Renouveler son nom de domaine sera bientôt plus coûteux, notamment ceux en .com (où de multiples hausses sont à prévoir) et .io. De leur côté, les tarifs du .fr « ont baissé de 5 % » depuis 2011. Si vous êtes concernés et que ce n’est pas encore fait, il peut être sage de renouveler et/ou acheter vos noms de domaine avant 2022.

Sur Internet, les noms de domaines sont incontournables, que ce soit pour accéder à un site, gérer ses emails, etc. Il en existe une quasi-infinité, avec des extensions aussi diverses que variées. 

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TLD, registre, registraires… vous avez les bases ?

Quelques rappels sémantiques avant d’aller plus loin. Un nom de domaine de premier niveau (ou TLD pour Top-Level Domain) correspond à la partie qui se trouve juste après le dernier point. Le plus connu des TLD est sans aucun doute le .com, comme dans nextinpact.com. « D’autres sont également très populaires, comme le .NET et .ORG par exemple, mais il en existe réellement des centaines, et leurs prix varient beaucoup », explique Gandi.

L’hébergeur français ajoute que « chaque TLD est gérée par une société différente, appelée "registre" ». Signalons tout de même que certains TLD sont gérés par des associations. C'est notamment le cas des .fr, .re, .pm, .yt, .wf et .tf dont le registre est l’AFNIC, avec une politique tarifaire qui peut être bien différente au final puisque les enjeux économiques ne sont pas les mêmes (nous y reviendrons).

Quoi qu’il en soit, ces entités « ont toutes "gagné" les droits de gestion d’un TLD, et doivent maintenant relever le défi de trouver le juste prix de leur nom de domaine. Un registre doit se préoccuper principalement de la "valeur" de leur TLD [...] En tant qu’entreprise indépendante, la plus grande pression réside dans la vente suffisante de nom de domaines au juste prix, dans le but de générer des bénéfices ».

Et il faut jongler avec plusieurs paramètres afin de trouver le juste milieu pour attirer les clients : « les noms de domaine dont le prix est trop bas risquent de devenir "jetables" et d’être achetés en masse par des spammeurs » ; la réputation du TLD ne sera alors pas bonne. Actuellement, les tarifs débutent à moins d’un euro par an, mais peuvent grimper à plusieurs centaines voire milliers d’euros. 2022.blog est par exemple un nom de domaine « premium » à 5 843 euros chez OVHcloud et 5 892 euros chez Gandi. Comme en téléphonie mobile, attention aux promotions valables seulement la première année, après quoi le prix peut être décuplé.

Exemples de tarifs chez OVHcloud, avec des promotions la 1re année seulement

Régulièrement, les prix sont revus à la hausse par certains registres. Les augmentations sont alors généralement répercutées sur le client par les registraires. Ils peuvent aussi en profiter pour revoir leur marge au passage.

.io, .com, .pk… les hausses se multiplient

En septembre, le .com justement passait de 12,54 à 13,42 euros HT chez Gandi lors de la création d’un nom de domaine, et de 13 à 13,91 euros HT lors de son renouvellement. Au même moment, le .xyz prenait quelque centimes lors de la création et du renouvellement, tandis que les prix du .pk étaient presque doublés. 

Comme pour de nombreux services, le début de l’année sera synonyme d’augmentation pour plusieurs noms de domaines. Par exemple, dès le 1er janvier 2022 à 1 h heure française, le .io va subir une belle hausse. Il s’agit de « l’extension de domaine géographique (ccTLD) du Territoire britannique de l’Océan Indien, composé des 55 îles de l'archipel des Chagos », indique EuroDNS.

« Ces îles ne comptent actuellement aucune population indigène sur place. Malgré tout, on peut noter la présence d'un personnel militaire ainsi que des officiels Anglais et Américains ». Ce ne sont donc pas les entreprises ou les habitants locaux qui utilisent ce genre de noms de domaine, mais principalement les « amoureux de la high-tech » qui y voient un rapport avec Input/Output (entrée/sortie en français) ou un langage de programmation pur objet.

Gandi explique que « la gestion de l’extension .io est désormais déléguée à un nouveau registre, ce qui entraîne, comme souvent, une augmentation des prix ». Au début de l’année, l’hébergeur passera ainsi de 35,52 à 49 euros HT lors de la création et du renouvellement du nom de domaine, soit près de 38 % de hausse. 

Faire jouer la concurrence 

Sur Twitter, un utilisateur s’étonne de ce chiffre, alors que selon Namecheap (un autre registraire) la hausse imposée par Donuts (qui gère le .io) ne serait que de 10 %, le tarif passant en effet de 30 à 33 dollars « seulement ». Gandi répond qu’il s’agit en fait de deux choses différentes : l’hébergeur français parle du prix de vente pour le client, alors que dans le cas de Namecheap il s’agirait d’une promotion.

Donuts gère également d’autres TLD comme les .info, .mobi et .pro. Ils augmenteront aussi au début de l’année prochaine, dès le 14 janvier à 18 h selon Gandi. Dans tous les cas, il peut être intéressant de renouveler pour un an (ou plus si c’est possible) vos noms de domaines avant que les hausses ne soient effectives. 

Dans tous les cas, cela démontre s’il en était besoin qu’il ne faut pas hésiter à comparer les tarifs car ils ne sont pas forcément les mêmes chez tous les registraires. En effet, si les tarifs du registre d’un TLD sont a priori les mêmes pour tous les registraires, ces derniers sont ensuite libres d’appliquer leur marge et les tarifs qu’ils souhaitent.

Attention d'ailleurs, si vous souhaitez changer de crèmerie, dans le cas d’un renouvellement, il faut également prendre en compte les frais de « transfert ».

Le .com va encore augmenter, le .fr baisse de 5 %

Donuts n’est pas le seul registre à augmenter ses prix : « Verisign, le registre qui gère .COM, va augmenter ses tarifs,+ 7 % par an, durant 4 ans, soit + 30 % ! C’est beaucoup ! », explique Octave Klaba (OVHcloud) sur Twitter. « On va devoir répercuter cette hausse. Mais on garde nos tarifs actuels jusqu'au 1 mars 2022 et on vous conseille de renouveler pour + 1 an avant cette augmentation », ajoute-t-il. 

Pierre Bonis, directeur général de l'Afnic (l’association chargée de gérer le registre des noms de domaine en France) en profite pour faire la promotion du .fr : « Et sinon, depuis 2011, les tarifs du .fr n’ont pas bougé. Oh wait… En fait ils ont baissé de 5 % ». Il ajoute que ses clients peuvent compter sur l’association « pour garder un .fr abordable, compétitif et toujours beaucoup moins cher que le .com ».

Il en profite d’ailleurs pour tacler Verisign rappelant que « le .fr investit ses bénéfices dans la Fondation Afnic, et vu ceux de Verisign, aucune nécessité "technique" d’augmenter des tarifs déjà élevés ». D’un côté il y a une entreprise commerciale cotée en bourse, de l’autre une association de loi 1901. 

En septembre – via un arrêté publié au Journal officiel – l’Afnic a d'ailleurs de nouveau été désignée « pour exercer la fonction d'office d'enregistrement du domaine de premier niveau du système d'adressage par domaines de l'internet correspondant au ".FR" pour une durée de cinq ans ». On peut donc espèrer une certaine continuité dans la gestion des noms de domaine… et donc une stabilité des tarifs.

One more thing : les coûts d’un TLD

Enfin, pour ceux qui se posent la question, Stéphane Bortzmeyer, spécialiste des réseaux, explique que maintenir un domaine d'enregistrement ça a un coût : « la base de données, le logiciel autour (serveurs EPP, RDAP, whois, etc.), les sauvegardes, la sécurité, les astreintes, le support… ».

« La fiabilité, par exemple, coûte cher : tout le monde peut faire sur son temps libre un service qui marche 99 % du temps. 99,9 %, c'est déjà plus dur. Et je n'ai même pas parlé du DNS ! Pour un domaine critique, il faut un bon réseau de serveurs anycastés, ce n'est pas gratuit », ajoute-t-il à juste titre.