L’OTAN face au « défi » des cybermenaces et guerres de l’espace

OTAN en emporte le vent

L’OTAN face au « défi » des cybermenaces et guerres de l’espace

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Lors de son dernier Conseil de l’Atlantique Nord, les pays membres de l’OTAN ont réaffirmé leur unité, notamment sur les domaines cyber et spatial. Dans les deux cas, certains actes graves pourraient être assimilés à une « guerre », avec des ripostes en conséquence. 

L’Organisation du Traité de l'Atlantique Nord – largement plus connue sous son acronyme OTAN – regroupe une trentaine de pays. Elle définit son objectif ainsi : « garantir la liberté et la sécurité de ses membres par des moyens politiques et militaires ».

Dans le second cas, l’Organisation affirme qu’elle est en premier lieu « attachée à la résolution pacifique des différends », mais si les efforts diplomatiques échouent « elle dispose de la puissance militaire nécessaire pour entreprendre des opérations de gestion de crise ». Elle précise être fermement attachée au principe inscrit dans l’article 5 du traité de Washington : « une attaque contre un Allié est considérée comme une attaque contre nous tous ». Il a été invoqué pour la première fois le 12 septembre 2001, au lendemain des attentats.

Cette semaine, s’est tenue à Bruxelles une réunion du Conseil de l’Atlantique Nord, le principal organe de décision politique à l'OTAN, réunissant chefs d'État et de gouvernement des 30 pays de l’Alliance. Dans un communiqué commun, ils réaffirment « [leur] unité, [leur] solidarité et [leur] cohésion », tout en voulant « ouvrir un nouveau chapitre des relations transatlantiques ». Ils se sont aussi prononcés sur la cybersécurité et les « attaques » en lien avec l’espace.

Des actes de cybermalveillance « équivalant à une attaque armée »

Enfonçant des portes ouvertes, le communiqué de l’OTAN explique que « les cybermenaces pesant sur la sécurité de l’Alliance sont complexes, destructrices, coercitives et de plus en plus fréquentes ». Elles « peuvent avoir des effets systémiques et causer d’importants dommages ». Ce n’est pas l’ANSSI (entre autres) qui dira le contraire.

Afin de faire un front commun, les pays ont entériné lors du sommet une « politique de cyberdéfense globale […] qui contribuera aux trois tâches fondamentales de l’Organisation, à savoir la défense collective, la gestion de crise et la sécurité coopérative, et à sa posture globale de dissuasion et de défense, et qui renforcera encore [sa] résilience ».

Les membres en profitent pour affirmer que, selon eux, « les incidences d’actes de cybermalveillance majeurs aux effets cumulés sont telles que ces actes peuvent être considérés comme équivalant à une attaque armée ». Une manière de prévenir que la riposte pourrait être importante.

L’OTAN veut un cyberespace « libre, ouvert, pacifique et sûr »

Soufflant le chaud et le froid, l’OTAN met en avant son « mandat défensif », mais affirme être déterminée à utiliser « tout moment la gamme complète des capacités pour assurer activement la dissuasion, la défense et la lutte » contre les cybermenaces.

Et pour ceux qui en doutaient, un précision qu’on devinait déjà à demi-mot : la réponse « ne doit pas nécessairement se cantonner au milieu cyber »… à mettre en face de la comparaison entre des « actes de cybermalveillance majeurs » et une « attaque armée ».

Enfin, les pays membres promeuvent « un cyberespace libre, ouvert, pacifique et sûr ». L’OTAN veut aussi « renforcer la stabilité et à réduire le risque de conflit ». De belles promesses, dont on se demande néanmoins comment elles seront mises en pratique… d’autant qu’on ne peut pas dire que les États-Unis (membre de l’OTAN) soient un modèle concernant « un cyberespace libre, ouvert, pacifique et sûr ».

L’espace, une zone essentielle « pour la conduite des opérations »

Dans le domaine du spatial, L’OTAN rappelle qu’un « accès sécurisé aux capacités, services et produits spatiaux est essentiel pour la conduite des opérations, missions et activités de l’Alliance ». Il s’agit ici de garder à la fois une autonomie et une surveillance face aux autres nations, notamment les Russes et les Chinois.

Cet intérêt pour l’espace n’est pas nouveau : « C’est en 2019 que les alliés reconnaissent l’espace comme un milieu d’opérations, au même titre que les milieux aérien, terrestre, maritime et cyber », rappellait le ministère des Armées en février, annonçant qu'un nouveau centre d’excellence OTAN pour l’espace allait s’implanter à Toulouse.

Mais cela ne s’arrête pas au niveau de l’Organisation. En interne aussi cette capacité spatiale est essentielle pour les pays. L’Europe continue ainsi de développer ses propres fusées Ariane pour ne pas dépendre des Américains, exactement comme les militaires français envoient des satellites de nouvelle génération pour disposer de leurs propres renseignements, à la fois militaire et civile. Au sein de l’OTAN sur ce point, c’est un peu « je t’aime moi non plus ».

Un centre d’excellence OTAN va ouvrir à Toulouse

Quoi qu’il en soit, l’Organisation accélère « les travaux visant à approfondir et à élargir [son] utilisation de l’espace en tant que milieu d’opérations, notamment au travers du Centre spatial OTAN, en Allemagne, et grâce à la création prochaine, en France, du Centre d’excellence pour l’espace » de Toulouse, au cœur du plus grand écosystème spatial en Europe.

Il sera en effet « entouré du Commandement de l’espace (CDE) de l’armée de l’Air et de l’Espace, du Space Lab, d’industries spatiales internationales, ainsi que de laboratoires innovants, d’universités et de centres de recherches ». Son ouverture est prévue pour cet été avec, à terme, 42 personnes dont 17 étrangers.

Entre comportement responsable et attaques spatiales

Comme c’est le cas sur le cyberespace, de bonnes intentions sont affichées : « Nous soutenons les efforts menés au niveau international pour promouvoir un comportement responsable dans l’espace »… Un beau discours des 30 pays membres, mais qu’il est parfois difficile de conjuguer au niveau national. SpaceX par exemple multiplie les lancements par paquet de plusieurs dizaines de satellites pour sa constellation Starlink, soulevant de nombreuses questions sur les risques et la pollution spatiale.

L’OTAN donne ensuite le ton sur la « guerre » qui se prépare discrètement à plusieurs centaines de kilomètres au-dessus de nos têtes :

« Nous considérons que les attaques en direction de l’espace, en provenance de l’espace, ou dans l’espace représentent un réel défi pour la sécurité de l'Alliance, dont l’impact pourrait menacer la prospérité, la sécurité et la stabilité des pays et de la zone euro atlantique, et qu’elles pourraient avoir sur les sociétés modernes un effet tout aussi dommageable que celui d'une attaque conventionnelle ».

Bref, une manière de mettre au même niveau les risques aux actes de cybermalveillance majeurs, aux attaques dans l’espace et aux attaques armées.

Sur le même principe que pour le cyberspace, « de telles attaques pourraient conduire à l'invocation de l’article 5 » (tous pour un an en cas d’attaque). Il est bien question d’attaques ici, pas d’espionnage ou d’arsenalisation. Si le premier ne fait déjà aucun doute depuis des années, le second n’est qu’une question de temps… si ce n’est pas déjà fait bien évidemment.

Commentaires (1)


Super bien joué le sous-titre !


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