu ou prou la même : « Alors que l’usage de ce service diminuait depuis sept ans, le volume de communications vocales augmente depuis le début de l’année 2020 :+ 22 % en un an au deuxième trimestre contre un recul de - 15 % en 2019 ». Soit quasiment 30 minutes de plus sur la moyenne des appels, pour arriver à 2h17 par mois alors qu’elle « était en baisse de 20 à 30 minutes par an » auparavant. Sur le premier trimestre, nous avions déjà une hausse, mais bien plus mesurée avec 4 minutes seulement.

Arcep usages Q2 2020

De la croissance sur la data, plus mesurée qu’avant

Concernant la data, c’est une autre histoire. La consommation a continué d'augmenter au second trimestre avec 36 % de mieux, mais « la croissance est inférieure à celle relevée les six trimestres précédents, d’environ + 45% en moyenne ». Le volume total des données échangées sur les réseaux mobiles atteint 1,7 exaoctet (1,7 milliard de Go) au deuxième trimestre 2020, contre 1,64 exaoctet fin mars et 1,23 au second trimestre 2019.

Les clients en 4G représentent 95 % du total et consomment en moyenne 10,2 Go par mois, soit 23  % de plus sur un an, alors que nous étions aux alentours des 30 % les trois trimestres précédents. Fin mars, la moyenne était de 10,1 Go, contre 9,5 Go fin décembre 2019 :

Arcep usages Q2 2020

Pour rappel, des appels ont été lancés durant le confinement pour utiliser au maximum les réseaux fixes afin d’éviter « d’engorger » les réseaux mobiles. En gros : privilégier le Wi-Fi à la 4G.

Les demandes de portabilité en forte baisse

Sur le fixe, le nombre de conservations du numéro de téléphone fixe n’a « jamais été aussi bas depuis dix ans » : 480 000 environ (- 27,5 %), contre 510 000 au second trimestre 2018 qui était déjà un « record » à l’époque.

Précisons tout de même que, historiquement, le second trimestre est toujours faible (les 4e et 1er trimestres sont généralement les plus importants). Le confinement n’est pas le seul responsable puisque, déjà au 4e trimestre, une baisse de 4,1 % en un avait été enregistrée.

C’est néanmoins sans commune mesure, surtout avec le seul mois d’avril :- 60 % par rapport à celui de 2019.

  • Arcep usages Q2 2020
  • Arcep usages Q2 2020

Le mobile aussi enregistre un « record » avec 1,2 million de portabilités effectuées seulement, mais deux choses s’entrechoquent. Le confinement évidemment, associé à une tendance de fond : « Depuis près de deux ans, le nombre de numéros portés se contracte :- 20 % en un an ce trimestre, rythme plus intense que les deux derniers trimestres (- 10% environ en un an) ».  Les opérateurs ont en effet arrêté depuis plusieurs mois de se livrer à une guerre des promotions avec des forfaits parfois à moins d’un euro par mois.

Désormais, ils sont tous aux alentours d’une dizaine d’euros par mois, pendant un an. Ils ont même tendance à augmenter de quelques euros pour ajouter des (dizaines) de Go, parfois en forçant aussi la main aux anciens clients. Ils augmentent ainsi le revenu moyen par abonné. L’arrivée de la 5G devrait renforcer le principe de plus de data pour une hausse du prix. C’est en tout cas la carte jouée par Bouygues Telecom et Orange pour le moment.

SMS et MMS : le recul s’accentue

Depuis fin 2016, le nombre de messages (SMS et MMS) est en baisse au profit des messageries instantanées, porté par la « chute » du SMS. Le second trimestre accentue la tendance avec « 22 % de moins environ en un an contre - 7 % un an auparavant ». 30,9 milliards de SMS ont ainsi été envoyés, soit 9,1 milliards de moins qu’un an auparavant.

La consommation mensuelle moyenne de SMS sur les forfaits « chute à un rythme jamais observé jusque-là » avec 151 messages, soit 51 de moins en un an. De leur côté, les MMS progressent de 11,6 %, pour arriver à 1,6 milliard, soit une moyenne de 10 MMS par SIM mobile active (un chiffre stable).

Arcep usages Q2 2020

Roaming in/out pas jaloux : tout le monde baisse

Comme les opérateurs n’avaient de cesse de le rappeler dans leurs bilans financiers du premier semestre, le confinement à eux des impacts importants sur leurs résultats. Tout d’abord sur le roaming out, c’est-à-dire les revenus et les consommations (voix, SMS, data) de leurs clients à l’étranger.

On passe ainsi de + 17 % sur la voix et + 60 % sur les données au second trimestre 2019 à respectivement - 31 % et - 45 % cette année. Les SMS en roaming ont été divisés par quatre pour arriver à 128 millions. « Le revenu généré par ces services s’élève à 43 millions d’euros HT soit - 72% en un an ce trimestre contre - 9% en un an au deuxième trimestre 2019 », explique l’Arcep dans son observatoire.

Au total, le revenu du roaming out est de 43 millions d’euros HT ce trimestre, soit près de 75 % inférieur à son niveau du deuxième trimestre 2019. « Pour autant, la facture mensuelle moyenne globale des clients (14,2 euros HT) est peu impactée :- 0,2 euro HT en un an », indique le régulateur.

Il y a également le roaming in, c’est-à-dire la prise en charge des clients étrangers d’autres opérateurs lorsqu’ils se trouvent sur le territoire. Sur ce point également, les revenus « connaissent une importante diminution au deuxième trimestre 2020, en lien avec la fermeture des frontières due à la pandémie de la Covid-19 ».

Les appels chutent ainsi de 29 % au second trimestre alors qu’ils étaient stables auparavant. C’est la dégringolade sur les SMS avec - 63,7 % en un an et, pour la première fois, la consommation data diminue :- 44 % en un an.

Arcep usages Q2 2020Arcep usages Q2 2020

Quid des revenus des opérateurs ?

En mode « captain obvious », le gendarme des télécoms note que « la fermeture des boutiques des opérateurs pendant le confinement a eu un effet négatif sur la vente de terminaux ». Les ventes et locations représentent 817 millions d’euros HT (73 % sur le mobile), soit - 17,4 % en un an, contre - 9 % au premier trimestre et - 1 % en 2019.

Sur le fixe, les revenus des ventes et locations de terminaux avaient augmenté de près de 10 % au premier trimestre 2019 « en raison de la sortie de nouvelles box », notamment la Freebox Delta dont le Player est vendu 480 euros. Depuis, le chiffre d’affaires « se contracte ».

Dans l’ensemble, le « revenu des opérateurs diminue de 2% en un an ce trimestre alors qu’il avait renoué avec la
croissance depuis le quatrième trimestre 2019 ». Sur le fixe par contre, « le revenu des opérateurs fixes (4,1 milliards d’euros HT) renoue avec la croissance après dix années de recul ».

Comme nous l’avions indiqué dans notre bilan, certains comme Orange et SFR affichent une baisse du chiffre d’affaires sur le second trimestre (0,4 et 1,2 % respectivement), mais elle était compensée par la hausse au premier trimestre. Ainsi, sur le semestre, les quatre opérateurs français revendiquent une hausse de leurs revenus.

Commentaires (6)

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Les clients en 4G représentent 95 % du total et consomment en moyenne 10,2 Go par mois,


Wow… je trouve ça énorme comme moyenne…

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J’ai un débit pourri en ADSL, pas de fibre, du coup toutes les grosses MAJ sur mon PC sont faites via mon smartphone en 4g.
Je dépasse allègrement les 10Go par mois. Il m’est arrivé d’accrocher les 30Go sur un mois.

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KP2 a dit:


Wow… je trouve ça énorme comme moyenne…


Et encore la baisse est moins prononcée que sur les trimestres précèdents puisque la plupart des clients sont restés chez eux donc utilisaient certainement le wi-fi de leur FAI avec leur téléphone plutôt que le réseau mobile.



Mais je ne trouve pas que ce soit si énorme quand on regarde la surcharge pondérale des OS et applications que l’on utilise : toutes les semaines on a des mises à jour proposées à coup de 50, 100, 150 Mo voir plus, c’est une folie quand on y pense. Il suffit d’avoir 10 ou 20 applications que l’on met à jour régulièrement et c’est atteint.



Les éditeurs ne font plus d’efforts pour optimiser leurs applications partant du principe que leurs client sont des enfants gâtes niveau stockage et puissance de calcul disponibles dans leurs poches (quand ils ne partent pas du principe que leurs clients renouvellent leurs équipements tous les ans).
Cela créé clairement de l’obsolescence matériel puisque l’on se retrouve au bout de quelques années avec des smartphones qui n’arrivent plus à suivre !



Par contre ça montre que la quasi-totalité des forfaits des opérateurs, à coup de 30-40-50-60-100 Go, sont sur-dimensionnés pour l’usage de la plupart de leurs clients.

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Y’a une autre statistique du confinement qui nous promet des impacts économiques aussi. Les ventes de préservatif ont chuté et celles de tests de grossesse augmenté.

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Le grand remplacement est en marche. :mdr:

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Va falloir regarder la vente des cintres maintenant :transpi:

Fixe et mobile : l’Arcep détaille les usages pendant le confinement, des records à la clé

  • « Un nouveau record jamais égalé en 20 ans »

  • De la croissance sur la data, plus mesurée qu’avant

  • Les demandes de portabilité en forte baisse

  • SMS et MMS : le recul s’accentue

  • Roaming in/out pas jaloux : tout le monde baisse

  • Quid des revenus des opérateurs ?

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